ROULETTE RP ►

© Kaiji

Période d'examens. Cette faste phase où tous les étudiants sont à bout de nerfs, survoltés tant ils sont stressés, rongés par l'angoisse, déterminés à réussir. Anaya n'échappait pas à cet adage, ce qui la poussait à travailler tard à la bibliothèque ou tout autre endroit susceptible de lui faciliter la concentration. Chez elle, autant dire qu'il était impossible de bosser correctement, trop de tentations alentours. Ce soir n'avait pas échappé à la règle. Il était plus de 22h lorsqu'elle jeta un oeil à sa montre pour la dernière fois. Les ultimes souvenirs dont elle disposait était une vague image de sa main effleurant le papier avec son stylo. Le reste n'était plus que brouillard.

Doucement mais sûrement, elle avait sombré dans les limbes de son inconscient, rêvant d'un monde meilleur ou parfois pire. Ces derniers temps, elle découvrait plutôt l'enfer des catacombes à l'instar de la douceur paradisiaque. Trop de choses en tête, trop d'angoisses et ses vieux démons refaisant surface. Son âme était sombre et le manque de sommeil n'arrangeait en rien son cas, sans parler de ses problèmes de coeur. Passons.

Alors qu'elle parcourait une route sans fin, l'asphalte lui brûlant les pieds, elle cherchait péniblement une issue à ce cauchemar. L'évidence était pourtant simple : se réveiller. Mais Morphée la séquestrait dans ses plus grandes craintes, la retenant délibérément prisonnière de son propre esprit. Pourtant, quelqu'un au bout de la route lui vint en aide. Une silhouette floue et bien mystérieuse, quelque peu difforme. Qui était-ce ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à l'atteindre ? Alors qu'elle touchait cet être du bout des doigts, une sonnerie stridente la fit sursauter. L'esprit embué et la vue trouble, elle se redressa sur sa chaise, tendue comme un arc. Elle mit une bonne vingtaine de secondes avant de comprendre qu'elle se trouvait encore dans l'enceinte de l'école et qu'elle n'avait pas quitté la bibliothèque. Il faisait nuit noire. Un noir profond qu'elle avait rarement du affronter et qui lui fit monter une angoisse soudaine. Quelle heure était-il ? Comment allait-elle sortir de là ? Y avait-il au moins un concierge dans les parages ?

Une seule solution s'imposait : éclairer sa route à l'aide de son portable. Lequel n'avait presque plus de batterie. Evidemment... Quel mauvais scénario de film d'horreur. Lentement, elle rassembla ses affaires, tâchant de rester calme et d'apaiser cette boule d'angoisse grossissant dans sa poitrine. Elle se leva et pris le chemin de la sortie, une chance : la porte était ouverte. Elle se retrouva dans un couloir encore plus sombre puisque dépourvu de fenêtres.

© Kaiji

Cela faisait maintenant quelques minutes qu'Anaya parcourait le couloir dans la pénombre la plus totale. Elle y allait à tâtons, se retenant au mur, histoire d'éviter un potentiel obstacle. Alors qu'elle devinait arriver vers la sortie grâce au faible éclairage de son portable, elle crut entendre des voix. Une fille avait crié quelque chose comme "êtes-vous loin ?". Il était impossible qu'elle ait repéré Ana. Les cris étaient trop éloignés et puis... comment aurait-elle pu le savoir ? En un sens, Anaya espérait que c'était le fruit de son imagination, elle n'avait aucune envie de se retrouver accompagnée ici, dans le noir sans savoir à qui elle avait à faire. Elle suivit la direction qu'elle pensait bonne, se rapprochant des voix. DES ? Oh god, non...

Lorsqu'elle fut assez proche, elle lança elle aussi un appel.

- Hého ?

Avec sa poisse légendaire, elle tomberait sûrement sur des gens à la masse, à moitié sociopathes ou claustrophobes. Elle voulait juste se tirer de là au plus vite, pas le temps pour des chinoiseries ou des plans à la James Bond.