(loukas) and now i feel like if my whole world is falling apart, again.

L’Afrique… ce n’était pas vraiment la destination de rêve pour moi, surtout après le Spring Break, mais je m’y étais rendu bien gentiment en compagnie de la clique des Winthrop et de celle des Dunsters, en même temps, avais-je le choix ? Le paysage était morne, tout cela m’ennuyait, ça manquait de pep’s, de fête, ce n’est pas que je n’aimais pas aider des enfants pauvres et regarder des pseudos spectacles locaux, spectacles interprétés par des acteurs bien évidemment, mais disons que j’aurais préféré occuper mon temps d’une meilleure façon. Les filles Dunsters étaient peu farouches, parfois même ennuyeuses et les Winthrop n’étaient que des mecs donc n’en parlons pas. Disons que je prenais une légère période de sevrage d’ébats, mais ça allait être mon seul manque durant son voyage, je m’étais personnellement assuré d’avoir toujours une réserve de produits qui allaient me permettre de m’évader. Assis sur un vulgaire tronc, fixant le sol poreux, j’attendais que le temps passe. Tout le monde était rentré ou presque, j’entendais quelques personnes parler, rien de plus. Je soufflais longuement et relevais alors mon regard sur une silhouette que je connaissais bien. Je décidais alors de me lever pour la suivre, elle qui visiblement n’était pas dans un super état. Je l’observais alors un moment se débattre avec lui-même et s’asseoir comme si ses jambes ne pouvaient plus le porter. Les mains dans les poches, je m’approchais de lui et me calais derrière lui, contre le tronc d’arbre. « C’est horrible comme sensation hein ? »

Je ne me souvenais même plus à quel âge j’avais commencé à tomber dans l’addiction, que ce soit pour les femmes, la drogue ou même l’alcool. Ma vie n’était faite que de ça, des addictions mais également le manque produit par celui-ci. Oh il existe en ce bas monde des tas d’addictions, et je ne le crierai pas sous les toits, mais les miens étaient ceux cités auparavant. J’en parlais ouvertement, je prônais l’avantage de la drogue et de l’alcool pour l’évasion et du sexe pour le bien de ce monde, j’étais en quelque sorte le mec le plus volage et le plus drogué d’Harvard, du moins celui qui ne le niais pas, car au fond, j’étais sans tabou, je ne voyais pas pourquoi je devais me cacher à ce sujet, j’étais ainsi, rien n’allait me changer, point final. Un sourire sur les lèvres, je m’accoudais à l’arbre juste derrière Charlie qui était visiblement en mauvaise posture, je n’allais pas dire que ça me plaisait de le voir ainsi, seulement j’étais quelque part fier de lui d’avoir enfin franchi le pas pour venir dans la cour des grands, lui qui avait toujours été l’élève-modèle ; le fils que l’on félicite. Quelque part, il me faisait penser à mon frère, toujours studieux, le mec dont tout le monde parle des étincelles plein les yeux parce que lui réussira sa vie, foutaises, ce mec était plus stupide qu’un autre mec du genre. L’exception était que j’appréciais Charlie depuis notre rencontre au lycée, or j’avais détesté mon frère dès le premier jour. « Pas vraiment, disons que je ne me laisse pas le temps de la connaître. » Je faisais alors une légère moue et me contentais de hausser les épaules, c’est vrai que je ne laissais jamais mon corps me réclamer quoi que ce soit. Une autre addiction également, le sport, j’étais un féru de sport, il ne se passait pas une journée sans que je ne cours pas ou me mette à faire des abdos, et depuis que j’étais en Afrique, ça me manquait de plus avoir la liberté de boxer ou de plaquer des mecs à l’entraînement de football américain. « Mec, tu crois vraiment que je viendrai m’enterrer dans ce trou à Rat sans rien ? » Je me mettais légèrement à rire puis je venais m’asseoir près de lui. Avant de m’asseoir je retirais une bouteille d’eau que j’avais gardée dans la poche arrière de mon pantalon. Une fois auprès de mon ami, je sortais un sachet et lui tendais.

Durant toutes ces années où j’avais pu côtoyer Charlie, je l’avais vu changer, être heureux, être désespéré, être une victime, mais jamais je ne l’aurais imaginé en parfait petit étudiant drogué. Un large sourire sur mon visage, je le voyais presque dépité en entendant ma réponse. La drogue, c’était un crédo, une addiction quotidienne que je n’essayais même pas de combattre. J’aimais différentes drogues, les effets qu’elles pouvaient me procurer, j’aimais ne plus rien sentir, avoir l’impression d’être sur un nuage, rire de toute et ne plus se souvenir le lendemain de quoi que ce soit. A vrai dire, je m’étais drogué étant plus jeune, durant les fêtes, ce genre de chose, à New York je touchais parfois à la cocaïne ou à l’héros, mais le déclic avait été suite au bombardement qui avait failli me couter la vie, au Nigeria, depuis j’avais testé d’autres drogues, plus discrètes du genre de la Morphine ou de la Vicodine. Je prenais alors place auprès de Charlie, son teint faisait peine à voir. Je connaissais ses antécédents avec la drogue et je n’imaginais pas qu’il allait devenir aussi accro en si peu de temps, mais chaque personne était différente à la drogue, malheureusement pour lui, il faisait apparemment partie des gens les plus démunis face à ces cachets. Je lui tendais alors un sachet contenant des pilules, sur le coup, on aurait dit que j’avais un gosse en face de moi, un gosse admirant ses cadeaux sous le sapin de Noël. Je souriais de le voir ainsi, mais au fond j’étais légèrement dépité. La drogue c’était mon truc, c’était le truc de tout un tas d’étudiants d’Harvard, mais ce n’était pas celui de mon ami. Je laissais alors un silence planer et le regarder se morfondre. J’en profitais pour détendre mes jambes et caler ma tête contre l’arbre, avalant une pilule à mon tour. « Ça va vite ce genre de chose, tu commences à en prendre et puis ça te soulage, et tu n’as même pas le temps de souffler que tu es déjà accro… » Je n’avais pas envie de m’en sortir de ce côté, or je savais que Charlie regrettait déjà ce qu’il venait de faire, et ça faisait peine à voir.

Spoiler:

Je posais mon regard sur mon ami de lycée un instant. Il semblait si soulagé d’avoir pris une pilule que ça en devenait presque inquiétant, à croire que l’effet placebo marchait vraiment étant donné qu’un cachet de ce genre mettait beaucoup plus de temps à agir complètement, à se mêler avec le sang qui coule dans les veines du drogué afin de faire monter l’ivresse en lui. Je n’avais jamais été comme Charlie, tout simplement parce que j’avais tout de suite été drogué et que je ne m’avais pas laissé le temps de combattre ces vieux démons. J’avais souvent tout à disposition et j’étais un fêtard invétéré, tout ce que je désirais, je l’obtenais, surtout si c’était de la drogue. Un sourire se dessinait sur mes lèvres alors qu’il tentait de se justifier, c’est dingue, chaque personne avait beau être différente, c’est toujours cette phrase qui sort au final. « Écoute Charlie… devenir accro ne veut pas dire que tu seras sans avenir, regarde-moi ! » Je bombais alors le torse et me pointais des doigts. Je me mettais ensuite à rire et me calais à nouveau contre l’arbre. « Okay je ne suis pas le bon exemple, je te l’accorde, mais avoue que ça t’a fait rire au moins. » Je regardais alors droit devant moi, calant mon avant-bras sur le genou de ma jambe qui était relevé. Je n’étais pas sans avenir, loin de là, j’avais même un avenir prometteur, mais qu’importe, je voulais qu’il se détente, qu’il pense à autre chose, la drogue aille produire un effet néfaste sur son subconscient sinon. Sourire toujours accroché à mes lèvres, je lui adressais un regard, il était vraiment sérieux là ? « Tu as eu besoin d’un boost et tu es tombé accro, ainsi va la vie… » Je prenais une moue, avec moi ça paraissait normal, en même temps avec un père alcoolique et une mère qui fume des joints à tout bout de champ, je n’avais pas eu d’autres choix que de tomber dedans, Obélix avait sa marmite, j’avais ma pyramide de coke, chacun ces valeurs, ses préférences.