Little sister ( Kassiopéa )

Ma matinée bien qu'exténuante est passée relativement vite. En ce vendredi je tente de finir ma semaine le plus calmement possible, inutile de se stresser alors que le week end arrive bientôt. J'aime l'ambiance du vendredi, même les enseignants ont ce quelque chose d'indescriptible qui montre que bientôt ils retrouveront leurs foyers et qu'ils pourront s'échapper de l'agitation de l'université. Aujourd'hui le temps est magnifique et j'ai décidé de préparer mon repas dans mon appartement afin de pouvoir manger où je le souhaite entre midi et deux. C'est tout naturellement que je prend le chemin du Stade puis m'installe au milieu de ses gradins. Manger en regardant les athlètes brûler leurs calories: voilà un concept qui me semble plutôt intéressant. Sans grande hâte je défais l'emballage de mon sandwich et en croque un morceau tout en observant des jeunes hommes trottiner sur l'herbe parfaitement tondue du lieu. Mon regard glisse sur eux avant de se poser sur une silhouette qui commence à m'être familière, ma demie sœur marche lentement le long des gradins, elle a l'air de ne pas m'avoir vu. Même si avec le temps je m'habitue peu à peu à sa présence certains jours j'ai besoin de me faire violence pour aller lui parler. Ce n'est pas de la méchanceté envers elle, je l'apprécie réellement! Ça s'apparenterait plutôt à de la paresse... Réfléchissez deux secondes: vous vivez votre petite vie paisible et soudainement tout change, c'est normal que certains jours vous cherchiez à fuir ce changement. Pourtant je lève la main d'un geste rapide et l'interpelle «Eh! Kassiopéa!»

Cette journée allait être bonne. Je le sentais tout au fond de moi, il ne suffisait qu'à jeter un coup d'oeil dehors pour trouver le bonheur et l'énergie nécessaire pour entamer cette journée. Ce matin, je m'étais réveillée sous un soleil agréable, ses rayons avaient chaudement traversés mes rideaux pour éclairer toute ma chambre. Il n'y avait pas meilleur réveil que celui-ci. J'étais motivée à aller en cours, j'étais motivée à profiter du temps. J'aimais me réveiller sous un soleil pareil, sous une clarté rassurante. Je m'étais levé du bon pied, de bonne humeur moi qui venait de passer une nuit parfaite. Je n'avais plus si bien dormi depuis longtemps. Ca faisait du bien à mon corps d'avoir repris des forces, suffisamment pour me dépenser. La matinée avait défilé à une vitesse incroyable. Je n'avais rien manqué du cours; c'est d'une oreille attentive que j'avais tout écouté, portant toute mon attention sur ce qui avait été dit. Pourtant je n'étais pas mécontente d'arriver au temps libre. C'était l'occasion de profiter du beau temps, et c'est sans plus attendre que je me laissais porter par mes jambes en dehors du bâtiment. Je ne savais pas vraiment où j'allais, à vrai dire, je marchais jusqu'à trouver refuge. Et c'est par tout hasard que j'arrivais au stade. C'était le moment où les joueurs s'entrainaient jusqu'à suer, surtout sous une chaleur pareille. Je m'avançais dans les gradins, regardant où je marchais pour ne pas trébucher. «Eh! Kassiopéa!» Pas besoin de voir son visage pour reconnaître cette voix. Je m'y étais habituée, imprégner à force de l'entendre si souvent depuis mon arrivée à Harvard. Je levais juste la tête, pour voir om elle était, la remarquant assise un peu plus haut. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je montais les marches jusqu'à elle. « Vicky! Qu'est-ce que tu fais là? » lui demandais-je en prenant place à ses côtés.

J'observais ma petite sœur monter les marches jusqu'à moi en affichant mon plus beau sourire sur mon visage. J'étais heureuse de la voir, sa petite bouille ronde me faisais penser à certaines de mes photos d'enfance que ma mère prenait plaisir à montrer à tous ses amis. Cela avait vraiment don de m'énerver mais je la laissais faire car je savais que ça lui faisait plaisir et que je ne pouvais rien faire pour lutter contre... J'avais très envie de taquiner Kassio' avec ça mais je n'avais pas encore trouver les mots pour. Même si je me plaisais à toujours sembler sure de moi, j'avais encore du mal à conserver ce masque de confiance face à elle. «Je mange au soleil pour une fois, j'en avais un peu assez de rester enfermée!» Je lui répondis alors qu'elle montait encore les marches pour arriver à ma hauteur. Les marches du stade étaient vraiment hautes ce qui rendait l'ascension des gradins vraiment très compliquée aux filles. Enfin aux vraies filles qui mettent des jupes et des slims, je ne parle pas de ces personnes qui sous prétexte d'assumer leur style s'habillent comme des mecs ou des vendeurs de noix de coco sur la plage:  des pseudos filles. «Fais attention ma belle, vas pas tomber.» J'avais moi même plus d'une fois manquer de dégringoler les marches la tête la première. Les mecs ne sont que des machos, il pensent qu'en compliquant l'accès des stades aux femmes il garderont le football américain rien que pour eux. Enfin, ce n'était pas vraiment le sport en lui même qui m’intéressait mais plutôt le physique des athlètes que j'aimais contempler à chaque match ou entrainement. Je suis une artiste, j'apprécie ce qui est beau, un point c'est tout.

Le temps de midi venait d'être annoncé, et il était hors de question pour moi de rester enfermée alors qu'un soleil radieux recouvrait toute la ville. Je me laissais librement porter par mes jambes sans savoir où j'allais réellement. J'avais l'habitude de déjeuner avec mon meilleur ami, mais il n'était pas là aujourd'hui et je devais me résigner à être seule. A vrai dire j'aurai pu m'adresser à quelqu'un, ce n'est pas mon cercle social qui manquait, mais j'avais envie d'être seule aujourd'hui et de profiter pleinement de ce beau temps. Et alors que je suivais le chemin pour en prendre un autre et puis un autre, j'arrivais sur le grand terrain, actif par tous ces beaux mâles qui s'entraînaient jusqu'à suer sous cette chaleur. L'endroit était parfait, j'allais pouvoir régaler mon ventre, mais aussi mes yeux. Et à peine marchais-je jusqu'aux estrades que j'apperçu ma demie-soeur. Elle m'avait gentiment interpellée en m'invitant à la rejoindre, ce que je fis sans plus attendre. « Je mange au soleil pour une fois, j'en avais un peu assez de rester enfermée! » Un sourire s'afficha pleinement sur mon visage alors qu'elle se justifiait de sa présence ici. « Je suis certaine que tu es surtout là pour regarder ces beaux mâles. » lui dis-je en donnant un coup de tête en direction des joueurs. Je grimpais les marches unes à unes, faisant bien attention où je mettais les pieds. « Fais attention ma belle, tu vas tomber! » Je prenais cette remarque en considération, alors que je souriais grandement à l'intérieur de moi. J'étais heureuse de voir qu'elle s'en faisait pour moi et qu'on avait réussi à surmonter toute cette histoire. « Ils devraient vraiment songer à changer les marches! » lui dis-je alors qu'un léger rire m'échappa. Ce n'est pas facile pour les petites dans mon genre. J'avais l'impression de vivre une épreuve Kohlanta pour arriver jusqu'à Vicky. D'ailleurs, arrivée près d'elle, je m'installais à ses côtés en soupirant de soulagement.

[/quote]