Make a fool of me is not so complicated, you know

 C'était avec un visage épanouie que l'allemand sorti de l'avion, au rbas de son copain qui essayait tant bien que mal de tenir toutes les valises. Il fallait avouer qu'il n'avait pas lésiné sur les moyens, il lui fallait sa chambre en gros, et il espérait bien avoir de la place dans le placard qui allait être le sien. Il rigolait complice avec son polonais, tout en s'extasiant de la nouvelle atmosphère dans laquelle il allait évoluer pendant deux mois. Cet air si bon présageait de bonnes choses pour lui, il le sentait. Il s'agissait de son troisième Summer Camp, et jamais il n'avait été si déterminé à s'amuser ! Regardant galérer avec plaisir son copain, il le laissa passer devant alors qu'il remarquait à quelques pas de lui le garçon le plus ennuyeux du monde, le rat de bibliothèque par excellence. Tiens, il était là lui ? Pourvu qu'il ne décide pas de se révéler et de s'imposer, ça serait une mauvaise idée. Puis il semblait l'avoir vu, alors Eugene n'eut pas besoin d'autre chose pour l'interpeller. « Eh, le sac de noeud, c'est moi que tu regardes comme ça ? » attaqua le jeune homme, il fallait qu'il redore son blason de saloperie de diable quand même.

Il espérait ne pas avoir perdu de sa fougue, de son langage outrancier et de sa dérision, car il allait falloir montrer à tout l'aéroport qu'il ne fallait pas faire chier Eugene. Certes, un inconnu prendrait vite pitié pour le gringalet qui lui faisait face, mais la pitié était peut-être pire que de la compassion. Au fond, il savait que Devyn n'allait pas répliquer, il en était incapable puisque sévèrement limité à un langage du XIX siècle. D'ailleurs, le simple fait qu'il essaie énervait encore plus Eugene ! Surtout lorsqu'il avouait sans honte qu'il avait maté tout le monde depuis qu'ils étaient descendus .. WHAT ? Il avait donc bien dû mater Ludwick nan ? Là, là, il la tenait sa raison pour s'en prendre à lui ! « T'es en train de me dire que t'as regardé mon mec avec envie ? » s'offusqua l'allemand, en fronçant les sourcils. C'est bon, il était dans son personnage là, le visage sévère la bouche presque entre-ouverte, cette excuse pour s'en prendre à lui prenait peu à peu le goût d'une réalité. Oui, Eugene était maintenant persuadé qu'il avait des vus sur son polonais. Qu'on le regarde lui, encore, il comprend, mais pas son mec !

En réalité, il aimait bien ça Eugene piquer des crises, faire le cirque. Il se sentait mieux dans sa peau, évidemment, il ne faisait pas ça sans raisons. Mais il s'énervait sans raisons oui, et en utilisant son mec, il avait honoré cette monstrueuse partie de son caractère. Il en était toujours à se vanter, d'avoir ceci, d'être né comme ça, de sortir avec untel, alors dès qu'il le pouvait, il en profitait pour les utiliser. Surtout, il aimait foutre la honte à ses victimes, alors appeler ouvertement Devyn d'aguicheur d'hommes, donc d'homo, devant un public certes étrangers mais qui pouvaient comprendre qu'il y avait litiges, c'était amusant. « Bah oui, tiens, moi aussi je m'amuse à flâner comme ça, sans but ! » rétorqua Eugene, s'enfonçant un peu certes, mais il ne l'assumerait pas. Il avait besoin d'exercer son venin quelques heures par jour, sinon il devenait malade. Alors qu'il n'y avait pas vraiment de matières en dispute, Devyn commis l'impardonnable: insinuer que son copain ne serait pas un beau mec. Là, là y'avait une bonne raison ! « Tu le verrais, tu comprendrais ton erreur, je suis pas comme toi moi, je ne sors pas avec ma main droite uniquement, je recherche la beauté physique, car je peux, et toi pas .. Pas avec ce pif que tu trimballes partout ni même avec ces fringues qui sortent d'une poubelle » critiqua-t-il ouvertement, seule chose qu'il savait faire sans se fatiguer à vrai dire. Ça ne rimait à rien, et Devyn devait bien être courageux pour supporter un pareil supplice.

Dès l'instant où Devyn crut malin de devoir rétorquer à chacune des petits piques d'Eugene, ce dernier en fut presque abasourdi. C'était l'effet Summer Camp, beach, beer et biatch qui le rendait comme ça ? Aussi .. aussi chiant à savoir se défendre ! Normalement, lorsqu'Eugene critiquait le physique de sa victime, ou ses fringues ou même sa vie en général, il en résultait des pleurs, des agacements et parfois même des fuites. Là, bah, on aurait presque dit que ça ne lui faisait ni chaud ni froid au rat de bibliothèque. « Je vois, Monsieur s'est achetée une répartie .. » commença Eugene, en toisant férocement avec ses petits yeux le garçon qui lui faisait face, et surtout, lui tenait tête. Il se rapprocha alors de lui, et lui planta tel un couteau dans la poitrine ces deux petites prunelles qui envoyaient presque des éclairs. « Mais sâche-le bien, ça ne s'achète pas, une victime reste une victime, et ça, pour le reste de sa vie » prononça-t-il en détachant chacune des syllabes pour bien se faire entendre. Fallait un exemple maintenant, alors il vint arracher le sac de voyages des mains du jeune homme, il était bien lourd ce con, et en quelques secondes il en renversa le contenu sur le sol. Vêtements, chaussettes, tout ce qu'il contenait se retrouvait au sol. La scène devait avoir été facilement repéré car déjà deux grands gardes de la sécurité s'approchaient d'un pas décidé vers eux. Merde, il s'était fait trop remarqué en fait. Un sourire malsain se dessina sur son visage, au moins, il avait réussi à remonter le niveau de ses mots par ses gestes.

Un soulagement immense vint envahir Eugene. Non, il n'était pas rouillé, oui, il était toujours aussi doué pour faire passer un mauvais moment à ses victimes. Et non, l'énergumène qui lui faisait face n'avait rien d'un grand compétiteur, il ne faisait aucunement frémir le jeune allemand et il devait bien le sentir. Satisfait, il ne se lasserait jamais de pavaner avec sa tête de vainqueur chaque fois qu'il pensait avoir gagné une bataille. Sauf que là, il dût quand même se contenir, éviter d'exploser de joie à outrance puisque la sécurité vint se ramener. Suuuuper ! Devant les grands gaillards et sa victime, Eugene ne disait mot, il se tenait simplement là, droit comme un pique, les bras croisés. Il écouta les mots que s'échangeaient les trois bouffons et il ne put que faire oui oui de la tête lorsque le regard des gorilles se posèrent sur lui; Quoi, il n'allait comme pas dire qu'il y avait un problème, si ? Et maintenant, il se demandait ce qu'il allait faire. Ils étaient déjà là à ramasser le contenu de la valise, c'était d'un pénible et donnait une grande impression de pitié. Très vite, les deux zigotos furent rappelés pour une autre intervention, sans doute plus musclée. « Waaaow, j'imagine que ta confiance a du s'évaporer comme neige au soleil là » nargua Eugene, ricanant presque entre ses moustaches.