1998, ÉVASION.
Je claquais la porte de cette vieille maison de pêcheur, ma mère restait à l'intérieur, elle ne savait faire que ça : ruminer la mort de mon père dans sa sombre petite chambre. J'avais envie de la secouer, de lui faire réaliser que la vie continuer même sans la présence de son défunt mari. C'était peine perdu, c'est pour cela que j'avais pris l'habitude de retrouver ma bande de pote sur les planches de Deauville, la-bas nous échangions quelques notes de musique, ainsi que quelques bières, rien de bien méchant.. nous essayons simplement d'oublier nos souci entre nous.. sans prise de tête.
2000, LA VILLE DES LUMIÈRES.
J'ai tout plaqué, ma ville natale, ma mère, mes potes, tout finalement.. Je tournais en rond la-bas, c'est pour cela que j'ai pris la décision de quitter Deauville pour m'installer à Paris. Pas dans un bel appartement, non, j'arpentais les rues de la capitale avec mon baluchon sur le dos, le plus simplement qu'il soit... c'est à ce moment la, dans cette vie de bohème que j'ai adopté la grosse barbe, ça m'aidais à me faire respecter finalement. C'est dans cette ville que j'ai découvert le monde tel que je l'aimais, j'ai également découvert la pauvreté, les filles, la décadence, la drogue, la castagne, les choses futiles de la vie en soit. J'ai fais beaucoup de mauvaises rencontres, mais aussi des bonnes : monsieur Delcourt, un professeur d'art plastique qui allait changé ma vie, celui qui allait m'ouvrir au monde, celui qui m'a fait découvrir la philosophie, la peinture, la poésie, l'art en générale.
2002, L'ENFANT PRODIGE.
Je l'appelais « Maître », il était comme le père que je n'avais plus, ce professeur d'art appliqué me transmettais son savoir avec une ardeur presque déstabilisante. C'était la personne qui croyait le plus en moi, c'était un repère, un modèle pour le petit garçon de dix huit que j'étais. Lui, il m'appelait l'enfant prodige, c'est à ce moment la que je compris que je n'étais pas comme les autres.. je compris que j'avais un QI surdéveloppé, ce qui me permettais d'être bon en tout : les cours en générales, la peinture, la philosophie, la musique etc... J'avais l'impression d'être le roi du monde avec cet homme, il m'ouvrait des portes que je n'aurais jamais pus ouvrir par mes propres moyens. J'avais accès à des expositions, à des débats philosophiques, à des concerts hors du commun. C'était certainement les plus belles années de ma vie, grâce à lui.
2004, LA GALÈRE.
La vie de bohème ne me lâchais plus, je ne suivais plus mes cours particuliers avec monsieur Delcourt, j'étais bien trop occupé à jouir de cette vie Parisienne.. les mauvaises fréquentations t'emportent dans le néant et la plupart du temps tu ne sais plus comment t'en sortir. Je collectionnais les virer au poste de police, je passais mon temps à casser des bouches pour un oui ou pour un non, on me surnommé le Bucheron et plus l'enfant prodige. Je me perdais dans ce monde impitoyable, oubliant presque que j'étais en train de me gâcher à prendre de la drogues dures. J'avais plus d'ennemis que d'aller, c'était la loi de la jungle ici à Paris, les faibles n'avaient en aucun cas leur place dans les rues de la capitale.
2007, LE MIRACLE.
On a tous des moments de galère profondes, moi je les collectionnais particulièrement.. depuis que je suis gamin, depuis la mort de mon père certainement. J'avais plaqué mes études, mon prof, ma passion pour les arts en générale.. Je n'étais plus rien, tout ce que j'avais réussi à faire c'était de gâcher mon potentielle pour préférer la décadence.. c'était moche à voir, très moche. J'habitais chez les uns ou les autres, sans domicile fixe, j'étais connu comme le loup blanc, celui qui ne fallait pas chercher sous peine de finir dans la Seine. J'étais toujours le roi du monde, mais un roi détestable et minable.. certes, j'avais toujours des potes, mais jamais le genre d'amis très fréquentable. Puis je faisais la rencontre d'une fille, pas besoin de connaître son identité.. brune, pas très grande, les yeux clairs, douce, aimante.. le genre de fille qui transforme le pire démon en tendre nounours. Clairement, cette fille m'a sauvé la vie, je trouvais un boulot de tatoueur, je ralentissais sur la drogue, j'avais la vie de monsieur tout le monde finalement.. A croire que ça ne me plaisais plus tant que ça cette vie bien rangé puisque quelques mois plus tard, je passais les épreuves d'entrée à Harvard pour finalement les décrocher haut la main. Je voulais redevenir l'enfant prodige, plus le mec qui galérait dans ses rues Parisienne. Puis, les enfants brillants ont le droit à un coup de pousse financier, moi y compris.
2013, LA CORRUPTION.
Je poussais la porte de la Dunster House, je ne savais pas vraiment pourquoi mais je me sentais bien ici, puis j'aimais ces personnes : ils étaient simples, joviales et surtout loyales. Ce qui me retenais de les rejoindre ? Le fait d'être catalogué dans un groupe, je n'avais jamais vraiment aimé ça, je vivais ma vivre comme bon me semblait, au jour le jour quoi. En y regardant de plus près, la plupart de mes amis à Harvard étaient des Dunster ou des Mathers, mes amis m'avaient toujours soutenu que cette confrérie était faite pour moi, j'avais toujours refusé.. ne voulant pas être la grosse brute des Dunster. Puis un jour, après de nombreux arguments très convainquant j'ai fini par accepter, espérant simplement qu'ils ne se servaient pas de moi pour régler leur probable conflit.. bien qu'une paire de baffe me défoulerais pas mal à vrai dire.