Théo & Diego •• A better light on our lives

Une bière à la main, j’arpentais le bord de la plage, l’esprit occupé. Le remous des vagues venaient caresser mes pieds de son eau translucide. Prenant une gorgée, j’observais l’horizon avec un regard pensif. Cela faisait quelques jours que le summer camp avait commencés et que je passais ma seconde soirée au Bahamas. Depuis mon arrivé, j’avais eu un peu de mal à prendre part aux festivités. En effet, après avoir piégé nos parents, Théo et moi avions découvert que nous étions demi-frère. Ce n’était pas une nouvelle facile à accepter. C’était notre monde qui changeait. A présent, je n’étais plus un fils unique, mais un fils avec un frère et surtout celui que je pensais être mon père ne l’était pas. Comment bien réagir avec ça ? Ce n’était pas une nouvelle anodine. Même si je donnais l’impression de me foutre de tout, ce n’était pas vrai. Il fallait se méfier des apparences. De toute façon, j’étais un éternel incompris à cause de mon insociabilité et je m’en accommodais parfaitement. Ce n’était pas là le problème. Le problème était que j’allais devoir m’habituer à ce que mon père ne soit pas mon père biologique. De plus, je n’avais pas aimé les manières de mon paternel biologique. Enfin, paternel était un bien grand mot. Je préférais l’appeler mon géniteur. Il me faisait penser à un de ses manias insupportable et qu’on a envie d’éclater dans un mur. Durant toute la réunion, je n’avais pas pu lui donner un seul regard joyeux. Pour une raison que j’ignorais, je n’arrivais pas à l’apprécier. Je ne le connaissais pas et pourtant, je le détestais déjà. Perdu dans mes pensées, je fus vite rappeler à la réalité lorsque mon regard croisait celui de Théo. Je ne lui avais pas reparlé depuis cette fameuse réunion. Réunion qui avait eu lieu peu après notre accident. « Tu comptes pas m’refaire le coup du suicide dans l’eau ? »

Dernièrement la chose que je réussissais le mieux à faire était le fait de soupirer. Je le faisais presque toujours pour un tout et un rien, ressentant presque un mécontentement général pour ma vie que je jugeais bien fade. Le Summer Camp, les bateaux, l'eau et le mal de mer faisait un remède bien excellent pour mon humeur et lui faire toucher le fond du gouffre. Je me retrouvais d'ailleurs séparé de mes meilleurs amis à cause des équipes dans lesquelles nous avions été réparti et cela m'attristait plus qu'autre chose. Je n'étais même pas dans celle de mon demi-frère... Demi-frère, ce mot résonna étrangement dans mon esprit alors que je songeais que désormais j'avais un nouveau membre dans ma famille. Et dire que j'avais plaisanté sur cela lorsque nous avions été pêché ensemble. Qui aurait cru que cela eut été possible ? Dire de plus que nous avions fait l'école buissonnière dans un hôpital pour faire des tests et découvrir que nous étions des parents et qu'après avoir comploter contre nos familles et plus précisément nos parents respectifs, nous avions découvert pourquoi nous possédions une même anomalie. J'étais d'un côté soulagé par l'annonce d'une nouvelle personne dans mon entourage mais d'un autre côté je me retrouvais aussi en colère contre mon paternel pour me l'avoir caché durant toutes ses maudites années. Il fallait à présent apprendre à se découvrir et je pouvais déjà comprendre et découvrir qu'en Diego j'avais une bonne épaule sur laquelle me reposer en cas de nécessité. C'est pour dire, il était déjà venu deux fois à mon secours. J'apprenais à l'aimer à la vitesse grand V, ayant déjà la crainte qu'il ne me laisse tomber à cause de tous les remue-ménage qui nous entouraient. « Tu comptes pas m’refaire le coup du suicide dans l’eau ? » Sans trop m'en apercevoir, mon regard avait croisé le sien et mes pieds ne touchaient plus l'eau sinon le sable, m'étant automatiquement dirigé vers lui. Je me mis à rire doucement. « Uniquement si tu recomptes me sauver la vie l'ami ! » Je lui fis un signe de tête comme pour le saluer alors qu'il sirotait une bière, tandis que je me plaçais à ses côtés, plongeant ensuite mon regard sur la mer. « Comment...vas-tu depuis...tu sais quand. » Je n'osais pas employer des mots concrets ayant bien peur de leur impact prononcé à voix haute.

Je ne veux pas dire, mais on avait l’air de deux petits avortons abandonnés en train de broyer du noir sur le bord de la plage. Quoi que cela nous allait bien. N’étions-nous pas censé nous sentir sans identité, maintenant que notre vie avait été bouleversée par notre soudaine fraternité ? Sans le savoir, nous avions grandis dans le mensonge et nos parents avaient étés trop lâche pour nous le dire. Alors, allez-vous sentir bien avec ça ! « Uniquement si tu recomptes me sauver la vie l'ami ! » Un fin sourire venait étirer mes lèvres, alors qu’il me prononçait ses mots. Il pensait vraiment que je lui avais sauvé la vie, alors que je n’avais fait que le repêcher. Je ne revenais jamais sur ce genre d’accident, mais à bien y repenser, on aurait pu facilement y passer tous les deux. Chose qui aurait été plutôt idiote, étant donné que nous venions de prendre connaissance de notre vrai lien. « ça pourrait se faire » Je lui donnais une tape amicale sur l’épaule, alors qu’il venait se joindre à moi. Maintenant, on avait l’air d’un duo de déprimés. « Comment...vas-tu depuis...tu sais quand. » A ses mots, je compris tout de suite où il voulait en venir. Théo faisait référence à ce fameux jour que nous avions passé en compagnie de notre père, après lui avoir fait un guet-apens. Cela me faisait encore bizarre de penser que nous avions le même père. Durant toute ma jeunesse, je n’avais jamais soupçonné que mon père espagnol, n’était pas le mien. Portant la bière à mes lèvres, je me donnais plus de temps, avant de lui répondre. Comment est-ce que je me sentais ? Moi-même, je n’avais pas la réponse à cette question, mais cela devait être pareil pour Théo. A moins, qu’il soit habitué aux frasques de ce paternel. « J’sais pas. » S’il y avait bien une chose que je détestais, c’était de livré mes pensées. « En fait, j’m’enfiche. Ils nous ont mentit et pour moi ça me suffit. S’ils n’ont jamais eu le cran d’nous dire la vérité, j’vois pas pourquoi j’leur accorderais de l’importance. » Je disais ça, mais je n’étais pas sûr de la véracité de mes mots. « Et toi ? »

Découvrir à vingt-quatre ans qu'on avait un demi-frère, restait toujours une drôle de découverte. Je ne l'avais d'ailleurs pas partagé avec beaucoup de monde, à part à vrai dire l'intéressé. Il avait fallu qu'on découvre en même temps que nous possédions la même anomalie génétique pour aussi découvrir que mon père avait collé une cartouche chez la mère de Diego bien avant mon arrivé. Arrivant près du jeune homme, je me rendais compte que j'avais déjà connu pas mal d'aventures avec lui, qu'avec plusieurs autres amis. De ce fait, j'étais déjà désireux de le présenter à mes meilleurs amis et d'en parler au monde entier. Je voulais apprendre à encore plus l'aimer et à devenir proche de lui, coûte que coûte. Au moins, le bon point était qu'il ne me rejetait pas malgré le fait que nous ayons découvert après plusieurs subterfuges, que nous avions le même père. Le truc en plus, était qu'il m'avait limite déjà sauvé la vie deux fois et était venu à mon secours lorsque Jasper s'en était prit à moi lors du festival. En somme, il se comportait déjà comme un grand frère, et je ne pouvais qu'en être heureux. « ça pourrait se faire » Qu'on se rencontre ce soir-là parmi tant d'autres dans ce fameux bar et que je ne vienne à son secours, ne pouvait définitivement être qu'un signe du destin. Je souriais alors tandis qu'il continuait après que je lui eus demandé comment il allait. « J’sais pas. En fait, j’m’enfiche. Ils nous ont mentit et pour moi ça me suffit. S’ils n’ont jamais eu le cran d’nous dire la vérité, j’vois pas pourquoi j’leur accorderais de l’importance. Et toi ? » Diego parlait bien évidemment de nos parents et de la vérité et j'haussais les épaules. « Pour te dire la vérité moi je suis content de te connaître. Et pour être totalement franc, j'avais toujours souhaité un frère, t'es comme un cadeau du ciel. » Il avait même été là lorsque j'avais récupéré la mémoire, une autre étape importante dans ma vie. Je ne pouvais que vouloir le garder à mes côtés. « Bon ok je bouffe mes madeleine et je fais plus chier avec mon romantisme. » Me mettant à rire, je jetais un coup d’œil à l'eau. «  Sujet suivant...T'as fait de bonnes rencontres avec ce Summer Camp ? » Traduction décodée, en somme combien de nana s'était-il tapé. Enfin, juste histoire de changer de conversation que je demandais cela, me demandant moi-même ce que me réservait cet été sur un bateau à se la jouer à la Jack Sparrow.

« Pour te dire la vérité moi je suis content de te connaître. Et pour être totalement franc, j'avais toujours souhaité un frère, t'es comme un cadeau du ciel. » Surpris par la franchise de Théo, je tournais mon visage vers lui. Il essayait de m’attendrir ou est-ce qu’il me faisait une blague ? On ne peut pas dire que j’étais habitué à ce que l’on me définisse comme un cadeau du ciel. Généralement, on pensait de moi que j’étais un connard ou alors, on me prenait pour le loup solitaire du coin. Rien de très gratifiant, je vous l’accorde, mais vous me connaissez, ce genre de commentaire ne m’atteignait pas. Mais il fallait reconnaitre que les mots de Théo me touchaient. Je ne le reconnaitrais surement pas devant lui, mais ça m’allait droit au cœur. Au final, nous avions eu besoin de quelqu’un dans notre vie. Une personne de notre famille qui nous serait honnête. Je m’étais toujours senti seul et ça ne m’avais pas vraiment déranger. Néanmoins, Théo comblait déjà un vide. Il était là et il…était mon frère. « Bon ok je bouffe mes madeleine et je fais plus chier avec mon romantisme. » C’était sa manière à lui de se rattraper. Contrairement à lui, je ne riais pas. Me contentant de le regarder, avant d’enfin lui répondre. « T’as faillis m’arracher une larme » disais-je avec un sourire. Sourire ironique, mais qui avait un fond de sincérité. Je ne disais jamais ce que je pensais lorsqu’il s’agissait de sentiment affectueux. Alors, il me faudrait du temps, avant que je m’ouvre à lui. « Sujet suivant...T'as fait de bonnes rencontres avec ce Summer Camp ? » Comme je l’avais mentionné plus tôt, je suis un mec solitaire, alors les rencontres étaient plutôt locales. J’avais besoin de m’éloigner du milieu de riche. « J’ai pu revoir quelques nanas et toi ? »