(flashback) unforgettable - rosever

Roselia se trouvait à la bibliothèque depuis un long moment, déjà. Plus vraiment par besoin pour ses cours, à présent, mais juste pour elle. Rosie avait toujours aimé les longues allées de la pièce, qui lui semblaient interminables, à son arrivée à Harvard, elles leur avaient trouvées quelque chose de rassurant, de familier. Ce sentiment n'avait pas disparu, avec le temps, maintenant, en plus, elle les connaissait par coeur. D'ailleurs, justement, là, Roselia devait ranger un des nombreux livres qu'elle avait laissé sur une table. Celui-là, il devait être reposé sur une haute étagère, un peu trop haute par rapport à sa taille. Sur la pointe des pieds, et en équilibre précaire, l'ouvrage bascula et s'échappa de ses mains, atterrissant sur la tête d'un pauvre garçon assis à même le sol. Et en plus, elle dut se rattraper grâce à l'une de ses épaules. « Je suis vraiment désolée. Désolée, vous n'avez pas mal ? Tout va bien ? »

La bibliothèque… A travers le temps, les seules choses éternelles étaient les mots. Il aimait les livres, les mots, le passé. Il était arrivé assez tôt dans la bibliothèque, et s’était saisi d’un livre relatant de l’histoire des la musique, et surtout du rock du siècle passé. Oliver s’assit au sol, en tailleur comme toujours et se mit à lire, ne faisant plus attention à ce qui l’entourait. Il en était au chapitre consacré à nirvana quand un bouquin lui atterrit sur la tête, les sortant de ses rêveries d’un lecteur solitaire. Il sentit quelqu’un se rattraper son épaule, ce qui lui fit lever la tête, et esquisser un sourire en direction de la jolie jeune fille a qui il avait servi de rampe de secours. « Nan t’inquiète, j’ai rien, et toi, ça va? Tu t’es pas fait mal? » Cette fille, c’était typiquement le genre d’Oliver, qui plus est, gentille et mignonne, avec ses joues qui rougissaient parce qu’il la tutoyait. Il ne lui voyait qu’un seul défaut, la bague de mariage ou de fiançailles à son annuaire droit.

Roselia s'éloigna un peu du jeune homme, un sourire gêné sur les lèvres et le visage un peu trop rouge tout d'un coup. « Rien non plus, je me suis presque écrasée sur toi, je te rappelle, tu as tout amorti. »  A présent, elle se sentait surtout stupide. Rosie ramassa le livre assassin, et prit enfin le temps d'observer l'inconnu en face d'elle. Mignon, ça c'était certain et ses yeux bleus lui faisaient baisser les siens. Et un accent un peu spécial, loin de lui déplaire. « Je peux faire quelque chose ? Pour me faire pardonner, je veux dire. » Il ne lui restait plus qu'à espérer que le jeune homme ne soit pas un psychopathe ou quelque chose du genre, ça aurait rendu la situation encore plus étrange. Roselia se surprit à rire discrètement à cette pensée : un truc pareil, ça ne pouvait que lui arriver. Remettant une mèche de cheveux rebelle en place, Rose se dit qu'il était peut-être temps de se présenter. « Roselia, au fait. Je veux dire, je m'appelle Roselia. »

Oliver souriait comme un idiot. Elle était magnifique, souriante, heureuse, mais il y avait cette petite lueur dans ses yeux, celle qui disait "je souffre trop". « Je suis honoré de t’avoir amortie. » Il passa une main dans ses cheveux, se recoiffant et se releva, les jambes engourdies, premièrement à cause du la longueur du temps ou il était resté assis, et ensuite parce qu’il se sentait coupable d’être assis plus bas, et d’avoir (si il avait eu l’idée de zieuter) une vue sous sa jupe. Il faisait une bonne quinzaine de centimètres de plus qu’elle. Il prit sa main et lui donna un stylo « Je veut… Que tu me donnes… Ton numéro! » il la regardait, elle était jolie, elle était si innocente, dans sa façon de remettre ses cheveux en place, dans son regard fuyant, dans sa façon de faire. « Enchanté, Roselia, dont je ne connais pas même le nom complet. Je m’appelle Andreas Oliver Stark-Abernheim, mais dit toi que Oliver suffira. » Il aimait faire son numéro du poète maudit, elle lui plaisait beaucoup.

Son sourire la rendait définitivement mal à l'aise. Il la déstabilisait, pour être plus précise. Alors Roselia tentait d'ignorer tout ça, ce qui lui arrivait soudainement quand elle levait les yeux vers lui.  « Ca peut se faire. » Plus assurée, la violoniste se saisit du stylo et inscrivit à même la peau du jeune homme son numéro, qu'il demandait, sans même penser qu'il pourrait avoir un morceau de papier à disposition. Rosie se mit à mordre sa lèvre, un peu inconsciemment, comme le mouvement de sa main, sur son ventre. Mouvement qu'elle arrêta aussitôt qu'elle en prit connaissance, à mesure qu'Oliver parlait.  « Enchantée, Andreas Oliver Stark-Abernheim. Si tu voulais mon nom complet, il suffisait de le demandait. Jamie Roselia Headey. Beaucoup plus court que le tien. » allez, arrête ça, à quoi ça rime ?, lui criait son esprit.

Elle nota son numéro sur la paume d’Oliver, le laissant sourire comme un imbécile heureux. « Je t’enverrai un message alors, Princesse Roselia. » Il la voyait rougir de timidité et de gêne à cause de ses remarques. reste naturel idiot, reste naturel soupirait il. Elle énonça son nom, et il eut un temps d’arrêt. Jamie. Jamie. Comme lui, comme son frère. Quand il réalisa qu’il devait être flippant, à la fixer, sans sourire, en silence, il détourna les yeux et regarda le livre qu’elle tenait. « Tout le plaisir est pour moi, Mademoiselle Jamie Roselia Headey. C’est quoi ton livre? » Il était très douer pour ça: changer de discussion le plus vite possible.

Un peu plus, et Roselia allait se mettre à se glousser comme une dinde, comme les filles de son ancien lycée, du genre à avoir pour seule ambition de devenir la reine du festival du maïs qui avait lieu chaque année dans leur village. La fête la plus passionnante du monde, vraiment. Et voilà que maintenant, Rosie s'égarait totalement, c'était de sa faute aussi, il la fixait bizarrement. Quand elle décida d'ouvrir la bouche à ce sujet, lui-même reprit la parole et elle se tut. De toute évidence, Oliver n'avait aucune envie d'en parler (normal, ils ne se connaissaient pas, rappelaient une petite voix dans sa tête). « Mon livre, Andreas Oliver Stark-Abernheim, c'est une auto-biographie plutôt assommante. Et toi, avant que je ne manque de te tuer, tu lisais, non ? D'ailleurs encore désolée, d'abord je t'embête et ensuite, je viens t'ennuyer. Désolée, désolée, ne te sens pas obligé de rester avec moi, si ça ne te dit pas. » Le doute, la gêne s'étaient de nouveaux invités sur son visage.

Il la regarda, complètement sous le charme. Il aimait déjà ses yeux, son petit nez, la blancheur de ses dents, sont petit air timide, son regard intense qui voulait juste dire "vas y, je t’attends, emmène moi au loin, fait moi découvrir le monde. Aime moi." Il se plongea dans ses yeux et répondit. « Tu ne me dérange absolument pas ! Reste. Il s’agit, chère Roselia Headey, d’un livre relatant des meilleurs groupes de rock depuis les années 1940 jusqu’à 1999. Parce que tu vois, la musique, tout comme la magie est une de mes passions. Tu veut que je te fasses un tour de magie? » il la regarda en souriant. Pour la première fois depuis la mort de sa soeur, un vraie sourire s’esquissa sur son visage.