Time to confess ▬ Anya

Assis sur mon lit, je restai immobile un moment, fixant le miroir et mon reflet aux yeux cernés. J'étais épuisé, j'avais envie de dormir et pourtant, il n'était que dix-huit heures. C'était l'heure à laquelle j'avais rendez-vous avec mon thérapeute. Mais Anya m'avait demandé de la rejoindre... Je m'emparai à nouveau de mon téléphone et composai le numéro du psy pour lui signaler un imprévu et reporter au lendemain. Après de longues minutes de réflexion, je finis par me lever et marcher jusqu'à la chambre d'Anastasiya, le cœur battant. Est-ce que j'y arriverais ? J'avais tellement honte, je savais que je la décevais et c'était absolument ignoble comme ressenti, j'aurais aimé pouvoir rester le meilleur ami irréprochable jusqu'à la fin, mais il semblait que la mienne soit arrivée plus tôt que je ne le pensais. Le cœur au bord des lèvres, je levai le poing et finis par toquer à la porte, pénétrant ensuite dans la chambre et refermant la porte derrière moi, mon regard se posant immédiatement sur Anya devant moi, puis sur mes pieds. Je ne voyais pas quoi dire, j'avais juste envie de m'enfuir.

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J'avais posé mon regard au travers de la fenêtre pour vérifier s'il viendrait. Même si je savais que je ne le verrais jamais passé, il devait être dans sa chambre à déprimer mais surtout à culpabiliser. Mais c'est normal après tout, je déteste le mensonge et les excuses bidons que les gens cherchent pour se donner bonne conscience m'insupportais. Il avait tord, point barre. Je me mordillais la lèvre en l'écoutant pénétrer dans la grande chambre et je me tournais pour lui faire face. Mon regard était dur et mes poings, serrés. Je n'aimais pas les blancs, ces longs silences je savais qu'il ne ferait pas le premier pas, de honte.

« Alors vasy, fais pas ton timide Andy. Dis le en face, c'est moins facile d'affronter le regard des autres. Alors je t'écoute, fais moi part de ton bonheur avec cette fille.»

Je me repprochais pour me retrouver à quelques centimètres de lui. Je lui relevais doucement la tête et posa mon regard topaze dans le sien, comme pour lire en lui. Et ce que je croyais voir ne me plaisais pas. Il avait une sale mine et bien qu'on se dispute, je n'aimais pas le voir comme ça, car après tout c'est mon meilleur ami. Sans lui, ce n'était pas pareil.

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Pourquoi m'avait-elle fait venir ? Je n'avais pas envie d'en parler, je n'en avais du moins plus envie. J'étais un idiot, un misérable, ni plus ni moins et Anastasiya n'aurait plus qu'à remuer le couteau dans la plaie pour m'achever. Oui, j'ai besoin de mes amis pour aller mieux... Mais que faire quand je ne les mérite plus ? Je le sais, je ne peux pas mentir à Anastasiya, je ne peux pas lui dire à quel point tout va mal, elle le sait, je ne peux pas lui dire que tout va s'arranger non plus. Je suis un moins que rien, je me fais marcher dessus, je pleure, je dors trop, j'enchaîne âneries sur âneries et ça me fait culpabiliser autant que rougir de honte, mon état s'est détérioré à une vitesse phénoménale et je n'ai strictement plus rien de noble et menaçant, je ne suis plus qu'une loque, une coquille vide dans laquelle on peut shooter sans craindre de représailles, je ne pourrais rien faire d'autre que me briser si l'on me tape trop fort. Je relevai la tête quand Anya m'y força, la regardant dans les yeux un instant et la déception que j'y lisais me détruisait. Etais-je vraiment obligé d'y faire face ? Ne pouvais-je pas tout simplement me terrer dans ma chambre et me faire oublier par tout le monde ? Je me reculai légèrement pour retirer sa main de mon visage et agitai légèrement la tête de gauche à droite, espérant pouvoir me défaire de son regard perçant.

« Mon bonheur ? Y en a aucun. J'ai passé de bons moments avec elle mais c'est terminé, je l'ai faite pleurer, il n'y a plus rien de bon entre elle et moi. »

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Ce n'était décidément plus le Andy que je connaissais, ce n'était qu'une épave misérable qui avait touché le fond. Depuis quand le Andy que je connais aurait baissé la tête devant quelqu'un ? Où était elle passée ? Cette fierté inébranlable et impénétrable qu'il possédait ? Je soupirais et je me tournais pour faire face à la fenêtre. Je tremblais, bizarrement j'avais envie de chialer comme une gamine mais je ravalais ma fierté pour ne pas montrer ma faiblesse. Andy était ma faiblesse ainsi que Ken.

« Alors.. Tu attends que tout cela soit terminé pour venir m'en parler ? Tu avais peur de représailles ? Mais justifies toi à la fin, merde Andy ! »

Je me tournais pour poser encore une fois mon regard sur lui. J'étais impulsive et son manque de réponse me déstabilisais au plus pronfond. Et ce n'est qu'à ce moment que je regardais les deux perles qui menacaient de couler sur ses joues. Je m'avançais et le prit finalement dans mes bras, simple élan d'affection ? Non je ne crois pas.

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C'était de la torture, je n'en pouvais plus de voir à quel point je la décevais, à quel point je voyais dans ses yeux et sur l'expression de son visage que j'avais changé alors que je ne le voulais pas. Je voulais rester moi, être Andy, comme toujours et pourtant je n'étais malgré moi plus que l'ombre de moi-même, à chaque fois que je voulais prendre une décision, je finissais par douter de moi, et baisser les bras, tout laisser tomber. Je rebaissai les yeux lorsqu'elle me tourna le dos et ne relevai pas la tête lorsqu'elle me parla, seulement lorsqu'elle me prit dans ses bras. Je remontai mes mains à ses épaules et là, je craquai, les larmes coulant sur mes joues. J'étais tellement pitoyable, ça me déprimait encore plus.

« J'suis désolé Anya, tellement, si tu savais ! »

Et j'étais tellement désolé pour tellement de choses, aussi... Leur avoir tout caché, ne pas leur avoir parlé de ce que je trouvais bizarre dans mon comportement et avoir attendu le verdict du médecin pour daigner essayer de dire quelque chose, et voilà l'état dans lequel je me retrouvais.

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Je n'aimais pas cette ambiance, ces larmes, ces excuses.. Je tremblais légèrement bien même que je câlinais Andy. Ma main se glissa dans sa chevelure en la caressant doucement, je savais que ça pouvait l'appaiser à tout moment. Je le sentais craquer, trembler dans mes bras, combien même j'étais énervé contre lui, c'était la dernière chose que je regrettais de voir.

« Je sais Andy, mais qu'est ce qui t'arrives là ? Je t'ai jamais vu comme ça. Je.. regarde moi. »

Je soulevais doucement son visage empli de larmes et débordant de tristesse.Du bout de mon indexe, je séchais ses larmes.

«Tu vas tout m'expliquer depuis le début d'accord ? Calmes toi, je reste avec toi.»

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Je fermai les yeux en sentant la main d'Anya se glisser dans mes cheveux ; mes larmes ne cessèrent pas de couler, mais au moins je n'étais plus secoué par les sanglots. Elle ne savait pas, personne ne le savait encore pour l'instant, je me sentais craquer et je savais pourquoi, le docteur m'avait tout expliqué. Je me redressai légèrement alors qu'elle me relevait la tête en gardai les yeux baissés un moment, les relevant alors qu'elle essuyait mes joues et prenant une grande inspiration.

« J'suis pitoyable hein ? »

Pire que ça, j'étais minable, un bon à rien. Je pris mon visage dans mes mains quelques instants puis me défis de l'étreinte d'Anastasiya pour aller m'assoir sur le lit en m'essuyant également les joues. Commencer par le début ? Je ne savais même pas où il était, ce fameux début. Je secouai légèrement la tête de gauche à droit et glissai mes mains dans mes cheveux, fixant le sol.

« Je l'ai laissée parce que je suis perdu, je suis malade. »

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Je soupirais en le rejoignant sur le lit, assise en tailleur à ses côtés. Peut être que je n'étais pas suffisament à son écoute. Ces temps ci je n'étais pas là pour lui, ni même pour Ken et franchement, il a réussit à me faire culpabiliser. Je pris doucement sa main dans la mienne et la serra, pour lui prouver que je resterais à ses côtés.

« C'est de ma faute, j'étais pas là pour toi. J'aurais du le sentir, je suis ta meilleure amie j'aurais du voir que tu n'allais pas bien mais non, comme une merde je n'ai rien fais. Mais parle moi Andy, je te jugerais pas et tu le sais. Et puis ce n'est pas de ta faute mais celle de cette trainée. Elle doit monter un truc derrière ton dos. Elle doit bien rire avec ses poufiasses de copines, elles ont atteint Andy McDougall, le mec le plus détesté de Havard. J'sais pas ce qui me retient de la frapper.»

En jugeant ton regard, ce n'était pas seulement elle le soucis. Il me cachait autre chose, je le sentais et j'étais prête à tout pour lui faire cracher le morceau.

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Après mon aveu sur ma maladie, je la contournai et allai m'assoir sur le lit, songeant que si je ne m'asseyais pas vite, mes jambes finiraient par me lâcher. J'étais déjà minable à pleurer comme un gosse, il était hors de question qu'en plus de ça j'atteigne le summum de la faiblesse. Anya me rejoignit et prit ma main dans un geste qui se voulait réconfortant, aussi relevai-je les yeux vers elle pour la regarder tout en l'écoutant parler. Je finis par rebaisser les yeux et secouer doucement la tête, jouant nerveusement avec ses doigts. Vraiment, je détestais parler de moi, alors parler de mes problèmes c'était encore pire ; même si c'était Anya.

« Non... Ce n'est pas à cause d'Apple que je vais mal... Quand je disais que j'étais malade, c'est que... Je le suis vraiment. »

Je marquai une pause, lui jetant un bref coup d’œil et serrant sa main dans la mienne en prenant une grande inspiration. Rien qu'en pensant à ce que je voulais, ou plutôt devais dire, les sanglots me menaçaient déjà.

« J'allais chez le psy depuis la tentative d'Elysia, tu le sais mais je t'avais dit que c'était pas grave, une simple mesure de précaution... Il m'a finalement décelé une dépression plutôt grave. Je suis suivi par un spécialiste et sous traitement depuis quelques jours. »

Mes yeux s'humidifièrent à nouveau et je me penchai en avant, entourant la main d'Anya avec les miennes et posant mon front dessus en soupirant.

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