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A whisky, my lady ? Of course, not.
Il y a des jours comme ça, où on a envie de plus que ce que l’on vit au quotidien. Après une journée harassante à signer des papiers et dossiers de clients qui s’entassent peu à peu sur le bureau brun, rangés plus tard par sa horde d’assistants et secrétaires auxquels l’on n’adresse jamais ni mot ni regard. Epuisée par le travail, mais désireuse de déshabiller son corps par des mains expertes jusqu’au bout de la nuit. D’ordinaire, je n’avais pas besoin de me rendre dans les bars pour trouver chaussure à mon pied. Et quand je parle de chaussure c’est uniquement pour faire référence à l’homme qui me chevauchera jusqu’au matin avant que je ne quitte son appartement ou lui le mien pour ne plus jamais se revoir. Car, je ne les revoyais jamais. Créature d’une nuit incapable d’aimer autrement, ils ne l’ont jamais compris. Tant pis pour eux.
Il faisait nuit depuis bientôt trois heures. Minuit passée si j’en crois ma montre oubliée sur ma table de chevet. J’avais eu le temps de passer à ma villa pour me changer et porter une tenue plus saillante pour ma sortie nocturne. En général, même avec mes talons hauts, ma jupe fendue jusqu’à mi-cuisse et mon chemisier blanc, même vêtue de telle sorte qu’on ne pouvait douter de la femme d’affaires que je représentais, je parvenais à en attraper un ou deux entre mes pattes de velours. Allez savoir pour quelle raison ce soir, j’étais décidée à faire un effort. Une robe moulante rouge vif avec rouge à lèvres assorti, robe descendant à la hauteur du mollet, des escarpins noirs de la même couleur qu'un ras de cou en satin, et un chignon relevé duquel s’échappaient quelques mèches, et j’étais prête pour le bal. Quel bar choisir ? Il y en avait tellement dans ces rues. J’avais opté pour celui qui semblait le moins à plaindre. Pas d’hommes appuyés sur le mur d’en face à vomir l’alcool qu’il avait ingurgité, des vigiles à hauteur de l’entrée pour parer à tout débordement, et une mixité rassurante. Parce que oui, certains bars sont connus pour n’accueillir que des hommes, allez comprendre. Bref, j’entre, les visages se tournent, sourient, les sourcils se froncent et la lueur de leurs regards est lubrique. Un regard que je ne connais que trop bien. Désolée messieurs, je couche, mais pas avec n’importe qui.
Tout en marchant jusqu’au fond du comptoir pour pouvoir admirer l’ensemble de la salle, je garde la tête haute, les lèvres scindées et pas un instant je ne quitte mon point de mire du regard. Pourtant, je les observe tous. Lui, trop gros. Lui, trop maigre. Lui, trop saoul. Lui, marié. Chacun possède un dossier dont j’écris le contenu jusqu’à ce que je m’asseye au comptoir, et passe commande pour un whisky sans glaçon. Un manège attire pourtant mon attention. Cette jeune fille, à quelques mètres de là où je me trouve. Le visage légèrement baissé, aux côtés d’un homme qui lui murmure à l’oreille avec un sourire qui en dit long sur ses intentions… .
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