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♫ Vous qui m'appellez l'étranger, de vous je n'ai plus rien à faire
Vous qui m'avez tant demandé, j'ai laissé passer du temps ɤ
Vous qui m'avez tant demandé, j'ai laissé passer du temps ɤ
« Tout le monde a son propre avis sur les tatouages. Beaucoup sont plutôt du genre à penser que c'est une erreur et quelque chose que l'on ne doit jamais faire, que l'on finira tôt ou tard par le regretter, ou encore que cela « marque mal ». Pour d'autres, c'est une façon de s'exprimer, de ne pas oublier, ou encore de démontrer une certaine appartenance à un quelconque groupe. Certains encore veulent faire passer un message. Nenad, notre ami croate au passé houleux avait toujours rêvé de s'en faire faire, un pour commencer, et pourquoi pas d'autres, malheureusement, il n'avait jamais eu les moyens pour cela. Voyez-vous, lorsque l'on passe deux ans dans la rue, l'on a d'autres préoccupations, comme par exemple … Survivre. Enfin, à la rue … Notre ami avait eu la chance d'avoir une camionnette dans laquelle il pouvait dormir, et vivait des poissons qu'il pêchait, mangeant ce qu'il avait besoin, et vendant le reste. Et ce n'est pas en vendant quelques poissons par jours que l'on peut se payer une œuvre sur la peau, car, il faut bien dire que c'est un sacré investissement. Mais … Alors qu'il avait trouvé un mini-job au sein d'Harvard, la donne changea.
Le travail qu'il avait trouvé était sans doutes le plus simple possible, il devait poser pour un cours d'art plastique en tant que modèle. Le professeur avait trouvé que sa chevelure ferait un bon exercice, on lui promis un peu d'argent de poche, mais surtout de quoi manger une fois le cours fini. Manger … Le mot magique. C'est pendant ce cours qu'il fit la connaissance d'une jeune femme … Étrange. Du moins à première vue ; en effet, l'inconnue était tatouée de la tête aux pieds -du moins c'est ce qu'il en déduit- avec de nombreux piercings. Elle était aussi belle, très belle. Sans doutes l'une des plus belles filles qu'il ait jamais vu de ses yeux vu. Durant tout le cours, la belle s'amusait à lui lancer des regards insistants, et charmeur. Sans doutes était-ce pour se moquer ? Ou le taquiner ? Quoi d'autre ? Elle, intéressée ? Ah ! Impossible ! Dans tous les cas, cela finit par le gêner, et même de le faire rougir, tentant tant bien que mal d'éviter que leurs regards se croisent mais, n'est-ce pas chose impossible que d'éviter quelqu'un placé juste en face de nous ? La belle semblait étrangement amusée de cette situation.
Une fois le cours fini, alors que lui s’empiffrait sans la moindre gêne, la belle vint le voir, entretenant ainsi la gêne occasionnée. Contre toute attente, elle vint se présenter, Anaya Hall, un joli prénom à la consonance inconnue pour le croate. Islandaise. Elle se montra douce, gentille et agréable, il ne ressentit aucun second degré, aucune malveillance derrière ses propos, et se laissa quelques peu charmer par tout cela. Bien sûr, elle continua à le taquiner quelques peu, le complimentant, ce qui, bien sûr, il ne prit pas au sérieux. Ils se recroisèrent quelques fois, avant de découvrir que la jeune femme était tatoueuse, alors, timidement, Nenad finit par lui demander si elle voulait bien s'occuper de lui. Ils se revirent quelques fois, pour discuter du dessin, montrer des jets, parler des modifications, et, une fois satisfait du résultat, ils prirent rendez-vous, chez elle. Il n'y crut pas, et pourtant, c'était vrai. Sa croix celtique, qu'il voulait depuis si longtemps sur son avant-bras, ce souvenir qu'il voulait se faire encrer depuis la première perte tragique de sa vie, il allait se la faire faire dans les appartements d'une belle demoiselle. Le musicien était … Perdu.
Le jour était arrivé. Comment devait-il y aller ? Comment devait-il s'habiller ? Devait-il apporter quelque chose ? L'étudiant était réellement perdu. Une semaine durant il réfléchit, sans pour autant arriver à une conclusion. Ainsi, lorsqu'il dut se préparer, la panique finit par le prendre. Pour se calmer, Nenad se versa un verre de Rakia, l'alcool « national » croate, une eau de vie à base de différents fruits, dont, la plus rependue, comme ici, était à base de prune. Le calme un tant soit peu retrouvé, une idée finit par lui venir : pourquoi ne pas lui apporter une bouteille ? La belle ne connaissant sans doutes pas, après tout, cela ne pourrait faire que plaisir, non ? Le slave finit par opter pour un style décontracté, un large jean surmonté d'un t-shirt aux couleurs d'un groupe italien qu'il aimait beaucoup : Rhapsody of Fire.
Le trajet, à pied, ne fut pas très long, l'artiste habitant au Harvard Square, demeure aux prix impossible pour l'étranger, qui préférait vivre chez les Lowell, avec un loyer bien moins … Ahurissant. Arrivé devant la porte, le stress commença à monter de nouveau. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé seul à seul dans l’appartement d'une fille. D'horribles pensées finirent par rattraper Nenad. Et si … Tout ça n'était qu'une mise en scène ? Et si tout cela n'était qu'une horrible blague, visant à se moquer grandement du jeune homme ? Et si des amies à elle étaient présentes derrière la porte pour se joindre aux rires ? Oui, notre ami avait beaucoup souffert, et … Sa confiance en soi était relativement proche du néant. Respirant deux grands coups, le jeune homme cramponna sa bouteille avant de taper trois coups sur la porte, pour enfin s'annoncer.
« C'est … Heu … C'est Nenad, je … Pour le tatouage … Enfin … Tu sais quoi ... »
Comme je vous le disais, débordant de confiance en soi. Soudain, le futur tatoué eut une sueur froide, une peur horrible venait de l'envahir. Et si … Et si le présent était mal interprété ? Et si, elle, voyait ça comme une invitation pour la faire boire et profiter d'elle ? Et oui, seuls dans un appartement avec une bouteille d'alcool si fort ... Le doute était permis. Se tapant le front en se traitant d'idiot dans sa langue natale, le slave pensa un bref instant à fuir … Avant que la réalité ne vienne le rattraper, la belle l'avait bel et bien entendu. Des bruits de pas se firent entendre tous près de la porte. Un verrou s'enclencha, puis un second. Ça y est, il était foutu ... »
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