(+Kenaël) J'déteste quand t'es comme ça avec moi.

Ça devait bien faire près d'une heure que je tournais en rond sur cette nouvelle plage, que j'apprivoisais lentement, mais avec un peu trop de mauvais entrain. J'étais énervée, et il y avait de quoi. Prenant mon portable, je composai un numéro, mais je tombai sur la boite vocale, merde. Je laissai un message, de ma voix la plus douce possible, pour ne pas faire peur à celui que j'appelais et ainsi, qu'il ne me foute pas de vent. " Kena, quand tu écouteras ce messages, rejoins-moi sur la plage... J'ai besoin d'te parler d'un truc. Urgemment. À tout à l'heure. " Espérant qu'il ne reçoive pas ce message genre...demain, hein. Marchant de long en large à la limite qui faisaient se rejoindre l'océan et la plage, je faisais les cent pas d'un pas décidé, motivé, et énervé. Mais vraiment, il y avait de quoi, en fait. On me dira : ça fait plus d'un mois que tu ne l'as pas vu. Là n'était pas le problème. C'est au cours de ce mois d'ailleurs que je m'étais questionnée sur bien des choses et que je m'étais rendue compte qu'en fait, c'était moi l'idiote dans l'histoire.

Tu dormais, fatigué, crevé, rouillé. Ton sang s'est transformé en alcool, tes poumons en débris, le resté évaporé en fumée asphyxiante. C'est alors que ton oreiller se mit à vibrer, au moment où tu commençais savourer cette petite sieste, qui n'aura jamais lieu à vrai dire. Tu tâtonnais jusqu'à tomber sur ce maudit téléphone qui t'avait sorti de ton sommeil, doux, tendre. D'un seul œil, tu inspectais l'écran de ton Iphone avant de voir que tu avais reçu un message vocal. Un message vocal... Tes doigts se posèrent sur l'écran alors que tu rapprochais ton téléphone de ton oreille. Qui est ce suicidaire qui avait osé te réveiller, alors que tu étais dans un tel état ? Lexie... WTF ?! Tu fronçais les sourcils alors que, totalement sonné par ton sommeil, tu es tout de même arrivé à trouver que sa voix était chevrotante, alors que son timbre prenait un ton sérieux, énervé. Seriously ? Qu'est-ce que tu as bien lui faire ? Si ta mémoire est bonne, tu ne l'avais pas vu pendant près d'un mois. Un bon long mois. Elle t'avait manqué mais tu n'aimais pas les retrouvailles de la sorte. Tu soufflais, exaspéré, alors que tu laissais tomber ton téléphone sur le lit. Brutalement, violemment, alors que tu te retournais dans ton lit, de droite à gauche, de gauche à droite. Rien... Le sommeil s'était enfuit, bien loin, avais-tu l'impression. C'est alors que, changeant brusquement d'avis, tu te relevais de ce lit, enfilant à la foulée tes lunettes de soleil. Tu n'allais tout de même pas la laisser voir tes yeux rouges, elle aurait surement pris peur. Tes cheveux décoiffé, tu enfilais tes baskets, avant de te diriger nonchalamment vers la plage, là où tu aperçus sa silhouette, alors que tu t'approchais d'elle, tu lançais un long soupir; Si tu pouvais être plus douce dans tes messages vocaux, ça serait vraiment sympas comme réveil. Chuchotais-tu... Ça commençait bien.

Lexie n'aurait jamais cru possible d'être aussi déçue contre son ami Kenaël. En fait, c'était une sorte de profonde déception mélangée à de la colère. Ajoutons à tout ça un brin de tristesse et vous obtiendrez ce que la blondinette ressentait présentement, en espérant que Kenaël se pointe au lieu de rencontre, sur la plage, et qu'il n'ignore pas son appel. Quoi que ce n'était pas vraiment son genre. À moins qu'il ait changé. Trop changé? Puisqu'elle n'avait pas obtenu de réponse en le téléphonant, plusieurs options sur ses occupations actuelles s'offraient à elle : soit il s'trouvait dans un lit avec une fille rencontrée la veille. Soit il dormait à poings fermés. Soit il était bien bourré et avait jeté son téléphone bien loin de lui, car la sonnerie lui donnait mal à la tête. Ou bien un mélange des trois. Marchant toujours sur la plage d'un pas décidé à déballer toute ta façon de pensée, dès que le principal concerné pour cette attaque se pointe le bout du nez, Lexie réfléchissait à comment s'exprimer sans que ça ne sorte en insultes ou du moins, sous l'apparences de reproches, bien que c'en était, des reproches. Dernièrement, elle reprochait beaucoup de choses à Kenaël, mais pas qu'à lui non plus. Elle avait du mal à gérer certaines émotions depuis quelques temps, puisqu'elle se sentait particulièrement blessée sur l'avis de certaines personnes à son propos. Avec son cancer et les médicaments plutôt forts, ses légères crises de panique en devenaient exagérées, d'ailleurs. C'était pas entièrement de sa faute, si elle se sentait aussi insécure. Mais à un moment, elle entendit un long soupir, ressemblant à du découragement. Ça ne pouvait être que lui. Si tu pouvais être plus douce dans tes messages vocaux, ça serait vraiment sympas comme réveil. Ah ouais? Il lui faisait déjà un reproche, alors que c'était plutôt elle, qui devait lui en faire? Elle n'aimait pas se fâcher contre les gens, surtout pas contre des proches, mais elle avait besoin de discuter, et si c'était pas de la plus jolie des façons, tant pis. '' Ah ouais désolée de t'avoir dérangé dans ton sommeil réparateur de gueule de bois. Mais j'en ai rien à foutre, en fait. Fais un homme de toi et ne me bâille pas en pleine face s'il te plaît, d'accord? J'ai besoin d'te parler, si t'avais pas bien compris au téléphone. '' Lexie croisa ses bras sur sa poitrine en le regardant dans les yeux. Ouais, il semblait bien amoché, avec ses cheveux ébouriffés de la sorte. Quelle belle nuit haute en couleurs il avait dû passer, c'lui-là.

Soit était-elle suicidaire, soit était-elle tout simplement conne. Les deux peut-être, qui sait. Elle pestait une phrase, un discours ou tu ne sais plus quoi d’une manière brutale, vulgaire, violente. Ton visage cependant resta neutre face à ses paroles, seule ta tête avait pris le courage de pencher légèrement sur le côté pour la dévisager, longuement, totalement, de la tête au pied, elle ne pouvait voir ce regard noir posé sur elle, un regard heureusement caché derrière tes lunettes de soleil. Easy… Easy… Disais-tu doucement pour qu’elle puisse arrêter de s’exciter, tu n’avais encore rien dit. Pas encore en tout cas. J’ai sérieusement pas le moral pour toi et tes crises blondie, déjà, je baille quand je veux, donc calme tes petites hormones et arrête de me faire chier. Tu n’as pas idée du chemin que je viens de me taper pour voir ta tronche alors dose tes mots ou sérieusement, je te balance contre quelque chose et j’en ai rien à foutre aussi. Voilà, agressif, violent, direct, efficace. Toi. Elle ne croyait tout de même pas que tu allais la prendre dans tes bras et compatir… Oh Dear, tu étais loin d’être aussi tendre, surtout avec une telle gueule de bois. Tu t’étirais à ton aise, profitant que Lexie l’avait bouclé pour bailler, à ton aise, évidemment, on te ne commande pas. On ne t’ordonne rien. Mieux fallait ne pas essayer en tout cas. Ecoute, si tu vas te mettre à pleurer sur le sable ou me crier dessus pour des problèmes de cœur ou je ne sais quoi, j’me casse, parce que tu commences sérieusement à me péter les rouleaux toi alors grouilles, dis c’que tu voulais dire avant que je me casse. J’ai sommeil et j’aurais préféré voir une autre gueule que la tienne dès le réveil. Disais-tu en croisant tes bras, la dévisageant toujours de cette manière désagréable et gênante.

Elle avait bien raison. Kenaël s'énervait bien comme il faut contre, caché derrière ses lunettes de soleil et son attitude. À peine s'il se donnait la peine de l'affronter yeux à yeux. Si elle était déçue par lui et en colère, c'était bien pour une raison. Et pas n'importe laquelle. Lexie ne portait pas d'accusations, surtout pas contre des gens qu'elle portait dans son coeur, quand il n'y avait pas de raisons pour ça. Mais là, il y en avait une, et elle se justifiait très bien. Kena essayait de la calmer, alors qu'elle était tout à fait calme. Énervée, mais pas insultante comme lui. Elle n'avait seulement pas envie de se faire rire en pleine face. Et bâiller encore moins, car c'était signe que ce qu'elle pouvait lui balancer, eh bah il n'en avait strictement rien à foutre. Et pour ça, elle avait raison la blondinette : la seule envie du Mather était de dormir et de la pousser pour qu'elle dégage de sa vue, probablement. Parce qu'en plus, il osait l'insulter sans n'en ressentir aucun remords. Ah ouais, leur éloignement durant ce long mois les avait menés à ça? Elle le laissa débiter tous ses trucs, ses insultes, ses menaces. Elle le laissa bâiller, aussi. Mais ce n'est qu'à la fin, qu'elle ne s'empêcha pas de faire un truc qui la rongeait depuis qu'il avait craché, tel un serpent venimeux... En fait, depuis qu'il lui avait craché tout ça. Absolument tout ça. Retroussant les lèvres, insultée et blessée par son propre ami, Lexie s'approcha de lui, et rien à foutre qu'il ait la gueule de bois. Elle leva la main d'une rapidité exemplaire et vint le gifler en plein sur la joue, près de la lèvre. En rebaissant la main, sa joue tantôt rosée prenait un teint un peu plus rouge, laissant des marques de doigts. Il était rare de voir Lexie réellement en colère, mais là, elle l'était. '' Bah si t'étais pas venu, j'serais venu te voir, d'une façon ou d'une autre. J'en ai rien à foutre que t'aie envie de dormir. T'es qu'un sale bébé, t'es même pas un homme. Ok? J'veux te parler de quelque chose qui m'affecte par rapport à toi, car j'en ai marre, et toi tu m'envoies chier en m'disant que tu veux pas m'voir? Ouais bah ça prouve c'que j'pensais : tu m'as jamais considérée d'une autre façon que comme une merde. Pour toi, tous nos moments, c'était même pas une amitié solide, hein? Tu m'prends pour une gamine, et j'le vois bien. ''Oh elle va aller pleurnicher et s'écraser en petite boule comme un vrai bébé gâté. C'est comme ça que tu me vois, toi aussi, hein?! ''

Tu n’allais pas la frapper, tes paroles et tes menaces sont sorties, ainsi, tu étais extrêmement impulsif et te parler de ce genre t’énervait au plus haut point, mais pas au point de la frapper, la toucher, tu n’en serais pas capable, mais… Elle, si. Et c’est sans hésitation qu’elle en profitait pour te mettre une belle baffe, une magnifique gifle. A l’instant, tu n’avais point ressenti le coup, mais ça commençait à te faire mal, petit à petit, tu sentis des fourmis traverser ta joue, elle te brûlait comme les paroles qui suivirent la baffe, ça te brûlait de lui enfoncer la tête sur le sable pour qu’elle se taise ? Tu serrais les poings avant de déposer ta main sur ta joue, ce que ça pouvait faire mal, depuis le temps que tu n’avais pas reçu de gifle. Tu tournais ton regard vers elle. « Non, ça ne l’était pas, croit pas qu’on était potes, on le sera probablement jamais, parce que justement, tu n’es qu’une merde. » Tu ne l’aurais jamais dit celle-là si elle ne t’avait pas poussée à bout, tu n’aurais même pas pensé à ça. Tu fis deux pas en arrière, repensant à ce qu’elle avait pu dire, avant de répliquer, une nouvelle fois, de la même manière, aussi sec que froide, aussi blessante que vrai. « Franchement, t’es pas celle qui hante mes pensées alors que tu sois une gamine ou une connasse, j’m’en fou. Je veux rien savoir, juste lâche-moi. Va faire chier quelqu’un d’autres et lâche-moi, j’suis pas le genre à venir effacer tes larmes alors easy. » Finissais-tu par dire avant de tourner les talons, tu préférais sérieusement dégager et la laisser en plan que de rester et faire d’elle la première femme que tu tueras.

La gifle de la dunster avait laissé une marque d'un rouge vif sur la joue du jeune homme. Peut-être saignait-il un peu, ou ce n'était qu'une rougeur dû au coup, mais ce n'était rien comparé aux paroles blessantes et cruelles que lui lançait celui qu'elle avait toujours cru être son ami, comme son meilleur ami, presque. Elle ne l'aurait jamais cru capable de ça. Encore, leur dernière rencontre s'trouvait à être lors de leur virée shopping et jamais elle n'aurait cru une scène comme celle-là survenir un jour ou l'autre, encore moins au Summer Camp. Ces derniers temps, Lexie était sur les nerfs, car elle avait l'impression d'être rejetée par un peu tous les garçons et Kena en faisait partie. Si elle rejetait sa colère et son incompréhension sur lui, c'est parce qu'elle le connaissait mieux que tous les autres qui s'trouvaient au sein de sa vie et qu'elle croyait mieux comprendre avec lui. Ouais, mieux comprendre... C'est le cas de le dire. Elle comprenait mieux, maintenant. Tout ça n'avait été que mensonges. Elle n'allait pas pleurer. C'était une fille forte, une fille avec une tête sur les épaules qui avait quelque chose à dire, et elle n'allait pas pleurer. '' Eh bien parfait dans ce cas, hein! Ça va régler bien des choses, maintenant. Espèce de connard. '' Non elle le pensait pas. Elle était juste blessée par tout ce qu'il lui disait. ''T'es qu'une grosse merde.'' ''On a jamais été amis.'' ''J'veux rien savoir de toi.'' Et bien plus encore. En plus, il osait lui tourner le dos pour partir et l'ignorer. Eh bah, là il allait pas l'insulter plus. Elle était dans son élan de colère de toute façon, et y'a rien qui l'arrêterait. Elle s'rapprocha à grands pas rapides de lui pour s'placer devant lui et l'empêcher d'avant droit devant. Et c'est d'une force extrême qu'elle le poussa. Lui donnant des coups, telle une vraie hystérique. '' J'ai pas terminé. C'que tu m'dis, ça éclaircis bien des choses. Mais j'en ai pas terminé! J'rêve pas d'être celle qui hante tes nuits, okay? Juste d'être l'amie sur qui tu peux compter. Une amie, rien de plus, rien de moins. Tu m'as toujours considérée que comme un enfant. Une gamine de 19 ans qui ne connaît rien à la vie. Ah non? J'connais rien à la vie, hein? Parce que j'ai pas perdu ma virginité à 10 ans comme toi? Parce que j'suis gentille avec les gens que j'aime? Parce que j'aide ceux qui en ont besoin? Ah oui, hein? J'suis qu'une merde.'' J'le frappais encore et encore, et là, les larmes me venaient aux yeux, j'pouvais plus m'empêcher d'hausser la voix. Et c'est en lui donnant un énième et dernier coup que j'criai : '' Eh bah la merde qui croyait voir un ami en toi et qui t'fais tant chier, elle a le cancer. '' J'étais rouge de colère. Rouge de honte. Les larmes aux yeux, j'les retenais pourtant de rouler sur mes joues. J'avais jamais dit à personne pour mon cancer. Mais là, puisqu'on avait jamais été amis, il n'avait pas à se soucier de moi, donc il agirait pas par pitié avec moi, pas vrai? Donc je pouvais bien lui balancer cette nouvelle à la figure, nah?