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S'aérer l'esprit n'était parfois pas si bénéfique que nous pourrions le penser ou le croire. J'en étais la preuve humaine. Courir ne m'aidait plus comme avant et c'est à peine si je me souvenais du mot avant et de sa signification. Selon les médecins, j'avais été à deux doigts de perdre l'usage de mes jambes suite à mon accident qui m'avait presque été fatal. Comment dire qu'un peu plus et j'y laissais la vie au lieu de simplement quelques souvenirs ? Secouant la tête à droite et à gauche, je terminais de lacer mes chaussures avant d'enfiler un tee-shirt noir qui venait compléter un short de la même couleur. Courir allait m'aider à m'aérer l'esprit. Enfin, c'est ce que je pensais même si au final, je n'y croyais pas. L'on disait que la majorité des décisions sont prises sous la douche ou que les personnes aiment conduire pour justement juste réfléchir. Pourquoi moi c'était tout simplement l'inverse.. Courir m'aidait à réfléchir. Je courrais sans musique, juste en me plongeant dans l'environnement qui m'était proche. Sortant hors de mon appartement et laissant mes pieds toucher le sol hors de mon immeuble, je constatais qu'il se présentait une fine averse au-dessus de ma tête et je levais mon visage vers celui-ci avec un sourire. Sentir la pluie était quelque chose qui m'avait toujours plu. Et sans trop savoir pourquoi, mes pensées s'envolèrent directement vers Elia, la jeune femme avec laquelle j'avais soit-disant été fiancé. Était-il possible d'oublier les sentiments que l'on pouvait éprouver pour une personne ? C'était une question que je m'étais toujours posé et à laquelle je n'avais jusque là, aucune réponse. Mes jambes décidèrent alors à ma place de se déplacer et elles gagnèrent seules de la vitesse. Évidemment en cet instant précis mon esprit s'envola bien loin de sa place habituelle et passa en revue tous les épisodes chaotiques de ma vie, toutes les dernières rencontres que j'avais effectué, ma poursuite à la quête de mes souvenirs, de ma vie passée etc... Je ne faisais que contrôler mon souffle plus j'avançais en courant sous donc cette fine pluie. J'avançais sans but précis, mais après vingt minutes d'efforts intenses, je décidais d'aller jeter un coup d’œil à la Winthrop House. J'en étais peut-être le vice-président mais je n'y passais pas vraiment le plus clair de mon temps, peut-être d'ailleurs qu'avec un peu de chance j'arriverais à y croiser mon meilleur ami qui en était lui le président. Comme moi, il possédait lui aussi ses propres problèmes et j'aimais savoir qu'il me faisait véritablement confiance au point de tout m'avouer. Courant toujours à travers les chemins et autres trottoirs, je devais d'abord dépasser la maison des violets pour finalement atteindre celle des rouges mais alors que je passais devant un gros châtaignier une présence masculine attira mon attention et je ralentissais considérablement la cadence. Tout m'était familier chez cette étrange présence que je voyais au loin, que ce soit l'allure, la taille ou alors ces dreads...sauf la fumée qui en émergeait tout autour. Et merde. Me rapprochant alors à grands pas en jetant un coup d’œil autour de moi, je pouvais constater qu'il n'y avait personne aux alentours juste lui, sa solitude, moi et la mienne. Peut-être que le jeune homme que je venais de reconnaître n'avait pas envie d'être dérangé mais je devais m'en approcher, du moins je le voulais. « Morghan ? » Une expression d'incompréhension avait prit possession de mon visage. Je n'étais vice-président que depuis une année mais cela faisait longtemps que je faisais parti des rouges, tout comme lui il me semblait. Une odeur bien qu'étrangère que connue mais aussi dérangeante envahit alors mes narines pendant qu'une douce mélodie s'échappant de la maison des violets commençait à résonner autour de mes oreilles. Wyatt pouvait bien attendre, j'avais donc un autre but désormais. « Que fais-tu ? » C'était clair comme de l'eau mais il se trouvait quand même seul sous la pluie avec cette chose désagréable entre les mains. M'étant alors suffisamment rapproché de lui, je croisais mes bras sur ma poitrine, le regardant dans toute sa splendeur, ne sachant si j'étais plus choquée que déçu par ce spectacle qui s'offrait sous mes yeux.
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