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Soliman Ҩ Esfir
« Tôt ou tard, faut savoir sauter le pas. »
Il était 8h30 du matin, ça faisait à présent jours que je n’avais pas dormi. Je voyais des couples partout, tout le monde allait faire la fête. Tout le monde couchait avec tout le monde et moi… Et moi je restais là sans savoir quoi faire. Je n’ai jamais embrassé de garçons de ma vie, donc jamais eu de petit ami et encore moins un quelconque rapport sexuel. Je vais sur mes 20 ans et je suis encore vierge. Ok, pour une fille, ce n’est pas si choquant, mais j’ai l’impression que tout le monde me met la pression. J’ai l’impression d’être une vieille fille, d’être décalée du monde. A chaque fois que je dis que je suis vierge tout le monde me regarde d’une façon choquée, comme si c’était anormal. Après j’ai le droit à des « mais tu es si belle et gentille comment ça se fait ? » J’en sais rien moi, merde ! C’est comme ça… Pourquoi on me dit que je suis belle ? Si j’étais si belle que cela, je n’aurai pas déjà eu des petites amourettes ? Or là, c’est pas le cas, donc je ne pense pas que le mot « belle » me soit approprié. Je ne m’aime pas du tout, parfois quand je me regarde dans un miroir j’ai envie de me faire vomir tellement je me déteste. Autant physiquement que psychologiquement. Pourquoi j’ai cette putain de maladie ? J’ai rien demandé à personne et voilà comment la nature me remercie. En me faisant moche, et folle. Merci bien…
J’étais sur un banc au milieu du parc, sous un arbre. Il pleuvait légèrement, et j’étais habillée légèrement. Short en jeans, converse noire et un débardeur noir où il y a marqué « This is my story » en écriture ancienne. J’avais froid, vraiment. En plus à une heure si matinale, la chaleur était encore moins présente. Je crois que ça faisait déjà 4 bonnes heures que j’attendais ici. Si je restais dans ma chambre à la fac, j’allais péter un câble et je ne voulais que personne voit cela. J’étais partie sans prévenir personne et je comptais sécher toute la journée de cours. De toute façon, personne ne le remarquera. Après tout, qui connait la petite Esfir à Harvard ? Pas grand monde. Je suis tellement discrète que même certains profs viennent à oublier mon prénom et me demander si je suis nouvelle ou pas. C’est réellement vexant, mais je ne laisse rien paraître.
Pour m’occuper, je prends mon portable et je farfouille ma boîte de réception. Il y avait des messages de Soli, Keanu, Andy, Damen… C’est dans ce genre de moment que je n’ai que des amis garçons et aucunes filles. Suis-je garçon manquée ? Pourquoi j’ai tant d’amis garçons et que aucuns n’aient tenté quoique ce soit avec moi ? Ah si… Soli. Je m’en rappelle, c’était il y a 1 an, 1 an et demi, je ne me rappelle plus trop exactement. Il faisait son petit Don Juan auprès de ma personne, mais je suis si timide que je n’osais rien faire. Pourtant c’est un beau garçon, mais je trouvais si anormal que quelqu’un s’intéresse à moi, que j’ai préféré fuir et faire comme s’il ne m’intéressait pas. Puis à présent je le connais Soli… Je sais qu’il collectionne les conquêtes et qu’il n’est pas prêt de se caser. Soli… Mon petit Soli. Sans que je ne comprenne pourquoi, mes doigts étaient déjà entrain de lui écrire un message.
« Soli, je suis au parc, tu peux venir s’il te plaît ? J’ai besoin de toi… »
Message ridicule, nul, n’ayant aucun sens. Mais j’avais besoin de quelqu’un, quelqu’un à qui parler et qui saurait me rassurer. Pourtant il y a d’autres prétendants sur la liste pour ce rôle là, mais là, j’avais Soli en tête. Je ne sais pas pourquoi lui, mais il fallait qu’il vienne, il fallait que je lui parle. Fallait que j’entende sa voix près de moi et… Et qu’on parle. Oui qu’on parle tout simplement. J’espère juste qu’il est réveillé et en pleine forme. Après tout il est 9h du matin là, il peut être soit en cours, ou encore dans son lit seul entrain de se remettre d’une soirée, ou bien encore avec une de ces conquêtes d’un soir. Le message était envoyé et je regrettais déjà ce geste. Je ne voulais pas déranger Soli et encore moins lui faire perdre son temps. Je mis mon portable à côté de moi sur le banc, je me mis à souffler et je laissais ma tête tomber entre mes mains, laissant mes coudes se mettre sur mes cuisses. J’étais abattue, fatiguée. Je ne sais pas quoi faire, quoi lui dire. Je suis juste bête. Bête et encore vierge et je risque de finir seule pour le restant de mes jours avec 25 chats comme on peut voir à la télévision.
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