prudence&kit ✗ night at the museum

Ce soir, c'était notre soirée ! Prudence et moi, c'était tout à fait n'importe quoi. En fait, c'était même pire que n'importe quoi, puisque nos objectifs, à chaque fois, étaient de faire la connerie la plus énorme possible. Et nous étions doués pour ça. Ce que l'on voulait, en dehors du fait de s'éclater ? Faire exploser notre dose d'adrénaline. Alors ce soir, c'était bien simple ; entrer dans un musée par effraction. D'accord, c'était complètement stupide, mais après ? Ça ne regardait que nous. Dans le pire des cas, elle aurait sorti la tronche de fille faible qui ne sait plus ce qu'elle fait, et avec un peu de chance, si jamais on se faisait prendre, je comptais bien sur ses talents d'actrice pour montrer aux flics à quel point nous étions de pauvres gens paumés et pas bien méchants. J'avais foi en elle, j'avais foi en nous. Alors, une fois la nuit tombée, j'étais passé la prendre chez elle, et nous nous étions préparés pour notre petite escapade. Inutile de préciser que ce soir là, l'excitation était à son comble et l'emportait sur tout le reste. Alors, t'es prête ? Devant le musée, je l'avais regardée en souriant. Bien sûr que oui elle était prête, on l'était tous depuis longtemps, on n'avait presque attendu plus que ça avec impatience. La nuit était à nous, et nous étions presque passés professionnels dans l'art de l'infiltration. Ben ouais, braver les interdits, c'était notre truc, fallait pas chercher plus loin.

Avec Prue, on avait ce sentiment d'être invincibles, d'être puissants et intouchables. En fait, le monde était à nous, à nous tout entier, et le soir, il nous ouvrait ses portes. Tout était à nous, tout, parce que nous étions les rois. C'était comme ça, entre elle et moi, on se comprenait, on faisait des conneries et ça nous plaisait. C'était notre bouffée d'oxygène dans cette vie. Pour ainsi dire, on ne se connaissait pas parfaitement bien, mais pour ce qui était des situations extrêmes, je la connaissais mieux que quiconque. Alors, nous étions allés derrière le musée. Et en plus, elle avait son décolleté. Parfaaait ! Ouaip. J'ai ce qu'il faut. Au moins, faire un peu de taule avait des bons côtés ; on apprenait plein de trucs utiles, dont crocheter une serrure -même si les mecs qui m'avaient appris ça n'avaient jamais réussi une évasion-. Je m'étais attelé à la tâche, et hop, en moins de cinq minutes -oui, dans les films ça prend cinq secondes, mais on n'était pas dans un film-, la serrure fit un genre de "clic" qui annonçait que la voie était ouverte. Tiens, une porte ouverte juste pour toi. Honneur aux dames. Je m'étais écarté de l'embrasure de la porte, et en homme galant que j'étais, je tendis la main vers l'entrée qui lui suggérait d'entrer la première. Oui, j'étais sympa. En revanche, cette porte était un peu facile à franchir. J'veux dire, j'aurais du plus galérer que ça... Même si les gens ne passaient jamais par cette entrée, c'était pas non plus super bien gardé. Va falloir faire gaffe Prue, doit y avoir la blinde d'alarmes. Ben ouais, les choses n'étaient jamais si faciles. Jamais. Mieux valait faire attention.

Nos aventures nocturnes étaient toujours palpitantes. On sentait l'excitation monter, l'adrénaline n'allait pas tarder à suivre, et bordel, qu'est-ce qu'on se faisait plaisir. Et puis, nous nous retrouvions plongés dans l'obscurité, la porte s'étant refermée d'elle même. Je sortis donc ma lampe de poche, chose plus que nécessaire pour tenter de faire le moins de conneries possible. Ouais, c'est une vieille entrée ici, mais ça me surprend quand même qu'il n'y ait pas d'alarme sur cette porte. A priori, et vu l'odeur, elle ne devait pas être utilisée bien souvent, mais là n'était pas la question. Une entrée non protégée, c'était vraiment mauvais de la part de la sécurité. D'accord, cette porte était dans l'arrière-cour du musée, et il fallait escalader quelques clôtures pour l'atteindre, mais tout de même. Ben, comme les gardiens sont censés circuler, ce serait un peu con de foutre des alarmes dans les salles, ça m'étonnerait qu'ils les désactivent à chaque fois qu'ils viennent. J'pense qu'elles sont près des œuvres et sur les sorties -bon, pas celle là en l'occurrence, c'est plutôt cool. Avancer et avis ? Rien ne m'allait mieux que ça. Oui, il fallait bien prévoir un peu le coup quand même, mais bon, on avait tout prévu ; Prue avait enfilé son décolleté. A partir de là, plus rien ne pouvait nous arriver ! Alors, nous avions avancé silencieusement. T'es déjà venue ici ? Tu connais un peu l'endroit ? Parce que ouais, moi et les musées, c'était pas forcément une grande histoire d'amour. J'veux dire, ça servait à rien de payer dix balles une entrée alors qu'on pouvait voir les œuvres sur internet pour rien du tout. Alors du coup, ça nous aurait bien arrangé si Prue connaissait un peu le musée et savait à quoi s'attendre, parce que, personnellement, je n'avais même pas fait l'effort de me renseigner et de prendre un plan ; j'étais un peu trop adepte du carpe diem -qui était en fait une simple justification à ma fainéantise.

J'en étais sûr, Prue était une adepte des musées ; preuve en était, elle était déjà venue plusieurs fois ici. Ça ne me surprenait pas d'elle, au contraire. Disons que Prue était légèrement plus "intellectuelle" que moi. Non pas que je crachais sur la culture, mais les musées avaient ce don de m'ennuyer au plus haut point. En revanche, aller dans un musée la nuit, ça, par contre, ça avait du mordant et c'était loin d'être ennuyeux ! Alors, je l'avais suivie, car au moins, elle connaissait les lieux, et c'était tant mieux pour nous, ça nous éviterait probablement de faire une bourde ou ce genre de chose. Ainsi, même lorsqu'elle m'avait dit de baisser la tête, je m'étais exécuté, parce que j'avais une confiance aveugle en cette fille -mieux valait qu'il en soit ainsi pendant un braquage, d'ailleurs, si on ne pouvait plus croire ses partenaires de crime, ça la foutait mauvaise-. Et puis, le gardien. Bordel, qu'est-ce que ça pouvait être excitant ! J'avais un sourire jusqu'aux oreilles, car c'était pas demain la veille qu'on allait se faire coincer par un gardien. Alors, une fois qu'on s'était planqués et que le veilleur était parti, je m'autorisai un petit soupir. T'es vraiment une pro de la cambriole, toi. Du coup, on fait quoi ? On pique un truc ? Cette pensée était vraiment, mais alors vraiment réjouissante. Je m'y voyais déjà, dans ma chambre à la MH avec une toile de maître accrochée au mur. Mais si on vole quelque chose, faut pas que ce soit un truc de tapette. J'veux qu'on devienne les cambrioleurs les plus célèbres de Cambridge, toi et moi ! Et ouais, en plus d'être le dealer officiel de la ville, j'voulais aussi devenir le cambrioleur officiel, un peu à la Arsène Lupin. Si ça réussissait, j'allais franchement me faire un palmarès d'enfer !