(privé) † my world is slowly falling appart.

La soirée du bal n’avait ressemblé en rien à ce que j’avais imaginé. J’avais fait des rencontres intéressantes, n'avais pratiquement pas vu ma cavalière de la soirée, mais j’avais pu passer du temps avec mon meilleur ami, même si finalement on avait eu cette altercation avec deux gugusses tout à l’heure… Mais il y avait autre chose qui me tracassait… Après la surprise d’avoir reçu un award, celui du meilleur dunster, à égalité avec mon coloc et ami Charlie, j’avais eu l’occasion de discuter un peu avec ce dernier. Non seulement il m’avait paru exténué, mais il avait également refusé de trinquer à notre victoire. Bien sur, cette soirée devait lui filer le bourdon, lui pour qui c’était très certainement son dernier bal en tant qu’étudiant… Mais ça n’expliquait pas tout de son attitude, un comportement étrange qui n’avait cessé de m’interpeller ces dernières semaines.  Alors, quand mon téléphone vibra dans ma poche pour annoncer l’arrivée d’un sms, j’eus aussitôt un mauvais pressentiment. Je lus les mots de Charlie avec une appréhension grandissante. Je m’excusai auprès des amis avec lesquels j’étais en train de discuter pour prendre la direction du hall. J’y croisai alors Jasper, mon autre coloc, et à son regard je sus qu’il avait du recevoir le même message que moi. « Toi aussi il t’a écrit ? » fis-je alors avec une voix inquiète. Son message était très évasif, mais je ne pouvais m’empêcher d’envisager le pire. « Je le sens pas bien du tout Jasper. Tu crois qu’il est où ? Il est rentré à la dunster house ?» demandai-je tout en me dirigeant vers la sortie. J’ouvris la porte principale et parcourus alors le parking des yeux. « Sa voiture est encore garée là bas en tout cas… » fis-je remarquer.

Soirée en demi-teinte. Embrouille avec Jude, embrouille avec Leandra, avec Emrys, et avec Salomée. J'ai envie de dire, quatuor gagnant. Pour la plupart, cela c'était bien terminé. Il y a encore quelques instants, Jasper était avec son colocataire Charlie pour se réjouir de leur survie au bal. Cette grande cérémonie où rien ne se passait jamais comme prévu. Heureusement, il avait réussit à surpasser tous les obstacles destinés à lui pourrir sa soirée en costume. C'est donc sereinement que le dunster avait passé ses derniers moments au bal à discuter avec quelques jaunes. Bientôt ils quitteraient tous leur confrérie, certains définitivement. Il faisait tout pour ne pas y penser, mais le départ de son ami le pesait, et avoir à nouveau discuté avec lui ce soir lui rappelait combien il allait lui manquer. Même s'ils avaient la même ville de rattachement, et qu'ils se verraient assurément. Mais ce ne serait plus comme maintenant. Bref, pensons à autre chose. Ou pas, tiens. « J'vous aime, les mecs. Ce fut un plaisir. » Qu'il lit sur son téléphone qui vient de vibrer. Comme un message d'adieu. Un de ces trucs bizarres qui vous provoque un frisson glacial le long de la colonne. Ne me faites pas croire que vous n'avez jamais vécu ça. Il en oublie à qui il parle, et prends la direction de la sortie, relisant le message plusieurs fois jusqu'à croiser le regard de Priape. « Ouais.. » Range son téléphone, maintenant assuré que ce n'était pas des mots à prendre à la légère. « J'en sais rien.. sûrement. Ca le rends assez mélancolique ce bal, d'avoir à partir.. » Ils vont vers la sortie. « Mais t'inquiète, il nous attends avec une bonne bouteille dans le salon je suis sur ! » Jasper essaye d'y croire, franchement. Peut-être qu'ils interprètent mal, que leur pressenti se trompe, n'est guidé que par leurs préoccupations des dernières semaines. La pente qui descend, les yeux tristes, la distance, ils l'ont vu tous les deux chez Charlie. Ils ouvrent la porte, et Priape s’aperçoit de la présence de la voiture de leur ami. Pressent le pas vers la voiture. Au fur et à mesure qu'ils s'approchent, Jasper voit la silhouette inerte de Charlie se dessiner à la place conducteur. « Priape, il est dedans ! » Les derniers mètres sont fait en courant. Plus vite ils y sont, plus vite ils seront rassurés. Ou pas du tout. « Charlie ! » Le Dunster frappe contre la vitre, une fois, puis deux, hurle un « CHARLIE », puis en constatant que son ami ne réponds pas, ouvre la porte de la voiture non vérouillée. Son regard se dirige vers Priape, le teint blanc, les mains tremblantes et le cœur tambourinant. Ce genre de situation il sait pas gérer. Charlie a l'air ailleurs, oscillant entre la conscience et l'oubli. « Charlie, tu m'entends ?! » Qu'il essaye d'articuler sans hurler, laissant de la place à Priape pour qu'il fasse quelque-chose. Et vite. C'est lui le futur médecin. Jasper c'est juste un pro en informatique, complètement désespéré devant l'au revoir d'un de ses meilleurs amis. Il attrape l'une de ses mains pour lui serrer. « On est là, t'inquiète pas.. » Ses doigts se referment sur un flacon, que Charlie tient. Il le récupère, et le montre à son autre coloc. « Pri.. » C'est quoi ça ?

Jasper avança en premier sur le parking, se dirigeant avec empressement vers la voiture de notre ami et je suivis ses pas, le cœur tambourinant d’inquiétude dans ma poitrine. Lorsque je l’entendis s’écrier qu’il était à l’intérieur, je courrai jusqu’à eux pour les rejoindre plus rapidement. « Merde, qu’est-ce qu’il fout dans sa bagnole ? » Une petite sieste ? Ce n’était pas logique, ça ne ressemblait pas à Charlie. Jasper se mit à frapper avec énergie contre la vitre pour réveiller notre coloc qui semble profondément endormi… Mon mauvais pressentiment ne faisait que s’accroitre. Jasper ouvrit la porte avant de crier une nouvelle fois le prénom de notre ami, sans réponse, sans résultat... Il se poussa alors après m’avoir lancé un regard apeuré. Je me rapprochai à mon tour me penchant vers le corps inconscient du dunster. Pourvu que ce ne soit pas trop tard, me répétai-je intérieurement. Mon doigt tremblant alla se poser au creux de son cou et un soulagement immense m’envahit alors que je sentis le sang battre de manière effrénée sous mes doigts. « J’ai un pouls… Il est tachycarde mais j’ai un pouls. » répétai-je à Jasper. Charlie était encore vivant. Je dénouai sa cravate, défis les premiers boutons de sa chemise pour lui permettre de respirer plus facilement, alors que mon esprit fonctionnait à plein ménage, se passant et se repassant toutes les éventualités : qu'avait-il pu se passer pour qu'il se retrouve dans cet état ? Mais soudain, Jasper attira mon attention sur un détail précieux : la boîte qu’il venait de retirer des mains de notre colocataire. Je la saisis à mon tour et en observai les instructions. « Merde Charlie, qu’est-ce que t’as fait ? » soufflai-je avec désespoir en reconnaissant l’inscription sur la boite. « Il a pris des amphet Jasper… » Depuis quand il en prenait ? Et comment avais-je pu ne pas le voir ? Moi son coloc, son ami, moi qui étais également passé par là ? Mais le temps n’était pas aux questionnements, le temps nous était compté. On devait agir vite. « Il fait surement une overdose. Aide moi à le sortir de la voiture, faut qu’on l’allonge sur le côté…» Il risquait de vomir et la position était alors primordiale pour lui éviter de s’étouffer…