Je vais vous lire quelques passages du journal intime de ma mère, Maria, vous comprendrez peut-être de quel monde infecte je suis issue.
JUILLET 1979
Cher journal, une fois de plus, Alejandro a osé lever la main sur moi, je ne supporte plus cette vie, j'aimerai tellement la quitter, quitter ce monde, mais je ne peux pas, j'aurai trop honte de faire ça, alors que ma mère a souffert pour me mettre au monde, alors qu'elle a perdu la vie en me mettant au monde. Mais ce métier devient trop dure, travailler au Bordel est la seule chose qui me fasse gagner autant d'argent et ça, Alejandro ne le supporte pas, quant à moi, je ne supporte plus ses coups à répétition, il me bat, j'en ai des marques, ses marques qui resteront à jamais marquées sur mon corps ...
AOÛT 1979
Mon fidèle journal. J'ai une nouvelle à t’annoncer, je suis enceinte. C'est une catastrophe, je ne sais même pas qui est le père, et si cela venait aux oreilles d'Alejandro ... Je ne préfère même pas penser à ce qu'il me ferait. C'est mon mari mais ce n'est peut-être pas le père de l'enfant que je porte. Tout ces doutes sont due à mon travail, je ne sais pas si son père est l'un de mes clients, ou bien Alejandro. Je mène une vie catastrophique, chaotique. Devrai-je vraiment mettre cet enfant au monde ? ...
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Je suis née le 10 Avril 1980 à Buenos Aires, en Argentine, mais je n'ai pas grandit la-bas, et heureusement pour moi, je n'ose même pas m'imaginer ... moi, vivant dans un bidonville, travaillant au bordel comme ma mère et vivant avec un homme qui me frapperait pour un oui ou pour un non. Heureusement pour moi, si je peux dire ça comme ça, j'ai été adoptée, par une famille ne pouvant pas avoir d'enfant. Ma mère adoptive était stérile. Ce que j'ai adoré chez cette famille, c'est le fait qu'elle soit mexicaine, j'ai donc grandit dans un milieu hispanique. Mais bon, je vais entrer un peu plus dans les détails.
J'ai été adoptée par Paula et Eduardo Di-Rosa, ils m'ont appelée Caitlyn Maria, Caitlyn était un nom qu'ils avaient toujours aimé, quant à Maria, et bien, c'était le prénom de ma mère biologique. J'ai grandi dans un foyer rempli d'amour, dans le New Jersey, j'habitais une belle petite maison et j'avais absolument tout ce que je voulais, j'étais leur petite Princesa. Ils cédaient à tout mes caprices et je le leur rendait bien, en maternelle et pendant la primaire également, je n'avais que des points verts, ou des bonnes notes, j'étais l'élève exemplaire. J'étais inscrite à la danse, une vraie danseuse étoile, una bailarina elegante y magnifica comme ils avaient si bien l'habitude de me le dire. Je ne manquais de rien.
Je ne vivais pas dans le mensonge, ni dans le secret, c'est pour cela qu'à mes 11 ans, ils m'ont avoué mon adoption, et personnellement, si je m'en souviens bien, ça ne m'avait pas vraiment affecté, pour moi, c'était Paula et Eduardo mes parents, c'est eux qui m'avaient élevée et personne d'autre, mais je tenais tout de même à rencontrer mes vrais parents, afin de les remercier, car s'ils n'avaient pas prit cette décision, je ne serai pas là aujourd'hui, je serai sûrement morte.
Mes parents adoptifs avaient accepté de m'emmener dans mon pays natal, dans ma ville natale, afin de rencontrer mes vrais parents. Arrivés là-bas, dans ce bidonville, j'étais comme paralysée. J'avais l'impression d'être dans une déchetterie, nous avions d'ailleurs beaucoup de mal à retrouver la demeure de mes vrais parents, mais bon, comme tout le monde connaissait ma vraie mère, la recherche fut de courte durée. Elle était là, allongée sur un vieux matelas, posé sur le sol. J'en avais les larmes aux yeux. J'étais heureuse et triste à la fois. J'étais heureuse de ne pas vivre ici, mais triste que ma vraie mère y vive. Elle était toute pâle, elle parlait d'une voix à peine audible. Elle nous avait annoncé qu'elle n'en avait plus pour longtemps, qu'elle était atteinte d'un cancer des reins et que mon père, quant à lui était déjà mort depuis longtemps. Elle ne m'avait pas dit la raison à l'époque, et d'ailleurs je ne la connais toujours pas.
Je ne voulais plus rester en Argentine, pas une journée de plus, et mes parents adoptifs l'avaient bien compris, mais avant notre retour aux USA, ma mère m'avait donné son journal intime, elle m'avait dit que j'en apprendrais beaucoup plus sur elle, sur sa vie, sur la mort de mon père avec ça, que j'en apprendrais également plus sur ma vie. Et aujourd'hui, si je ne connais pas les raisons de la mort de mon père, c'est que je n'ai pas finie de lire son journal intime, il faut dire qu'il y a des passages vraiment horribles, et peut-être que ma tête, mon coeur, mon esprit ne voulaient pas que j'en connaisse d'avantage sur lui, vu l'homme horrible qu'il avait été avec Maria, avec celle qui m'avait mise au monde.
J'étais de retour dans le New Jersey, j'étais dans ma chambre et je serrai son journal intime fort contre moi, je sentais les larmes couler lentement sur mes joues. Je m'allongea alors sur mon lit et commença à feuilleter quelques pages et rien que ces quelques pages me firent éclater en sanglot. Je lisais chaque jour une nouvelle page de son journal, elle racontait tout en détails, mais plus les pages passaient, moins elle en racontait. Mais que cachait-elle. Un an plus tard, j'avais 12 ans, je rentrais de l'école, et je pris la décision de lire encore quelques lignes. Une page de Juillet, et une page d'Août. Ma mère travaillait donc dans un Bordel, elle se prostituait pour ne gagner que quelques piécettes et mon père, Alejandro la battait. Je ne pouvais plus le supporter, je rangea son journal intime au fond de mon armoire, pour ne plus le ressortir de sitôt.
Ma mère, Paula, m'avait appelée à l'étage du dessous, elle avait son téléphone à la main, elle avait l'air tellement triste. Avec sa main de libre, elle prit la mienne et m'annonça qu'on venait de l'appeler pour lui dire que Maria était morte. Je n'avais eu qu'un an pour la connaître, et elle me quitta aussitôt. Je n'arrivais pas à m'en remettre et les jours qui suivirent furent encore pire. J'entra dans ma phase de grande dépression. Mes parents ne me reconnaissaient pas, et cela dura 4 ans, je m'habillai tout de noir, j'avais les cheveux noirs, mon maquillage était noir, j'avais l'apparence d'une ... je ne saurai même pas décrire ce à quoi je ressemblais, je ne disais aucun mot.
A mes 16 ans, je me suis dis que c'était finie, qu'elle était partie, mais que moi j'étais encore là et qu'il fallait que je me reprenne donc en main. Et c'est ce que je fis.
J'avais 23 ans, j'étais marié à un bel américain, Andrew, que j'avais connu à l'université d'Harvard, car oui, c'est ici que j'ai étudié, à Harvard. Nous vivions dans une grande villa, car il était riche, il était issu d'un famille très aisée, nous avons vécu 11 ans ensemble, et il m'a trompé. Nous avons divorcé et plus de la moitié de son argent m'est revenu. Suite à ça, j'ai postulé pour devenir enseignante de langues vivantes à Harvard, mon ancienne université et j'ai été prise très rapidement. Disons que les premières années passèrent sans accro, sans problèmes mais dès que j'eus mon premier flirt avec un élève, les soucis arrivèrent en trombe. Je tomba enceinte de l'un d'entre eux et cette grossesse ne fut pas aussi merveilleuse que je pourrai le laisser entendre.
Premièrement, cet étudiant ne voulait pas de l'enfant jusqu'à ce que l'on ait une longue discussion au cous de laquelle je lui raconta à peu près toute ma vie, mon problème m'empêchant d'avoir des enfants, etc ... et il accepta cette grossesse, promettant d'être là pour moi. Alors que je commençais à avoir des sentiments pour lui, il m'informa qu'il était en couple avec son ex petite-amie, avec qui il avait eu un enfant (mais celle-ci le perdit). J'appris par la suite que j'attendais des jumelles mais l'une mourra ce qui me fit perdre la tête. Je quitta la ville ne laissant qu'une simple lettre au père de mon enfant mais après avoir retrouvé mes esprits, je revins à Cambridge, l'annonçant d'ailleurs au père. J'eus une longue discussion avec lui au cours de laquelle je lui annonça l'existence puis la mort de la jumelle et mon état de santé. J'accoucha prématurément, à 7 mois de grossesse, précisément avant le spring break en Thaïlande. Je perdis également ma meilleure amie qui se suicida sous mes yeux. Ensuite, l'une de mes collègues qui sortait avec mon ex-mari tenta de me tuer, car il m'aimait toujours. Comme si j'en avais quelques choses à faire (car la raison pour laquelle je l'ai quitté, c'est son infidélité) ! Cette femme finit à présent ses jours dans un hôpital psychiatrique.
Disons qu'à présent je suis célibataire et que je suis mère d'une petite Maria. Sincèrement, mon futur est incertain, je suis perdue et je me sens seule. Tous les hommes pour qui j'ai de sentiments finissent avec une autre et j'ai l'impression d'être bonne pour une nuit mais pas pour la vie. J'ai été dans une phase de dépression pendant un moment, pensant même à me suicider mais je remonte la pente petit à petit.