Pour tout dire, Archibald était épuisé. Lessivé, tout ce que vous voulez. Il ne trouvait plus que rarement le sommeil et la boxe le fatiguait. Pourtant, il ne s'arrêtait pas. Il aurait très bien pu faire une pause dans ses activités sportives mais il n'en avait pas envie, boxer le détendait et lui faisait oublier ses problèmes quotidiens tout en lui permettant de canaliser son caractère pour le moins explosif. Autant dire qu'en ce moment il avait nombre de soucis divers et variés à gérer, sa mère avait fait une chute dans les escaliers de sorte qu’elle se trouvait en ce moment à l’hôpital, son père, cet homme si froid et indifférent, semblait pourtant dévasté. Elle allait relativement bien, le plus dur à gérer était Howard père qui ne cessait de lui téléphoner, le tannant pour qu'il rentre à la maison, au chevet de sa chère mère. Il ne pouvait pas, de plus le chemin de Cambridge à Norwich durait en moyenne une heure et demi, sans compter les embouteillages sur la route et cetera. Il était persuadé que tout s'arrangerait rapidement. En attendant, il s'occupait à distance des choses que son père avait laissées de côté pour un temps. Ce n'était malheureusement pas le pire, ce qui le préoccupait le plus était évidemment Isaline. Il ne l'avait pas encore croisée, disons qu'il l'avait aperçue mais il n'avait jamais eu l'occasion de l'approcher, dès qu'il apparaissait elle était en train de s’éloigner sans même remarquer sa présence. Peut-être cela valait-il mieux, si elle avait su qu'il était à Cambridge elle aurait sans doute trouvé un moyen de réitérer une injonction d’éloignement contre lui, à mois qu'elle ne décide de s'évanouir dans la nature, loin de lui et des souvenirs douloureux qu'il devait représenter. Elle lui en voulait, mais sans doute s'en voulait-il plus encore de lui avait causé tant de douleur et de peine. Il l'avait anéantie, brisée, détruite. Elle ne le lui pardonnerait jamais, tandis que lui... Lui non plus, il ne se pardonnerait jamais ce qu'il avait fait et ce même si c'était un problème d'ordre médicale, psychologique. Il ne trouvait plus le sommeil, ou seulement pour quelques heures de cauchemars agités. Fatigué mais sachant qu'il ne s'endormirait pas, Archie avait décidé de sortir se vider la tête. Il avait longuement marché, avant de pénétrer dans le Bukowski Tavern histoire de se réchauffer un peu. Assis à une table à jouer avec les couverts déjà dressés, il ne remarqua pas que c'était un visage connu qui venait prendre sa commande...
Ce soir, j'étais de service. Mais c'était une soirée calme, un jeudi soir, donc ça allait et le rythme n'était pas pénible. De toute façon, j'aimais le contact avec les gens, avec la clientèle. Puis servir et dresser des assiettes, j'adorais ça. Il était 21h40 et le bar fermait à 23h ce soir, donc j'avais encore le temps. J'étais en train de discuter avec un couple de personnes âgées qui fêtaient leur 40 ans de mariage, ça c'était rare! Enfin bon, je sais pas si je me verrai avec le même homme 40 ans. De toute façon, la question ne se posait pas, j'étais seule. Les deux personnes s'en allèrent et j'attrapais à nouveau mon bloc note pour venir prendre commande d'une dame d'une trentaine d'années et également vers toi.. Je te regardais, restant bête. On se connaissait non..? J'sais pas, je voulais pas dire de conneries. "Bonsoir.. Vous désirez...?"
Archie jeta un coup d'oeil au résultat du match en cours et n'y trouva pas plus d’intérêt que cela, il se replongea donc dans la contemplation inintéressante de la table déjà dressée à laquelle il avait pris place. Trop occupé à s'ennuyer, il ne reconnut pas de suite la jeune femme qui vint prendre sa commande. C'est en relevant la tête lorsqu'elle lui demanda ce qu'il désirait qu'il eut un déclic, ce visage était loin de lui être inconnu ! Elle était l'une de ces personnes que le Howard n'oublierait jamais, après tout leur enfance commune était plutôt marquante étant donné qu'ils n'avaient jamais pu se voir en peinture. Aujourd'hui, le jeune homme avait considérablement changé. Et puis, ce soir, il était loin du garçon arborant constamment un air de défi, arrogant et prenant tout le monde de haut. Non, ce soir il avait l'air épuisé et un peu désespéré. Après une sorte de bug du cerveau alors que son regard avait croisé celui de la serveuse, il lui sourit vaguement. « Maëlys ? » Il en était à peu près certain mais autant ne pas se mettre à lui parler tout naturellement alors qu'il se trompait peut-être. Il y avait peu de chances pour cela, mais tout de même...
J'étais arrivée près de toi et là, un doute s'installa sur ta personne. Je m'en demandais si c'était bien le Archibald que j'avais connu, celui qui me lançait des piques à longueur de journée pendant notre enfance et adolescence. Je t'avais demandé tout de même ce que tu désirais manger et tu me regardais avec un fin sourire, c'était toi, j'en étais certaine maintenant « Maëlys ? » j’acquiesçais d'un signe de tête en soupirant légèrement avec un beau sourire "Tu comptes faire quoi là? Me faire tomber avec les plateaux pour que je me ridiculise devant les clients et que je perde mon job?" ben quoi? C'était la façon comme on se traitait dans le passé. Mais tu avais l'air d'avoir peut-être changé.. En tout cas, physiquement, tu étais vraiment agréable à regarder.
Le sourire d'Archibald s'élargit légèrement lorsqu’il constata qu'elle l'avait également reconnu. Plus de doute, c'était Maëlys, son ancienne ennemie. Ils n'étaient que des enfants, ils se détestaient par principe et avaient commencé à se lancer des piques et à se faire des blagues telles que celle qu'évoquait à l'instant la jeune femme à cause du caractère difficile du jeune duc. Aujourd'hui c'était terminé et, à vrai dire, il en avait un peu honte. Il se mordilla la lèvre. « Hum... Non, pas vraiment. » parvint-il à lâcher, retrouvant son sourire en songeant que ce n'était pas si grave. Elle n'avait pas trop l'air de lui en vouloir ! Il reprit rapidement, afin de s'expliquer: « Crois-moi ou non, j'ai beaucoup changé. Et évolué, je ne joue plus à ça. » Il roula les épaules puis lui sourit à nouveau. Trois fois en cinq minutes, c'était un record pour eux deux.
Je t'avais demandé si tu allais me ridiculiser, comme on avait l'habitude de se faire mutuellement et tu souriais légèrement gêné « Hum... Non, pas vraiment. » ne jamais avoir confiance aux hommes, c'était la règle n°1. « Crois-moi ou non, j'ai beaucoup changé. Et évolué, je ne joue plus à ça. » j'haussais les sourcils en te regardant, tu me souriais encore? Oh, très étrange. Mais c'était agréable.. "Tu as muris, c'est bien..." je secouais la tête en souriant plus grandement, notant le numéro de table sur mon bloc note "Tu commanderas quoi..?" j'avais pas tout mon temps pour le moment, y avait d'autres clients et même si j'aurais adoré te parler tout de suite et m'asseoir pour manger aussi, j'avais pas le droit.
Archibald sourit de plus belle, à croire qu'il était content de la revoir. C'était le cas, parce que malgré ses agissements passés à son égard elle lui souriait aussi. Elle semblait lui avoir pardonné, et c'était bien la seule personne au monde l'ayant encore fait. En même temps, dans cette histoire, ils étaient tout deux fautifs, parce que Archie avait beau avoir commencé, elle avait suivi. Bref, ils étaient bien partis pour s'entendre assez bien aujourd'hui et c'était une bonne chose. Enfin une sorte de soulagement, un poids en moins sur les épaules d'un Archibald écrasé par les remords en tout genre. « N'est-ce pas. » sourit-il, lui adressant même un clin d'oeil avant de se plonger sur la carte afin de choisir son plat. Son regard clair balaya les pages avant de se poser sur Maëlys afin de répondre: « Je vais prendre le plat du jour, s'il te plait. » Avant qu'elle ne tourne les talons, il avait encore une petite question. « T'as bientôt fini ton service ? » Histoire de parler un peu après son travail, ils venaient de se retrouver c'était normal qu'ils refassent connaissance et retrouvent une certaine relation après des années.
« N'est-ce pas. » oui, tu avais changé. Mais tout le monde changeait, et y avait que les cons qui ne changeait pas, comme on dit. D'avis ou d'attitude, peu importe, je t'offrais un autre fin sourire, tentant de ne pas trop te fixer, fallait pas que tu crois que j'avais envie de rester là à te parler « Je vais prendre le plat du jour, s'il te plait. » donc je te le rappelais "Côté de boeuf sauce au poivre avec frites, c'est ça?" y avait donc pas de mal entendu après cela. Mais avant que je parte, tu me demanda encore « T'as bientôt fini ton service ? » je regardais l'heure "Oui, d'ici 15 minutes.." mais je ne restais pas à tes côtés, il fallait que j'aille régler un repas et que je débarasse par la même occasion, et un petit pourboire, ça faisait toujours plaisir.