(+ludwick) The unexpected futur boyfriend

Quand il se réveilla le matin même aux côtés de Lukas, quelque chose semblait faux. L'endroit, la personne avec qui il se trouvait, ce qu'il y faisait, ça ne semblait pas entrer dans le bon ordre des choses. Or, il adorait Lukas, ce n'était pas le problème, il avait apprécié sa nuit avec, mais ce sentiment bizarre ne le quittait pas. Après des mois de folle romance avec le dernier des lâches, puis un autre de pur plaisir charnel avec différents individus pour l'oublier, il semblait maintenant étrange d'essayer quelque chose avec son ami. Certes, ils n'en avaient pas vraiment causer dans ces termes-là, mais à force de confidences, Eugene avait tout de même saisi les intentions de l'autre bel allemand. Auparavant il aurait salivé de plaisir et se serait jeter à son cou sans hésiter, mais ce n'était plus le cas. Nan, il ne pouvait pas se caser de nouveau avec quelqu'un, tout comme il ne pouvait pas entretenir une relation casual avec lui. Tout comme il ne pouvait pas prendre le risque de ne pas avoir de plan B.  A présent hors de la chambre du Winthrop, n'ayant pas attendu son réveil pour s'éclipser, Eugene prit la ferme décision de changer sa situation sentimentale. Ouais, ce soir, il allait faire ce qu'il faisait le mieux, bien que ces temps-ci il le faisait mal: pavaner dans un club, se faire payer trois quatre verres, échanger trois quatre baisers et retourner à sa chambre, pour recommencer le lendemain soir. Ou la soirée d'après, puisqu'il était encore en examens là. Il ne fallait pas abuser des bonnes choses si on espérait en profiter à sa juste valeur une prochaine fois. Puis ça serait le moment idéal pour rassembler son groupe de Cabot afin de se sentir de nouveau au centre de l'attention.

Arrivés au club, le petit groupe était déjà bien enivré. Ils s'étaient attablés à une cave à vin, pas très loin, à abuser de savoureux Chardonnais. Fausse carte d'identités en mains, ils passèrent sans trop de soucis, et c'était avec un grand soulagement qu'Eugene remarqua qu'ils avaient oublié l'incident de l'autre fois, lorsqu'il avait emmené son colocataire Duncan dans une de ces soirées gays. Enfin, gays, on ne savait plus vraiment, puisque dès l'arrivée du petit groupe, les yeux des soit-disants bisexuels étaient rivés sur elles. Dieu, voilà qu'elles lui volaient la vedette. Même le strip-teaseur semblait charmé par de telles beautés puisque c'était à elles qu'il avait envoyé son dernier bout de tissu avant de retrouver les coulisses. Néanmoins, la musique, l'alcool et se délecter du crêpage de chignons de ses copines pour savoir qui dansait avec qui étaient trois choses qui suffisaient à son bonheur. On annonça le prochain numéro, le Coyote Polonais scandait avec entrain le DJ. Quel nom ridicule pour .. un mec aussi hot !

Dans sa loge, Ludwick contemplait le miroir, une grimace arborant son visage. Il semblait mal à l'aise, quelque peu fatigué, irrité aussi. Le voyage au Kenya avait pris une tournure particulière, étrange et le décalage horaire n'avait pas aidé à éteindre ce sentiment. Il était revenu à Cambridge depuis deux jours, tout patraque et contraint à recommencer ses nuits au Boylesque, sur ses séances de strip-tease. Le travail commençait aussi à l'agacer, perdant quelque peu l'envie et la passion des premiers jours. Il savait qu'il était obligé d'avoir un travail et que celui-là était le premier qu'on lui avait offert ; ça avait ses avantages et ses inconvénients. Le patron l'avait aussi garanti que si son rattrapage foirait, il serait viré dans les jours qui suivent. Il n'avait pas le droit à l'erreur et le beau blond serait prêt à tout pour montrer de quoi il valait. Il méritait sa place au sein du Boylesque. Enfilant une tenue légère, il apparaissait en pantalon trouvé, vêtu d'un blaser qui couvrait partiellement ses abdominaux. Dans quelques minutes, il défilerait sur la scène, comme à un défilé de mode sur un podium. Il checkait l'heure, découvrant qu'ils étaient au début de la nuit et qu'il pressentait le type de public qu'il y allait avoir à cette heure-là. Le polonais se chauffait dans les coulisses jusqu'à ce qu'il entende son prénom dans le micro. Ou plutôt, son nom de scène. Le Coyote Polonais. Il ne se souvenait même plus pourquoi on l'avait appelé comme ça, mais il l'avait bien aimé, même si cela paraissait quelque peu ridicule. Soit, c'était juste un nom de scène. Le rideau s'ouvrait et tel un mannequin, Ludwick marchait en s'avançant vers un publicplutôt enthousiaste et prêt à se chauffer. Il se débarrassa rapidement de son blazer puis attaque son pantalon qu'il balança dans un coin. Il n'avait jamais vraiment compris comment on dansait sur ce genre de scène mais à l'entente des spectateurs, il savait que son enchainement de mouvements plaisait fortement. Et après quelques minutes à se tortiller sur scène, il baissa subitement son caleçon... qui en cachait un autre. Blague à part pour faux espoirs. Le faisant tournoyer sur son doigt, il aguichait avec son regard jusqu'à ce qu'il en perdit le controle, le caleçon virevoltant à travers un coin de la pièce pour atterrir sur la tête d'un garçon assis au bar. Son visage choqué, le blond espérait qu'il n'avait pas fait de connerie ; il arrêtait tout, succédé maladroitement par d'autres strip-teaseurs et accourut au bar pour aider l'étudiant qui s'était pris dans son boxer. « Oh merde, j'suis vraiment désolé. » Délicatement, le blond retira son sous-vêtement de la tête du jeune homme, le visage paniqué. Il devait n'y avoir aucun erreur, faire une soirée parfaite et apparemment, même ça, il ne pouvait pas le faire. Voulant s'excuser, le blond déclara avec gêne ; « Dis-moi ce que tu veux, je te l'offre pour me faire pardonner ! »  

C'était pas facile d'être là, à devoir faire semblant de se réjouir du succès de ses copines. Normalement, en toute logique, c'était Eugene qui se devait d'être l'attraction du groupe, les bars gays, les mecs, c'était son truc. On ne pouvait pas imaginer la déception qui l'habitait à ce moment-là, lui, pauvre petit garçon entrain de boire son verre d'alcool, alors qu'il n'en avait même pas l'âge. Heureusement, son calvaire pris vite fin. Sur la scène se présentant ce Coyote Polonais, et la blondeur de ses cheveux tout comme l'épaisseur de ses lèvres avaient réussi à envoûter l'allemand. Sans oublier cette paire d'abdominaux qu'il révélait au grand public, faisant saliver un peu près tout le monde dans la salle. Eugene décidait de rester calme, il ne pouvait pas se comporter comme un sauvage en manque de nourriture. En parlant de nourriture, le polonais, en assumant qu'il s'agissait de sa nationalité, se préparait déjà à révéler ce qui pourrait rassasier la faim du beau brun accoudé au bar. Comme tout le monde, comme ses copines, il présentait des yeux ronds, fasciné par ce show. Allez, montre-nous tout ça ! pensait-il, surexcité à vrai dire. Mais il restait pas moins timide, il ne voulait en aucun cas croiser son regard. Il manquerait plus qu'il se décide à le faire monter un sur scène, lui faire un strip-tease et que tous soit témoin d'une syncope de la part du choisi. Nan, il fallait saliver, baver ouais, mais en silence. Alors comment devait-il réagir quand il se retrouva tout à coup dans le noir ? Ce n'était pas une panne de courant en tout cas, puisqu'il entendait toujours la musique, puis surtout, il sentait bien qu'un vêtement lui couvrait les yeux. Un vêtement doux, fin .. Grand Dieu, nan .. Nan, nan nan .. C'était le boxer que le beau blond venait de jeter qui se trouvait sur son visage ! A ce moment là, c'était simple, Eugene ne répondait plus de rien, il avait perdu tous ses moyens et il reconnaissait déjà les voix de ses copines qui jubilaient derrière lui, le gratifiant d'un Bravoooo Eugene ! Lui ? Lui n'attendait que sa libération, et quant elle vint, il se demanda s'il ne rêvait tout simplement pas. Devant lui, le strip teaseur le plus mignon qui lui avait été donné de voir. Son verre serré entre ses doigts, la bouche grande ouverte et les yeux face à ce corps de rêve, il était perdu. Soudain, comme s'il s'était reçu une claque, il se décida à interagir quand même, ou du moins essayer. « Je .. je, je, je .. Je vais bien » fit-il, pensant répondre à la question du beau coyote. Quel con ! C'était pas ça du tout la question ! Il voulait savoir s'il pouvait se rendre utile à quelque chose. Eh bien, il y avait bien deux-trois choses qu'il pouvait faire .. Ah nan, pas ce genre de pensées impures, pas maintenant ! « Tu peux me redonner ça » prononça-t-il enfin avec aisance, en reprenant le vêtement qu'on venait de lui arracher de ses yeux. « Il me semble que c'est à moi vu que c'est retombé sur ma .. sur moi » s'expliqua-t-il, en essayant d'éviter tout souvenir sur la pose de ce caleçon sur sa tête. « Eugene » se présenta-t-il finalement, en lui offrant une main amicale, et en se forçant à le regarder bien dans les yeux plutôt qu'autre part. A vrai dire, c'était pire encore, car ses yeux verts étaient plus beaux que le reste.

Ludwick ne savait plus où se mettre en cet instant précis. Etait-il devenu mou, inexpérimenté, débutant et complètement maladroit ? Plongeant sa main dans sa chevelure blonde, il se grattait lentement, signe de gêne profonde. Il avait jeté un coup d’œil au style de l'agressé ; typiquement le genre de fils à papa, plein aux as et qui se plaindrait sûrement au patron afin qu'il soit viré, châtié ou en échange d'une somme d'argent, envoyé en prison. Autant jouer les personnes extrêmement désolées, et prêt à tout pour exaucer les moindres souhaits. En soit, le blond ne désirait pas d'ennuis, juste qu'on le laisse tranquille ; qu'il récupère sa vie d'étudiant qui mélangerait à son boulot de nuit. Cependant, en balançant maladroitement son caleçon, il avait franchi une limite interdite à laquelle il aillait payer. La peur semblait même présente dans ses yeux et brusquement, il avait extirpé le sous-vêtement de la tête du client. Sceptique, le blond remarqua le jeune homme, troublé, mignon, totalement à son goût, et si ... troublé. Il se retrouva stupéfait, arraché de son propre caleçon par l'agressé qui voulait le garder. Avait-il cru qu'il s'agissait d'un substitut au bouquet de la mariée ? Perturbé par cette réaction des plus étranges, Ludwick lâcha simplement un « Euh okay. » Si l'invité voulait garder son caleçon, pourquoi l'empêcherait-il ? En plus, si cela lui évitait d'avoir des ennuis, c'était bonus. Il espérait cependant qu'il n'agissait pas comme un de ces fans hystériques qui s'introduisait dans les coulisses, ou encore entrait dans sa loge dans l'unique but d'avoir un moment intime avec ; il n'était pas une pute, seulement un strip-teaseur.  Eugene, vu qu'il venait de dévoiler son prénom, semblait avoir le look de l'étudiant du coin, sûrement aussi un élève d'Harvard. Quoi de plus bizarre que de rencontrer un de ses camarades dans un endroit comme celui-là ? Tendant sa main pour une salutation, Ludwick répondit naturellement aux présentations ; « Le Coyote Polonais. » C'était son nom ici, point barre. Il ne pouvait pas révéler son prénom ; de nos jours, il était aisé de retrouver l'identité d'une personne avec seulement une information sur elle. Eugene restait un inconnu à ses yeux et il n'allait pas se livrer de la sorte. Un froid s'était instauré et tandis que la majorité de la foule s'était replongé dans l'ambiance, matant avec envie les strip-teaseurs sur scène, Ludwick parla au barmaid ; « Un cocktail pour lui ... euh, Eugene... et moi ! Tu l'règles sur ma note. » Au rythme de la musique, Ludwick se détendit quelque peu, dansant légèrement, sa nature de danseur le rattrapant vivement jusqu'à ce que le serveur finalise sa commande. Avec hâte, il prend les deux verres, en tendant un à sa victime et prenant l'autre pour y tremper ses lèvres. « J'suis vraiment désolé, vraiment hein. Si je peux faire quoique ce soit. »

Au fond de lui, Eugene se demandait s'il était vraiment stripteaseur. L'effet, limite l'emprise qu'il avait sur lui faisait plutôt pensée à un hypnotiseur venu d'un cirque réputé d'Europe de l'Est. Ou alors c'était seulement les muscles qui faisaient cet effet, et si tel était le cas, il devait être ravi de pouvoir compter sur son corps pour troubler la gent féminine, et surtout masculine de de club. l'allemand avait enfin fini de bredouiller des mots incohérents et avait réussi à se présenter correctement. Toujours en inspectant chaque centimètre du visage de son interlocuteur surprise, il réceptionna le caleçon, qu'il avait décidé de garder. Ça aussi c'était quelque chose d'assez inhabituel chez lui ! Des caleçons, il en avait des dizaines de centaines, tous de marques, et aucun n'avait appartenu à un stripteaseur. Mais la pression qui pesait sur ses épaules était énorme, il voulait passer plus de temps avec le Coyote Polonais. D'ailleurs, les différentes prises de parole avaient achevé le jeune homme, qui fondait littéralement sous la sonorité de cet accent dur. Comme s'il n'espérait plus grand chose de la conversation, le jeune Mather s'était fait à l'idée de le laisser filer, ne s'imaginant pas qu'il aurait à faire avec un gentleman qui allait lui offrir un verre. Là aussi il frôla la syncope, et c'était qu'après avoir réalisé ce qu'il se passait qu'il se tourna vers ses copines, qui étaient mortes de jalousie. Le naturel entrepreneur et sûr de lui d'Eugene revint alors au grand galop, il n'avait qu'une idée en tête: les faire rager encore plus. « Tu sais te faire pardonner » fit-il avec un sourire ravageur en observant le barmaid s'occuper de leurs consommations. Bien élevé jusqu'au bout des ongles, ce garçon vint jusqu'à lui donner son verre en main propre. Un hochement de tête servit de remerciement et déjà il trempa ses lèvres dans son cocktail, qui était délicieux. La paille qui était servie avec fut la bienvenue, car Eugene pourrait se venger sur elle. L'apollon blond continuait à s'excuser, il avait l'air de vraiment s'en vouloir. « Et moi qui pensais que ce n'était pas un hasard que d'en être l'heureux destinataire ! » s'amusa-t-il à le taquiner sur sa maladresse, en désignant le caleçon qu'il gardait sur ses genoux. Puis la trop grande politesse de ce charmant jeune homme lui serait fatale, ne jamais demander demander si on pouvait faire quelque chose pour Eugene, car il n'était pas sûr d'en sortir vivant. Discrètement, toujours avec un large sourire lumineux, Eugene délaissa la paille pour venir se rapprocher des oreilles du polonais, pour être sur que la musique ne viendrait pas couvrir ses mots. « Eh bien depuis le début de la soirée je suis assis, et mes copines là-bas sont harcelées de toute part, alors ça me dérangerait vraiment pas de danser un peu » Il avait fait son souhait, il en revenait maintenant à son bourreau d'en faire ce qu'il voulait.

Il n'y avait plus rien à faire ; Ludwick perdrait son travail. Il venait d'y réfléchir et même si l'invité de la discothèque ne se plaindrait pas au patron, une grande majorité des clients avaient assisté à la scène et quelques bouches-à-oreilles suffiraient pour atterrir dans le bureau du patron et avoir le droit à "T'es viré", abdominaux et beauté n'y feraient rien. Inconsciemment, il avait accumulé sa connerie en restant avec Eugene car il aurait du retourner au travail, retourner sur scène et continuer son show, quoi qu'il advienne. Cependant, d'un côté, il s'en fichait ; il avait peut-être fait du mal à une personne et sans vouloir être disgracieux, il avait préféré lui accorder un peu de son temps afin de s'excuser convenablement. Le client était roi ; Eugene était un client donc il était roi et pour tout désagrements, un cadeau pouvait être offert. Même s'il tenait à ce caleçon, il était contraint de le donner à Eugene, rien que pour sa faute de lui avoir balancé malencontreusement en plein visage. Arquant un sourcil, le polonais se détendit face à l'assurance que reprenait son invité après le choc. Une assurance qui, en apparence l'agaçait mais demeurait une caractéristique qui séduisait quelque peu le garçon. Pas de flirts ce soir, il avait accumulé assez de problèmes au Kenya et avec Camille, il voulait être tranquille, avoir l'esprit apaisé et aucune pulsion sexuelle. Cette fois-ci, il le sentait, c'était dans ses cordes. L'écoutant, Ludwick eut un petit rire amusé face à sa demande ; rendre jalouse ses copines par une danse avec lui.Soit, il en était capable, il relèverait le défi. S'approchant aussi de son oreille, il souffla sensuellement ; « Du corps à corps, ça suffira à les faire hurler, je te le dis. » Se détachant de lui, il lui agrippa la main pour l'emmener dans un endroit de la piste de danse où ils seraient dans un confort de luxe, rythmé par une musique d'ambiance et laissant comme décor la scène où d'autres strip-teaseurs se dénudaient. Si Ludwick était fier d'une chose, c'était pour ses talents de danse, surtout lorsque ceux-ci étaient spécialisés dans le strip-tease. Toujours en caleçon, il commença à se trémousser devant Eugene, avec de longs mouvements qui se voulaient rythmés et hypnotiques et il commença lentement à se rapprocher de lui, posant une main sur sa taille pour réduire la proximité. Après tout, il fallait bien rendre des filles jalouses ? Ludwick était prêt à le faire, à fond, tel un Dunster pour accomplir sa tache. Se frottant à Eugene durant quelques instants, il eut malencontreusement une vague de chaleur qui provoqua un petit désagrément. Perdant pied et gêné, le blond décida de ralentir sa danse et de se décoller de son invité.