Appolinaria & Ike ♦ "Do you want to taste ?"

Je crois que je n'avais jamais été aussi peu motivées pour aller à une fête. Une soirée avait été prévue de longue date au Lord Hobo par un groupe étudiant. En fait, il y avait quelques temps, maman était morte et même si le temps passait vite, j'avais du mal à me défaire des images difficiles qui étaient dans ma tête. En ce soir printanier, il faisait beau, plutôt chaud et l'ambiance qui était promise à la soirée ne me plaisait pas. Mais j'avais promis d'y aller, donc je me devais d'y aller.
J'avais prévu un petite robe noire et je devais soigner mon apparence même si la motivation n'y était pas. Je pris le temps de me maquiller simplement mais efficacement avant d'y aller.
Je partis donc de la résidence vers 19 heures et ce afin d'atteindre en à peine une demi-heure le lieu de la fête. Dès que j'y arrivais, je ne fus pas surprise de l'ambiance déjà festive. Je saluai quelques connaissances à l'entrée et passait à travers le rideau de fumée des étudiants qui fumait cigarettes et autres à l'entrée du lieu. L'intérieur du bar était déjà bien rempli. J'y vis quelques connaissances qui semblaient prendre goût à cette soirée. J'allais au comptoir afin de commander une boisson et de rejoindre mes quelques amies afin de discuter. Mais je sentis mon téléphone vibrer pour la réception d'un texto.
Je fis signe au serveur que je m'installais temporairement à une table au fond du bar pour lire et répondre à mon message tranquillement afin qu'il me donne ensuite mon cocktail directement là bas. C'était un message de papa : "On a des emmerdes pour les histoires de succession. Le notaire a besoin de justificatifs divers, si tu pouvais me les envoyer vite, ce serait le top, merci". J'étais atterrée par toute cette forme de commerce autour de la mort des proches. Les notaires et ces métiers affiliés étaient vraiment des gens horribles. Le serveur vint me servir me je restais de longues minutes assise, les yeux dans le vague à essayer de ravaler les larmes qui ne demandaient qu'à quitter mes yeux.
   

Ça y est, les emmerdeurs arrivaient. Un type que je ne connaissais pas était venu entamer la conversation que je n'avais absolument pas envie de commencer. Je ne voulais qu'une seule chose : être seule.
"Non, c'est bon, ne t'inquiète pas pour moi... Un emmerdeur de plus qui vient s'immiscer dans une vie qui n'est pas la sienne". J'espérais qu'il aurait compris le message et qu'il ne me dérangerait plus. Visiblement, il n'avait pas compris. Il avait commandé une boisson, prêt à rester sur place à discuter avec moi. Je réfléchissais à chercher un prétexte pour le faire partir car sa présence m'était profondément désagréable pour le moment.
"Excuse moi, mais..." *biiip biiip biiip*
Mon portable se remit à vibrer dans mes mains et je vis que c'était encore papa qui cherchait à me joindre. A peine cinq minutes après le message précédent, j'espérais que ce ne soit pas urgent. J'ouvris le message. "Appo chérie, désolé de te déranger mais en fait j'ai besoin de ces papiers avant ce soir minuit, j'espère que tu auras l'occasion de me les envoyer... Je suis désolé de te déranger pour ça mais j'espère que tu comprendras... Désolé.". Cette fois, je ne résistai pas et je fondis en larmes, complètement abattue par la tournure des évènements. Ces juristes n'avaient tout de même pas honte de nous emmerder comme ça alors qu'on cherchait à faire le deuil en paix d'un être cher ?
Je répondis immédiatement à papa en lui disant que ce serait fait dans les temps. J'en avais presque oublié mon emmerdeur qui m'avait dérangée. Il m'avait vu dans cette situation et ne devait pas comprendre ou devait penser des trucs sur moi. "Désolée...". Je rangeai mon portable dans mon sac prête à repartir. "Je dois y aller, désolée. Ce n'est pas contre toi.". Mais mon air crépusculaire ne devait pas être normal.