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Trop lourd, c’était trop lourd pour moi, et j’avais le malheur de ne m’en rendre compte que maintenant, alors que j’étais exilée à l’autre bout des Etats-Unis, loin de mes parents, loin de mes repères. Je savais qu’arriver à Harvard, même avec une bourse, ça ne serait pas du gâteau, j’étais bien au courant que la seule personne que je connaitrais là-bas n’aurait certainement pas envie de me voir débarquer dans sa nouvelle vie, on m’avait prévenue qu’au niveau du travail, ça n’aurait rien à voir ave Las Cruses, et que les gens seraient différents. Tout ça, je l’avais intégré.
Mais je ne savais pas que ne pas avoir de contacts me condamnerait à passer mes soirées seule, personne ne m’avait dit que le travail demandé avant les examens finaux serait si épuisant même pour moi, et jamais on ne m’avait mise en garde contre mes rêves et mes espoirs.
Seule à la fenêtre de ma chambre, je vis le jour se coucher doucement et les groupes d’étudiants se rendre à tel ou tel endroit, pour bosser ensemble, pour faire la fête, pour boire un coup quelque part. Ma colocataire était absente comme d’habitude, et comme d’habitude elle ne rentrerait pas avant un bon bout de temps, silencieusement pour ne pas me réveiller, comme si elle avait pitié de mon manque de vie sociale. C’était la seule raison qui me poussait à la détester. Mais pour le moment, puisque j’étais seule, j’avais tout le loisir de pleurer, ce que je m’enjoignis à faire. Sauf que les larmes ne vinrent pas. Et après cinq minutes d’essais infructueux, je me trouvais ridicule et pitoyable, raison pour laquelle je me levai et filait vers l’extérieur. Si la fête ne venait pas à moi, c’est moi qui irai à la fête.
Dehors, le campus résonnait de musiques différentes, de rires, de cris, qui ne témoignaient en rien de l’approche des examens finaux. Errante, je croisais des groupes que je n’osais pas interrompre de peur d’être ignorée, voire renvoyée dans mes plates-bandes. Bravo, riche idée que de sortir de ma tour d’ivoire sans prince pour me protéger. Riche idée…
J’étais au milieu du parc quand je compris que j’étais fichue, et que les sanglots qui m’avaient tant résisté vingt minutes auparavant allaient déborder maintenant. Il fallait que je rentre à ma chambre, sans croiser personne, sans parler à personne.
Tiens, comme si ça risquait d’arriver.
(Invité)