(flashback) Rencontre à long terme

Un mensonge reste un mensonge, peu importe la raison qui se cache derrière

Ce soir c’était le grand soir ! Nous étions en septembre, et tos les nouveaux élèves de Harvard dont moi-même étions invités à la soirée d’intégration. Je pensais surtout qu’il s’agissait d’un bon bizutage ! Enfin bref, je me parais de mes plus beaux atours : ma robe blanche tombait sur mes hanches et mes jambes étaient entourées d’un voile blanc. J’hésitais longtemps entre attacher mes cheveux ou les laisser libre. Finalement, je ne les attachai pas, je les laissai tomber souplement sur les épaules. Devant la glace, je soignais mon maquillage et ajoutais les petites touches finales. Voilà, j’étais prête, il ne me restai plus qu’à prendre mon sac à main avec mon portable et mon trousseau de clefs, à mettre mes chaussures à talon, et je sortis.

Je n’étais pas mécontente du résultat : j’étais restée relativement sobre : une robe blanche, des chaussures couleur chair, pas de bijoux et un maquillage discret. Le thème de ce soir était de rester discret. Je n’appréciais que moyennement les soirées de ce genre : il y aurait trop de personnes qui me reconnaîtraient, c’était désagréable de savoir que pour certain, ce serait la première image qu’ils auraient de moi.

Dans la salle dans laquelle se faisait la soirée d’intégration, il y avait déjà beaucoup de personnes. Je ne me sentais pas à l’aise, je serrai mon sac contre ma poitrine. J’inspirai longuement et affichai un sourire crispé sur mes lèvres. Je traversais la foule de gens plus âgés sans vraiment faire attention : il fallait que je trouve un endroit où l’on ne ferait pas attention à moi, et où je pourrai regarder les autres ; c’était la seule raison pour laquelle j’avais accepté de venir : pour me faire une idée des futures personnes que je croiserais. Je ne connaissais personne, je ne savais même pas pourquoi j’avais été envoyée ici. Enfin si, je savais, mais je ne voulais pas l’accepter. Toutes ces personnes me faisaient horreur !

Heureusement, je trouvais rapidement une chaise vide dans un coin, et je m’assis dans un soupir. Je me redressai contre le dossier et jetai des regards alentours. Il y avait surtout de petits groupes qui discutaient entre eux, et les personnes encore seules se dirigeaient pour la plupart vers le buffet, que j’avais dans mon champ de vision ainsi que la porte d’entrée qui déversait dans la salle des dizaines de personnes fraîchement débarquées. Ces mouvements me donnaient mal au cœur… J’avais l’impression d’être sur un navire à la dérive. Angoissée, je fermai les yeux : je ne tiendrai probablement longtemps à cette soirée, et finalement j’aurais sans doute mieux fait de ne pas y mettre les pieds…

Je rouvris les yeux. Il y avait trop de bruits, des éclats de rire, de la musique… Tout tournait… Et au milieu de tout ça, je vis un homme brun de certainement quelques années mon aîné. Il était d’une élégance ravissante, et je ne pus m’empêcher de le fixer. Il me servait de bouée de sauvetage, tout devenait flou à côté.

-C’est impoli de regarder les gens fixement, me répétai-je dans le simple but de discerner ma propre voix dans le chaos.

L’étudiant ne me regardait pas : il ne m’avait sans doute pas vu. Il ne fallait pas qu’il sente mon regard peser sur lui, ou il se retournerait pour me faire face, et à coup sûre je serai prisonnière de son regard… Avec un effort de volonté, je baissai la tête et fixai mes yeux sur mes poings serrés sur mes cuisses. Je n’avais pas ma place ici. Je sentais les larmes me monter aux yeux. Je n’avais pas le droit de pleurer ! Inspirer, expirer… La nausée me reprit, et je me félicitais d’avoir mis du fond de teint : dès que j’étais malade, je devenais plus livide que la mort…