Vous connaissez ce sentiment de satisfaction après une longue journée à danser? Non, probablement pas. Vous ne faites surement pas de danse classique comme je le fais. dans toute ma vie, j’ai surement du passer plus de temps en tutu qu’en jean. Je m’appelle Allison Billie-Isadora Bastille, dite Ally, Billiie, Izzy ou juste Bill. Je suis née il à bientôt dix-neufs ans à Bâton rouge. Je n’ai jamais eut une vie commune. Je n’en avait jamais pris conscience jusqu’à ce que je retrouve un vieux journal intime dans mes affaires. J’ai jamais été riche, mais j’ai pas non plus été pauvre. J’ai un frère jumeaux, Ronald. Tout le monde aime Ronnie, il est adorable, mais qu’est ce qu’il a pu souffrir à l’école… S’appeler Ronald et être roux, c’est pas la meilleure solution. Notre père, Jackson Bastille, était un intermittent du spectacle franco-américain qui à rencontré ma mère dans le Texas, alors que lui et son cirque étaient en tournée. Ma mère, elle, Catelyn Bastille, née Bradford, était une gymnaste incroyablement souple. Elle avait dix-sept ans quand elle a quitté ses parents pour le monde du spectacle, au plus grand désarrois de ceux qui sont, parait-il, mes grands-parents. Papa était bien plus vieux, il avait 25 ans et travaillait dans ce cirque depuis toujours avec mes vrais grands-parents (enfin, les seuls qui, dans mon coeur, ont une place) et il faisait un numéro avec des chevaux. Je pense que c’est ça qui a fait craquer ma mère: un homme doux, rejeté par la société parce qu’il était juif et roux, et qui trouvait refuge dans l’art. À peine deux ans plus tard, Ronald et moi étions nés, prêts à faire chier mes parents. On suivait les cours à distance, dans notre roulotte. Pour moi, c’était presque normal, de vivre dans de telles conditions. Ron et moi avions notre propre numéro. Tout comme ma mère, je faisais de la gymnastique, en marchant sur un fil trop loin du sol, soit dit en passant, je ne suis jamais tombée! Ronnie, lui, avait un numéro avec les clowns. Et un jour ou nous étions en arrêt à Tuscaloosa, en Alabama, j’avais vu des ballerines exercer dans la ruse, chassée de leur salle d’entraînement par des gymnastes. Maman les avait trouvées passionnantes, et avait usé de son fort caractère pour chasser les gymnastes de la salle. Trois des ballerines avaient été intriguées par le cirque et avaient décidé de rejoindre la troupe, notre famille. On devait bien être une trentaine, sans compter les animaux, mais on était vraiment heureux. J’avais six ans, me semble t’il, quand Anna, une des danseuse m’avait appris à danser. J’avais jamais été jolie, ni gracieuse, alors quand elle m’avait montré comment faire pour être comme elle, j’avais même lâché l’école, je m’ennuyais trop. Je passais mon temps, mes heures libres, et même mes nuits à danser. Quand la femme qui nous donnait les cours à dit à papa que je ne venais plus, il à chassé Anna du cirque et m’a forcée à aller en cours. Je pense que ça doit être la seule fois de ma vie ou j’ai eut un différent avec lui. Anna était russe, et avait du retourner dans son pays, je rêvais de la retrouver, alors j’avais essayé d’apprendre le russe, je devais avoir neufs ans à ce moment là. J’ai continué la danse, les études et la gym pendant des années, jusqu’à ce qu’on me dise que j’étais surdouée, et que c’était à cause de ça que j’avais des troubles de l’attention et de la concentration.
Jusqu’à ce moment là, on peut dire que j’avais une vie a peu près normale. Quand on est repassés par le lieu où nous sommes nés, Grand-Pa à décidé de quitter le cirque, il se trouvait trop vieux, et il disait que ce n’était plus sain de rester sur les routes, qu’il voulait se poser. Maman à dit que Ron et moi n’arriverions jamais à nous socialiser si on passait notre vie dans des roulottes, et qu’elle voulait un avenir pour nous. Ils sont repartis, en laissant mon frère et moi avec mon grand mère, et je dois avouer que je n’ai jamais été aussi heureuse. Je pouvais prendre des cours de danse classique avec une vraie professeur, on avait des amis avec Ron, et pour notre premier anniversaire à Bâton Rouge, quand on avait 12 ans, on avait même pu inviter des amis. L’année d’après, on me diagnostiquait la maladie de Hodgkin, au stade 1. Ça touchait les ganglions, mais diagnostiquée à temps, la maladie pouvait être guérie, à coup de radiothérapie, et chimiothérapie. J’étais une excellent danseuse, mais mon cancer m’avait affaiblie, j’avais perdu près de 13 kilos. J’avais fini par guérir, mais on est pas la même personne après un cancer. J’avais beau danser, ce que je voyais ne me plaisait pas. Je n’arrivais pas à reprendre de poids, j’avais une sensation de manque parce que papa et maman n’étaient jamais là, et a cause du stress, de la maladie et de tout mes soucis, j’avais perdu mon excellent niveau en danse. Avant, j’étais une princesse, pleine de grâce et de délicatesse, maintenant, j’étais juste une danseuse étoile raide et inexpressive, et pourtant, ma professeur de danse (qui était, soit dit en passant, une vraie garce) prétendait que ce cancer avait été bénéfique, et que je dansais de mieux en mieux. Bien sur! C’est vrai, un cancer ne peut être QUE bénéfique, mais de quoi dois-je me plaindre? C’est pas comme si j’avais perdu 13 kilos, que j’avais été affaiblie, changée, et que pour couronner le tout, j’avais été chauve! J’avait 15 ans quand les médecins on décrété que la maladie ne reviendrait pas, même si j’avais arrêté le traitement six mois avant. Un chance pour moi que mes cheveux aient vite repoussé.
J’ai repris une vie normale à ce moment là. J’allais au lycée avec Ronnie, qui était toujours mon meilleur ami, et le seul d’ailleurs. Lui et moi, on rêvait d’aller à Harvard. La grande université. Je savais qu’il y avait un excellent cursus de danse classique pour moi, et pour mon fère, un cursus d’architecture tout aussi bon. Grand-Pa était pas si vieux, alors il avait pris un travail et mit de l’argent de côté. Nous, on travaillait dur aussi, et on avait des petits boulots pour économiser. Quand j’ai reçu ma lettre, celle qui disait "bravo, t’es acceptée" J’ai littéralement sauté de joie, avant de prévenir Grand-Pa, et d’appeler au cirque pour prévenir Maman, Papa, Grand-Ma… On avait réussi. Ron et moi étions prêts à arriver à Harvard.