i tought i lost you (+haylena)

Je déambulais dans les rues, pour une fois j’étais à pied, j’avais délaissé mon skate, préférant la marche, à vrai dire, mes côtes étaient encore trop fragiles, elles me tiraillaient encore et des rictus s’affichaient encore sur mon visage blafard à cause de la douleur qu’elles m’infligeaient. Il était tard, peu de monde circulait dans les rues éteintes de la ville, c’était rassurant, presque apaisant pour moi, ça me permettait de souffler, et je pouvais me fier au silence, en profiter pour me ressourcer. Le moindre bruit me faisait sursauter, la moindre personne me paraissait suspecte, j’étais devenu parano ou un truc du genre, conséquence de mon voyage à Paris. À l'aéroport, lorsque l’on m’avait demandé si mon voyage depuis les États-Unis était pour le plaisir ou pour le travail, j’avais répondu ‘aucun des deux’ avec un visage plus que dépité. Quand le contrôleur m’avait vu pour le voyage de retour en compagnie de Poppy qui était dans le même état que moi, il avait compris, se faisant probablement des films mais peu importe, il savait que ma vie avait été tourmentée dans la capitale. Je marchais toujours, sans m’arrêter, j’avais un réel but, celui de rejoindre l’habitation de Milena. À notre retour de voyage, j’avais directement repris l’avion pour trouver Paris dans la capitale française, et c’est là que les ennuis avaient commencé, aucune chance pour moi de contacter la blonde, et pourtant, je n’avais arrêté de penser à elle, et surtout à Robyn qui était toujours disparue. Je me devais de la voir, je le voulais, je souhaitais la rassurer, lui dire que j’étais rentré, que j’allais à nouveau l’aider à retrouver sa fille, je voulais m’excuser pour ma disparition, je voulais faire tout ça à la fois et pourtant aucun mot ne sortait, je n’arrivais pas à formuler une seule et unique phrase dans mon foutu crâne. J’avais presque sauté de l’avion pour courir dans toute la ville afin de rejoindre son habitation… Je n’avais plus de portable, et à vrai dire, j’avais besoin de voir son visage. Arrivé chez elle, je toquais alors, m’appuyais contre la porte, portant une main à mes côtés. Mon visage était encore rouge à certains endroits, on pouvait y voir des coupures et des traces de coups. Alors qu’elle ouvrait la porte, je lâchais un long soupir, mes yeux se plissant de bonheur, un sourire se dessinant sur mon visage. « Oh Robyn… tu l’as retrouvé. » Mon cœur était soudainement léger, j’étais heureux de voir le visage de la petite. J’entrais alors, chancelant, faut dire que la marche venait littéralement de me tuer. Je me retournais alors vers mon amie, et lâchais « Je suis désolé de pas t’avoir aidé, de ne pas avoir été là de… »

Je tenais à peine debout, mes côtes me faisaient terriblement mal et je rouvrais mes cicatrices dès que je tentais de sourire ou dès que j’étais trop expressif. Dire que j’avais réussi à prendre l’avion pour revenir à Cambridge, finalement j’étais peut-être résistant à la douleur, du moins pendant un temps. Je n’avais pas lancé un seul mot pendant le trajet, je m’étais contenté de fixer le hublot, restant amorphe, subissant mes douleurs, appréciant tout de même la morphine que j’avais pu trouver dans l’endroit où j’avais été retenu. A vrai dire, je n’étais pas en état de prendre l’avion et pourtant je l’avais bel et bien fait. Je ne voulais plus revoir Paris, ni remettre qu’un pied, ça ne ferait qu’une ville de plus à rayer de la carte pour moi, je l’ajouterais sur ma liste après le bal de fin d’année et le Spring Break. Je relevais le regard sur Milena qui semblait dévastée par mon état, j’avoue que j’aurais pu faire un effort pour paraître présentable mais je n’avais plus mon téléphone, je n’aurais donc pas pu la contacter avant quelques jours, la voir était un besoin urgent, pressant, à vrai dire j’avais trop de choses à lui demander au sujet de sa fille, j’étais prêt à repartir pour la chercher, quitte à succomber à mes blessures. Je posais d’ailleurs mon regard sur Robyn qui paraissait en bonne santé, elle me décrocha un sourire qui se transformait par la suite en rictus alors que je passais le pas de la porte. Je baissais alors la tête, j’étais presque honteux de me montrer sous cet air, avec toutes ces marques, j’étais tout de même proche de cette gamine, et puis même, ça ne devait pas être beau à voir pour une fille de cet âge. Je suivais alors Milena jusqu’à son canapé alors qu’elle m’aidait. Je raillais quelques secondes en prenant place puis je me taisais, la regardant faire. « Je ne suis plus à ça prêt… » Je fixais son visage pendant qu’elle pansait mes plaies. Comment lui raconter ce qu’il m’était arrivé ? Je n’arrivais toujours pas à digérer la chose et mon estomac était encore retourné par les événements. C’était trop cruel, trop immonde, jamais elle n’accepterait ce que j’avais fait pour sauver ma peau ainsi que celle d’une amie. Je fronçais alors les sourcils, elle venait vraiment m’annoncer qu’elle pensait que je l’avais rayé de ma vie ? « Milena comment tu peux penser à une chose pareille ? Je ne t’aurais jamais abandonné, surtout pendant une telle situation… je veux dire, avec Robyn. J’ai juste eu… des problèmes, des empêchements… »