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Recroquevillée dans ma chambre, j'observais par la fenêtre les étudiants qui circulaient, sourire aux lèvres, de gauche à droite pour rejoindre leurs différents cours. J'étais dispensée de danse jusqu'aux examens. Par chance, je m'étais préparée à l'avance, et connaissant ma situation, l'administration avait jugé que ma dispense ne jouerait pas en ma défaveur lors des résultats finaux. Je voulais valider ma troisième année coûte que coûte, mais comment voulez vous danser agilement, quand vous êtes blessée de la tête aux pieds ? Même si mes bras étaient ceux qui avaient le plus pris, j'étais affaiblie, et mes jambes étaient recouvertes d'hématomes dus à mes nombreuses chutes. Je ne supportais pas cette situation de faiblesse, me rendre compte que je ne pouvais plus aller en cours rejoindre mes camarades … Lorsqu’en revenant de Phoenix, j’ai allumé mon pc, j’avais reçu une dizaine de mails inquiets de la part de mes proches qui ne m’avaient pas vue aller en cours … Encore plus lorsque la nouvelle a commencé à s’ébruiter : Deux Eliots, Billie O’Connell et Roxanna Blackburn, auraient été agressées au Square Inman dans la nuit de mardi a mercredi. Et il parait aussi que ce serait Blackburn qui se serait débarrassé de l’agresseur en retournant l’arme contre lui. Autant vous dire que le portrait que l’on dressait de moi était mitigé : Soit on me craint, soit on me félicite… Et dans les deux cas je suis malheureuse. Que l’on me craigne me rappelle exactement ce pour quoi j’avais quitté Phoenix : La peur qu’on me regarde comme un monstre. Que l’on m’admire me donnait la sensation que je devrais être fière d’avoir tué un homme … Et je me haïssais d’avoir fait ça, même si ce type était une ordure, j’aurais préféré le voir croupir en prison, sans avoir une once de remord. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu, et désormais je devais faire avec les regards sur moi. De toutes manières je m’y étais habitué depuis que je sortais avec le président des Mathers, aka la maison ennemie de la mienne. Enfin bref, tout ça pour dire que malgré mon retour parmi la civilisation, je n’avais pas la moindre envie de quitter ma chambre. J’avais laissé Apple y entrer hier soir, et la pauvre était retournée par toute cette histoire, quand elle a vu mon état pitoyable. Et Jude n’arrêtait pas de faire des allers retours entre sa chambre et la mienne, à tel point que je lui avais dit de venir carrément avec un sac et des fringues ce soir. Après tout nous étions en vacances, et monsieur le médecin n’arrêtait pas de vérifier mes pansements. Alors autant qu’il passe ses vacances dans ma chambre. Quoi qu’il en soit, jusque ce soir j’allais être seule chez moi. Et j’avais cruellement besoin de quelque chose à manger, et mon frigo était vide. Problème : J’ai laissé ma voiture à Phoenix puisque Jude est venu me chercher. Et je me voyais mal l’appeler pour qu’il m’emmène à la superette la plus proche, parce que le connaissant il n’allait pas me laisser sortir et aller me chercher des trucs lui-même. Je me redressais, attrapant un gilet noir pour recouvrir mon bras et mon épaule bandés. Je jetais un œil à mon miroir pour mettre mes cheveux blonds devant la plupart de mes hématomes, mais je savais que ça ne dissimulait pas tout. Clés et sac en mains, je quittais ma chambre en trombes, sans faire attention aux messes basses qui se faisaient dans les couloirs. Quittant rapidement le bâtiment Eliot, je m’enfonçais en vitesse hors du campus, marchant à vive allure. Un bus conduisait jusqu’à la ville : Je n’avais pas le courage de marcher autant, surtout que j’avais encore de sacré courbatures.
Un quart d’heures plus tard, je sortais de la superette la plus proche, un sac plastique plein de conneries et de sucreries en main. Alors que je le rangeais tranquillement dans mon sac, je vis passer sous mon regard ahuri le seul bus de l’heure. Impossible de le rattraper, je ne me sentais vraiment pas de lui courir après. Bon, eh bien j’allais devoir me résoudre à rentrer sur Harvard à pied. M’agrippant à mon sac à main, je m’enfonçais dans la rue, ayant la désagréable impression d’être suivie. Je fis semblant de jeter un œil à mon téléphone, et remarquait qu’un étudiant que je voyais souvent m’observait, me suivant en retrait. Je déglutis, sois j’étais folle, soit ce type en avait après moi, et ce n’était pas la première fois. J’accélérais le pas, il fit de même. Immédiatement, je me sentis comme mardi dernier, traquée. Je tournais dans une rue, me mettant à courir en titubant, et tournais encore, faisant face au Square Inman. Je ne voulais pas … Je ne pouvais pas décemment passer par là. Plus maintenant. Je décidais d’emprunter une rue annexe, plus longue, pour contourner ce chemin, et accélérais de nouveau, me heurtant brutalement à quelques étudiants qui semblaient ravis de tomber sur moi. « Mais ne serait-ce pas Roxanna Blackburn ? » demanda l'un d'entre eux en m'attrapant par le bras pour me coller contre le mur le plus proche. Le deuxième éclata de rire, m'observant avec intérêt. « Alors c'est vrai ce qu'on raconte ? C'est pour ça que tu contournes le square ? » Je fulminais, forçant le type à me lâcher le bras. Des larmes montaient déjà, sous l'effet de la colère et de ces souvenirs qui revenaient. « Foutez moi la paix ! » m'écriais-je en essayant d'avancer, en vain. Ils semblaient bien décidés à m'agacer jusqu'au bout. L'un d'entre eux s'apprêtait à de nouveau contre attaquer, quand brutalement l'étudiant de tout à l'heure s'interposa, bousculant l'étudiant qui venait d'attraper mon bras. Je le regardais, bouche bée. « Ben alors les mecs ? On s’ennuie alors on s’amuse avec les femmes, franchement faut vous apprendre que se taper une fille ce n’est pas la pousser ? Dégagez avant que j’en prenne un pour frapper sur l’autre. » Les types dégagèrent rapidement, et je les regardais s'éloigner, surprise. Revenant à la réalité, je me retournais face a cet étudiant. Il semblait légèrement plus vieux que moi, plus grand aussi, bien que ce ne soit bien pas compliqué. Croisant les bras, je reculais d'un pas. « Vous ... Mais bon sang, qu'est ce que vous me voulez ? » demandais-je alors, sur la défensive. Si ce type venait de me défendre, que me voulait-il alors ?