[FLASHBACK] LOUKYA இ « You're my poison »

Une énième fête organisée par mon père, ou du moins par moi. Mon père, aussi con qu’il puisse être, était tout de même un poil futé, il avait compris que ma notoriété à New York ne passait pas inaperçue et surtout, que j’étais un grand organisateur de soirée, plus de soirées alcoolisées que mondaines, mais organiser une fête c’est toujours la même chose non ? On change juste les personnes et ce que l’on sert tout au long des festivités. L’hippodrome avait entièrement été réservé par le maire de New York pour cette occasion, ça avait bon goût d’être le fils du maire, je pouvais louer à ma guise les endroits que je désirais, il suffisait juste de donner une fausse raison, le fait que ce soit une réception pour une association caritative, ça marchait toujours. Bref, l’hippodrome était bondé, chacun avait sorti sa tenue du dimanche ou de bal suivant les budgets, alors que je m’étais juste contenté d’enfiler une chemise blanche et un costume bien taillé de chez Armani. Saluer le monde m’avait pris un temps fou, Dieu que je détestais ce genre de soirée où je devais sortir mon plus beau sourire focus, ce genre d’ambiance manquait terriblement d’amusement. Après avoir salué une vieille peau fraîchement liftée et son mari cocu jusqu’à la moelle, mon regard s’était détourné sur une silhouette que je connaissais parfaitement, une silhouette délicieusement vêtue d’une robe longue. Je m’excusais alors auprès de mes invités et je me dirigeais alors vers l’écurie en prenant soin d’esquiver chaque personne voulant m’approcher de trop près. Une fois arrivé à l’écurie, je m’approchais à pas doux, m’appuyant contre l’entrée de celles-ci, posant mon regard sur Anya. « Jolie robe. »

Anya était une de ces créatures irrésistibles, une de ces femmes auxquelles on avait envie de goûter, d’effleurer de ses doigts. Sa peau lisse et délivrant un léger parfum sucré, ses lèvres pulpeuses, son regard envoutant et ses traits fins, qui n’aurait pas succombé à cette femme ? À mes yeux, elle était la plus belle de la fête, comme toujours en fait, seulement je me gardais bien de lui dire, elle était déjà bien assez au courant de sa beauté, pas la peine d’en rajouter. Lorsqu’elle n’était pas dans mon champ de vision, c’est comme si tout devenait barbant, à vrai dire, j’appréciais ce genre de soirée uniquement lorsqu’elle était en ma compagnie, siroter une coupe de champagne avec des vieux investisseurs qui font des blagues graveleuses n’avait aucun intérêt pour moi. Voilà sans doute pourquoi je m’étais dirigé vers elle, la rattrapant à vive allure. Je savais que je pouvais l’avoir entre mes doigts et pourtant, je savais qu’elle allait me résister, c’est sûrement ce jeu qui me donnait encore plus envie de l’avoir dans mes bras. Avant de parler, je me permettais de la regarder un instant, elle avait l’air si paisible, apaisée en compagnie de cet animal que je croyais presque discerner un sourire sur ses lèvres que l’on pensait totalement figées. « C’est sûrement vrai. » Disais-je un large sourire aux lèvres avant de me laisser prendre entre ses griffes afin qu’elle me retourne et m’oblige à regarder les invités. J’observais alors longuement une femme dans une robe meringue rose bonbon, totalement immonde, ça m’en décrocherait presque un sourire. « Certainement pas… » Je laissais planer le doute en décalant légèrement mon visage, toisant d’un œil le sien, puis je me retournais vers elle, attrapant délicatement son poignet, la faisant tourner sur elle-même au rythme d’une musique inexistante. Alors qu’elle était à nouveau en face de moi, je lâchais « Je te rappelle que tu es aussi une invitée. »

Me retrouver en compagnie de la jolie blonde me plaisait toujours autant. Je connaissais ses parents, je savais donc d’où elle tirait cette beauté totalement parfaite à mes yeux, j’aimais jouer en compagnie de cette séductrice, au moins je savais que le jeu en valait la chandelle, contrairement à des femmes sans goût, paraissant fade à ses côtés. C’est certainement pour ça que j’avais accepté de m’occuper de la réception, il faut dire que mon père n’était pas le plus doué pour faire des demandes de ce genre, mais un nom entouré sur la liste des invités m’avait tout de suite attiré, et j’avais forcément accepté. « Nuance, mon père t’a invité. » Je me permettais un léger sourire, je n’étais que celui qui s’était occupé de la réception, même si au fond j’avais fait un tri dans ses invités, évitant ainsi quelques têtes que je ne préférais pas apercevoir. Je baissais alors mon regard sur ses doigts fins remettant mon col de costume. Je lâchais alors un léger rire en tournant la tête afin d’apercevoir quelques invités qui me faisaient doucement rire. « Le courage n’a rien à avoir là-dedans, c’est vrai quoi, regarde-les, on dirait des meringues sur pattes en train de faire des courbettes. » Je reportais alors mon attention sur Anya qui s’était décollé de moi. Enfouissant mes mains dans mes poches, je soufflais longuement. « Ne fais pas ta fausse blessée. Allez file moi ça avant de te faire mal. » Elle savait qu’elle pouvait obtenir mon attention s’il elle la demandait, mais elle était trop fière pour ça, et moi j’étais trop fier pour lui montrer quoi que ce soit. J’attrapais alors la selle et attendais qu’elle y pose le tapis ainsi que la bride. « Tu vas vraiment monter avec cette robe ? »

« Pas autant que moi. » Je lui adressais un léger sourire séducteur tout en posant mon regard sur son doux visage. Mes doigts venaient alors effleurer l’une de ses hanches avant qu’elle ne se décolle de moi dans un léger souffle, comme un fantôme que je ne pourrais jamais toucher. Je lâchais par la suite un léger rire en m’enfonçant un peu plus dans l’écurie, posant mon regard sur ses courbes « Peut être, mais tu as différents desserts. Tu as les magnifiques gâteaux que tu dévores des yeux et ceux… dont tu n’as pas envie de toucher, par peur d’être malade. » Je me retournais alors vers les fameuses femmes déguisées en meringues avant qu’un rictus ne se pose sur mon visage. La métaphore était peut-être belle, mais également réelle. Si Anya devait être un gâteau ou quoi que ce soit, elle s’apparenterait plus aux fruits défendus, sans doute, au poison de la pomme. Je la regardais alors sceller le cheval et lui prêtais ma main en cas de faux mouvement. Une fois installée, je caressais alors le cheval et lui tendais les rênes. « C’est mal me connaître, jamais un costume ne m’arrêtera. » Je me dirigeais alors vers un autre boxe, attrapant à nouveau le matériel pour sceller un autre cheval. En quelques minutes, je me retrouvais sur un équidé, prêt à aller me balader en charmante compagnie.

« Oh je ne suis pas difficile, j’aime les belles choses… » Je souriais, en même temps, qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? Mes doigts effleuraient sa peau douce, sa peau chaude qui contredisait d’un coup tout ce que l’on pouvait penser d’elle. La reine des glaces, vraiment, ce surnom ne lui allait pas, mais encore une fois ce n’était que mon avis personnel, certes Anya pouvait se montrer froide et distante, mais de là à la comparer à un bloc de glaçon sur patte… « Tu douterais de ma folie ? Tu seras bien la première. » Une moue s’installa alors sur mon visage et je regardais ailleurs, qui ne m’avait pas encore traité de fou ? Très peu de monde, et ce n’était pas dans le meilleur sens du terme, mais qu’importe, je préférais les insultes aux compliments, j’y étais plus habitué dans certains cas, ça sonnait parfois même comme des coquetteries à mes oreilles. Je sortais alors doucement des box et faisais trotter mon cheval, souriant aux personnes outrées par le départ à toute vitesse de la blonde. Je me mettais alors à rire et éperonnais mon cheval pour qu’il parte au galop, rattrapant rapidement la distance qu’elle avait mise. « Je te laisse de simplement de l’avance pour mieux te regarder. » Oui je ne me cachais pas, en même temps à quoi cela me servirait ?