EILEEN ana HAMILTON ♦ ft. Rachel McAdams

Les Hamilton, Robert et Judy, avaient déjà deux merveilleux fils à leur actif, Andrew, 5 ans et Derek, à peine 2 ans. Ils habitaient une charmante petite maison aux abords de Seattle, dans l’état de Washington. Robert Hamilton était conseiller dans une boîte d’import-export et Judy Hamilton venait de reprendre son boulot d’infirmière après son congé parental. Un soir, elle rentra à la maison et annonça à son mari qu’elle avait fait une prise de sang à l’hôpital et qu’elle était enceinte. La nouvelle fut accueillit avec joie, bien qu’un troisième enfant ne fût pas vraiment au programme. Mais Judy rêvait secrètement d’une petite fille, et ses vœux furent exaucés le 12 février 1989, deux jours avant la St Valentin, lorsque la petite Eileen vint agrandir la famille. Une jolie petite fille blonde aux yeux bleus-verts, qui pouvait y résister ? De toute évidence personne, puisque la petite Eileen a toujours réussi à mener son petit univers à la baguette. Un peu capricieuse mais terriblement irrésistible, on lui concédait tout. Entourée des ses deux grands frères, elle se sentait protégée et développa un sacré caractère face à eux. Très sociable avec ses camarades de classe, elle eut une enfance heureuse et tout ce qu’il y a de plus normale.



Vous vous souvenez de cette fille que vous détestiez au lycée ? Celle qui est belle, que les profs adorent, qui récolte les meilleures notes, qui vous prend de haut, qui semble parfaite et vous le fait bien savoir. Elle sort avec le plus beau garçon de l’équipe de basket du lycée et n’est jamais vu sans sa petite bande d’idiotes accrochées à ses talons hauts. Le typique cliché de la blonde qui ne passe jamais inaperçue dans les couloirs, qui a sa propre table à la cafétéria et que vous avez envie de frapper violemment contre les casiers lorsqu’elle vous jette ce petit regard condescendant dont elle seule a le secret. Cette fille, c’était Eileen. Elle était terriblement jolie et intelligente, alors que pouvait-elle faire d’autre ? Etre comme les autres, banales et médiocres ? Certainement pas. Eileen était arrogante, sûre d’elle, elle voyait bien que son intelligence était bien supérieure à celle des autres et que les garçons bavaient devant elle. Elle devint donc une peste, de la pire espèce, se moquant de l’insignifiance des autres. Alors qu’elle était en dernière année de lycée, elle tomba accidentellement enceinte de son petit ami, un basketteur pas très futé avec qui elle s’ennuyait franchement. Elle avorta sans le dire à personne, les larmes aux yeux en sortant de la clinique du planning familial, et rompit avec le père de l’enfant. Après tout, pourquoi devait-elle rester avec quelqu’un qu’elle n’aimait pas même si il était le plus en vue du lycée ? Cela n’avait aucun sens. Ses parents lui offrirent un voyage dans le pays de son choix après avoir été diplômée du lycée. Elle choisit l’Inde, car Eileen adorait les films bollywoodiens. Elle découvrit que derrière le glamour du cinéma la réalité était toute autre. La pauvreté qui touchait ce pays et néanmoins le bonheur qui habitait ces citoyens la surprit. Elle fit le tour du pays, vécut dans des ashrams et comprit que la vie ne se résumait pas à son taux de popularité au lycée, qu’il y avait autre chose qui habitait ce monde, plus grand et plus fort.


L’excellence dont faisait preuve Eileen au lycée lui permit d’intégrer la prestigieuse université d’Harvard. Elle voulait y étudier l’économie, passionnée par les chiffres et l’influence qu’ils avaient sur le monde. Son ambition était de devenir une femme influente dans le monde de la finance et elle y travaillait dur. Harvard était un endroit magique. Elle pouvait tout recommencer à zéro, loin de la charge de ses parents et de sa réputation de peste. Car Eileen avait changé, c’était incontestable. Elle voyait la vie avec d’autres yeux, ne passait plus son temps à se regarder le nombril et à s’inquiéter de ce que les autres pouvaient penser d’elle. Elle aimait rencontrer de nouvelles personnes d’horizons différents, sans jugement, et s’était créé un réseau d’amis et de connaissances avec qui elle aimait passer du temps et faire la fête. Car oui, malgré ses études studieuses, Eileen sortait beaucoup et ne faisait pas la fine bouche devant une soirée de beuverie comme celles qu’on expérimente qu’à l’université. Elle fréquentait différents garçons mais ne parvenait jamais à s’attacher, à créer de réels liens. Et un jour, il arriva. Il était grand, beau, intelligent et charmeur. Il était également marié et avait deux fois son âge. Mais Eileen ne pût y résister. Il était incroyable, elle pouvait parler de tout, se fondre en lui. Ils aimaient les mêmes choses et passaient des heures à discuter de tout, de la vie, de l’amour. Leur relation était brûlante, passionnelle, des nuits torrides et des matins complices. Eileen se renferma dans cette histoire, restant dans sa chambre à attendre son appel, complètement dévouée à un homme qu’elle aimait éperdument. Elle ne sortait plus que rarement et se détacha peu à peu de ses amis. Leur liaison dura plus d’un an, et se termina brusquement. Il ne voulait plus d’elle, lui disait qu’il aimait sa femme et qu’il ne pouvait plus lui faire ça, que ça le tuait. Et, elle, que pouvait-elle ressentir alors ? Eileen en fût dévastée, elle se sentait trahie, meurtrie. Il lui fallut plusieurs mois pour rire à nouveau, reprendre sa vie en main et ne plus penser à celui qui l’avait tant fait souffrir. Ses études furent sa planche de salut, elle s’y plongea corps et âme et obtint sa licence.


Cela fait maintenant presque cinq ans qu’Eileen est à Harvard. Elle prépare une maîtrise en économie et a réalisé un stage dans une société de finances l’été dernier. Elle sort à nouveau le soir et ne donne plus que dans les aventures sans lendemain, s’épargnant ainsi de nouvelles souffrances inutiles. Elle aime son quotidien à Harvard et se concentre de plus en plus sur la construction de sa carrière. Vous vous demandez d’où vient la mèche rose dans ses cheveux ? Le résultat d’un défi perdu lors d’une fête bien arrosée.