Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre ♥ Nolan

Nolan se sentait bêtement seul, plus qu'il ne l'avait été à l'Etranger, durant ces deux dernières années. Il trouvait ça assez comique en soit, enfin ça n'avait pas trop de sens. Cambridge n'était pas Washington mais tout de même, il était plus près de chez lui qu'il ne l'avait pas été depuis longtemps et il était aux Etats-Unis. Il pouvait s'autoriser à avoir le coeur plus léger maintenant qu'il était innocenté. Il n'était plus en danger. Néanmoins, en dépit de tout ça, il avait ce poids sur le coeur. Il s'était dégoté un appartement peu spacieux qui lui donnait l'impression d'être un hamster dans une cage,  ou il vivait seul, lui qui venait de passer plus d'un an chez sa soeur et son insupportable copain et, par dessus le marché, il n'avait pas encore réussi à remettre la main sur Birdy. En attendant la rentrée, Nolan, pour l'heure en vacances, passait une partie de ses journées à bosser pour ses examens d'entrée. Il s'était arrangé pour partir au Summer Camp et, se connaissant, il savait qu'il était plus raisonnable de continuer à bosser maintenant, vu qu'il n'allait sans doute pas faire grand chose à ce niveau pendant l'été. Lorsqu'il décida de s'échapper de sa cage pour quelques heures, il faisait beau. Mit de bonne humeur par le ciel bleu, Nolan décida de s'adonner à l'un de ses passes-temps préférés : faire chauffer sa carte de bleu. Il était tout autant fan de shopping qu'un bon paquet de filles et débourser de l'argent, ça avait toujours eu le mérite de le rendre heureux. Entre les magasins et les boissons fraiches, Nolan n'avait pas vu le temps passer et le soleil déclina rapidement. Plissant les yeux, quelques sacs sous les bras, il grimaça en entendant la pluie tomber. Il était pas sensé faire beau ici ? C'était la mi-juin après tout. N'étant pas équipé, Nolan alla s'acheter un parapluie, puis il s'engagea sur la route. (Il n'était pas à ça près et de toute façon il n'en avait pas) En découvrant un arrêt de bus sur sa route, il décida de s'y presser. Ce serait plus agréable que de marcher comme ça, chargé comme une mule. En quelques pas, il se retrouvait sous l'abris de bus et se disputa un peu avec son parapluie en le fermant. En reculant, il bouscula un peu une jeune femme. Il se retourna avec son parapluie dégoulinant à la main pour s'excuser, mais les mots restèrent bloqués dans sa bouche. C'était elle. Elle avec sa jolie chevelure dorée toute trempée et son visage de poupées. Nolan resta bêtement la bouche une verte comme une carpe hors de l'eau avant d'en prendre conscience et de se reprendre en main. « Birdy » balbutia-t'il d'une voix étranglée.

HJ : c'est un peu long car j'étais inspirée, je ferais plus court après.

Ils n'avaient pas eu droit à un véritable au revoir et il savait qu'elle avait du tomber des nues en apprenant de la bouche de ses parents qu'il était tout simplement parti. Il avait fait ça pour se protéger, mais c'est vrai qu'il aurait dut téléphoner. Il aurait aimé pouvoir se défendre en disant que c'était plus sûr ainsi, mais il n'y croyait pas vraiment. Non, ça avait été de l'égoïsme de sa part. Nolan avait été prit de peur que, s'il se risquait à appeler Birdy avant de monter dans le jet de son père afin de quitter les USA, il aurait craqué. Elle aurait voulu le persuader de rester, elle aurait tenté de le rassurer et à l'époque, il avait trouvé plus simple de ne pas prendre de risque. A la place, il s'était passé en boucles la toute dernière fois qu'il l'avait vu. C'était un moment qui ne laissait en rien présager le suivant. Ils étaient ensemble depuis cinq ans, alors ils avaient leur petite routine amoureuse. C'était du sérieux. Il avait tout fait foiré, quoi qu'on en dise. Birdy était choquée elle aussi. « No ... Nolan ???! C'est toi ?? » Le brunet acquiesça mollement de la tête. Il avait le souffle court. Il ne pouvait s'empêcher de la détailler physiquement et ce n'était pas bizarre à ce niveau là, vu qu'elle en faisait de même. Elle n'avait pas particulièrement changé, elle faisait juste un peu plus mature. Même trempée jusqu'aux os, il la trouvait superbe, radieuse. Nolan se calma doucement, Birdy restant plutôt calme. Mais c'était juste le choc, qui l'avait rendue plus ou moins muette et bien vite, elle reprit la parole. « Tiens Monsieur refait surface après m'avoir laissé deux ans sans nouvelle. Tu étais où ? Pourquoi tu m'as laissés toute seule hein ?? Tu sais combien de larmes j'ai versées pour toi ?? Même pire je te croyais mort ou je ne sais quoi. Je ne comptais peut-être plus ou pas à tes yeux. » Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle s'était mise à le pousser. Elle n'était pas plus forte que lui cependant, elle ne l'avait jamais été et Nolan recula à peine, ne se retrouvant légèrement sous la pluie que quelques instants avant que Birdy cesse de le frapper. Les quelques personnes rassemblées sous l'abris de bus étaient en train de les regarder, mais Nolan ne s'en préoccupa pas. De toute façon, il ne connaissait personne, ici. « Je sais que j'ai vraiment merdé et je peux t'expliquer. Je vais t'expliquer » répondit-il en se remettant à l'abris. Quelques instants avaient suffis à tremper ses cheveux bruns et il voulut les ébouriffer d'une main mais il se figea en voyant Birdy se masquer le visage et commencer à sangloter. Le coeur de Nolan se serra à cette vision déchirante. Il aurait aimé la prendre dans ses bras, comme il avait l'habitude de le faire, mais maintenant ça serait sans doute déplacé. Néanmoins, son regard s'était attendri.  « Ne pleures pas » souffla-t'il, mal-à-l'aise. Il détestait lui faire de la peine. Faire de la peine à qui que ce soit.

« Ca oui je confirme que tu as vraiment merdé. Explique bordel, j'attends que ça des explications. J'espère que tu as de très bonnes excuses Nolan pour avoir brisé mon coeur. » Bien sûr qu'il avait l'intention de se justifier. Pour ce qui était d'être bonnes ou pas, ça il n'en savait trop rien. Enfin, normalement, il ne tarderait pas à être fixé à ce sujet. Néanmoins et même s'il ne se sentait pas franchement en position de négocier devant cette animosité justifiée, il tenta tout de même de prendre la parole. « Je te promet que tu vas tout savoir, mais c'est ni le moment ni l'endroit là » reprit-il en s'humectant légèrement les lèvres avec sa langue. Il se mit rapidement à réfléchir, mais en vain. Il ne connaissait pas le coin, Cambridge, c'était tout nouveau pour lui. Il ne pouvait pas reporter cette conversation, pas maintenant qu'il avait Birdy sous la main et même s'il avait voulu partir, elle ne l'aurait certainement pas laissé faire. Il lui devait la vérité, il le savait et il était sincère lorsqu'il disait qu'il ne tarderait pas à lui révéler. Mais sous un abri-bus, devant un auditoire et avec la pluie comme bruit de fond ? Ils pouvaient faire mieux. Alors qu'il réfléchissait un peu trop lentement, (Il était encore sonné par cette rencontre) Birdy commença à craquer. Elle se détourna pour le lui cacher, mais il n'était pas stupide et surtout il la connaissait. Cinq ans en couple, ce n'est définitivement pas rien, tout de même. Par fierté, il comprenait qu'elle s'essuie les yeux avant de lui faire face, même si ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. « Facile à dire, quel serait ta réaction si j'étais partie sans rien te dire du jour au lendemain ? » Elle n'avait pas besoin de lui dire à quel point il avait été stupide. Ca se voyait sur son visage, qu'il se sentait vraiment mal de la faire souffrir ainsi. Il n'osait pas relever cependant. Il lui avait donné le droit de retourner le couteau de la plaie en l'abandonnant. Alors, il ne chercha pas à gagner quoi que ce soit en répondant. Il était le coupable et il le savait alors, chose particulièrement rare avec lui, il relégua sa fierté au placard, pour quelques instants. « J'aurais eu vraiment beaucoup de peine et je t'en aurais voulu » reconnu-t'il. Il voulait bien lui faire comprendre qu'il était conscient d'avoir multiplié les erreurs. Il lui accordait totalement d'avoir eut tort sur toute la ligne. Birdy fut agitée de tremblements. Nolan allait bien, mais il était moins trempé qu'elle. Elle devait vraiment se les geler. Secouant légèrement la tête, le brunet retira sa veste et la lui tendit. Il allait avoir froid maintenant, mais il pouvait gérer et, au pire, il n'avait pas besoin de sortir de son lit pour se préparer à rentrer à Harvard. « Couvre toi, tu trembles comme une feuille » lui demanda-t'il, soucieux. Il trembla à son tour. Bon, fallait qu'ils se mettent au chaud. « Tu connais pas un endroit dans le coin ou on pourrait se poser et se réchauffer ? Je te parlerais là-bas » proposa Nolan, le regard rivé sur Birdy et en essayant de canaliser toute sa sincérité dans son regard, histoire de convaincre la blondinette qu'il n'essayait pas de faire diversion.

Elle lui adressa un sourire qui ne lui plaisait pas des masses après qu'il lui ai fait remarquer qu'il ne pensait pas le moment et l'endroit très bien choisi pour avoir une discussion à coeur ouvert, discussion qui s'annonçait sans doute assez longue, qui plus est. « Évidemment, arrête de retarder le moment. » Nolan secoua doucement la tête, répondant par la négative. Ca l'énervait qu'elle le prenne comme ça. Tout à coup, il ne pouvait qu'avoir de mauvaises intentions à ses yeux. Néanmoins, il se sentait coincé et incapable de lui formuler des reproches. Il ne voulait pas que la situation s'envenime davantage. Ils n'avaient vraiment pas besoin de ça. Peu importe si elle lui marchait un peu dessus. Il se sentait suffisamment merdeux pour se contenir. Ainsi, il s'abstenu de répondre et son air peiné vira à une expression plus neutre, comme résignée. Il fallait qu'il encaisse, qu'il assume. En le voyant prendre sur lui, elle finirait peut-être par s'adoucir. Gardant cette attitude, il lui avoua ce qu'il aurait ressentit dans la situation inverse et sa réponse parut satisfaire Birdy. « Pour ne rien te cacher c'est exactement ce que je ressens en plus de la colère. » Répondit-elle sur un ton plus doux. Ne voulant pas déraper en si bonne voie, Nolan acquiesça à nouveau en silence. C'était un peu étrange de le voir ainsi, marchant sur des yeux. Birdy allait finir par croire qu'on lui avait volé sa langue, lui qui avait d'ordinaire tant de mal à la garder dans sa poche. En la voyant se mettre à trembler, il ôta sa veste et la lui tendit. Elle ne se fit pas prier et l'enfila. Elle était trop grande pour elle, mais, au moins, elle lui tiendrait plus chaud. « Merci. » Répondit-elle avec un sourire qui en fit naître instinctivement un sur le visage de Nolan. « Je t'en prie » lui répondit-il d'une voix adoucit. La tension, bien que toujours présente, semblait être tombée un peu, ce qui réjouissait Nolan. Il se risqua à une proposition et Birdy lui fit le plaisir d'accepter. « Si vient. » Nolan ne se fit pas prier et obtempéra, rouvrant rapidement son parapluie qui se déplia avec un petit clic et emboitant suffisamment le pas à Birdy pour que le parapluie les abrite tous les deux. La blondie le guida jusqu'à un petit café encore ouvert. Voilà, c'était ce qu'il avait en tête. Nolan entra avec plaisir juste derrière Birdy, après avoir refermé son parapluie. Il faisait bon et il s'en réjouit. Elle retira sa veste et la lui rendit. « Merci » répondit-il s'en renfiler sa veste, la calant plutôt sous son bras. Il l'installa ensuite sur le dossier de la chaise en face de celle sur laquelle Birdy venait de s'asseoir. Nolan s'exécuta à son tour, prenant ses aises tout en se préparant d'ores et déjà mentalement à la conversation qui allait suivre. Birdy ne lui laissa guère beaucoup le temps de souffler et bien vite, elle reprenait la parole. « Maintenant je t'écoute. » Nolan inspira et expira bruyamment, puis, sans se faire attendre, il commença à entonner un discours improvisé. « Tu sais que j'ai jamais vraiment filé droit, hein ? Après tout, tu m'as rencontré car je devais faire quelque chose pour relever ma moyenne. J'étais et je suis toujours borné et parfois, ça me fou dans la merde. Je m'emporte, car je suis impulsif et parfois je me bagarre. » Se laissant quelques secondes avant de répondre, Nolan se mordilla la lèvre, tendu, avant de reprendre. « Un soir, j'ai pris part à une bagarre avec des gars et ça s'est mal finit. Un homme est mort. » Il avait prononcé la dernière phrase plus bas.

Birdy était très bien placée pour savoir que Nolan montait assez facilement en pression. Il avait toujours eu tendance à partir au quart de tour et il y avait parfois quelque chose de provoquant dans sa voix et une insolence qui ne pouvait parfois, selon les situations, qu'être source de conflits. C'était dans son caractère tout bonnement. Mais, il avait beau ne pas être forcément facile à vivre et avec Birdy, il avait toujours sut se montrer plus tendre et mielleux. Elle était donc parfaitement à même de le défendre. En fait, à l'exception de ses parents et de sa soeur jumelle, elle était l'une des personnes les plus à même de le représenter positivement. Son petit avocat. « Peut-être que tu n'as jamais filé droit, mais pendant cinq ans à peu près j'ai su t'assagir et te redonner confiance en toi côté études. Je pense que tu dois être toujours aussi borné. » Nolan acquiesça de la tête, même si cette fois-ci, il n'attendait pas d'elle qu'elle le défende. En ce qui concernait le sujet abordé, il savait qu'il n'avait rien à se reprocher et, maintenant, tout le monde le savait, d'ou sa présence aux Etats-Unis. « Oui, c'est vrai que t'as eut une très bonne influence sur moi » répondit-il malgré tout, lui étant tout de même reconnaissant d'être capable à surmonter sa rancune pour dépeindre des portraits élogieux de sa personne. Pour sa part, Nolan n'était pas gêné de reconnaître que Birdy lui avait beaucoup apporté. A la base, il n'était vraiment pas heureux de devoir la fréquenter vu qu'elle était vraiment à des années lumières de tous ses autres amis, mais aussi car elle était sensée le faire travailler, mais il avait finit par s'enticher profondément d'elle. Lorsqu'il reprit la parole, Birdy afficha un air étonné. Nolan arqua les sourcils, attendant sa réaction. C'était quand même pas rien, un meurtre. C'était grave, flippant et ça justifiait de devoir prendre de la distance, même s'il n'avait pas encore finit de parler. « Tu es peut-être tête brûlée, impulsif & bagarreur mais je suis sûre que ce n'est pas toi qui l'a tué. Je sais que tu as un bon fond, mais que tu le caches derrière ton personnage de garçon rebelle. » Elle ne le quittait plus des yeux et son regard l'oppressait un peu. Alors qu'il avait froid quelques instants plutôt, Nolan commença à avoir chaud. Tirant un peu sur le col de son tee-shirt, il s'efforça de se détendre. Ca le paniquait toujours, d'aborder ce genre de sujets, alors que maintenant, c'était injustifié. Il était en sécurité. Nolan se racla la gorge pour se donner un peu plus de contenance puis reprit la parole, en évitant de regarder Birdy droit dans les yeux. « J'ai été innocenté il n'y a pas longtemps, c'est pour ça que je suis revenu. » Reprit-il, éludant les paroles de Birdy sur ses airs faussement rebelles. « J'étais partie en catastrophe, c'est pour ça que je t'ai rien dis. Mes parents voulaient me protéger, que je parte le temps que ça se tasse. J'avais la trouille. Je sais que ça ne justifie rien, mais » il se tut, à court de mots. Il lui fallu quelques instants pour réaliser qu'il s'était mit à trembler.