I Miss You Sweetheart (feat. Prudence)

Le temps passe lentement lorsque l’on se sent vide. Déambulant dans les quartiers de l’île, j’observais les gens conversés et se sourire. Leur rire me parvenait aux oreilles, pareil à un doux son cristallin. En les voyants sourire, je ne pouvais me retenir de pensée au bonheur que j’avais ressentie un peu plus tôt. A présent, j’étais seul à marcher avec ma tristesse face à cette trahison dont j’avais été victime. Il y a des moments où le cœur reprenait le dessus sur la raison. Des moments où je me laissais complètement aller en baissant la barrière qui barrait le chemin à mes sentiments. A vrai dire, je détestais me sentir faible. En l’occurrence, Andrew me rendait faible. Clignant des yeux pour ignorer l’image de son visage, je me ressaisissais. D’un pas plus assuré, je continuais mon chemin à travers la ville. Sur ma peau nue, je pouvais sentir la caresse du soleil. Ses rayons en devenaient même brulants. Cette sensation, m’envahissais d’une liberté dont je n’avais pas goûté depuis longtemps. Loin de Cambridge, je me sentais libre comme si j’étais capable d’accomplir toutes sortes de choses grandioses. Vêtue d’une fine et courte robe crème, je me dirige d’un pas léger vers le bateau de mon équipe. Le fin tissu de ma robe virevoltait allègrement autours de mon corps, tandis que je me passais une main dans mes cheveux fraichement coupés. Ayant eu besoin de changement, j’avais fait coupé mes cheveux en carré. De cette manière, je pouvais sentir la brise tiède du vent sur mon cou. C’est au moment de traverser que mon regard s’arrêtait sur une silhouette qui m’était familière. Retenant mon souffle, je ne pus m’empêcher de le détailler dans toute sa splendeur. Il atrocement beau, à tel point que cela en devenait douloureux. Ses yeux bleus miroitaient d’une étrange lueur. Nos regards se croisaient et ce fut comme un coup de poignard. Je pus ressentir ce coup dans tout mon corps. Soudain, il y eu du mouvement. D’un pas souple,  il se dirigeait vers moi avec toute l’élégance dont il était capable. Rien que pour cela, je le détestais. « Bonjour Prue ». Pourquoi avait-il fallu que je le croise aujourd’hui ? Pourquoi le voir au moment où je me sentais le plus faible ? Foutu destin. « Andrew. Je ne m’attendais pas à te voir. Tu as l’air d’aller bien » Vraiment ? Faire causette avec lui ne m’était surement pas conseillé.

Est-ce que j’avais prévus de croiser Andrew durant le summer camp ? Non. En vérité, je voulais m’appliquer pour l’éviter un  maximum. Pourtant, le destin en avait décidé autrement. La preuve, nous étions au lendemain de notre arrivé sur l’île et je tombais déjà sur lui. Et comme si le destin ne s’acharnait pas assez, il fallait qu’il se retrouve torse nu devant moi, les cheveux humides à cause de l’eau. Après quelques secondes de silence, il avait repris la parole tout en se rapprochant un peu plus de moi. « Je ne m’attendais pas non plus à te voir, Prue et toi aussi ça a l’air d’aller. Ta nouvelle coupe te va à merveille » Le fait qu’il fasse référence à ma coupe, voulait dire qu’il me portait toujours autant d’attention. En même temps, comment cela pourrait changer en l’espace de quelques jours. « Merci » Je répondais d’une voix ferme comme si son commentaire ne m’avait pas touché. Derrière lui, des hommes ou plutôt des armoires à glace, se rapprochait de lui. J’eue un doute sur leur identité pendant un instant, mais le regard que leur lançait Andrew me fit comprendre qu’ils étaient ses gardes du corps. « Tu as pris des gardes du corps » lui faisais-je remarquer. « C’est bien. » Le voir être si bien entouré me faisait repenser à tout ce qu’il m’avait dit et à la menace de mort qu’il planait sur lui. Même après la trahison qu’il m’avait faite, je continuais de m’inquiéter pour lui. Même si je ne lui avais jamais dit, j’éprouvais de sincère sentiment envers lui et je continuerais de m’inquiéter malgré tout. Néanmoins, il avait l’air bien entouré. Alors, pourquoi s’en faire ? Pendant un moment qui me parut durer une éternité, un long silence s’installait entre nous. Aucun mot ne voulait sortir de ma bouche. Le regarder sans le toucher était une vraie torture, mais même si je l’aurais voulu, je n’avais pas pu. Depuis la confession de son mensonge, toute confiance envers lui, avait quitté mon être. Ce n’était pas la tromperie que je lui reprochais le plus, mais le mensonge. Une bourrasque de vent venait semer le désordre dans mes cheveux. Profitant de remettre une mèche rebelle derrière mes oreilles, je détournais le regard de sa personne pour souffler. A croire que le vent m’avait aidé.  

« Je me suis dit qu’il était l’heure d’assurer ma sécurité au maximum. On ne sait jamais quand nos ennemis souhaitent nous frapper » En guise de réponse, j’acquiesçais de la tête avec un léger sourire. Au moins, il se protégeait. En parlant de protection, un de ses agents s’approchait de lui pour voir si tout allait bien. Comme si j’étais d’une allure menaçante. Aussitôt, Andrew le rassurait à mon propos, avant de reporter son attention sur moi-même. « Excuses-moi de cette odieuse interruption. Ça ne se reproduira plus. Qu’importe, dans quelle équipe es-tu pour le Summer Camp ? » Il avait toujours ce langage atypique qui pouvait faire rire certaines personnes. Quant à moi, j’avais plus l’impression qu’il me traitait comme un client. « Ce n’est pas grave. Je suis dans l’équipe numéro quatre et toi ? » Depuis quand, nous nous échangions de telles banalités ? Nous étions comme deux étrangers et je commençais à me dire, que j’aurais dû passer mon chemin. « Tu as profité de la mer à ce que je vois » Du regard, je désignais sa tenue. Conversation banale et inintéressante, mais que voulez-vous, je ne savais pas quoi dire. La situation me mettait mal à l’aise et je ne pouvais pas ignorer le fait qu’il me faisait encore souffrir. Rien que le voir était une torture. Je me demandais même s’il en avait conscience.  

« Je suis dans l’équipe numéro 8… Mais je ne suis pas trop content d’y être vu que c’est Carpenter la capitaine… » Carpenter qui n’était nul autre qu’Alexys. Comme le destin était ironique. Les deux trahis mis ensemble et les deux tricheurs de l’autre. Je me retenais de rire face au ridicule de la situation. Est-ce que j’étais jalouse ? Non. Inexplicablement, mon intuition me disait qu’il n’y avait rien de particulier entre eux. Ils avaient juste fauté une nuit comme il m’était arrivé de coucher avec une personne sur un coup de tête dû à une attirance réciproque. Seulement, je n’en étais pas heureuse pour autant. « Ah oui je vois. Tu as Théo en co-capitaine aussi » Cela faisait longtemps que je ne lui avais pas parlé et je me demandais comment il vivait cette gestion sans son meilleur ami. Je ne connaissais pas vraiment Wyatt, mais je savais qu’ils étaient connus pour leur duo insubmersible. « N’y penses pas !!! » Andrew avait parlé d’une voix forte, s’exclamant devant des passants surpris. Me figeant sur place, je le regardais avec de grands yeux. C’était quoi son problème ? « Pardon ? » A quoi ne fallait-il pas penser ? Me dite pas qu’il s’était retapé cette fille ? Oh et puis, zut. Cela ne me regardait pas. Je n’avais pas mon mot à dire dans cette affaire. A présent, nous n’étions plus ensemble. Il pouvait donc coucher avec autant de filles qu’il le désirait. Je n’étais à présent, personne pour le juger. Il pouvait faire ce que bon lui semblait. D’ailleurs, n’en avait-il pas toujours été ainsi ? Désormais, j’en venais même à douter sur la valeur de notre ancien engagement. Est-ce que j’avais réellement compté à ses yeux ? Avant lui, aucun homme n’avait eu autant d’importance. Mise à part mes amis, mais cela s’arrêtait là.   

« Désolé d’avance… Je n’ai pas le droit de dire ça mais tu me manques énormément… Et je sais que je ne peux que m’en prendre qu’à moi-même » Face aux mots d’Andrew, je restais bouche-bée. A vrai dire, je ne savais quoi lui répondre. Il me manquait aussi, mais tout cela ne serait pas arrivé, s’il ne m’avait pas trompé avec l’ex de mon meilleur ami. C’était la chose à ne pas faire. Surtout, si cela était motivé pour une vengeance envers l’une des personnes qui comptait le plus que moi. Cela me blessait. « En effet, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même » J’avais répondu d’une voix froide et fermé. Peut-être plus froide que je ne l’avais prévu. Seulement, la trahison était encore trop récente à mes yeux et l’entendre me dire cela, était pour moi déplacé. J’essayais difficilement d’ignorer ce que je ressentais. C’était la première fois qu’un homme m’affectait autant. D’ordinaire, je me serais remise d’une séparation au bout de quelques jours. Surtout que je n’étais pas du genre à être fidèle. Je ne l’avais été qu’avec lui. Ses mots avaient eu le don de faire naitre une colère que je pensais avoir enfoui au fond de moi. « Je devrais surement rentrer. On m’attend sur le bateau. »