J’avais eu beaucoup de mal à dormir cette nuit. Quelle idée de con, de retoucher à la drogue alors que j’étais sur la voie de la guérison. Parce que les effets du manque c’étaient vraiment dissipés, cela faisait presque un mois que je n’avais rien pris, avant de trouver cette exta’ dans la poche de cette foutue blouse. Jamais je n’aurais été chercher de la drogue par moi-même pour replonger, mais d’en avoir, entre les mains, alors que j’allais assez mal, ça n’avait pas été facile de dire non, de résister. Enfin, en replongeant, j’avais faillis tout perdre, alors il fallait vraiment que je me reprenne. Et puis, j’étais un peu nerveux et perplexe à l’idée de voir Apple aujourd’hui. La miss avait été claire : si je la décevais encore une fois, ça serait fini. Je n’aurais plus aucune chance de pouvoir avoir un semblant d’amitié venant d’elle. Et je ne voulais vraiment pas qu’on en arrive là. Je tenais à Apple, et je lui avais dit, sincèrement : elle avait passé avec moi un des pires moments de ma vie, lors de la mort de ma mère et de mon fils. Et elle m’avait fait rencontrer Roxanna, aussi. Et ça, ça n’était pas rien non plus. C’était une des seules personnes qui avait su voir le bon côté de ma personnalité, et aujourd’hui, j’avais l’impression qu’elle faisait partie de toutes ses personnes à Havard qui ne voyait que le mec drogué et complètement à l’Ouest.
Je n’avais pas été en cours de la journée, j’avais déjeuné avec Samara, nous avions décidé de nous voir un peu plus souvent pour que le bébé reconnaisse ma voix et qu’il sache qui est son père. Je suis arrivé environ une heure à l’avance à Charle’s river, là où j’avais rendez-vous avec Apple. Assis sur le banc, je lisais un bouquin sur les grossesses, profitant du soleil qui frappait de plus en plus sur la ville, tel un bon mois d’Avril. Je restais concentré sur mon livre, ne regardant pas autour de moi et ne faisant pas attention à l’heure, attendant la venue d’Apple sans me prendre la tête à me demander comment ça allait se passer. De toute façon, elle me verrait en arrivant…
(Jude Montgomery)