Les années texanes, l'innocence et compagnie... | |
Je ne suis pas l'une de ces texanes née dans une famille possédant un ranch. Je ne sais pas monter à cheval, je n'ai pas de grandes notions sur ce qui touche les chevaux ou le monde des cow-boys, je suis juste une fille née dans une famille de citadens modestes, d'un père professeur de droit et d'une mère assureur. J'ai trois sœurs et deux frères, certains considèrent que nous entrons dans la catégorie des familles nombreuses, ce n'est pas mon sentiment.
Mon enfance n'est pas des plus intéressantes, j'étais l'une des filles les plus banales des petites écoles, en fait, en retraçant mon histoire, je vois que je n'ai pas réellement changé depuis ce temps là. Je m'entendais bien avec presque tout le monde, et je ne me laissais pas faire. J'ai toujours écouté mes parents pour ce qui était de l'éducation en général, sauf lorsqu'ils me disaient que la violence ne résout rien, car j'ai souvent remarqué que c'était tout le contraire, non pas que je sois violente, je rend ce que l'on me donne, c'est tout. Je n’étais donc rien de plus qu'une enfant comme les autres, qui désobéit parfois à ses parents et se fait punir par les instituteurs, qui se chamaille avec ses frères et sœurs et cherche secrètement à se faire aimer de tous.
Je grandissais, j'avais des ambitions plus poussées, mes envies se portèrent sur la musique. A douze ans, mes parents, aussi modestes étaient-ils, me payèrent des cours de chant, puisque j'avais d'excellentes notes scolaires, c'était en quelque sorte une récompense pour mon travail fourni. Ce qu'ils n’imaginaient pas tous les deux, c'était que j'allais en faire mon projet professionnel. Il ne fallait pas non plus s'étonner, pendant trois ans, j'ai participé à des concours, j'écrivais (et encore aujourd'hui) mes propres chansons. Je ne suis jamais arrivée première, mais j'avais le plaisir de participer en faisant ce que j'aimais...tout cela en restant une bonne élève dans le domaine scolaire. J'ai tout de même gagné un peu d'argent en arrivant deux fois consécutives à la seconde place, argent que je décidai d'investir pour entrer à Harvard qui m'avait accepté pour ma plus grande joie.
| Une petite escale à Harvard et puis ... |
Harvard, c'était un peu un rêve inaccessible auquel je pouvais enfin accéder. J'avais choisi musique et théatre, tandis que mon père aurait voulu que je saisisse l'occasion pour entreprendre de brillantes études de droit ou d'économie. Je me souviens encore que mon père me disait : « Avec tes caprices, tu pars droit dans le mur, et tu y emportes ta sœur, bravo ! »
Ma petite sœur prenait exemple sur moi pour presque tout : la mode, le maquillage, les passions, les garçons... Mes autres frères et sœurs m'encourageaient plus que les parents, ce qui me donnait plus de force pour leur tenir tête.
Si je n'évoque pas ma vie amoureuse, c'est parce que j'ai seulement vécu quelques amourettes qui n'eurent pas grande importance à mes yeux.
Ma première année à Harvard était comme je l'imaginais, un rêve. Je faisait partie de la cabot house, et ce fut quelque peu une victoire d'intégrer cette confrérie. Comme tout rêve a une fin, le mien fut interrompu un peu plus d'un an plus tard. L'année scolaire venait de s'achever, et je décidai de rester ici, à Cambridge pour m'amuser un peu, voir la ville en dehors du stress des cours, mais aussi et surtout, pour ne pas abandonner mon emploi au café. C'est alors que je rencontrai Adam, mon amour de vacance et au dela. Je ne saurais dire comment, mais il a réussit à capter mon attention. Il avait huit ans de plus que moi, mais ce que nous nous apprétions à vivre n'avait pas d'âge. A proprement parlé, je n'avais jamais eu de vrai petit ami, j'avais peut-être dix neuf ans, je me préservais pour l'homme qui partagerait ma vie... et pourtant.
Adam répondait à toute mes attentes de la part d'un homme, et bien que lui ne s'imaginait pas pouvoir sortir avec une étudiante, non l'une de ses élèves étant donné qu'il n'enseignait pas à Harvard, mais une étudiante tout de même. Il ne résista pas longtemps à mes timides, mais non moins évidentes avances. A deux, nous étions devenus comme un couple d'adolescents, une relation innocente nous unissait, et plus les jours passaient, plus mon amour grandissait pour lui. Il était mon premier amour, celui qui vola mon innocence pour faire de moi une vrai femme.
Deux mois merveilleux avant de reprendre les cours, et trois après la rentrée, je compris bien vite que ma vie ne serait pas la même, mes actes avaient des conséquences qu'il fallait que j'assume. J'étais tombée enceinte, et fort heureusement pour moi, il était professeur, mais non à Harvard. Quand vint le moment où je voulu le lui annoncer, je tombai nez à nez avec sa femme. Il était marié, et ne m'avait rien dit. Je me sentais trahie, déçue d'avoir pu lui faire confiance, je mis alors fin à notre relation malgré le fait qu'il m'affirmait qu'il était en instance de divorce depuis déjà quelques temps, mais qu'elle bloquait la procédure. Je parti, le cœur brisé, sans rien lui dire de la vie que je portais en moi, et trois semaine après, je quittai Cambridge pour retrouver San Antonio.
Le déroulement des choses... | |
Inutile de parler de la tête de mes parents quand ils apprirent la nouvelle. Je repris contact avec Adam, par lettres, et seulement par lettre, je ne voulais pas qu'il vienne, mais j'avais besoin d'être en contact indirect avec lui. Et tout ceci dura jusqu'à la naissance de notre fils, naissance dont il n'eut jamais la connaissance, il était toujours marié à cette femme qui le menaçait de prendre le peu des richesses qu'il avait, et je ne voulais pas ajouter un soucis en plus.
Arthur, mon fils, j'aurais du le faire adopter, j'aurais du lui donner la chance d'avoir une meilleure enfance, mais je n'en fis qu'à ma tête et pris sur moi pour m'en occuper. La reprise de mes études à l'université de San Antonio fut moins aisée, je devais combattre pour deux à présent, et jamais je ne baissai les bras.
J'élevais Arthur dans l’ignorance de l'identité de son père, et j'ai bien conscience qu'il avait besoin d'une présence masculine. J'étais dans l'impossibilité de lui offrir cela, mes relations avec les hommes s'écourtaient dès que j’annonçais que j'avais un petit garçon.
Aussi, un jour vint le temps des questions, Arthur voulait savoir, et je lui promis de lui présenter son père.
Je postulai donc pour enseigner à Harvard, et fut embauchée en cours d'année pour un remplacement qui se transforma en un contrat de plus longue durée. Quelle fut ma surprise lorsque je revis Adam dans les couloirs de l'université ! Pour l'instant, je n'ai encore rien osé lui dire, je l'évite tout bonnement en attendant de pouvoir trouver les bons mots, mais ce jour viendra ou je devrais faire face à la réalité et tout lui avouer.