« Talk to me » DEVYN

Fin d'après-midi du jour 3, après un long moment passé à la plage avec Socrate. Le teint légèrement cramé par le soleil, Spencer avait recouvert sa peau d'une robe au dessus du maillot de bain. Et puis... elle avait envoyé un sms à Devyn. D'humeur à résoudre des mystères, faut croire. Le garçon en était un, même pour elle. Pourtant, normalement, quand la barrière de son métier était passée, toutes les autres s'effondraient simultanément. Pas avec lui. Imaginez Spencer et ses défauts, puissance dix. Plus solitaire, plus distant. Tout un programme. Enfin qu'importe, l'environnement ensoleillé était propice à faire fondre la quelconque couche de glace qui pourrait se hisser entre eux. Au pire, elle l'aurait à l'usure. D'ailleurs, assise sur le rebord qui donnait accès à la plage, l'ancienne psy guettait l'arrivée de celui qui fut son bref patient. Va savoir dans quel bouquin son nez devait être fourré quand elle l'en a distrait. A moins que le soleil des Bahamas ait réussi à l'en soutirer avant elle.

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Tu étais mouillé, mais plutôt de bonne humeur quand tu quittas Katanae. Ce petit tour en jetski t'avait plutôt séduit finalement, et passer du temps avec ton amie t'avait fait du bien, mine de rien. Tu avais été réellement heureux de cette petite parenthèse, et elle aurait pu durer encore plus longtemps si un SMS ne t'était pas parvenu alors que tu étais sur le chemin pour revenir au bateau. Spencer. Un soupir s'échappa de tes lèvres avant que tu ne commences à en lire le contenu. Une obligation à venir la rejoindre sur une plage ? Tu étais quelque peu agacé : depuis quand pouvait-on te donner des ordres pour te voir ? Ce n'était pas que tu n'appréciais pas la jeune femme, cela serait réellement exagéré : tu étais plutôt embêté de son comportement de psychologue en fait. Tu n'avais jamais aimé les représentants de ce métier, et Spencer l'avait été pour toi juste après l'attentat. Même si vous vous étiez revus amicalement par la suite et que tu pouvais apprécier la voir sans trop de problèmes en-dehors de son travail, tu ne pouvais pas la considérer comme une amie. Tu avais monté une barrière entre vous deux, histoire de ne jamais te confier à elle : que serait-elle capable d'utiliser comme artifices de psy pour te tirer d'autres vers du nez, ou pour t’analyser plus en profondeur ? Tu avais cependant fait demi-tour, histoire de chercher cette fameuse plage, et finis par la trouver après quelques longues minutes. Il te fallut beaucoup moins de temps pour trouver Spencer, qui t'attendait assise sur le muret séparant la promenade de la plage. Salut. Tu n'avais pas pris de gants, pas indiqué que tu étais arrivé par un quelconque moyen, non, les politesses étaient superflues avec elle. Tu voulais me voir je crois ?

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Perchée sur son muret, Spencer prenait un moment pour admirer ce cadeau qu'on leur avait offert. Enfin, offert, on se comprend. Rien ne se donne, tout s'achète à Harvard. C'est le paradis du luxe et l'argent facile. Elle ne se reconnaît en rien là-dedans, même si ses chers parents adoptifs sont de nature aisés. Ces vacances, la demoiselle se les était payé avec son salaire de psy. Maintenant étudiante, les mois à venir seraient plus durs, mais elle ne préférait pas y penser pour le moment. C'était sa récompense, cette vue. Pour avoir affronter les pleurs et terreurs des victimes de l'attentat, pour y penser encore. Ce boulot, c'était sa vocation, mais elle n'était plus en mesure d'y faire face. Pas encore assez d'épaules, faut croire. Elle en avait cependant tiré de bonnes choses, tissé quelques relations qui perduraient encore maintenant. Comme Devyn, dont elle venait de réclamer la présence par sms. Il était l'un des rares avec qui elle avait gardé contact après sa démission et son admission en tant qu'élève. La transition n'avait pas été difficile, vu l'unique fois où il s'était retrouvé dans son bureau. Mais cette unique avait suffit pour qu'il attire son attention. C'est donc avec le sourire qu'elle l'entend la saluer. Tourne son regard vers lui. « Que c'est formel ! » Que s'amuse Spencer, ne bougeant pour l'instant pas de son muret. « Mais ouais.. j'avais envie de te voir. T'avais rien de prévu au moins ? » Et elle ne s'en inquiète que maintenant, oui. Hum, c'est honteux miss Strudwick.

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Non, tu n'étais pas totalement ravi d'être ici, sur cette plage, avec Spencer. Bon, d'accord, tu étais quand même un peu content de la voir, il ne fallait pas exagérer : tu l'appréciais malgré tout. Sinon, tu n'aurais pas son numéro de portable et tu n'aurais même pas répondu à son SMS malgré le ton autoritaire utilisé. Oui, tu lui avais parlé de manière formelle, peut-être un peu trop vu qu'elle n'était plus ta psychologue, mais cela avait été plus fort que toi, barrière et tout ça. Tu te poses seulement la question maintenant ? Quel sarcasme. Parfois, tu en usais moins avec elle tout de même, elle risquait de finir vexé franchement, tu exagérais. Mais bon, après tout, que tu sois occupé ou non semblait être le dernier de ses soucis vu son message, et elle risquait de ne plus refaire la même erreur maintenant. De toute façon, cela ne change rien, je suis là maintenant. Et j'attends de savoir ce qui m'a valu ce SMS.

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Que de mystère autour de Devyn. Sincèrement, Spencer avait rarement eu autant de mal à percer la carapace d'un patient. Même d'un non patient d'ailleurs. D'habitude, on se confiait facilement à elle, ses épaules étaient confortables. Calme, douce, et posée. Ce qu'on attendait d'une oreille attentive, en somme. Mais pas lui. Lui, restait bloqué derrière cette limite qu'il s'était lui-même imposé. Qu'importe qu'elle ai abandonné son poste de psy, dans l'esprit masculin elle devait sûrement en rester une. Ce qui n'était pas tout à fait faux, soyons honnête. Du coup, il se braque. Usant de sarcasme, ce que ne relève qu'à peine Spencer. « Je suis sure que tu n'aurais pas hésité à me le faire remarquer.. si vraiment tu ne pouvais venir. » Avec lui, demoiselle se permettait des frasques qu'elle n'oserait avec personne. Déjà, s'imposer. Tellement pas dans son caractère. A sa seconde réplique, elle hausse les épaules, pas sure que sa réponse lui aille : « Oh, rien de spécial.. J'avais envie de te voir. J'me suis dis que ça serait sympa de découvrir un coin des Bahamas ensemble. » Ou pas, visiblement. Oh allez, on ne pouvait faire la gueule à cette moue enfantine qu'elle arbore. « Non ? » Qu'elle continue, penchant légèrement la tête sur le côté.

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Ah, Spencer et toi... Tu n'avais jamais franchi la limite patient/psy que tu avais fixé, alors qu'elle ne l'était même plus. Tu étais sûr que, même si elle s'était montrée avenante lors de votre unique rendez-vous, qu'elle devait t'analyser en permanence. Tous les psys étaient comme ça, déformation professionnelle oblige... enfin, c'était ce que tu te disais toujours. Tu avais eu trop de soucis avec eux pour accepter de faire une exception pour elle, pas encore en tout cas. Tu ne la connaissais pas assez, te disais-tu, mais tu ne cherchais pas non plus à être curieux à son sujet, histoire qu'elle n'ait pas de prétexte pour l'être avec toi. C'était un vrai ballet que vous meniez, avec toi qui reculais lorsqu'elle avançait. En tout cas, il était vrai que tu lui aurais clairement dit, si tu étais vraiment dans l'incapacité de venir la voir. Tu n'as pas tort. Tu lui accordais au moins ce point, le lui refuser aurait été de la mauvaise foi pure et dure. Par contre, la suite te laissa de nouveau sur la défensive : visiter un coin des Bahamas avec toi ? En me faisant un sourire angélique ? Cela te rendait encore plus méfiant et te faisait penser qu'elle complotait quelque chose. La rejeter serait assez simple : tu n'avais qu'à tourner les talons et repartir voir si Katanae était toujours au jetski. Mais hélas, elle t'avait intrigué tout de même, il fallait que tu en saches plus. C'est à dire ? Où ? Quand ?

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