(+ Aaron) Do you remember me ?

Quelle idée de sortir de rééducation plus tôt que prévu… non seulement Elisandra avait du mal à saisir les choses avec ses mains dotées de puissantes crises de tremblements mais en prime, voilà qu’elle se trouvait complètement paumée en plein Cambridge. Oh elle aurait pu prendre un taxi, tâcher de se rendre à son ancien appartement pour voir si Hippolyte le louait toujours ou si elle devait dormir à l’hôtel… paumée. Elle était paumée. Du moins suffisamment pour serrer son sac contre elle comme une pauvre malheureuse et tapoter l’épaule du premier inconnu passant à côté d’elle. « Excusez-moi, je suis où là ? » lui demanda-t-elle d’une voix légèrement hésitante, très éloignée de son habituelle assurance, du moins celle qu’elle possédait quatre ans plus tôt… et quelle ne fut pas sa surprise en voyant se retourner Aaron, son ami d’enfance, que la jolie norvégienne aurait pu reconnaître entre mille. « Ronron ?! » manqua-t-elle de s’étrangler sans savoir si elle devait lui sauter au cou ou bien se contrôler. « Tu… te souviens de ma bouille ? »

Les mains dans son blouson de cuire et ses Ray Ban sur le nez, Aaron se baladait dans Cambridge. Pour une fois, il n'était pas parti à la chasse à la fille mais était simplement sorti de chez lui pour s'aérer les neurones. Seul, pas de prise de tête avec qui que ce soit, juste lui et ses pensées. Il aimait regarder les gens pressés dans les rues, les engueulades de couple, tout ça quoi, alors que lui se trimballait librement et sans contraintes en ce moment. Il aimait penser à la prochaine sculpture ou peinture qu'il allait faire. Il se demandait s'il n'allait pas laisser tomber le droit.
Il fut tiré de ses réfections lorsque qu'on lui tapa sur l'épaule : Excusez-moi, je suis où là ? Il se retourna et découvrit une charmante demoiselle. Pour une fois que ce n'était pas lui qui accostait !
Ronron ?! Tu… te souviens de ma bouille ?
Il fut surpris. Cela faisait bien longtemps qu'on ne l'avait pas appelé ainsi. Il dévisagea la jeune femme. Il hésita.
Elie ? Elisandra ?
Aaron ne savait plus quoi penser ! Elie était une amie d'enfance, elle était norvégienne, et leurs parents avait eu à faire affaire ensemble. Depuis ils avaient gardé le contact. Mais il n'avait plus de nouvelles depuis à peu près 4ans. Il ôta ses lunettes.
Dites moi que je rêve !

Spoiler:

Sur le coup, Elisandra fut interdite quelques secondes avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait ni d’une hallucination, ni d’un rêve mais bien de la réalité. Son ami d’enfance, Aaron aka Ronron puisqu’elle adorait l’appeler ainsi avant son accident. « Bordel mais c’est bien toi je suis pas en train de rêver ! Non parce que sinon je me pince tout de suite ça ira plus vite ! » s’exclama-t-elle tandis que son sourire s’agrandissait progressivement au fil des minutes. Ni une ni deux, Elie finit par ne plus réfléchir et sauter dans les bras de son ami lui ayant manqué, surtout qu’elle n’imaginait même pas tomber sur lui aujourd’hui… « Pardon de ne pas t’avoir prévenu que je m’étais réveillée de mon coma mais je sors juste de rééducation, et encore, je suis sortie plus vite que prévu… »

Spoiler:

Oui c'était bien elle. Cette façon de s'exprimer, ses mimiques, il n'y avait aucun doute possible ! Aaron rendit son étreinte à la jeune femme en la serrant fort contre lui. Putain comme c'était bon de la revoir. Il se souvenait encore quand il la consolait alors qu'ils étaient encore petits.
C'est bien moi, c'est bien moi ! Merde alors quelle surprise !
Il ne lui en voulait pas de ne pas l'avoir prévenu, le principal c'est qu'à présent il était au courant. Et puis jamais il ne pourrait lui en vouloir de quoi que ce soit ! Il souhaitait la protéger de tout depuis tout petit. Son visage répondit par un énorme sourire à ses retrouvailles !
Je ne t'en veux pas va... Mais tu devrais quand même faire attention à toi, parfois c'est bon d'écouter les médecins ...
Il marqua une pause et souris à nouveau.
Mon dieu, il faut que je prévienne Niels ! C'est incroyable !

L’étreinte d’Aaron rappela énormément de bonnes choses à Elisandra et autant dire que cela lui faisait un bien fou après tout ce mois en rééducation, à lutter chaque jour pour que ses pieds, ses jambes et tous les muscles de son corps arrêtent de flancher au moindre geste. « Ça me fait tellement plaisir de te croiser si tu savais !! » avoua-t-elle avec émotion pour mieux esquisser une petite moue amusée. « Tu sais que tu sonnerais presque comme Hippolyte ? T’en fais pas, tu me connais, je veille toujours sur ma petite personne ! » avoua-t-elle en s’exprimant d’un ton faussement fier, même si son cher et tendre avait autant raison qu’Aaron : la norvégienne devrait faire attention. « Clairement je veux voir aussi sa bouille attends, vous m’avez trop manqué ! »

Sa journée venait d'être illuminée par son amie. Et, malgré son coma, elle n'avait pas perdu de son humour. C'était bon digne.
Ouais je sais que j'ai un corps de héro de tragédie grecque ! fit-il en mimant une divinité de la mythologie gonflant ses muscles. Même si l'histoire de cet homme était tragique ... Il aurait préférais être comparé à Hercule, hélas, il ne devait pas le mériter ... Il rie de bon cœur en lâchant sa pause et en regardant Elie une nouvelle fois. Il n'en revenait toujours pas mais elle était bien là. Et il plaisantait avec elle.
Aaron repris : Tu sais comment il est, lui dis pas que t'aime sa "bouille", surtout qu'il a encore évolué en 4 ans... C'est un dur maintenant... dit il avec une fausse mine désespérée. Parce que tous les deux avaient changé avec Niels, mais ils étaient toujours aussi complices.

Elisandra rit de plus belle face à la réplique d’Aaron : elle le retrouvait bien là et c’est fou comme un simple trait d’humour pouvait également illuminer sa journée de la plus belle des façons. « Tu dois toutes les emballer ma parole, même si ma foi t’as des belles chevilles aussi, va falloir me surveiller tout ça hein ! » L’important était que leur amitié n’ait pas évolué d’un poil et c’est ce qu’Aaron lui confirma bientôt, pour le plus grand plaisir d’Elisandra d’ailleurs. « Oh, un dur ? Va falloir que je l’appelle sa majesté tu crois ? Tu sais moi j’ai pas peur, je vais dire sa bouille rien que pour tester l’expérience sinon c’est pas drôle ! »

Si il les emballait toutes ? C'était un Apollon après tout, qui ne craquerait pas pour lui ? Nan plus sérieusement, il savait qu'il était plutôt gâté par la nature et avec ses manières de gentleman, plus d'une tombait dans ses filets. Mais il préférait être vraiment lui, comme il l'était à présent avec son amie, sans artifices.
T'aimes pas mes chevilles ? Bon je t'avoue qu'elles ont très vite tendance à se gonfler...
Il était ravie de pouvoir faire le pitre comme ça avec elle.
Tu verras bien ! On est des antithèses maintenant, même si on se complète toujours autant lui et moi !
Il fallait croire qu'on ne pouvait pas avoir des liens aussi forts qu'entre les deux jumeaux.

« Oh mais moi j’adore tes chevilles c’est pas le problème, faut juste que tu fasses gaffe ou tu pourras plus mettre tes pompes » le charria-t-elle avec malice sans pour autant être méchante, Elisandra retrouvant avec délice leur complicité d’avant ainsi que leurs plaisanteries légendaires… quel pied ! « Comment ça, des antithèses ? Oula, il va falloir me mettre à la page parce que je te signale quand même que j’ai loupé quatre piges et que j’ai pas moyen de les rattraper à moins que tu me donnes tous les potins croustillants alors accouche, je suis toute ouïe mon gars !! »

Aah, ça me rassure !Je ne supporterais pas que tu n'aimes pas quelque chose chez moi...
C'était incroyable, 4 ans les avaient séparé et pourtant ils se parlaient comme s'ils ne s'étaient jamais quitté. Le jeune suédois espérais que les retrouvailles avec son frère seraient tout aussi joyeuses. Mais il n'en doutait pas. Ok avec Niels, il y avait des différences mais quand il s'agissait des amis c'était les mêmes.
Bon comment dire, tu me vois comment là ? C'que je veux dire c'est que je suis plutôt resté du côté aristocratique, j'me plais dans les costards et dans la galanterie. J'suis un peu plus sage aussi si on peut dire ... Lui il est un plus caïd et gros bras.
Alors qu'avant on confondait les deux frères ... A présent ils avaient deux styles bien différents.
Mais j'veux pas dire que je ne fait que ça ! j'porte une veste en cuire là ! Il sourit. Il aimait être classe, mais le décontracte c'était pas mal non plus !