(+ Hippo) everybody need somebody to love...

Bambi s’était éclipsée du lit chaud et confortable, après avoir soigneusement vérifié que Shiloh dormait à points fermés pour mieux partir errer sous la pluie sans manteau, juste vêtue d’un t-shirt et d’un jean jusqu’à l’appartement de son frère. Ce même appartement où il l’avait soignée quelques jours plus tôt. La jolie Mather n’avait pas seulement besoin de réfléchir mais aussi d’une épaule sur laquelle se reposer… car elle pleurait à chaudes larmes. « Je peux te demander asile ? » fit-elle en se moquant bien, pour une fois, d’avoir l’air d’un pauvre petit animal abandonné et trempé. Le fait est qu’elle avait besoin de réconfort. « Besoin de toi frérot… »

Je n’arrivais pas à dormir comme d’habitude, j’étais un véritable insomniaque mais quoi de plus étonnant quand on savait que je passais le plus clair de mon temps à diriger une agence dont le principal gagne-pain était le monde de la nuit. Cette nuit pourtant, je me trouvais chez moi, à m’occuper de mes fleurs quand on sonna à ma porte. Je fronçais les sourcils n’ayant pour l’heure aucune visite de prévue mais mon instinct me poussa à aller ouvrir et j’eu raison car je retrouvais ma petite sœur complétement trempée et en larmes sur le pas de ma porte. « Viens ici » lui dis-je en l’attirant dans mes bras pour lui apporter tout le réconfort dont elle semblait avoir besoin. « Tu peux rester aussi longtemps que tu veux »

Autant dire que Bambi ne se fit pas prier pour se réfugier illico presto entre les bras de son frère, éclatant en sanglots comme jamais en se moquant bien de n’avoir aucun contrôle sur ses émotions actuelles. Pour ainsi dire, elle avait besoin de libérer les vannes. « Je suis… désolée » avoua-t-elle en le serrant plus fortement contre elle, légèrement honteuse de son comportement cependant. « J’en ai marre de cacher la vérité et de me contrôler, marre de cette douleur qui me scie les membres… marre tout simplement ! »

Je ne comprenais pas ce qui se passait mais une chose était certaine : Bambi avait besoin de moi. Aussi, je la berçais et murmurais des paroles réconfortantes à son oreille tout en lui frottant le dos. De quoi parlait-elle ?! J’étais complétement perdu car on ne peut pas dire que je ne connaisse beaucoup de choses sur elle pour le moment. « Et si tu commençais à m’expliquer depuis le début ?! Allez viens, je vais te chercher une serviette et des affaires d’Elisandra pour que tu puisses te réchauffer » lui dis-je en douceur tout en refermant la porte d’entrée.

Expliquer depuis le début… tout dépendait de combien de temps Hippolyte disposait mais Bambi pénétra au sein de l’appartement de son frère sans rechigner, n’osant même pas s’asseoir sur le canapé de peur de le tremper. « Avec Shiloh… on se connaissait avant qu’elle ne perde la mémoire à cause de la bombe de janvier deux mille treize. Mais elle était très différente d’aujourd’hui… peut-être était-ce dû avant tout à sa nymphomanie et à sa dure enfance, mais elle me trompait sans arrêt, ne voyait manifestement en moi qu’un punching ball et m’a fait détesté la Saint Valentin à jamais » expliqua-t-elle d’une voix lasse.

Pour comprendre, il fallait que j’écoute son histoire et plus elle avançait dans ses explications et plus je fronçais les sourcils. Shiloh ne m’avait pas fait cette impression mais peut-être était-elle différente dans l’intimité de son couple quoiqu’il en soit, je n’appréciais pas qu’on puisse faire souffrir mon précieux joyau. « Je pense que tu as besoin de faire le point » lui dis-je dans un premier temps avant de filer dans la salle de bain et dans ma chambre pour lui ramener de quoi se sécher et se changer. « Et désormais, a-t-elle changé ou est-ce qu’elle retombe dans ses travers maintenant qu’elle a retrouvé la mémoire ? »

« Faire le point, c’est le moins que l’on puisse dire » soupira-t-elle avant de le voir ramener de quoi la sécher et l’habiller après coup, mais Bambi était un peu inerte, sans force après avoir tant marché et cogité sous la pluie. « Non, c’est plutôt moi qui débloque… je veux dire, j’arrête pas d’y penser. Je regarde Jack et je pense qu’il a été conçu avec un homme pendant notre relation, j’angoisse à l’idée du moindre rendez-vous amoureux… c’est grave docteur ? »

Je ne savais pas comment soulager la peine qu’elle ressentait si ce n’est en m’occupant d’elle. Bambi ne semblait pas avoir la force de faire quoique ce soit alors, comme quand elle était enfant, je me surpris à la déshabiller, la laissant en sous-vêtement pour mieux la sécher convenablement, entourant ses cheveux dans la serviette avant de passer au reste de son corps. C’était ma petite sœur, il n’y avait là rien de choquant ni même de gênant. « Non c’est tout à fait normal. Au départ, tu étais en quelque sorte protégée par son amnésie, elle était réellement une autre personne : pas de souvenirs, pas de passé. Tu pouvais l’aimer librement. Là, elle retrouve peu à peu la mémoire donc il est naturel que tes doutes reviennent en même temps que la crainte de voir ton bourreau refaire surface… Maintenant, il te faut savoir si tu seras capable de l’aimer malgré son passé, malgré votre passé »

A vrai dire, Bambi était même soulagée de constater qu’Hippolyte n’hésitait pas à l’aider en la déshabillant et la séchant comme n’importe quel frère protecteur le ferait. Les réflexes des deux revenaient petit à petit, la brunette retrouvant quelques bribes de ses souvenirs d’enfance… pour son plus grand bonheur. « Tu sais que je t’aime frérot ? Depuis que je t’ai retrouvé je rêve souvent de notre enfance… qu’est-ce que tu m’as manqué… tu m’abandonneras plus toi, hein ? Je te laisserais pas faire de toute façon. »

J’étais en train de lui passer un large T-shirt à moi pour qu’elle soit à l’aise –ne savait pas si elle faisait la même taille que ma femme ; Sa question me surprit au plus haut point mais c’est surtout qu’elle me dise qu’elle m’aimait qui me toucha pleinement. « Hors de question que je te laisse alors que je t’ai retrouvé, je t’aime aussi petite sœur et rien ni personne ne nous séparera à nouveau »lui dis-je avant de la reprendre dans mes bras. « Tu veux un kourabié pour te remonter le moral ?! J’en ai toujours à la maison, c’était ce qu’on adorait manger quand nous étions gosses. Notre mère les faisait à la perfection »