JOAN&JACKIE ❥ i'll never be the same.

Ca faisait déjà cinq jours que Jackie était sortie de l’hôpital, ça faisait cinq jours qu’elle passait ses journées au fond de son lit, à ne penser qu’à ses problèmes. Et c'était déjà trop. De temps en temps, elle sortait. Sous l’œil méfiant de Caleb qui surveillait ses moindres faits et gestes. C’était presque s’il allait partir chercher quelques affaires et revenir à la LH pour être constamment avec elle. D’un côté, c’était touchant et elle lui en serait grandement reconnaissante. Posée sur son lit, un petit bloc note dans les mains, Jackie tuait le temps à dessiner une petite animation : un lapin qui bondissait vers une carotte avant de l’avaler en trois morceaux. Passionnant pas vrai ? Elle donnerait n’importe quoi pour faire un retour en arrière et partir cinq minutes plus tôt, ou plus tard, le temps nécessaire pour que cette voiture ne surgisse pas de nulle part, percutant la sienne de plein fouée. Une tête brune passa dans l’entrebâillement de la porte. Joan. Sa Joan, sa meilleure amie. Elle avait l’impression que ça faisait une éternité qu’elle ne l’avait pas vu, et ça lui faisait du bien ne serait-ce que de voir sa p’tite frange lui retomber sur les yeux. Joan ! dit-elle en lâchant le bloc de papier et son stylo, ouvrant grand les bras pour que la Quincy vienne s’y nicher. Elle aurait voulu lui sauter dans les bras pour lui exprimer combien la voir lui faisait du bien, mais avec cette fichu attelle ça aurait gâché l’truc vous voyez ?

Vous savez qu'en réalité Joan avait très très peur de revoir Jackie ? La jeune femme avait plus de facilité à affronter le malheur des autres que le sien, elle trouvait plus facile et naturel de s'occuper des chagrins des autres que des siens. Elle les laissait pourrir au fond d'elle, puis ça finissait par passer. On s'habitue à tout ou presque. Or, la Lowell était quand même une petite partie de la brune, alors si elle souffrait, Joan souffrait aussi un peu. Surtout qu'elle s'était sentie impliquée dans tout ça. La jeune femme s'était parfois surprise à regarder le rayon enfants des magasins, à chercher le prix des peluches sur internet pour commander le doudou parfait. Lorsque Alvarez avait choisi de garder son enfant, la pilule avait été dure à avaler. Avoir un enfant et poursuivre ses études, alors que le père était Dieu sait où ? Joan avait peur que sa meilleure amie fonce droit dans le mur. Puis elle avait fini par se convaincre qu'elle serait là pour elle quoiqu'il arrive, Marika aussi, et très très probablement Cody. Le bébé-Jackie était attendu. Mais au-delà de la perte de ce gosse, Joan avait eu peur pour la vie de la frangée de la tête. L'enfant n'était qu'une option en plus, Lindley aurait aimé cet enfant car c'était celui de Jackie. Point. La Quincy était plus du genre à vouloir sauver la mère avant l'enfant. Elle entra sur la pointe des pieds, effrayée que la détresse de Jackie se lise trop facilement sur son visage. Alors, elle courut littéralement jusqu'à elle sans jeter un regard à ces yeux. « Garce, tu m'as fait trop peur. Je suis désolée de pas être venue à l'hôpital, mais c'était trop. Puis il y avait tes parents tu étais bien entourée. »

Franchement, si quelqu'un entrait dans cette chambre sans connaître les mésaventures de Jackie, il aurait pu être très loin de se douter qu'elle avait failli tuer un mec, qu'elle venait de perdre son bébé et qu'elle ne pourrait plus jamais en avoir. Il aurait surtout pu penser qu'en grande maladroite, elle se serait cassé une patte et tuait le temps en dessinant des lapins. Elle n'avait pas envie qu'on ai d'la pitié pour elle, tout sauf ça. Elle voulait se montrer forte, quoi qu'il arrive, puisque c'est ce qu'elle était. Sauf que la personne qui entra c'était Joan, et elle était forcément au courant de tout ce qui lui était arrivé. Sa maman n'avait pas pu ne pas lui envoyé de texto quand elle était à l'hôpital, Cody n'avait pas pu ne pas lui en parler. Elle savait forcément. Sa meilleure amie couru jusque dans ses bras, s'excusant de ne pas être venu la voir dans cet horrible bâtiment qu'elle détestait tant. J'crois que j'ai fait peur à beaucoup d'monde. dit-elle en se pinçant les lèvres. T'excuse pas, j't'en veux pas ! Et puis t'as rien loupé, j'étais franchement pas belle dans leur robe de chambre hein. ria-t-elle doucement. Je vais bien, je vais bien, je vais bien. pensa-t-elle comme pour s'en persuader. Elle était bien entourée, c'était vrai, mais ça ne s'était pas non plus bousculé à son chevet. D'un côté, elle préférait ça, au moins ses amis n'avaient pas la vision d'une Jackie pleine de fils et toute patraque à cause des médicaments. Raconte moi comment tu vas ! J'ai.. j'ai l'impression qu'on s'est pas vu depuis des lustres ! Elle se recula un peu, dégageant les mèches de sa meilleure amie derrière ses oreilles. Moins elle parlait d'elle, mieux ça irait. Elle n'était toujours pas prête à parler de ça, vraiment pas.

Jackie était-elle sérieuse ? Vous voyez, Joan était une gentille fille, vraiment, elle se préoccupait du malheur des autres. Mais dans une situation semblable à celle de la jeune femme, elle aurait juste été la personne la plus insupportable et la plus égoïste humainement possible. Voyez l'genre. En mode 'je fais payer au monde entier ce qui m'arrive, je me transforme en salope'. Ce qui craint un peu, j'en conviens. La brune n'en était pas là, nooooon son seul soucis en ce moment c'était d'avoir un petit copain. Terrible, vraiment. Limite, elle avait honte d'être là. Sa meilleure amie venait de perdre son gosse, elle avait eu un terrible accident, elle était seule, pas de copain, pas de mec en vue. Lindley avait eu le choix entre deux garçons, elle avait un petit copain, pendant que son amie se faisait écraser, elle était en train de batifoler avec son copain. Bref. Elle ne savait pas s'il valait mieux se taire, mieux se plaindre – mais il faudrait qu'elle mente parce qu'elle était comblée – ou en parler avec entrain pour détendre Jackie et lui changer les idées. So WHJTD ? (What has Joan to do ?) « Même avec un bras ou une jambe en moins tu aurais toujours été super belle et tu ... » as perdu le ventre que tu avais pris en tombant enceinte de ton ex avec qui tu as couché sous l'influence de l'alcool à Punta Cana. Elle s'était retenue au bon moment vraiment. « … Je suis avec quelqu'un. Et j'ai réussi mon année. Encore. Et j'ai pris mon courage à deux mains et suis inscrite au Summer Camp. » Doux Jésus, elle n'avait jamais été aussi gênée de parler avec la Lowell. Ça craint. Elle avait la sensation que cet accident les avaient éloignées.

Non, Jackie n'était pas le genre de fille à vouloir faire payer à la terre entière son accident, du moins pas tout de suite. Aujourd'hui elle essayait d'accuser le coup, d'aller de l'avant. Caleb l'aidait beaucoup d'ailleurs. Elle ne l'avait jamais vu autant de fois que ces cinq derniers jours et chaque fois qu'il venait lui rendre une petite visite pour savoir comment elle allait, il lui apportait des cookies fait avec amour. Ce mec était un ange. Tout ce qu'elle voulait, c'était montrer qu'elle allait bien, qu'elle n'avait pas changé même si au fond, elle ne pensait rien de tout ça. Jackie pencha la tête, attendrie par les quelques mots de Joan. Un compliment était toujours bon à entendre même si Joan était loin d'être objective concernant la beauté de la Lowell.Peut-être, si on peut éviter que ça arrive quand même, ça m'arrangerait. Mais j't'assure, enfile cette horreur à la plus belle femme du monde, elle fait une chute du classement comme pas possible ! soupira-t-elle en regardant son placard dans laquelle l'affreux morceau de tissus était rangé. Allez savoir pourquoi elle l'avait gardé aussi.. Halloween, maybe ? Remarque, y'avait du potentiel en l'arrangeant un peu. La Quincy lui fit un rapide bilan de ce qu'elle avait accompli ces derniers jours. Bein dis donc, elle en avait loupé des choses la Jackie. Félicitatioooons ! Alors c'est sûr, tu files en huitième année ? Génial ! Quant à elle, Jackie ne savait pas du tout quand tomberait ses résultats, elle avait tellement hâte de savoir si elle s'envolerait pour LA, tout de même persuadée qu'elle obtiendrait son année sans trop de difficultés. J'ai discuté un peu avec Caleb sur le Summer Camp et il m'a grandement incité à y aller alors.. à nous la vie de pirate pendant deux mois ! dit-elle en souriant, haussant les épaules innocemment. Bien entendu, Jackie avait gardé le meilleur pour la fin. Elle posa sa tête sur la paumes de ses mains, avançant sa tête vers sa meilleure amie. C'est qui ce.. quelqu'un ? demanda-t-elle en papillonnant des yeux, désireuse de savoir.

Lindley n'était absolument pas d'accord avec ce qu'avançait la Lowell. Bien sur que si, la blouse c'est ce qu'il y a de plus sexy selon les critères masculins d'après le magasine pour adolescentes qu'elle avait acheté parce qu'elle savait pas quoi lire quand elle était chez ses parents l'été dernier. Vous savez ce genre de magasine où des filles de douze ans demande conseil parce qu'elle ne savent pas comment dire au mec de la 5B qu'elles l'aiment. Ou alors cette fille de onze ans qui se demande si le garçon de la 6E va se rendre compte qu'elle n'a jamais embrassé personne avant lorsqu'elle va le pécho. Pécho niveau sixième bien sur. Gardons notre innocence et croyons encore que les sixièmes sont encore des adorables enfants. Faut bien se rassurer sur certains sujets quelques fois, histoire de ne pas croire que le monde n'est pas une grotte remplie de chauve-souris qui n'ont rien des sexys vampires de True Blood. En y réfléchissant, cette histoire de blouse, c'était pas plutôt la blouse d'infirmière qui fait de l'effet aux mecs ? « Mais non tu racontes n'importe quoi. » Joan n'avait jamais été aussi peu convaincante. Huitième année, elle prenait un coup de vieux la petite. Imaginez que dans deux ans elle allait quitter l'université, le système scolaire alors que ça faisait pratiquement vingt-ans qu'elle y était. « Oui et toi alors ? Des nouvelles de Disney ? J'espère qu'on sera ensemble au Summer Camp ! » La jeune femme sentit ses joues rougir légèrement, elle voulait paraître détachée, mais bordel c'était un petit copain qu'elle avait. « Tu … Joshua il est à la Quincy avec moi. Il est étudiant en médecine et euh voilà. » Vous savez quoi ? Je sais pas si vous avez remarqué, mais Joan était pas douée pour mettre en avant les gens. C'était la pire présentation qu'elle pouvait offrir à sa meilleure amie. On aurait dit qu'elle avait quatre ans et qu'elle lui présentation son nouveau camarade de classe.