TG3 ☼ Balade à dos de chameaux dans la vallée des rois

Apple eut un rire nerveux à sa remarque qui trahissait sans doute cette fameuse angoisse existentielle lorsqu'ils se retrouvent seuls, face au silence et avec leurs pensées. Entamant un monologue qui avait pour sujet sa propre personne, l'Espagnol demandait si elle connaissait Zara, Pull and Bear, etc.. Étant Anglaise, sans doute que oui? Ce sont des franchises moins présentes en Amérique par contre. Alejandro n'eut pas de réponse, hélas. En revanche, la belle brune n'hésitait pas à parler d'elle et avec une sincérité tout de même honorable, allant jusqu'à mentionner son divorce. Le jeune homme en a entendu parler, un peu comme tout le monde à Harvard. Il avait d'ailleurs trouvé assez déplacé et inconvenant qu'on place Apple avec Andy. M'enfin... ce ne sont pas ses affaires. Elle ne tardait pas à ramener le sujet sur lui et sa dernière relation amoureuse.

-C'était d'un commun accord je suppose... Nous avions des divergences d'opinion qui nous sont apparus de plus en plus irréconciliables. Elle avait comme honte de sa richesse, elle ne s'identifiait pas à ce que je représente, par exemple et de mon côté, j'ai compris qu'essayer de lui faire comprendre que la classe dont on est issu ne fait pas foi de tout ne servait à rien.

En adulte responsable, ils ont pris la seule bonne décision à prendre, se laisser et passer à autre chose. Alejandro n'en semblait pas peiné et ne l'était pas. Aucune de ses relations n'ont vraiment duré, celle-ci n'étant qu'un exemple de plus. Puis, il fit remarquer:

-5 années d'études en design et mode... C'est beaucoup il me semble non? Tu dois être sur le point de terminer?

Les études ne sont pas sensées être éternelles, sauf pour ceux qui le veulent bien.

C'était sur que dans une région comme celle-ci, une tempête de sable n'était pas à exclure. Mais il était fort improbable qu'ils aient maintenu cette expédition en sachant très bien qu'il y avait un risque. Alors, elle se moqua gentiment de son amie.  + C'est ça moque toi ! La russe se mit à rire et Shaira la suivit. + Tu sais bien que c'est gentil. Puis, elle se dit qu'elles iraient bien rejoindre un autre groupe.  + Ca te dit qu'on rejoigne d'autres personnes ? Elle n'était bien évidemment pas obligé de dire oui. Cela ne dérangeait pas du tout la brésilienne de rester avec Elsy. Elle lui sourit.

(Ahah pardon à vrai dire j'avais pas compris que c'était une vrai question le stradivarius, pull and bear !)

Je n'allais pas parler de ma relation avec Andy, du moins pas en détail. Préciser que j'étais célibataire et plus précisément divorcé allait de soi, après tout Alejandro avait mentionné son statut civil... Probablement parce que c'est le genre d'information qui l'intéresse. C'est donc normal que je lui rend la même information, n'est-ce pas ? Puis bon, que je le veuille ou pas, j'étais aussi intéressée par ce genre d'histoire. Contrairement à la paperasse, c'est bien plus croustillant d'en savoir plus sur les histoires d'amour et tout. Il me parle ensuite de son ex, de la raison de leur rupture et je l'écoutai attentivement. Je réalisais que je pouvais pratiquement reconnaître ma relation avec Royce à travers la sienne et ça a bien eu le don de me refroidir un peu. J'avalai difficilement ma salive avant de me faire un peu plus réactive. Si vous êtes heureux dans cette décision, c'est tout ce qui compte. C'est bien dommage quand même. Puis, Alejandro me questionne sur mes années à Harvard et je respirais de nouveau, en essayant de retrouver le sourire aussi. Oui presque, il me reste deux ans. On ne peut pas dire que j'ai vraiment hâte... j'me sent pas tout à fait prête psychologiquement à entrer dans la cours des grands. Pourtant, j'ai été mariée et j'ai eu une petite fille. Tout portait à croire le contraire... Je suis peut-être mature, mais je voudrais encore garder un peu ce qui reste de mon innocence. J'ai la sensation qu'après les études, je devrai devenir une personne exemplaire et je ne me sens pas encore de l'être.

Puisqu'Apple était derrière lui, il ne pouvait pas voir les réactions de la demoiselle face à tout ce qu'il racontait, non sans une certaine fierté, c'est vrai. Alejandro n'est pas de ceux qui cache qui ils sont, il est, c'est tout. En tout cas, après que le jeune homme est parlé de sa dernière relation sans se défiler à celle qui était presque une étrangère, la jeune femme laissa un silence assez long pour laisser penser à Alejandro qu'il l'avait laissé pensive. Bientôt, la belle brune laissa entrevoir une de ses pensées.

-Dommage, heureux, c'est la vie, il faut aller de l'avant, sous le plus beau des soleils et les pires averses.

Encore deux années d'études pour la pauvre Apple? C'est ce qu'il reste à Alejandro, encore deux ans et ce sera terminé pour lui. La jeune femme semblait soucieuse et l'admission, la crainte qu'elle exprima, fit sourire l'Espagnol.

-Apple Kovalevski qui ne se sent pas... prête à entrer dans la cour des grands? Il me semble que tu y es déjà, non?

Après cette première question, il eut quand même une phrase un peu moins comique si on veut et plus sérieuse.

-Je pense qu'on ne peut jamais être prêt, pas totalement, pas à 100%. Ceux qui prétendent le contraire et affichent la plus grande des assurances sont probablement ceux qui angoissent le plus. On fait notre entrée avec le bagage qu'on a, les outils qu'on possède et il nous appartient juste à faire de notre mieux. C'est ce que je crois.

Oui, il m'avait laissée pensive. Mais pas pour longtemps. Dommage, heureux, c'est la vie, il faut aller de l'avant, sous le plus beau des soleils et les pires averses. Ça il l'a dit. Après Andy je ne pensais pas un jour m'en sortir mais finalement, je suis arrivée à voir plus haut et plus loin. C'est encore difficile parfois mais bon. Il doit y avoir forcément quelque chose pour moi quelque part, qui fera que je remercierai Andy d'être parti. Apple Kovalevski qui ne se sent pas... prête à entrer dans la cour des grands? Il me semble que tu y es déjà, non ? C'était l'inévitable. C'était sur que ça allait me retomber sur le nez ! Je riais un peu avant de lui répondre. C'est vrai. Mais c'est pas pareil, non ? Après, tout le monde me dit qu'élever un enfant c'est le "travail" le plus difficile à accomplir et si je gère plutôt bien Coraleen... Je ne devrais techniquement pas avoir trop de mal avec la compagnie. Je pense qu'on ne peut jamais être prêt, pas totalement, pas à 100%. Ceux qui prétendent le contraire et affichent la plus grande des assurances sont probablement ceux qui angoissent le plus. On fait notre entrée avec le bagage qu'on a, les outils qu'on possède et il nous appartient juste à faire de notre mieux. C'est ce que je crois. Je souriais légèrement, il était de bon conseil. J'crois que c'est pour ça que j'aime bien les Eliots en fait. Je pris une grande inspiration. J'me sens jamais trop seule, j'angoisse moins d'savoir que vous êtes comme moi. Puis t'es de bon conseil, j'suis ravis d't'avoir rencontré aussi.

Evidemment la Eliot savait bien que les moqueries de sa copines n'étaient jamais méchantes, qu'elle ne faisait que s'amuser, au fond c'était très gentillet la hongroise en avait parfaitement conscience. Aussi ne se vexait-elle pas des plaisanteries de son amie. Il ne faut pas toujours tout prendre au premier degré la demoiselle le sait bien et elle possède un certain sens de l'auto-dérision si bien qu'elle ne s'agace pas de se faire ainsi titiller par son amie. Après tout il faut bien rire de quelque choses non ? Si c'est d'elle et bien soit.

"Oui si tu veux, avec qui voudrais-tu que nous allions ?"



(N'oublie pas notre topic privé ma belle :)

Apple lui donnait raison et un doux silence glissa ensuite, jusqu'à ce que la conversation reprenne de nouveau. Peu après, Alejandro se lançait dans un nouveau monologue, décidément, il n'était pas en manque d'inspiration aujourd'hui, mais Apple lançait des réflexions assez complexes qui méritaient tout de même qu'on s'exprime de manière étendue et pas avec une phrase pré-faite. À la fin, elle lui disait qu'il était de bon conseil et qu'elle était heureuse de l'avoir rencontrée. Voilà qui faisait plaisir à entendre.

-Moi de même, je suis heureux que tu aies accepté de monter sur mon cheval.

L'Espagnol tournait la tête pour qu'elle voit son sourire un peu, puis reporta son attention droit devant lui et ainsi continua la balade à travers la Vallée des Rois.