Je ne t'avais pas reconnu ✏ Loukas

Les enchères s’étaient emballées, et pour tout avouer, je ne m’attendais pas à un tel engouement. J’avais été le mec acheté le plus cher, autant dire que les gens autour de moi n’avaient pas fini d’entendre cette histoire dont j’allais largement me vanter. J’étais tout de même déçu que la présentatrice, par gêne arrête ce petit manège, après tout c’était assez drôle à voir. J’avais sorti mon plus beau sourire à toutes les demoiselles qui avaient essayé d’enchérir sur moi, car au final, c’était ma propre sœur qui avait réussi à m’avoir, quelle torture ça allait être, j’en riais d’avance. Une fois descendu de la scène, j’enfilais des vêtements secs après m’avoir essuyé, la prestation de Flashdance avait plu certes, mais dehors, il caillait encore un peu. Je sortais alors rapidement avec l’idée en tête de retrouver une jeune femme, une blonde qui avait levé la main dès qu’elle m’avait vu débarquer sur la scène. Un joli visage, de jolies manières, je voulais en apprendre plus sur elle. D’après des sources sûres, cette demoiselle était une cabot prénommée Birdy, intéressant. Je me dirigeais donc vers la cabot house avec l’espoir qu’elle s’y trouve, et au miracle, bonne pioche, je la voyais s’arrêter et enlever sa chaussure, visiblement un talon cassé. Les mains dans les poches, je m’approchais doucement d’elle, affichant un large sourire. « Un problème Cendrillon ? »

« Très embêtant. » Je souriais à la jeune femme tout en regardant ses talons dans un sale état. Je me retournais alors vers la Cabot House, heureusement pour elle, elle n’avait plus beaucoup de chemin à parcourir pieds nus. Elle avait de la chance de ne pas être en été en heure pétante sinon ses pieds n’auraient pas survécu. Je reposais alors mon regard sur la blonde, lui adressant un léger sourire et me contentais de hausser les épaules. « Te porter jusqu’à ton carrosse peut être ? Il ne faudrait pas qu’une de tes jolies chevilles se foule. » Par carrosse j’entendais sa destination, bien sûr, après tout pourquoi ne pas continuer dans les contes de fées ? Quelque chose m’attirait chez cette fille et j’ignorais quoi, mais j’étais du genre curieux et tenace, je n’allais pas la lâcher avant de le découvrir. « Oh tu sais, je suis plutôt du genre libre, je fais ce que je veux. » Nouveaux haussements des épaules avec un léger sourire, j’avais été acheté par ma sœur, j’étais persuadé qu’elle allait comprendre que je me sois éclipsé un instant. J’observais alors sa douce main venir se poser sur son cou, et je fronçais les sourcils, perplexe. Ce collier me rappelait étrangement un souvenir. La bouche entrouverte, je lâchais, vaguement « Charmant… collier. »

Je toisais l’endroit autour de nous, nous n’étions pas loin de la Cabot House, la jeune blonde n’avait donc pas beaucoup de route à faire, ses pieds allaient être sauvés, encore heureux que la température était agréable et que rien ne traînait sur le sol. Avec un large sourire, j’enfouissais mes mains dans mes poches en soufflant longuement et lâchais « Heureux de l’apprendre. » Je lâchais un léger sourire et l’écoutais attentivement, fronçant les sourcils, elle venait déjà de me décrire comme un type volage qui saute sur n’importe quelle fille ? Alors que je venais juste d’évoquer ma liberté de pensée. Je portais alors une main à mon cœur, faisant mine d’être touché parce qu’elle venait de dire. « Quoi déjà des stéréotypes ? Oh voyons, tu vaux mieux que ça, et moi aussi, je me trompe ? » Je faisais alors une légère moue et reportais mon attention, discrètement, sur son collier, j’étais persuadé de l’avoir vu quelque part, sûrement dans un magazine, sur une pub ou encore chez un bijoutier. Je me mettais alors à marcher en sa compagnie, marchant d’un pas plutôt nonchalant, regardant devant moi. « Je dirais un peu plus de cinq ans, et toi ? »

Je marchais en sa compagnie en regardant droit devant moi, le temps était clément, le soleil réchauffait mon corps lorsque les rayons arrivaient à m’atteindre. Je posais parfois mon regard sur la blonde qui marchait à mes côtés, sa voix était chaude, agréable à écouter. Je lui souriais alors et me mettais à rire en sa compagnie, oui on se foutait de mon cas. « Oh mais ça ne veut rien dire ça, juste que je suis populaire et que j’ai un charme fou, rien ne disait que j’étais volage. Et je crois que mon petit show a vraiment plu, donc… tous les éléments étaient là pour faire monter les enchères. » Je me pinçais alors légèrement les lèvres, j’en connaissais plusieurs qui allaient être dégoûtés du montant de ma vente, moi qui étais récemment devenu un Winthrop. « Oh Berkeley, carrément. Et tu es d’originaire d’où ? Enfin je veux dire, qu’est-ce qui t’a fait venir ici ? » Je faisais alors une légère moue, cette université était également très prestigieuse.