CODYCORY - Dernier jour, dernière rencontre

Dernière nuit à Punta Cana. Putain, ils se seraient quand même bien éclatés, et dans tous les sens du terme. Pour son premier Spring Break, Cody n'y était pas allé de main morte, sans même penser qu'il frôlerait la dépression post SB tant les moments passés ici avaient été intenses. Son cerveau s'était comme déconnecté, il avait vibré pendant deux semaines au gré de ces émotions, des sensations, des effluves d'alcool qui ne l'avaient pas quitté une seule fois. Vous imaginez ? Deux semaines de cuites intenses, de trou noir, limite à en flirter avec la lumière blanche. Ça devait être Titanic dans son foie, à ce stade-là. Là dernière nuit, il la passa en boîte, voguant de groupe d'étudiants en groupe d'étudiants, ne connaissant absolument personne – parfois ne parlant même pas leur langue – il fit cependant comme s'il était pote avec tout le monde, style comme un parrain de mafia, m'voyez. Mais une grosse baraque à frites prit un peu mal le fait que Cody se rapproche de sa copine et c'est ainsi que le Lowell se retrouva jeté dans la rue, légèrement alcoolisé et le crâne habillé d'une paire de lunettes construite avec des néons. Pratique, pas trop visible dans la nuit, non non. Malheureusement pour la passante qui vagabondait pile dans cette ruelle au moment où il fut poussé à l'extérieur, Bleeker la percuta de plein fouet. Désolé, il grimaça, comme pris soudain de vertige. Mon dieu, il n'aurait pas dû mélanger burrito et mojito. « Pardoooon, j'ai glissé, y avait une marche et … Y avait aussi un videur en fait. Un videur plus qu'une marche pour être précis. » Il n'était pas convaincu que sa phrase avait vraiment du sens, mais si cette inconnue avait compris le premier mot, alors c'est bon, elle avait tout compris.

J'avais continué de marcher sans avoir aucune idée d'où j'allais. J'aurais voulu continuer à boire mais tout semblait à présent fermé. Tout, sauf une boite encore éclairée. Ca me redonnait le sourire ça. Je m'approchais alors et avant même que je ne puisse rentrer à l'intérieur, un homme me percuta. Aie lachais-je alors assez fort - l'alcool n'arrangeant pas les choses. Mes chaussures tombèrent alors par terre et je ne pu m'empêcher d'être attirée par le visage de l'homme qui était orné de lunettes lumineuses. Et ben, ça en fait beaucoup des obstacles dans cette boite. Je me baissai alors pour prendre mes chaussures et les mettre à la même occasion. Sympa tes lunettes lui dis-je en rigolant. Puis je les lui pris pour les mettre sur mon visage. Je devais avoir l'air aussi bête que lui quelques instants plus tôt.

S'il avait su qu'il provoquerait une collision entre Spring Breakers, Cody aurait fait attention, il aurait mieux calculé sa sortie de boîte quoi, il aurait opté pour quelque chose de moins théâtral. Mais que voulez-vous, c'était à ça qu'on reconnaissait un artiste, un vrai, que dis-je, un Lowell. « Tellement d'obstacles que j'ai l'impression d'être un poney. J'te conseille pas cette boîte. Si tu voulais y aller, oublie. » Et leur vie n'était pas rose, il fallait blâmer les génies qui avaient inventé les Petits Poneys. Cody laissa l'inconnue lui voler ses lunettes-néons sans broncher, se disant qu'elle serait sûrement mieux sur sa tête que sur la sienne. Puis il venait de la bousculer, il lui devait bien ça. « Je te les donne, elles sont pratiques si t'as l'intention d'attendre le bus. Il te verra et il s'arrêtera, enfin normalement, j'ai pas essayé à vrai dire. » termina-t-il songeur avant de se prendre le pied dans quelque chose au sol. Il s'accroupit et tâtonna sur ce qui ressemblait vaguement à un escarpin. « Tu me crois si je te dis qu'il y a une débile qui a perdu ses chaussures dans la rue ? » se releva-t-il, hilare, sans penser une seule seconde que la débile en question portait ses lunettes et était face à lui.

nope fais-toi plaiz :roxy: 

Il me fit rire à la première seconde. C'est une particularité qui m'a tout de suite plu chez lui. Bon ok... Mais dans ce cas-là aide moi à en trouver un autre ! lui dis-je tout sourire. Ca me dérangeait pas du tout d'être accompagné par lui, au contraire, il avait l'air plutôt sympa. Et extrêmement bourré vu sa deuxième remarque qui me fit à nouveau rire. Ouais enfin je pense pas qu'à cette heure-ci il y en ait la masse qui circule... A 5heures du matin, il n'y avait aucune chance qu'on croise un bus. Tout le monde avait l'air de dormir ici. J'avais l'impression qu'il y avait plus que lui et moi. 2 personnes totalement bourrés qui trainaient dans la rue. Alors que assise, en train de mettre un chaussure je relevai les yeux vers le mec. Mais c'est toi le débile ! Tu vois pas que je suis en train de les remettre ? Je me mis à rire et je repris Et je te prierai de me la passer sur le champ dis-je avec un air sérieux, même si mon sourire me trahissait.

Le service était exécrable, Cody déconseillait vivement cette boîte et pour cause, on l'avait jeté dehors comme un malpropre. Mais finalement, en y réfléchissant davantage – ce qui n'était pas chose facile vu l'état – il n'aurait pas fait la connaissance de Cory sans ça. « Une autre boîte ? Euh ouais, attends, tu m'as pris pour un GPS ? » Ou pour un guide de touriste, no sé, les GPS ne recensaient pas les clubs, si ? Grande question qui méritait grande réflexion. Mais pas maintenant, maintenant Cody était trop occupé à marcher sur une chaussure qui n'était pas la sienne, traitant impunément et sans le savoir Cory de débile. Il fit les gros yeux quand il comprit son erreur, mais pas désolé pour autant. Au contraire, il tentait de se justifier ; « Ben eeeh pourquoi tu les as enlevé aussi ? À mon avis, t'as un grain. » Venant de lui, c'était Joséphine ange gardien qui se foutait de la charité. Il s'accroupit de nouveau, ne cédant pas aux attentes de Cory qui souhaitait récupérer son soulier, ce qui était une bonne chose car ça éviterait de nouveaux accidents, ceci dit. Hilare, il répliqua ; « Tu ne veux pas qu'on refasse la scène dans Cendrillon ? Dans le noir, je suis le prince charmant le plus beau gosse que tu verras jamais. » Ce qui le faisait rire, c'était qu'il n'était pas du tout branché conte de fée, romantisme et tout le tralala niaiseux.

Je n'avais jamais pensé rencontré quelqu'un comme lui ce soir. J'étais agréablement surprise. Il était totalement bourré mais étant dans le même état que lui, ça me faisait sourire. haha dis pas ça ! j'en suis sur que tu crèves d'envie de te retrouver avec moi dans une boite... présenté comme ça, ça faisait un peu rentre-dedans, mais après tout, ça ne me gênait pas. Il était plutôt mignon et puis je n'avais pas forcément envie de passer cette dernière soirée seule... ehhhh j'ai pas de grain. T'as jamais marché pieds nus ? C'est troooop agréable. Non, je n'en rajoutais pas du tout des tonnes... Alors que je voulais simplement qu'il me rende ma chaussure, il voulait me faire patienter... J'étais toujours assise et je le regardais toujours avec les lunettes que je lui avais dérobées. Je levai alors mon pied, incliné vers le bas et lui dis Ô mon prince, aurais tu l'amabilité de me chausser ?

Cody dut réfléchir au moins trente secondes pour comprendre les paroles de Cory. Elle lui faisait une proposition indécente ou l'invitait juste à aller en boîte ? Ah les femmes, déjà qu'il fallait mille ans pour les comprendre quand on était sobre, alors ivre, imaginez le calvaire. Bleeker opta pour la nonchalance, hochant vainement les épaules ; « J'vois pas qui refuserait d'être dans une boîte avec toi. » En même temps, c'était vrai. « Pas dans la rue, j'ai trop peur de perdre mon pied. Si tu veux on marchera ensemble pieds nus sur la plage. » À son tour de balancer les propositions indécentes, ouuuuh. Ou pas. Il s'agenouilla devant elle, tenant la chaussure comme s'il conservait précieusement le Graal entre ses mains et dut faire preuve d'une grande concentration pour ne pas louper sa cible. Il n'avait pas l'air de galérer autant le Prince Charmant, dans le film. En même temps, il n'y avait pas d'ambiance à son bal à part le chaussage du soulier. Une fois mis et pas franchement convaincu, Cody se redressa et croisa les bras ; « J'trouvais ça romantique dans Cendrillon. » Parce qu'en vrai, tout ce qu'il faisait, c'était lui remettre sa pompe. La magie était à son niveau le plus bas.