psychotic vibes • bro&sis'

Ce matin, alors que j'ramenais les dernières affaires que j'laissais trainer dans la chambre de la Mather House vers mon appartement pour fuir l'autre cinglée de Lou, qui est accessoirement mon ex et la meuf qui m'a traitée de pute après que j'l'ai baisée, j'ai reçu un coup de téléphone du service psychiatrique du CHAH, qui m'prévenait de l'internement de mon frère Luke et que j'étais la seule personne capable de lui ramener des affaires, et la seule personne qu'il a demandé pour faire ca. J'veux bien comprendre qu'il n'ait pas voulu demander à Andy, mais de là à me demander à moi ? Ouais, bon, y'a pire.

J'ramenais donc mes affaires chez moi et pris la direction du logement de Luke pour récupérer quelques fringues, de quoi le faire tenir quelques jours. J'connais bien ce putain de service, j'y suis restée deux mois, il y a deux ans, et j'peux pas dire que j'en garde un bon souvenir. Les infirmières sont pas toutes sympas, et j'suis tombée que sur les connasses, j'avais pas de chance. J'collais tout dans un sac de voyage et parti enfin vers le Cambridge Health, service psychiatrie. J'me pointais au secrétariat pour demander Luke Lewis, en précisant que j'étais sa grande soeur, et la connasse m'a reconnue, en m'disant que la folie et la drogue c'était de famille... Connasse.

En arrivant devant la porte de la chambre de mon frère, je lâchais un soupir, avant d'ouvrir cette dernière. Putain, frère, qu'est-ce que t'as encore foutu pour t'retrouver là ? Et avec qui tu t'es fight pour avoir c'te gueule ? J'balançais le sac sur son lit avant d'poser mon cul à côté d'lui, à l'regarder sombrer dans les abysses du monde perdu des fous, que j'ai largement connu par le passé.

On devrait faire un film sur ma vie. Un truc qui s'appellerait style "Déchet Urbain" ou une connerie du genre. Un truc qui prouverait bien que j'suis qu'un déchet. Qu'une vulgaire merde, autodestructrice. J'prends mon pied à me détruire. Ça me permet de me reconstruire en plus instable. En plus minable. Putain de maladie. Bi-polaire; j'comprends même plus comment avancer, parce que j'essaie, j'vous promets que j'essaie d'être un bon mec, le genre respecté, université d'Harvard, rangé et tout, mais j'y arrive pas. J'ai besoin de ma dose, j'ai besoin de mes conneries. J'ai besoin d'être Luke Lewis. Le déchet de la mather house qui passe son temps à tout détruire. Même ceux qu'il aime.

La veille, après m'être battu avec Alek, j'avais été chopé par les flics dans un square en plein sous l'emprise de l'hero. Manque de bol, Ambre était avec moi. J'ai tout fait pour la sauver, quitte à la faire passer pour ma victime. J'avais clairement dit aux officiers que j'avais drogué Ambre pour pouvoir être avec elle, parce que nous avions rompu et que je la voulais mienne. Mais il n'en était rien. Ambre devenait paumée, elle aussi. Et j'me rendais compte que c'était moi, qui la paumée. S'en est suivit des aveux de la jeune femme qui m'ont fait sortir de mes gonds. "Je me suis tapé ton petit frère". J'ai beaucoup de respect pour Ambre, mais sur le coup, j'ai vraiment eu envie de l'achever. Passé ce détails, j'ai dormi chez les flics et me suis retrouvé, apparemment contre mon grès, dans ce service. Sauf que je suis là pour une bonne raison, par finir en taule. Ça a toujours été bon, de jouer la carte de la folie.

Assis en tailleur sur mon lit, j'observe le plafond, espérant y trouver un moyen de résoudre la paix entre l'empire et l'alliance rebelle. Mais j'trouve rien. J'ai fais appelé Gwen. Parce que Han, j'ai tout, sauf envie de croiser son chemin. J'sais que j'vais lui faire payer ça. Ma demi-soeur entre dans la pièce, voyant ma tête de boxer, elle ne peut s'empêcher de commenter.

"J'ai eu des différents avec ma belle famille."

Il y a quelques jours à peine, j'me retrouvais dans cet hôpital avec Willow, qui avait fait une rechute suite à sa greffe. J'étais vraiment mal pour elle, surtout après ce qui s'est passé. Jamais aucune femme n'avait déclenché en moi ce que Willow a su déclencher. L'amour, la passion, la fidélité, vouloir s'en sortir. J'me suis sorti les doigts du cul pour arrêter la drogue, puis une fois de retour dans ma vie de célibataire, j'ai sombré à nouveau dans les plaisirs de la marijuana, et de quelques rails de coke de temps en temps. L'alcool est devenu mon meilleur pote ces quelques semaines, pour noyer ma douleur et mes pensées, qui revenaient le lendemain, sans cesse. Si on devait faire un film sur ma vie, le titre serait surement "Enfer et dépravation" ou encore "Sans limites", j'sais pas encore.

Face à Luke et sa gueule de boxeur du dimanche, qui m'expliquait avoir eu des différents avec sa belle-famille, j'lâchais un soupir. J'avais entendu dire qu'entre lui et Nevada, le courant ne passait pas vraiment, avec la relation qu'il avait avec Ambre. Mais j'pense pas que ce soit Nevada, la raison de ces coquards, mais plutôt Alek. Et dire que moi aussi, j'me suis fritée avec le blond...comme quoi, les embrouilles restent les mêmes en famille, avec les Lewis-Black-Hoover.

C'est pas de simples différents ca, Luke. On dirait que tu t'es fait attaquer par un pitbull ou sur un gang de Roumains qui voulaient te dépouiller... C'est Alek qui t'a chopé j'parie.

A moins que Neva ait fait d'la musculation intensive après avoir accouché, j'vois pas d'autres solutions...Ou bien il est tombé avec la trottinette qu'il a piqué à un gamin dans le square, comme un trou du cul.

Bref, j't'ai ramené des affaires pour une semaine, mais si t'as besoin, j't'en ramènerais d'autres.

J'connais bien la maison maintenant. Le personnel, les lieux, les endroits où j'peux éventuellement planquer de la came, et qui des chroniques pourrait m'en procurer. Ils ne croient sérieusement pas que j'vais me laisser sevrer si facilement. J'aime la drogue. J'aime me droguer. Et j'suis loin d'être prêt à abandonner celle qui me maintient en vie. Le CHAH était une sorte de seconde maison à Cambridge. J'y avais passé en tout quatre séjours, dont trois rien que l'année passée pour des histoires d'overdose et de tentative de suicide. J'aurai mieux fait de pas m'louper.

"Apparemment Alek n'a pas apprécié que je manque de frapper Neva alors que cette meuf me mène la vie dure depuis que j'suis avec Ambre. Enfin ... Tout ça c'est fini, j'pense qu'on va rompre. Au moins, sa famille sera soulagée."

J'avais pas franchement envie de rompre, et même si j'en voulais énormément à Ambre d'avoir couché avec Han, elle restait la fille que j'aime, et avec qui j'vois un avenir, à supposé qu'avenir il y est dans les cas comme le mien. J'savais qu'en la quittant, elle avait le droit à quelque chose de meilleur. J'avais beau être un enfoiré, j'avais décidé d'arrêter d'être égoïste. J'attrapais le sac que Gwen m'avait ramené en fouillant rapidement dedans. Elle avait prit la veste dont j'avais besoin, celle dont les poches étaient remplies de pilules. Un sourire s'allongeait sur mon visage.

"Tu sais pas à quel point tu viens de me sauver la vie là."

J'compte plus les fois où j'me suis retrouvée ici, pour diverses raisons. D'abord parce que tout le monde me pensait schizophrène alors que j'étais juste dans mon monde, de champignons hallucinogènes, de petites pilules toutes aussi colorées les unes que les autres, de quelques poudres magiques comme la coke, l'héro et la kétamine, sous forme de cartons pour le LSD, quand c'était pas direct avec la p'tite goutte, comme la soirée avec Hendrix et Felix y'a quelques temps. Puis le Cambridge Health m'a vue de nombreuses fois pour quelques bobos, quelques visites, un long séjour après la bombe, mes deux overdoses et au service de cancérologie, pour aller voir Willow, ou pour l'accompagner, comme le soir du bal, lors de sa rechute. Je déteste ces murs, et pourtant j'suis toujours dans l'coin, putain.

Luke m'expliqua alors les raisons de sa sale gueule de bobo éclaté par des racailles à la sortie du métro. Alek, comme si ca m'étonnait. Et pour une question d'honneur et d'Ambre. Elle est vraiment louche cette histoire, faudrait vraiment que j'en touche deux mots à Nevada.

T'aurais mieux fait de rester gay, frère, tu s'rais p'têtre moins dans la merde... J'pouvais pas m'empêcher de rire. Attends, tu vas les laisser dicter ta putain d'vie plutôt que d'essayer d'être heureux ? T'es pas tranquille...

J'regardais Luke fouiller dans le sac que j'avais ramené, sans même réellement savoir ce qu'il cherchait. Mais apparemment, j'ai ramené le graal, donc sa veste fétiche, surement. Mouais, c'est c'qu'on dit, j'suis sure qu'il a sa came dans cette veste, il va pas m'la faire à moi, j'suis passée par là avant lui.

Vas-y tranquille, quand même. Essayes de modérer ta conso, même si j'connais tous les plans du service vu l'nombre de fois où j'ai séjourné... c'est pas toujours d'la bonne qualité. J'lui lançais alors un p'tit sachet de poudre que j'avais payé le prix fort, mais qui valait l'coup. Avant de fêter ta sobriété, fêtes ton internement !

"Le truc, c'est que là, on s'en prend à moi. Ça m'fait chier, mais c'est pas la première ni la dernière fois. Par contre, le jour où on s'en prendra à Elle, ça sera différent. J'ai beau être un p'tit con, ça fait pas d'moi un gars égoïste pour autant."

Je souris à sa reflexion sur mon passé de suceur de queues. J'assumais entièrement cette partie de moi depuis quelques mois, ça avait été assez compliqué au début, j'savais pas vraiment quoi en pensé, mais Lassa, malgré tout le mal qu'il m'avait fait, avait été un sauveur, pour moi.

"C'est bien pour ça que j'suis là non, j'suis ... Pas tranquille."

J'attrapais le sachet de Gwen avec un grand sourire. C'était vraiment ce dont j'avais besoin pour pas trop péter un câble ici pendant qu'ils essaieraient de me rendre "bien". Qu'ils essaient. J'crache à la gueule des infirmières, des psychiatres et de leurs médocs à la con. Je me relève en m'étirant avant de me diriger vers une chaise en montant dessus. Les mains pleines de quoi consommer le prochain mois, j'ouvre le faux plafond et planque tout à l'intérieur. Ils n'iront pas chercher là haut. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Il est pas né, encore, celui qui m'verra clean.

"J'serai jamais sobre, mais merci. T'es vraiment cool, comme soeur."

Luke, perdant tout l'égoïsme qui le caractérisait avant ? Sans déconner ? Ambre l'a vraiment changé positivement, de ce côté là. Mais lui, il continue de s'enfoncer tout seul dans la came, et l'a entrainée avec lui dans sa chute, semble t-il. C'est surement pour ca qu'il a les Lewis-Kennedy derrière son cul. En fait, j'en sais rien, j'connais pas sa vie de tous les jours.

Le problème qui a, c'est qu'Neva doit pas trop apprécier que sa soeur prenne une voie différente que celle qu'elle espérait. Même si Ambre est une adulte responsable, quand un truc plait pas à la présidente Quincy, elle le fait savoir, crois moi. Ca fait longtemps que j'la connais, j'ai même voulu m'la taper, un soir complètement bourrée. Enfin, j'pense que c'est un truc du genre qui s'passe.

Luke faisait alors référence à sa présence ici quand j'lui ai dit qu'il était pas tranquille. En même temps, qui dans cette putain de famille est tranquille ? Surement pas moi, vu le nombre de fois où j'ai atterrit dans ce genre d'endroits, ainsi que dans ce service ? Il avait pas de quoi s'inquiéter.

Parce que j'le suis, moi p'tetre ? En moins de dix ans, j'ai déjà fait...quinze séjours en psychiatrie et détox. Crois moi ou non, on est tous fêlés dans la famille.

Luke planqua ses prods dans le faux plafond, comme j'faisais à l'époque où j'me retrouvais là. Ca m'faisait sourire, sachant que j'recommence à me sevrer de toutes les drogues, maintenant que j'suis à nouveau avec Willow, secrètement. Personne n'est au courant, sauf elle et moi, bien évidemment, sinon ca serait bizarre.

Ouais, c'est tous c'que vous dites, sauf Andy, mais c't'un trou du cul. Et pas d'quoi, le déchiré à vie.

Un sourire moqueur venait tirer mes lèvres à cette remarque. J'disais la même chose, y'a un an encore, et voilà le résultat, c'est la deuxième fois cette année que j'arrête la came. J'verrais bien si Luke a toujours les mêmes ambitions quand sa vie changera.