billander - 'tow' you face the reality

J'avais Simon depuis quelques jours maintenant et cette nuit, un peu après minuit, je m'étais engueulé - enfin.. pas vraiment - avec Billie parce qu'elle ne voulait pas venir dans ma chambre sous prétexte que son chien était là. Mais bordel, j'suis sûr qu'elle ira beauuucoup mieux si elle le voyait, si elle prenait le temps de jouer avec lui. Mais non, elle était têtue et voulait le ramener dans le Vermont, chose que je n'autoriserai tout simplement pas. J'étais sorti dans la nuit avec le petit loup pour m'aérer l'esprit et puis j'suis passé par une boutique ouverte 24/7 afin d'acheter une bonne bouteille d'alcool. J'avais besoin d'aller mieux et c'était visiblement pas avec ma petite amie. Donc alcool et quelques cachets présents dans ma chambre. J'avais encore aujourd'hui choisi de sécher les cours, étant alors ivre durant toute la journée. C'était LE jour où fallait pas me faire chier. J'aurais du le passer avec ma fille, mais on ne m'en a pas donné le choix, je ne pouvais pas, et ça me tuait. Et puis finalement, en regardant Simon qui me regardait en chouinant un peu, je me levais et j'attrapais sa laisse pour aller faire une promenade. Il était déçu quand il voyait qu'on n'allait pas à la sortie, mais il a commencé à faire la fête en reconnaissant sa maison, sa chambre.. Celle de sa maitresse. Je tambourinais à la porte et j'attendais une réponse de la jeune femme.

Pendant combien de temps allait-on encore s'engueuler à ce sujet ? J'avais l'impression qu'on se disputait tout le temps en ce moment et je savais que c'était lié à la disparition de Robyn, mais tant qu'il agirait comme s'il était le seul à souffrir dans cette histoire, ça ne s'arrangerait pas. J'étais allongée sur mon lit, mes yeux fixant la date sur mon radio-réveil quand il m'avait demandé par SMS de le rejoindre dans sa chambre. J'avais refusé, j'avais mes raisons et quand je lui avais demandé de venir, ça avait tourné au vinaigre. Après une conversation houleuse, il avait une fois de plus fui la confrontation et j'étais allée ranger mon téléphone au fin fond de ma commode, animée par la colère. J'étais allée en cours aujourd'hui ; je pensais que ça allait m'occuper l'esprit mais je n'avais fait que penser à cette journée qui symbolisait les quatre mois de Robyn. J'étais revenue dans ma chambre plus énervée que jamais, plus meurtrie que jamais. Il me fallait un piano, sauf que la salle de musique était occupée ce soir. Donc pour la première fois en neuf ans, je sortis une feuille de partition et commençai à y inscrire les notes qui me passaient par la tête. La mine de mon crayon était agressive sur le papier, j'étais concentrée, presque essoufflée tant j'y mettais toute mon énergie. J'ignorais combien de temps s'était écoulé quand on tambourina à ma porte. Dans un sursaut qui ratura ma page, je lâchai mon crayon et me relevai en quatrième vitesse pour aller ouvrir la porte avec rage. Quand je vis Alex, je fronçai les sourcils puis j'entendis un jappement et je baissai le regard vers mon chien qui se trouvait avec lui, avant de rediriger un regard amer vers mon copain. « T'es sérieux là ? » pestai-je en lui barrant la route.

La situation était quand même claire pour moi : je me disputais avec tout le monde. C'était comme ça malheureusement et j'arrivais pas à y faire grand chose. Je sais que je suis responsable la plupart du temps parce que je ne fais pas les efforts nécessaires pour arranger les choses, mais je ne me vois pas gérer mes relations amicales, familiales alors que j'étais en pleine période où je vivais à peine pour moi-même. Même avec Billie ça allait pas top, puisqu'on s'était pris le chou cette nuit, à cause du chien. Mais bordel quoi, c'était son chien ! Elle avait la chance de pouvoir le récupérer et s'en occuper alors pourquoi elle s'entêtait à ne pas en vouloir et à le laisser dans le Vermont avec un étranger ? Devant sa chambre, j'avais tambouriné comme un malade pour qu'elle vienne m'ouvrir rapidement. Le chien en laisse, j'attendais patiemment, jusqu'à ce que finalement elle ouvre. "T'es sérieux là ?" Je ne bougeais pas d'un poil et je fixais ma petite amie, sans sourire ni rien. "C'est ton chien et t'es égoïste en ne le voulant pas dans ta chambre, dans ta vie." Visiblement, on ne pouvait pas passer, ni lui, ni moi. Donc je restais là et je ne comptais pas bouger. Il allait rentrer dans cette pièce, moi je vous le dis, et j'allais tout faire pour.

Quand j'avais ouvert la porte et que je l'avais vu avec Simon au bout de la laisse, j'avais cru halluciner. Je lui avais clairement dit que je ne voulais, non, que je ne pouvais pas le voir et il s'en foutait carrément. D'abord il l'avait ramené à Cambridge et maintenant ça. C'était comme s'il cherchait à m'faire du mal et ça me faisait d'autant plus de peine. Je le regardai, probablement avec des éclairs de rage dans les yeux, lui demandant s'il était sérieux. Il ne bougea pas en voyant que je lui barrais la route et c'était tant mieux, parce que j'aurais probablement essayé de le faire sortir de force s'il avait avancé. « C'est ton chien et t'es égoïste en ne le voulant pas dans ta chambre, dans ta vie. » Je grimaçai pour deux raisons. La première, ses paroles étaient blessantes et la seconde, il puait l'alcool. Cette nouvelle information alimenta encore ma colère et je contre-attaquai aussitôt. « Je suis égoïste ? » Je me redressai pour pouvoir mieux le regarder, fulminant. « Tu crois qu't'es mieux ? T'es complètement bourré et tu te promènes avec lui alors que dieu sait combien t'es doué pour t'emporter dans des situations de merde quand t'as bu ! » Simon s'agitait à côté de lui, réclamant mon attention mais je n'arrivais même pas à baisser les yeux pour le regarder. Putain, j'en voulais tellement à Alex de lui imposer ça alors que j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour l'épargner.

J'avais plus trop de cerveau quand j'allais mal et c'était accentué quand j'avais un peu trop bu. Sachant que j'avais passé la journée à faire que ça, autant dire tout de suite que mon état actuel était loin d'être satisfaisant. Et venir voir Billie avec le chien était clairement une mauvaise idée. Cependant, je n'ai pas pu m'en empêcher et j'y étais. Simon à mes pieds. Il était tout content parce qu'il reconnaissait le lieu et j'avais envie qu'il soit content. Et je ne pensais pas une seule seconde qu'il allait être blessé par ce qui allait se passer. "Je suis égoïste ?" Je hochais alors la tête, ne pouvant pas être plus explicite. "Tu crois qu't'es mieux ? T'es complètement bourré et tu te promènes avec lui alors que dieu sait combien t'es doué pour t'emporter dans des situations de merde quand t'as bu !" Simon s'était assis et avait même baissé ses oreilles, sentant alors la dispute qui arrivant. "Woaw, c'est vrai que les situations de merde sont vraiment nombreuses entre ici et ma chambre, excuse moi!" Je me penchais pour le caresser afin de le rassurer un tant soit peu. "J'ai bu parce que TU ne voulais pas venir me voir, pour PAS le voir lui. Cesse un peu de ruminer et regarde le putain, c'est ton chien, tu lui manques et il te manque alors merde, REGARDE LE !" Tcheu.

Il ne voulait pas comprendre. Il refusait de comprendre pourquoi je refusais catégoriquement de voir mon propre chien alors que j'étais persuadée qu'au fond, il connaissait très bien la ou les raisons et ça me rendait furax. En plus il était complètement bourré, ce qui ne faisait rien pour adoucir ma colère, au contraire. « Woaw, c'est vrai que les situations de merde sont vraiment nombreuses entre ici et ma chambre, excuse moi ! » Comme s'il n'était saoul que depuis cinq minutes, putain il allait me mentir aussi ? Je passai mes mains sur ma tête et agrippai mes cheveux entre mes doigts, me sentant bouillir de l'intérieur. « J'ai bu parce que TU ne voulais pas venir me voir, pour PAS le voir lui. Cesse un peu de ruminer et regarde le putain, c'est ton chien, tu lui manques et il te manque alors merde, REGARDE LE ! » FUCK. J'attrapai son tee-shirt et tirai violemment dessus pour le forcer à rentrer dans ma chambre, faisant passer mon chien avant de claquer la porte derrière eux. « Putain, mais qu'est-ce que tu veux pas comprendre quand je te dis que j'y arrive pas ? T'as besoin que j'te fasse un dessin ou tu vas finir par comprendre tout seul que j'refuse de continuer à m'attacher en vain ? » Je le fixai sans flancher, une lueur furieuse dans le regard. « Tu m'reproches de pas avoir fait gaffe à tes sentiments en l'éloignant de toi mais en m'forçant à le voir tu crois que tu fais quoi ? Tu crois qu'ça m'fait plaisir de le donner à quelqu'un alors qu'il est à moi ? NON, mais j'sais qu'il sera mieux ! » Je décollai enfin ma main de la porte pour venir la passer sur mon visage, mon rythme cardiaque atteignait des sommets et mon envie de pleurer était intense mais je comptais bien me retenir.

J'avais pas la tête qui tournait mais je savais que je pouvais dégobiller d'une minute à l'autre si je venais à m'énerver encore plus. Et en fait, en voyant le visage de Billie, je me rendais compte que ça n'allait pas tarder. En plus, avec les mouvements qu'elle me faisait faire en attrapant mon t-shirt pour me faire rentrer moi et le chien dans sa chambre n'arrangeaient vraiment rien du tout. Mais au moins, on était dans sa chambre. "Putain, mais qu'est-ce que tu veux pas comprendre quand je te dis que j'y arrive pas ? T'as besoin que j'te fasse un dessin ou tu vas finir par comprendre tout seul que j'refuse de continuer à m'attacher en vain ?" En colère, elle l'était. Genre vraiment. "Tu m'reproches de pas avoir fait gaffe à tes sentiments en l'éloignant de toi mais en m'forçant à le voir tu crois que tu fais quoi ? Tu crois qu'ça m'fait plaisir de le donner à quelqu'un alors qu'il est à moi ? NON, mais j'sais qu'il sera mieux !" Je lâchais la laisse pour le laisser renifler un peu toute la chambre, pour reprendre ses repères, sans pour autant lâcher ma petite amie du regard. "MAIS T'ES DÉJÀ ATTACHÉE A LUI ! Tout comme je le suis ! Alors c'est quoi qui bloque, hein ? C'est quoi qui te bloque pour pas pouvoir assumer d'avoir TON chien dans TA chambre ? Ce qui TE bloque pour venir dans MA chambre pour pas LE voir ?" Ok, j'insistais sur beaucoup trop de mots que ça voulait sûrement plus rien dire. Mais j'm'en fous, j'voulais qu'elle comprenne qu'il n'y avait aucune rationalité dans ce qu'elle me disait.

J'avais commencé par lui barrer la route, l'empêcher de rentrer dans ma chambre parce que je ne voulais pas qu'il pense qu'il avait gagné. Sauf qu'avec tout le raffut qu'on faisait, on allait bientôt finir par attirer toute la Mather et franchement, nos problèmes ne regardaient que nous. Enfin c'était ce que moi je pensais parce que lui apparemment, il s'en foutait un peu vu comme il avait débarqué en tambourinant ma porte et se mettant à crier. Alors je l'avais fait entrer de force en le tirant par son tee-shirt et tant pis s'il perdait l'équilibre et se ramassait, j'étais tellement en colère que j'en avais rien à secouer. Et le ton montait entre nous et je me tuai à lui expliquer que je ne pouvais pas regarder Simon et le ton montait encore. « MAIS T'ES DÉJÀ ATTACHÉE A LUI ! Tout comme je le suis ! Alors c'est quoi qui bloque, hein ? C'est quoi qui te bloque pour pas pouvoir assumer d'avoir TON chien dans TA chambre ? Ce qui TE bloque pour venir dans MA chambre pour pas LE voir ? » Je croisai mes bras et me mis à faire les cent pas. Putain, mais il plaisantait ? Je venais de lui dire clairement ce qui me bloquait. Mais il avait raison sur un point, j'étais déjà attachée à lui. « Tu crois que ça me fend pas le cœur ? Que je me mords pas les doigts de savoir que je le laisse à un autre ? Mais putain, j'serais incapable de m'occuper de lui comme il le mérite ! Et toi aussi, mais merde regarde toi ! C'est de l'égoïsme ce que tu fais parce qu'il aurait fini par être heureux chez Jeremy alors qu'ici, tout ce qu'il voit c'est de la tristesse partout ! » Comment il pouvait refuser de voir que je n'avais pas QUE des raisons égoïstes de faire ça ?

Les choses ne pouvaient juste pas aller mieux, je vois pas comment elles pouvaient aller mieux quand on était tous les deux si butés avec nos idées respectives. Sachant qu'en plus, j'étais loin d'être dans mon état normal, il était évident que ça allait mal se finir. Mais je ne pouvais pas m'arrêter en si 'bon' chemin, non. Je me devais de lui dire le fond de ma pensée, même si c'était pas rationnel pour un sou. "Tu crois que ça me fend pas le cœur ? Que je me mords pas les doigts de savoir que je le laisse à un autre ? Mais putain, j'serais incapable de m'occuper de lui comme il le mérite ! Et toi aussi, mais merde regarde toi ! C'est de l'égoïsme ce que tu fais parce qu'il aurait fini par être heureux chez Jeremy alors qu'ici, tout ce qu'il voit c'est de la tristesse partout !" Dans ta gueule Alex! Ouais, j'étais égoïste et je l'avais toujours été dans le fond. Je ne voyais souvent pas plus loin que le bout de mon nez, ce qui faisait que je me retrouvais la plupart du temps dans des engueulades qui n'avançaient pas. "Alors quoi, sous prétexte qu'il aurait pu finir heureux chez un parfait inconnu, tu refuses de le prendre ALORS qu'il est juste sous ton nez ? Putain mais tu comprends pas qu'en l'ayant avec toi, il peut te remonter à la surface au lieu que tu continues de te noyer ?" Je venais m'installer sur son lit parce que j'avais la tête qui tournait et Simon venait se glisser à mes jambes. "Ton chien veut juste que tu sois putain d'heureuse et il va tout faire pour! Là, c'est toi qui est égoïste en voulant rester dans ta putain de tristesse!" Je caressais Simon, ne lâchant toujours pas mon regard vers Billie, le soutenant d'ailleurs le plus possible.

Nous étions dans une impasse et franchement, je ne savais pas du tout comment on allait se sortir de là. Aussi têtus l'un que l'autre, je n'arrivais pas à lui faire comprendre mon point de vue. Déjà que j'avais du mal à me l'expliquer dans ma tête, mais alors expliquer ça à quelqu'un de complètement bourré, je ne voyais pas l'intérêt de me fatiguer. Soit il allait continuer à s'entêter, soit il oublierait tout demain. Possiblement les deux. Et puis j'en avais marre de me prendre la tête avec lui. Il était la seule personne qui comprenait parce qu'on vivait la même situation et je n'avais pas envie de le voir passer dans le clan ennemi. « Alors quoi, sous prétexte qu'il aurait pu finir heureux chez un parfait inconnu, tu refuses de le prendre ALORS qu'il est juste sous ton nez ? Putain mais tu comprends pas qu'en l'ayant avec toi, il peut te remonter à la surface au lieu que tu continues de te noyer ? » Je passai une main sur mon visage, inspirant longuement pour tenter de ne pas lui sauter à la gorge. « Mais putain, c'est pas un inconnu, je le connais très bien et Simon aussi ! » Je savais qu'on ne s'engueulait pas réellement à cause de ça, mais c'était quand même énervant qu'il me croie capable de l'abandonner à un étranger. « Ton chien veut juste que tu sois putain d'heureuse et il va tout faire pour! Là, c'est toi qui est égoïste en voulant rester dans ta putain de tristesse ! » J'eus l'impression de me prendre un train de plein fouet. Il était sérieux là ? Je faisais tout pour rester dans ma tristesse ? Jusqu'à preuve du contraire, je n'étais pas celle qui passait mon temps à m'engueuler avec tous ceux que j'aimais parce que je souffre. Je le regardai un moment, cherchant mes mots mais découvrant que je ne voulais plus me battre. Alors j'attrapai la poignée de ma porte et l'ouvris en grand alors que je fixais le paysage par la fenêtre. « Sors de ma chambre. » furent les seuls mots qui me vinrent à l'esprit. C'était ça, ou faire quelque chose que j'allais réellement regretter.