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- « Encore je tombe, la chute est longue, je dors éveillée. Des lumières sombres, éclairent les ombres des rêves oubliés. Au loin tu m’appelles, les mots se répètent lentement. La voix des sirènes m’attire et m’entraîne vers le fond. »
Elle est là, la musique dans la tête, son gros ventre sur le point d’exploser. Elle sait qu’elle n’est qu’à quelques semaines d’accoucher, et ça lui fait un bien fou de penser ça. Parce qu’enfin, elle va pouvoir avoir une vie normale : certes, il y aura cet enfant, mais elle retrouvera un semblant de féminité. Ce n’est pas qu’elle ne l’est pas là, non au contraire : elle prend soin d’elle, même un peu trop parfois. Seulement, elle ne fait plus le même effet sur les garçons, et ça l’énerve un peu : il faut dire que, mademoiselle, aime bien voir le désir dans le regard des hommes. Elle sourit : elle est heureuse. Enfin, elle a retrouvé un semblant de joie. Parce qu’il faut dire que, depuis qu’ils se sont quittés, elle a du mal à vivre : mais elle le fait pour le bébé. Oui, elle parle bien de son Monsieur, de Micah, l’homme pour qui elle aurait fait n’importe quoi. Elle soupire : elle n’aime pas vraiment en parler, ni en penser. Et pourtant, elle porte son enfant. Son enfant… Et lui qui croit qu’elle a avorté, 8 mois et quelques auparavant. C’était désolant, triste, et elle était furieuse de son comportement : oui, parce qu’il l’avait laissé tomber. Il l’avait clairement abandonné avec cet enfant. Elle soupire encore et secoue la tête, comme d’un commun accord avec elle-même pour ne pas y penser. Dans sa chambre, elle avait décidé de sortir un peu, histoire d’être à l’air pur. Et comme on lui a toujours dit : il faut être jolie, dans n’importe quelles conditions. Alors, elle s’est habillée d’une jolie robe rose, après s’être informée du temps, et elle a juste pris une veste au cas où. Et elle eut bien fait : dehors, un petit vent s’était levé. Munie d’une paire de ballerine à ses pieds, elle se mit à marcher alors, en direction du parc. Elle trouvait que l’ambiance de ce lieu était telle qu’elle la mettrait de très bonne humeur. Car il faut dire qu’elle avait passé une très mauvaise nuit : entre réveil parce que monsieur –ou mademoiselle d’ailleurs- n’avait pas envie de dormir, ou alors parce qu’elle faisait des cauchemars, elle avait vécu de meilleures nuits. Elle marchait donc, les cheveux dans le vent, sa peau se nourrissant du soleil qui surplombait toute la cité universitaire. Oui, c’était une belle journée : et c’est ça qui la fit sourire en ce moment même. Cela, et ce bébé qui frappait dans son ventre, comme une envie qu’elle le caresse. Alors elle posa sa main dessus, tout en marchant, le grand sourire aux lèvres. Elle croisa une amie à elle, qui était raide dingue du bébé. Elles riaient ensemble, parlaient et plaisantaient. Elles discutaient de mecs, de cours, des nouvelles fêtes prévus, et du bébé. Surtout du bébé. Annalisa s’amusait avec ses amis : ça l’aidait à oublier cet homme, qu’elle n’arrivait même plus à détester ; en fait, elle se détestait elle-même de lui avoir mentit. Parce que son regard lui avait brisé le cœur : mais elle n’avait pas eu le choix, pour son bien et pour celui de son enfant. Car après tout, si il les avait abandonné dès le début, qui lui aurait assuré qu’il n’aurait pas fait pareil durant la grossesse ou pire : après la naissance. Non, elle n’avait pas pu prendre ce risque. Alors elle avait été méchante, comme elle savait si bien le faire. Et elle était partie à son tour, le laissant dans ce parc, planter près de l’eau et des canards. Une vision qui lui avait brisé le cœur et qui l’avait détruite pendant plusieurs semaines : elle était hantée par son souvenir, mais n’était pas prête à le revoir. Elles se sont dit au revoir, et Annalisa l’a contourné pour continuer son petit tour dans le parc. Elle regardait tout autour d’elle, se délectant des odeurs, de la vue, des couleurs des fleurs, des oiseaux aux multiples couleurs. Oui, tout dans ce parc l’attirait, et elle ne regretta pas d’être venu ici : parce que le sourire qui ornait son visage était la preuve qu’elle était de nouveau de bonne humeur. Seulement, celle-ci ne dura pas très longtemps. Enfin du moins, elle fut de nouveau mal lorsqu’elle percuta quelqu’un. Elle baissait la tête un instant, regardant d’un coup son ventre, comme d’un vieux réflexe : non il n’avait rien, son bébé n’avait rien. Elle n’avait pas mal, signe que rien n’était grave. Alors elle posa une main sur son ventre, comme rassurée, et dans un soupire de bonheur, elle redressa la tête et vit quelqu’un qui lui fit reculer de trois pas. Micah se tenait ici, devant elle, comme si de rien était : et elle, elle se sentait incroyablement mal. Comme pour le protéger, elle posa ses deux mains sur son ventre, et elle fuyait son regard. « Désolée de t’avoir bousculé » Elle le contourna alors, incapable de faire face à tout ça. Non, c’était trop dur, trop douloureux : elle avait souffert trop de temps de toute cette situation… Elle ne pourrait pas se tenir devant lui et lui dire la vérité. Non, il était clair qu’elle n’était pas prête, tout simplement.
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