Je sortais tout juste d'un cours de dessin super hard. J'avais les mains couleurs arc-en-ciel tellement j'avais utilisé de crayons et techniques différentes. Mais j'adorais ça et je n'avais pas vu le temps passer ! Quand on aime on ne compte pas ! Et c'était mon cas. Quand j'étais prise par une envie folle de dessiner, je pouvais ne pas voir la nuit tomber et c'était souvent mes colocs qui venaient me dire qu'il valait mieux que je dorme ... Ma foi ! J'étais toujours en vie ! Et en pleine forme ! Le dessin c’était mon carburant. Tout ça pour dire que je me dirigeai vers les toilettes pour pouvoir me donner l'air un peu plus propre. Une fois devant le lavabo, je remontai mes bracelets pour ne pas qu'ils prennent la flotte et ne rouillent sur ma peau après. Il n'y avait pas grand monde et personne à côté de moi, je me suis donc permis de découvrir ces fichus cicatrices. J'avais mis du fond de teint dessus, mais le relief était toujours là... Bref, Je frottai mes mains avec le savons. La couleur avais du mal à partir ... Et je découvris une tache sur mon T-shirt... Merde, pensais je. Je mouillai la tâche et la frottai à son tour.
Athina et moi avions une idée de projet ensemble : tourner un court métrage pendant le Summer Camp. Cela faisait un certain qu'on discutait mais le sujet m'intéressais tellement que je ne faisais pas attention au temps qui passait. C'est ma vessie qui me l'a rappelé .... J'ai donc laissé Athina qui est partie de son côté et je suis allée vers les toilettes. Là j'ai vu ... Eloïse, je crois ... Je suis déjà allée plusieurs fois à la Lowell house pour leur emprunter leur studio et je l'avais déjà croisée deux ou trois sans jamais vraiment lui parler. Je savais juste comment elle s'appelait. Bref, quand je suis entrée, elle était en train de se laver les mains ou une tâche sur son tee-shirt ... En fait je n'ai pas trop fait attention parce que c'est quelque chose d'autre qui a attiré mon attention. Eloïse portait toujours de tonnes de bracelets sur ses bras, mais là elle les avait remontés le long de ses bras. C'est là que je vis qu'elle cachait dessous des cicatrices. Elle avait des tas de cicatrices sur ses poignets. Est-ce qu'elle s'est scarifiée quand elle était jeune ? me demandais-je. Ou est-ce qu'elle a des problèmes ? Elle ne m'avait pas vu arriver. Je m'approchais donc pour lui parler : Eloïse, c'est bien ça ? Tout va bien ?
J'étais tellement concentrée à frotter mon T-shirt, que j'avais totalement fait abstraction de ce qu'il pouvait se passer autour de moi. J’eus un sursaut quand on s'adressa à moi . Je tournai la tête et découvrit une jeune fille brune te plutôt grande. Son visage me disait quelque chose ... Puis il me revint en mémoire qu'Athina, ma coloc, avait commencé un projet avec une autre Quincy qui était encore bizutée. J'étais allée la voir plusieurs fois soit pour lui donner une clé ou je ne sais quoi, et c'était la que je l'avais vue. Elle s'appelait Nancy. Un nom qui ne pouvait que me ravir moi qui devait être la fille la plus chauvine de la planète ! Tout ça pour dire qu'après l'avoir reconnue, j'ai aussitôt lâché mon T shirt et rabaissé mes bracelets. J'étais surprise qu'elle s'adresse à moi... J'espérais qu'elle n'avais rien vu. Oh, Nancy ? Juste un petit problème de couleurs ! On ne ressort pas tout blanc après un cours d'art pla !
Eloïse avait l'air très surprise de me voir dans ces toilettes. J'étais également surprise qu'elle m'ait reconnue alors qu'on ne voyais presque jamais. Petite fierté d'être un peu connue !, pensais-je en souriant intérieurement. Bref, elle avait l'air aussi gênée et a vite rebaissé ses bracelets. Alors j'avais bien vu. Elle avait réellement des cicatrices de scarification sur les poignets. Ou était-ce autre chose ? Difficile d'imaginer comment elle aurait pu avoir ces marques autrement qu'en se les faisant soi-même. Je ne savais pas si je devais lui en parler ou faire semblant de n'avoir rien vu. Elle les avait cachées donc ne voulait pas en discuter mais ce genre de sujet est grave. Si elle avait des problèmes, il fallait absolument qu'elle en parle. Ce genre de truc peut facilement dégénérer. Je me lançais donc : C'est sûr que ça pas être facile de ne pas se tâcher !
Je tentais de blaguer un peu pour entamer un sujet moins drôle, mais je me sentais pathétique et surtout très mal. Tu sais si tu as des problèmes ou des choses dans le genre tu peux m'en parler ! Je souris pour la mettre en confiance mais j'avais l'impression que c'était un sourire forcé... J'espérais qu'elle ne l'avait pas ressenti comme ça. Je suis pas une fille qui a tendance à balancer ce qu'on lui raconte ! Tu peux y aller tranquille.
Elle me répondit tout simplement, sans faire allusion à ce qu'elle aurait pu voir. Ouf ! Je lui répondis tout naturellement - enfin pas tant que ça mais au moins j'essayais - pour qu'elle ne se fasse pas d'idée sur quoi que ce soit : Les toilettes sont un peu ma deuxième maison ! Je souris et fis mine de vouloir partir. Je pensais clore la discussion ainsi mais Nancy repris la parole pour me dire que je pouvais me confier à elle si je le souhaitais ... Shit, Dear God ! pensais-je. Elle devait avoir remarqué mon empressement soudain. J'espérais du fond de mon cœur qu'elle ne faisait pas allusion à mes cicatrices. Je me retournais vers elle avec un faux regard inquisiteur : Oh c'est gentil, mais de quoi voudrais-tu que je me confie ? Ce n'était absolument pas méchant, je ne voulais pas la mettre mal à l'aise, après tout c'était gentil de sa part ! Mais j'espérais qu'elle avait dit ça comme elle l'aurait dit à toute autre personne dans cette école, et non pas parce qu'elle avait vu une jeune fille avec des cicatrices ...
Eloïse paraissait vraiment pressée. Elle me répondit vite et fit mine de partir mais je ne pouvais pas la laisser comme ça. Les personnes avec des traces de scarification ne vont pas bien. Il fallait qu'elle m'en parle. Même si elle ne le voulait pas. Peut-être pouvais-je l'aider à quoi que ce soit ? On ne peut pas rester seule dans une situation pareille. Parler fait toujours du bien. Même si on en a pas envie. J'insistais donc avant qu'elle ne parte. Elle faisait semblant de ne pas savoir de quoi je parlais mais je ne pouvais vraiment pas la laisser dans cette situation. Des problèmes comme les siens ne se résolvent pas seuls ! Je ne veux pas me mêler des choses qui ne me regardent pas Eloïse ... Mais j'ai vu les cicatrices de scarification que tu portes sur tes poignets et que tu tentes vainement de cacher avec tes bracelets. Tu sais les problèmes comme ça il faut en parler autour de soi. Tu ne peux pas tout garder en toi.
Elle devait me prendre pour une grosse impolie mais je m'en foutais. Je me sentais obligée, je devais de l'aider !
Je restai figée sur place. Elle les avait vu ... Elle avait vu mes cicatrices si facilement ! Je n'avais pas fait assez attention. Dans mon entourage, seule Athina était au courant. Et je n'avais pas du tout envie qu'une parfaite inconnue comme Nancy le soit aussi. Je perdis le petit sourire que je tentais jusqu'à présent de garder vainement. Elle était plus grande que moi,je ne pouvais la toiser, mais je lui lançais un regard noir. J'étais vraiment mal à l'aise mais j'essayais de garder la face en laissant sortir ma colère. Elle me l'avais dit tellement crument ! En effet ça ne te regarde pas. T'as cru que t'étais la sainte vierge qui pouvait aider tout le monde? Les mots sortaient cruellement de ma bouche. Mais j'étais blessée. C'était un sujet auquel j'étais très sensible et ça me faisait toujours partir au quart de tour ... Elle n'avait pas à s'occuper de moi, je ne l'avais pas sonnée. Elle aurait au moins pu faire semblant de me laisser tranquille. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Alors là j'étais scotchée. Qu'elle me dise que ce sont ses affaires et qu'elle ne veut pas en parler, ok ! Mais qu'elle me parle comme à son chien m'a beaucoup moins plu. Apparemment c'était pas une fille qui aime qu'on s'occupe d'elle. Elle n'avait qu'à rester dans son coin et ne pas parler de ses problèmes si elle voulait. Mais qu'elle ne devienne pas agressive quand une personne essaie de l'aider. Je n'avais pas envie de chercher la merde avec Eloïse. Je ne l'a connaissais pas et je ne voulait pas m'en faire une ennemie. Le regard qu'elle me lança me fit frissonner. Si elle avait eu des mitraillettes à la place des yeux, je serais morte sur le champ. C'est vrai que je n'y étais pas allée de main morte. J'aurais pu aborder le sujet autrement ... Je l'avais certainement blessée ... D'habitude je m'en sors mieux avec les gens. J'arrive à parler avec eux sans manquer de tact. Rater pour cette fois ... Mais je ne devais pas culpabiliser pour une fille que je ne connaissais pas. Je pouvais être agréable et souriante, mais c'est difficile de se contenir quand on se fait traiter comme ça.
J'essayai quand même de rester le plus calme possible. Ce n'était pas mon genre de m'énerver de cette façon. Je ne haussai pas la voix, je m'exprimai juste pour qu'elle comprenne ce que je ressentais à ce moment-là : Déjà je ne te permets pas de me parler comme ça ! Je ne suis pas là pour me faire des ennemis. Je veux simplement t'aider. Et aider n'est pas réservé à "la sainte vierge". Je suis comme ça et tu ne peux pas me reprocher de faire ce que j'aime : aider les gens. C'est ma personnalité et ça, on ne critique pas !
C'est vrai que je ne savais pas de quoi je parlais mais je tenais absolument à l'aider. Je haussai donc légèrement le ton sans pour autant devenir méchante ou agressive.
Et je ne sais peut-être pas de quoi je parle mais je pense que c'est normal : je n'ai pas le don de deviner ce que pense les gens ou de découvrir leur passé en les regardant dans les yeux. Je ne veux vraiment m'attirer tes foudres. Je n'ai rien fait pour. Mais je ne me laisserai pas marcher dessus non plus sous prétexte que j'ai touché un point sensible. Je radoucis ma voix avant de continuer. Ce n'était vraiment pas mon style de m'énerver. Je ne tenais pas... D'ailleurs je m'excuse de l'avoir touché, ce point sensible. Si tu ne veux pas en parler je ne vais pas t'obliger. Je tiens juste à ce que tu saches que je ne suis pas ton ennemie. Aucune raison de te sentir agressée ...
Je ne trouvais rien d'autre à dire. Elle avait vraiment été dure mais je la comprenais. J'aurais certainement réagi d'une manière similaire si on m'avait posé une question sur un sujet que seul moi en connaissais l'existence, surtout un sujet aussi gênant. Je me tus et attendis bêtement.
J'avais peut être réagit trop vite. Je le reconnaissais. Mais c'était horripilant qu'une parfaite inconnue croit tout à coup qu'elle puisse m'aider. Elle savait quoi de moi ? Mon Nom ? et c'était tout ... ça faisait 2 ans que je les cachais et qu'elle les ait vu si facilement alors que la plupart de mes profs de savaient rien... Je n'avais pas que des cicatrices aux poignets, j'en avais aussi une au cœur et celle là qui s'était fermée péniblement se rouvrait aussi vite qu'un battement de cil. J'étais très très très sensible sur ce point et susceptible en prime. Et puis qu'elle répartisse ne faisant sa petite victime, merci bien ! Je n'avais vraiment aucun doute sur laquelle de nous deux était la plus à plaindre. D'un autre côté elle n'avait pas tout a fait, et ça faisait mal de l’admettre. Je radoucis quand même mon regard. J’essayais de me calmer en soufflant un rand coup mais seulement des mots venimeux me venait à l'esprit. Si tu ne sais pas ce que j'ai dans la tête alors t'aurais pas du essayais de m'aider. Je lui montrais d'un geste vif mes cicatrices. Voilà, t'as bien vu, j'ai des cicatrices, mais si tu regardes bien tu verras qu'elles sont trop bien faite. Alors ta scarification tu te la mets où je pense. Il faut que t'arrêtes d'avancer les choses auxquelles tu ne peux rien comprendre. Bien sur que si je me sentais agressée. Je me sentais sale, humilié, seule ... Tu ne peux pas ME comprendre ...
D'accord. Donc je lui parle gentiment, ça ne marche pas, je veux l'aider, ça ne marche pas, je m'excuse d'avoir abordé un point sensible, ça ne marche pas ... Bon ben plus qu'à y aller à la manière forte. Je l'ai blessée, elle m'a blessée. 1 point partout, balle au centre.
Je veux toujours donner raison aux gens. Mais là je n'avais pas envie de lui donner raison sur le fait qu'elle m'agresse alors que je n'ai rien fait pour à part lui témoigner de l'intérêt, quelque chose que presque personne n'a fait pour moi. C'est vrai, je suis seule. Des amies je dois en avoir un ou deux, j'ai Devyn en tant que professeur, ça ne va pas plus loin. Le seul que je pourrais considérer comme vrai ami c'est Drew. Et des problèmes j'en ai d'autres ... Alors qu'elle ne se la ramène pas avec ses problèmes. Elle n'est pas la seule. Elle n'a pas le droit de me parler comme ça ! Elle non plus ne connait rien de moi. Je m'énervai. et pour arriver à ce niveau là, faut le faire : Je m'excuse de m'inquiéter pour toi, je m'excuse de vouloir t'aider, je m'excuse de vouloir être sympa ... Mais jamais je m'excuserais d'être MOI-MÊME !! Ne me blâme pas parce que je veux te venir en aide !
Comme je suis quelqu'un de très sensible, des larmes commencèrent à monter. Pas des larmes de tristesse, non. Il y avait tous les sentiments sauf la tristesse : la colère, l'humiliation, mais aussi la déception et la douleur de m'être fait littéralement jetée comme un chien. En temps normal, je n'aurai pas eu envie qu'elle ai pitié de moi, ni qu'elle pense que j'étais pathétique mais à ce niveau là, je m'en foutais complètement. Je n'avais pas l'habitude que des larmes montent comme ça, je ne pleurais cependant pas. Je les retenais.
A ce moment là, elle me montra ses traces. J'étais très surprise, elle qui voulait absolument que personne ne les voie. Je devais voir la netteté de ses cicatrices ? Et bien non, j'avais les yeux brouillés par les larmes, que je me dépêchai d'essuyer. Si c'est pour m'engueuler la seconde d'après, tes cicatrices tu peux les laisser sous tes bracelets. Tu ne veux pas de mon aide. Oui ça je le sais ! Mais personne ne t'as obligé à m'agresser, même si tu te penses que je le fais envers toi. Ok ce ne sont pas des traces de scarification. Bah qu'elle me dise c'était des traces de quoi alors !! Mais j'en avais marre. Je ne voulais pas chercher la merde.
Alors s'il te plaît, calme toi !! Je baissai le ton. Peut-être allait-elle comprendre que je ne lui voulait vraiment pas de mal ? Je ne veux vraiment pas me prendre la tête avec toi !
Accueil
