Un mois plus tôt.
« Et Lana, qu'est ce qui t’arrive ? »
J'essuyais précipitamment mes yeux humides avant de lever la tête vers l'infirmière qui venait de passer la porte de ma chambre. L'avantage de faire du bénévolat dans les hôpitaux c'est que vous finissez par connaître les équipes aussi, et cette infirmière c'est Mya, elle est diplomée depuis 2 ans seulement, elle a tout juste 25 ans, ce que j'aime chez elle c'est le fait qu'elle soit toujours de bonne humeur, elle passe son temps à fredonner, elle donne envie de sourire tout ce dont que j'ai besoin en ce moment. Je n'avais jamais imaginé qu'un jour je serais celle qui est dans le lit, j'avais l'habitude de donner mon aide, pas d'en avoir besoin.
« Comment il va ? »
« Bien ne t'inquiète pas. Où est ta famille ? »
Ma famille, ça avait toujours été assez compliqué avec eux. J'étais née le 21 janvier 1992 à Manhattan, il était 15h23 à l'heure où je naissais et 16h10 l'heure à laquelle ma mère mourrait. Ils appellent ça l’hémorragie de la délivrance apparemment, mais comment ils avaient décidé d'appeler ça ne m'avais jamais intéressée, le fait est que ma mère était morte. Je ne l'ai jamais connu, et ça m'a toujours manqué, j'aurais aimé avoir une figure maternelle à laquelle me raccrocher, et je ne pouvais pas vraiment compter sur mes sœurs pour ça, je n'étais pas particulièrement proche d'elles. Petite j'étais toujours dans leurs pattes, et très vite il n'était plus question de fraternité, mais plutôt de rivalité et de compétition, la raison, j'avais un talent certain pour le chant, et ça les rendaient jalouse. Le seul parent qui me restait, c'était donc mon père, il était très stricte, souvent absent, à cause de son travail, adolescente je n'avais qu'un passe temps me rebeller contre lui, faire exactement tout le contraire de ce qu'il me demandait.Je séchais les cours, trainais en ville jusqu'à pas d'heure, sortait souvent, je fumais, j'avais pris de la drogue quelque fois, bref tout ce que je pouvais trouvé pour faire comprendre à mon père que j'étais mal. J'imagine que je lui en voulais, il était le seul parent qui me restait et je n'avais pas l'impression qu'il agisse en tant que parent. Il donnait des ordres, des indications, des punitions, mais même à la maison il était toujours plus chef d'entreprise que père célibataire. J'avais fini par grandir et laissais tomber, je ne pouvais pas toujours me comportait comme une enfant, il n'avait pas était le père idéal, mais j'imagine qu'être père célibataire de 6 enfants n'était pas une chose simple. J'étais devenue plus indulgente et je me disais qu'il avait fait comme il avait pu, donc heureusement cette passe de rébellion n'a pas était très longue, 3 ans en comptant largement. Quand je lui ai dis que j'étais tombée enceinte, et pire encore d'un type que je n'avais rencontré qu'une fois et dont je ne connaissais même pas le nom, j'ai cru qu'il allait me flanquer à la porte. Il ne l'a pas fait mais il a refusé de me parler durant toute ma grossesse, cependant quand j'ai perdu les eaux, un mois plus tôt que ce qui était prévu c'est lui qui m'a emmené jusqu'à l'hôpital, et aujourd'hui encore, soit trois jours après j'ai du mal à savoir lequel de nous deux paniquait le plus. Et quand il a vu son petit fils, il a pleuré, je n'avais jamais vu mon père pleurer, et je ne savais même pas qu'il en était capable, il semblait toujours mettre des barrières pour que personne ne puisse savoir ce qu'il ressent. J'avais eu le sentiment qu'on était réconcilié.
«Oli va passer tout à l'heure. »
Oli, de son vrai nom Olivier, est mon seul frère, il est aussi l'ainé de la famille, et le seul membre de ma famille qui est toujours été là pour moi, qui m'ait toujours soutenu. J'étais la plus jeune de la fratrie et je m'étais parfois senti comme le vilain petit canard, mais Oli, lui, il était mon héro. Il veillait toujours sur moi, me protégeait, on s'entendait parfaitement. Je me dis souvent que c'est grâce à lui que je suis devenue la personne que je suis aujourd'hui, généreuse, souriante, drôle, il m'as apporté un parfait exemple, il avait été là quand personne d'autre ne voulait l'être, et pour ça je lui en serait toujours reconnaissante. Il était aussi le seul membre de ma famille qui accepte de me parler de ma mère, sans lui je n'aurais même pas eu une idée du genre de femme qu'elle était. Mes sœurs et mon père n'en parlaient jamais, c'était un sujet qui avait été banni, et j'avais souvent eu l'impression qu'elle n'avait jamais fait parti de la famille, et ça m'énervais, j'avais envie de leurs dire que ce n'est pas parce quelqu'un est mort qu'il n'a jamais existé.
« Oh c'est super ! Tu reprends les cours quand alors ? »
« Et bien dès que je pourrais sortir avec Aaron j'imagine »
Les cours depuis que j'étais arrivée à l’hôpital trois jours plus tôt je n'y avais pas repensé une seule fois, pourtant j'adorais ça, j'étudiais l'art à Harvard, et j’espérais vraiment pouvoir faire de mon talent pour le chant mon métier, raison pour laquelle je mettais toute les chances de mon côté en apprenant aussi à jouer de certains instruments. De temps en temps j'allais jouer dans un bar, avec ma guitare et mon micro, c'est un début, mais c'était surement les moments que je préférais, ça me donnait une idée plus précise de ce que c'était que de se produire sur scène, et en toute honnêteté, j'adorais ça. J'avais du arrêter mes études quelques temps, pour pouvoir accoucher, et il faudrait maintenant attendre d'être sur qu'Aaron va bien pour que je puisse le ramener à la maison. Mon père m'a acheté un appartement, il dit que c'est un cadeau de naissance, j'avais objecté en disant qu'en général on achète une peluche, ou des fleurs, mais après tout on serait mieux dans notre propre appartement.Enfin de toute façon pour le moment il fallait qu'Aaron aille mieux, il était trop petit, et avait besoin de rester sous une couveuse quelque temps. Au moins il était né seulement un mois trop tôt, ça faisait de lui un prématuré moyen, mais il pouvait respirer sans assistance, ce qui avait été ma crainte principale, d'après le médecin les risques d'Aaron n'étaient pas aussi important que s'il était né plus tôt, il a parlé de troubles mineurs du comportement ou de difficulté d'acquisition, apparemment je ne devais pas m’inquiéter car mon bébé pourrait aussi aller très bien, alors j'essayais de rester confiance, il était de toute façon ma priorité, pour le reste je m'en occuperais plus tard.
« Oh faite on a pas encore vu le papa »
« Malheureusement tu ne risques pas de le voir, je ne sais pas où il est »
J'avais rencontré Camus il y a huit mois, on était tout les deux en soirée dans un bar avec une piste de danse, j'avais toujours eu du mal à déterminer cet endroit, est ce que c'était plus un bar qu'une boite ? Ou bien était-ce l'inverse ? Enfin tout ça n'avait vraiment aucune importance, tout ça pour dire que c'était un soir ou lui comme moi avions beaucoup bu et qu'on ne pensait à rien d'autre que de s'amuser et de profiter de cette soirée. Il m'a raccompagné jusqu'à mon hôtel et je l'ai invité à monter, après tout il était là, il était canon, et je n'avais pas envie que la soirée se finisse si vite. Voilà comment je suis tombée enceinte. Je n'ai jamais pu prévenir Camus, pour plusieurs raison, je ne savais rien de plus que son prénom. Aucune idée de son nom, son adresse, son numéro de téléphone, j'ai bien essayé de le retrouver mais ça n'a encore rien donné. Pourtant je voudrais le mettre au courant, je sais ce que ça fait de ne pas connaître un de ses parents, et je voudrais qu'Aaron n'ait pas à passer par là. Je n'avais qu'une vrai relation amoureuse, quand je dis vrai je pense surtout à sérieuse enfaite, j'étais restée 2 ans avec un garçons, j'avais 17 ans à l'époque où je l'avais rencontré, 19 quand il était partit comme ça. Depuis je n'ai eu que des aventures, des flirts, quelques histoires qui ne durait jamais plus de 6 mois.
Aujourd'hui.
Voilà trois jours que je suis rentrée avec Aaron, j'ai découvert mon appartement et j'ai manqué de pleurer en voyant que mon père avait non seulement tout aménager pour le bébé, mais qu'en plus il avait aménagé une pièce qui devait être un bureau en studio, on était définitivement réconcilié. J'avais pu sortir de l’hôpital une semaine après avoir accouché mais Aaron était resté plus longtemps, trois semaines en tout. Pendant tout ce temps je n'avais pas voulu mettre les pieds dans cet appartement, je voulais attendre qu'il soit avec moi. J'avais passé mon temps entre les visites que je lui rendais, le bénévolat que j'avais reprit, et enfin la recherche du père de cet enfant. Et j'avais trouvé, enfin, l'ironie est que Camus allait lui aussi à Harvard. Je l'ai su car je l'ai aperçu de loin en me rendant chez la directrice pour voir quand je pourrais reprendre les cours, et la réponse est, dès lundi prochain. J'ai une semaine pour tout mettre en ordre, trouver une baby sitter, et reprendre mes cours. Enfin maintenant que j'ai retrouvé le père d'Aaron mon but est lui faire part de la nouvelle et le convaincre de jouer un rôle,son rôle, dans la vie de son fils..