M-S. LYSON W-LEWIS ► emma stone

MAI 2000
»»»»»»»»»»»»»»»»»»»»
« Dit Papa… Si Maman est partie, c’est parce qu’elle ne m’aimait pas ? » Me voici. Une petite rouquine, pas plus haute que trois pommes superposées les unes sur les autres et un regard déjà profond et compréhensif pour une simple gamine de seulement sept ans. « Non Lyson. Maman est partie parce qu’elle ne s’entendait plus avec papa. Je suis sûr que là où elle se trouve, elle pense très fort à toi et elle t’aime beaucoup. » Je vous présente Richard, mon père. Il est un peu trop émotif quand il s’y met. Il a cessé de me mentir sur les sentiments de ma mère à mon égard lorsque, à douze ans, j’ai compris qu’elle ne reviendrait jamais. « Monsieur, le dîner sera servi dans l’aile gauche dans cinq minutes. » Et voici Pétunia, ma nourrice. Elle n’a vraiment pas l’air commode avec ses cheveux tirés en chignon bien serré, son regard d’aigle et ses lèvres toutes rabougries. Mais dans le fond, je la considère comme une personne de ma famille. Papa lui, est un très riche homme d’affaires, il a des parcs, des immeubles, et même des couloirs d’hôpitaux qui sont à son nom. Il possède des milliards aujourd’hui, et il a le mérite de pouvoir se vanter d’être une personne importante. Ma mère nous a quittées alors que je n’étais qu’un petit bébé incapable de sortir des mots cohérents de ma bouche. J’ai toujours pensé que c’était parce que j’étais rousse, mais avec les années qui ont passé, je me suis simplement rendu compte qu’elle avait juste eu la frousse de représenter une figure maternelle.


SEPTEMBRE 2007
»»»»»»»»»»»»»»»»»»»»
« Papa, j’ai envie que tu sois fière de moi. On a assisté à un cours de droit aujourd’hui en classe. C’est un intervenant qui est venu nous voir, et c’était trop génial ! J’ai envie d’être avocat, papa… » A ce moment précis, oui à ce moment précis. Je n’avais que quatorze ans et pourtant, j’avais des rêves pleins les yeux. J’étais sûre que j’allais arriver à réaliser mes objectifs. « Je suis ravie de l’entendre ma chérie. Et je vais t’aider à réaliser ton rêve. Tu iras dans la meilleure école pour suivre le meilleur enseignement. Mais d’abord, il va falloir que tu finisses tes études ici, en Angleterre. » Je me souviens de ce large sourire qui avait pris possession de mes lèvres, j’étais heureuse que mon père me soutienne dans ce que je voulais faire.


JUILLET 2009
»»»»»»»»»»»»»»»»»»»»
C’est en 2009 que je pris l’initiative de prendre mes responsabilités. J’avais seize ans, je venais de terminer mes études et il était temps que je m’envole dans la ville de la plus prestigieuse université au monde ; Harvard. « Papa, c’est bon. T’as plus besoin de m’embrasser pendant des heures dans des lieux publics, tu sais. » J’avais posé mon regard sur lui, il m’avait toujours fasciné et encore plus aujourd’hui. Je savais que j’étais tout pour lui et que me voir partir loin de lui, allait être difficile, mais il savait que nous nous verrons tout le temps. « Tu as probablement raison ma ptite Reinette. Et ne stresse pas dans l’avion tout va bien se passer. S’il y a un problème, tu fais appel à une hôtesse de l’air, tu es en première classe, ils devraient se montrer aux petits soins, oh et… » Je sautais dans ses bras en souriant largement, le regard légèrement embrumé à cause des larmes qui menaçaient de couler. « Je suis sûre que tout va bien se passer papa. Et puis on se verra souvent, et puis on pourra faire des Skype et je suis sûre que tu passeras me voir aussi. Et on se verra pendant les vacances aussi… » Je m’étais reculé et j’avais plongé mon regard émeraude dans le sien avant de tourner les talons et de partir pour ma nouvelle vie.


MAI 2011
»»»»»»»»»»»»»»»»»»»»
Aujourd’hui, ça fait deux ans que je vis à Cambridge et je suis enfin sur le point d’intégrer la plus grande université du monde. Mais après deux ans de durs labeurs et de cours difficiles, c’est à ce moment précis que j’ai décidé de foutre littéralement ma vie en l’air. J’ai vécu à Las Vegas pendant plus de huit mois, et tout ce que j’ai connu là-bas, c’est le sexe, l’alcool et la drogue. Autant dire que je m’étais bien pourri la vie. Oh et oh oh, après ça, comme-ci ça ne suffisait pas, j’ai perdu mon âme-sœur, le seul homme qui me comprenait et avec qui je ne faisais qu’un, nous allions nous marier, mais il s’est envolé. Enfin… Ce n’est pas le genre de truc dont j’aime parler. « Je jure de ne plus jamais remettre les pieds à Las Vegas de ma vie. » C’est après cette promesse que je mettais faîte à moi-même que je décidai de partir vivre à New-York. Autant dire que le rêve fut de courte durée, puisque je n’ai vécu que quatre mois dans la ville de la grosse pomme. Et enfin, après un an de courses contre la montre, de pleurs, de vomissements, et de choses dont je ne parlerais pas, je pris l’initiative de rentrer à Cambridge afin de faire les études que je voulais pour finir par devenir l’avocate que je rêve de devenir.


JANVIER 2016
»»»»»»»»»»»»»»»»»»»»
« Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. BONNE ANNEE ! » J’attrapais les lèvres du premier inconnu qui me tomba sous le coude. J’espérais sérieusement que cette nouvelle année allait bien mieux se dérouler que la précédente, même si j’espérais probablement de trop. J’ai eu un bébé. Pas le genre poupon en plastique qu’on achète aux gosses, non-non. Je veux dire que j’ai eu, un vrai bébé, une petite fille pour être plus exacte. Elle est magnifique. Du moins, c’est ce que j’ai pu constater lorsque je l’ai aperçu à l’accouchement. J’ai décidé de la faire adopter, sans en parler au père bien entendu. On ne peut pas dire que j’ai fait fort sur ce point-là. Je n’étais pas assez mature pour m’occuper d’Hailee ; ma fille. Depuis quelques mois maintenant, alors que j’ai l’impression que tout est en train de sombrer autour de moi, je me suis replongé dans toutes les merdes que je m’étais promise d’éviter à l’avenir. Drogues, alcool et sexe, je n’étais plus qu’un déchet, l’ombre de moi-même. Et je n’arrivais tout simplement plus à sortir la tête de l’eau, j’avais cette constante impression que j’étais en train de me noyer. M’enfin, cette année 2016 sera bien meilleure que les précédentes, pas vrai ?