300 lesions

En pyjama dans ma chambre, je me préparais pour une soirée de pure folie ! Les écouteurs enfoncés dans mes oreilles, j’écoutais en boucle Les Poupées Russes du nouvel album de Kyo. C’était un groupe français, je ne comprenais pas tout ce qu’ils disaient, mais quand je cherchais les traductions, je tombais sur des paroles superbes, poétiques et avec énormément de références culturelles. Ils étaient tout simplement géniaux ! Voilà un groupe qui avait bien fait de se reformer après 10 ans d’arrêt !

En guise de sport quotidien, je dansais n’importe comment : j’étais seule, alors autant en profiter ! Je balançais mes chaussons lapin sous le lit et me déhanchai sans retenue. On aurait sans doute dit que j’étais bourrée, mais je n’avais au contraire pas encore bu une goutte !

Un fois bien dépensée, j’allai me doucher rapidement, et me rhabillai rapidement. Oui, c’était le monde à l’envers chez moi ! En pyjama le jour, et habillée la nuit ! Mais c’est la nuit qu’on est le plus vivant ! J’avais prévu de partir pour le Lord Hobo dès que possible. Une robe moulante, courte et blanche au décolleté échancré, une aire de talon, une veste et hop ! je sautais dans ma Lambo décapotable.

Une fois au Lord Hobo, je me hissais sur l’un des hauts tabourets du comptoir du bar, pour regarder un peu la foule –et surtout les beaux spécimens masculins. Mon but : trouver de quoi m’occuper ce soir, à moindre frais ! Mais bon, il était encore tôt, et les vrais seigneurs de la nuit n’étaient pas encore sortis. Un peu déçue, je me retournais face au bar et commandais un whisky-coca bien dosé avec un clin d’œil aguicheur.

On ne pouvait pas dire que mon début de soirée soit des plus énergiques. Pour ainsi dire, je n’avais jusqu’à présent commander qu’un verre. C’était un début de soirée on ne pouvait plus plat. Si seulement je savais ce que ce morne moment allait annoncer… Le calme avant la tempête !

Je ne la vis même pas entrer. Elle ne m’intéressait nullement. Là où elle m’agaça, ce fut lorsqu’elle prit le siège non loin du mien, celui que je destinai à ma conquête de la soirée. Elle prit un verre et se tourna vers moi.

- C’est toi ! T’es la conasse de fiancé à Andrew ?!

Phrase révélatrice : d’un, elle étudiait à Harvard, de deux elle connaissait Andrew, de trois, ma réputation m’avait précédé avec image et mention, de quatre, ce n’était certainement pas une Eliot et elle ne devait pas étudier le tact. Dingue tout ce que je découvris sur elle en deux phrases. Je pris le temps de me mettre en face d’elle et de lui demander d’un air mauvais.

-A qui ai-je l’honneur ? Avec un vocabulaire aussi grossier, vous devriez retourner dans votre campagne.