CAMILLE - I really don't like this

I really don't like this

Ce silence. Je crois que c'est lui qui m'avait manqué le plus. A Cambridge, même quand c'est silencieux, c'est bruyant. Ou alors oppressant. Ici, le silence est réconfortant et étrangement sécurisant. Déjà trois jours que nous sommes sur le continent africain, chez moi... C'est bizarre de dire que ma seule famille est au Nigeria alors que je suis né, moi, petit bourgeois à Montpelier, capitale du Vermont. Bordel, je déteste le Vermont ! Je déteste le froid, je déteste le sirop d'érable. Sans déconner, j'ai jamais pu manger cette saloperie... Enfin bref. Je décide enfin à me lever, deux heures que je fixe le plafond de cette hutte avec insistance. Je sors en silence, saluant au passage un vieillard en train de fumer une longue pipe en bois. Au hasard, je fais quelques pas dans le village et je sors de ma poche un paquet de clopes. J'avais jamais fumé. C'est le départ de Lauréane qui m'a fichu en l'air. La cigarette fait crever à petit feu, tant mieux, je mérite bien d'en prendre plein la gueule. Plutôt frustrant : depuis deux mois, je réalise mon rêve d'entrer à Harvard et pourtant, j'ai l'impression d'être plus paumé que je l'ai jamais été. Le bout de ma clope rougeoie dans la nuit alors que je m'installe à côté du puits qu'on a creusé deux jours plus tôt. Un bon boulot. Une sale expérience. Pas le fait de creuser. Creuser avec lui. Je secoue la tête. C'est dingue de pas parvenir à se sortir quelqu'un de la tête. Surtout quand ce quelqu'un c'est lui. Putain, qu'est-ce qu'il m'arrive. Un craquement me sort brutalement de mes pensées. C'est lui. Ce Karma à la con... J'aurais dû m'en douter."Merde ! Tu m'as fichu la trouille !" Je vois déjà mon père hausser les sourcils en m'entendant parler comme ça. Tant mieux.

CREDIT TO KAIJI FROM ILH

(Invité)

Tôt le matin - ou tard la nuit, c’est selon – Camille décida de se lever, n’arrivant plus à dormir. Il y avait des nuits où les cauchemars d’un passé lointain revinrent le hanter. C’était le prix à payer et il l’avait accepté depuis bien longtemps. Le hasard le mit sur la route d’un jeune homme qu’il ne connaissait que de vue, un Dunster qui l’avait attiré plus d’une fois. Blaise. Si ça avait été son pote, il passerait son temps à le chambrer sur son prénom mais il valait mieux éviter, surtout avec un prénom mixte à tendance féminine comme le sien. N’ayant rien de mieux à faire, il le suivit discrètement, attiré par cette nouvelle proie mais aussi par les clopes qu’il avait eu la bonne idée de prendre dans ses valises. C’est au puits construit ensemble qu’il arriva. S’approchant discrètement, ses pieds se heurtèrent contre une branche morte qu’il fit craquer, saisissant l’autre Dunster. A sa réaction, Camille éclata de rire. Tu devrais voir ta tête… On dirait une souris entouré de serpents qui viennent de faire grève de la faim… Il déposa sa main sur l’épaule de l’inconnu, et plissa légèrement les yeux, comme pour s’excuser de son geste. Regardant le puits, Camille se rendit compte qu’ils avaient pas mal bossés ensemble, sans forcément parler. Et pourtant, le regard de Blaise s’était souvent attardé dans celui du jeune homme, ce qu’il n’avait pas compris. On a fait du bon boulot. Au fait, je ne me suis pas présenté officiellement je pense… Moi c’est Camille, si tu ne le savais pas. Et il approcha sa main de la sienne, attendant la sienne, son regard plongé dans le sien, franc et direct.

(Invité)

I really don't like this

Les poils se hérissent sur mes bras quand il pose sa main sur mon épaule. Je fronce les sourcils. Est-ce la surprise qui s'accroche encore ou autre chose. Ce type est une énigme pour moi depuis que je l'ai croisé la première fois. Je pense qu'on pourrait s'entendre mais il y a quelque chose chez lui qui me dérange. Plusieurs choses même. Je me dégage doucement pour lui faire face. J'aurais voulu le mouvement un peu moins précipité mais c'est comme un réflexe. Le même qui pousse une proie à ne jamais totalement tourner le dos à son prédateur. Mes doigts font tourner compulsivement la cigarette entamée. Je tente un sourire en haussant les épaules. "On sait jamais ce qui peut nous tomber dessus par ici..." Volatils, reptiles, mammifères,... J'ai déjà fait des face à face avec pas mal de sales bêtes à la nuit tombée sur ce foutu continent africain qui me colle au coeur. Bizarrement, je préfère encore les moustiques et les phacochères à un tête à tête avec Camille.

Alors qu'il se présente, je regarde bêtement sa main avant de comprendre qu'il me la joue conventionnel. Je hoche la tête, écourtant le plus possible notre poignée de main sans que ça paraisse suspect. "Blaise. On a tous bien bossé, c'est vrai." Je porte ma clope à mes lèvres avant de me souvenir que je l'ai déjà vu fumer à Cambridge. Je lui tend le paquet ouvert en silence. "T'étais déjà venu dans le coin ? Je veux dire en Afrique... Tu avais l'air plutôt dans ton élément l'autre jour." Je désigne le puits d'un geste vague.

CREDIT TO KAIJI FROM ILH

(Invité)

Les gestes disent énormément, bien plus que la parole. C’est pour cette raison que Camille avait appris depuis un certain temps à les contrôler : l’effet du regard, l’impact de la poignée de main, l’influence du toucher, le facteur de la distance. En repérant ces attitudes, on pouvait aisément savoir ce que pensait et ressentait l’autre, dans quel état d’esprit il était et donc agir avec efficacité, selon l’objectif visé. Blaise s’était dégagé précipitamment du toucher de Camille, comme s’il avait eu peur de quelque chose. Un geste qui ne semblait pas vraiment naturel. Il devait le tester. Un léger stress semblait envahir le fumeur, tournant sa cigarette d’un côté à l’autre. Sa main vint rejoindre la sienne, avec quelques secondes de retard. Ouais bon, il n’avait jamais compris pourquoi les gens devaient se toucher afin de se saluer. Autant jouer le jeu de la convention. Un sourire naquit sur son visage lorsqu’il prononça son prénom même s’il l’avait déjà entendu. Il prit une cigarette, la porte à sa bouche, puis se rendit compte qu’il n’avait pas de quoi l’allumer. Logique. Du feu ? Le jeune homme sorti son briquet et il fit un pas en avant, approchant le tube de la flamme, son regard fixant celui de Blaise, à seulement quelques petits centimètres de lui. Il acquissa d’un signe de tête pour le remercier, recula, aspira la fumée longuement puis ferma les yeux. Bordel que ça faisait du bien. Il les rouvrit lorsque la fumée sortit. Ecoutant sa question, il éclata d’un léger rire. Dans son élément ? Ouais, creuser c’est mon truc. J’hésitais entre médecine et ouvrier dans le bâtiment. Il continua, répondant un peu plus sérieusement à sa question. Jamais dans ce genre d’endroit. Toi si ? Tout en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette, il continua de regarder le jeune homme, se demandant ce qu’il se passait en ce moment dans sa tête.

(Invité)

(Contenu sponsorisé)