Lundi de la rentrée, les cours venaient de reprendre. Comme je m'en étais doutée, peu d'élèves avaient assisté à mon cours. Je n'en tenais pas compte, je pouvais comprendre, moi aussi j'avais été jeune, et j'en avais aussi profité pour faire la fête pendant les vacances de Spring Break. Heureusement, je ne commençais pas à 8h sinon, j'étais certaine que je serais allée à Harvard pour rien. La journée s'était passée calmement à vrai dire, sans aucuns problèmes. Les étudiants semblaient, pour la plupart, beaucoup plus posés. Sans doute étaient-ils tous en train de dormir. Enfin, ils étaient la physiquement mais mentalement... Bref, de toute façon, ce sont eux qui passent les examens, pas moi. Mais je savais que, de toute façon, j'allais répété tous les cours de cette semaine, la semaine prochaine. Parce que j'étais ainsi. Bref. Après cette petite journée toute tranquille, je rentrais chez moi. Tout de suite, j'allumais la télévision, insérais un DVD dans le lecteur et alla me chercher un pot de Ben&Jerry's. C'était presque devenue une habitude. Soit je sortais, soit je m'installais dans mon canapé. Et tandis que je me repassais pour la énième fois la saison 4 de Desperate Housewives - parfois, j'avais l'impression d'en être vraiment une - la sonnette retentit. Je jetais un coup d'oeil à l'horloge. 20h. Je fronçais les sourcils. Je n'attendais personne pourtant... Dans un soupire, je me levais et alla ouvrir. Telle ne fut ma surprise quand je vis, planter au seuil de ma porte, un Calvin tout souriant. J'en lâchais presque ma cuillère - et mon pot de glace. « Calvin? Mais... Qu'est-ce que tu fais ici? »
⊹ A peine rentré du Spring Break, j’avais dû gérer une réunion avec les chefs des départements de l’entreprise familiale. Inutile de dire dans quel état je me trouvais. J’avais un peu de mal à redescendre sur terre, surtout avec la quantité d’alcool que j’avais ingéré ses derniers temps. N’ayant pas la force de prendre le volant, j’avais pris l’hélicoptère de l’entreprise conduit par l’employé qui se chargeait de cela. En arrivant dans mon appartement, j’avais pris une douche et je m’étais installé dans mon salon. Seulement, je m’étais vite ennuyé. Premièrement, il n’y avait rien à la télé et deuxièmement, j’avais besoin d’un peu de compagnie. C’était dur de se retrouver seul du jour au lendemain. Leyna avait squatté ma chambre durant tout le spring break vu qu’elle c’était disputé avec son meilleur ami. Alors, me retrouver seul sans avoir personne à qui parler, ce n’était pas si évident que cela. C’est donc comme ça que j’eue une illumination. Prenant une bouteille de vin de ma réserve personnelle, j’avais pris le volant pour aller à Imman Square. Ma meilleure amie était surement chez elle et cela faisait un bon bout de temps que je ne l’avais pas vu. Arriver sur place, je frappais à sa porte. « Calvin? Mais... Qu'est-ce que tu fais ici? »Ce fut une Analind en pyjama qui m’ouvrait la porte. « Je me suis dit que tu aurais besoin d’un peu de compagnie » lui disais-je, alors qu’elle me laissait à entrer à l’intérieur de son appartement. « Je t’ai apporté du vin. J’espère que je ne t’ai pas trop manqué (a) »
Faut dire que j'étais quand même pas mal étonnée de voir Calvin devant ma porte. C'est que je ne me souvenais pas qu'on avait prévu de se voir! Non, j'en suis certaine. Ce qui voulait dire... Monsieur avait décidé de passer à l'improviste! Mais cette spontanéité me fit sourire largement. Un peu de compagnie me ferait certainement le plus grand bien, surtout en sachant que je n'avais vraiment que mon pot de glace et ma série habituelle pour me distraire. J'avais peut-être 35 ans mais ce n'était quand même pas une raison pour me laisser aller! Bref, je m'écartais alors pour le laisser passer avant de refermer la porte. « Je me suis dit que tu aurais besoin d’un peu de compagnie » Je souris devant cette attention toute particulière. Ce n'était vraiment pas pour rien que je le considérais comme mon meilleur ami, malgré notre large différence d'âge. Je soupirais tandis que mon regard se posait sur le DVD qui tournait encore, et mon pot de glace en main. « Et tu as bien raison. Je suis vraiment en train de me laisser aller là. » 20h et déjà en pyjama, si c'était pas triste ça. « Je t’ai apporté du vin. J’espère que je ne t’ai pas trop manqué (a) » Du vin? Mes yeux se posèrent directement vers la bouteille. « Bien sûr que si voyons, trop même. » Et avant même qu'il ne puisse réagir, j'attrapais le vin, un sourire innocent sur le visage. En gros, si t'étais pas venu avec la bouteille, je t'aurais laissé dehors - ou pas.
⊹ « Et tu as bien raison. Je suis vraiment en train de me laisser aller là. » J’observais son drôle de pyjama. « Tu restes attirante quand même. Si ça peut te rassurer. » J’aimais user d’ambiguïté pour la taquiner. Puis, ce n’est pas comme si je ne l’avais jamais vu nue. A la minute où je lui montrais la bouteille de vin, Analind s’en emparait. Cela eu l’effet de me faire ricaner. « Bien sûr que si voyons, trop même. » Je me débarrassais de ma veste que je laissais sur le porte manteau, avant de la suivre dans son salon. « Je te reconnais bien là. » Je franchissais le seuil de son salon et tombais nez à nez avec un pot de glace et une série pour nana. Sérieusement ? « T’as quitté un petit ami au Spring Break ou quoi ? » Elle nous faisait quoi là ? Elle se la jouait à la Bridget Jones ?! Vous savez ce film où la nana pleure tout son saoul à cause de deux mecs. Enfin, bref, je m’installais comme si j’étais chez moi, alors que la jeune femme prenait des verres à vin. J’en profitais même pour lui piquer un peu de glace. « C’est peut-être pour ça que je ne t’ai pas vu au Spring Break. » Je continuais sur ma lancée, histoire de l’agacer un petit peu.
« Tu restes attirante quand même. Si ça peut te rassurer. » À ses mots, mes joues se tintèrent de rouge. Oui, malgré mon âge, les compliments me faisaient rougir comme une adolescente et ça avait parfois le don de m'agacer. Parce que je voulais qu'on me prenne pour quelqu'un de sérieux, et le comportement des petites filles ne jouaient vraiment pas en ma faveur, surtout en sachant que je suis professeur et que je devrais être autoritaire - ce que j'étais loin de là. Mais je savais quand même apprécier les bonnes choses dû à mon âge, notamment le vin. Plus besoin de montrer sa carte d'identité quand j'achetais des boissons alcoolisées, ou pour commander un verre dans un bar. Et j'aimais particulièrement le vin rouge. J'en buvais d'ailleurs un verre par jour - parfois deux ou trois... ou toute la bouteille - et puis, c'était bon pour la santé. Calvin connaissait mon penchant pour l'alcool de raisin et ne pus que ricaner en voyant mon comportement, enfantin, à nouveau. « Je te reconnais bien là. » Un sourire innocent sur les verres, je passais dans ma cuisine pour ouvrir la bouteille et en ressortir 2 verres à pied. C'est à ce moment-là que j'entendis son commentaire. « T’as quitté un petit ami au Spring Break ou quoi ? » Je pinçais tout de suite mes lèvres tandis qu'un pincement au coeur me fit stopper mon geste. Mais je me repris rapidement, retournant dans le salon. « C’est peut-être pour ça que je ne t’ai pas vu au Spring Break. » Je posais le tout sur la table basse et remplis les verres à moitié. « Ne dis pas de bêtise, tu sais très bien que je ne veux pas de petits amis. » Il était encore trop tôt même si mon mari m'avait déjà quitté 2 ans auparavant. « Et pour le Spring break, j'ai refusé d'être accompagnatrice. J'ai préféré rester et me reposer un peu. » Ouais, déprimer plutôt, comme bien souvent. Je savais qu'il était temps de tourner la page, mais après le décès de l'homme de sa vie, ce n'était jamais facile, même après deux longues années. Bref, changeons de sujet. « Par contre, je suis certaine que tu as dû t'y amuser comme un petit fou. Alors, racontes-moi tout. Combien de filles? »
⊹ « Ne dis pas de bêtise, tu sais très bien que je ne veux pas de petits amis. » Quel idiot je faisais ! Analind avait perdu son mari il y a deux ans de cela. Elle m’en avait parlé et je regrettais ma bourde. « Et pour le Spring break, j'ai refusé d'être accompagnatrice. J'ai préféré rester et me reposer un peu. Par contre, je suis certaine que tu as dû t'y amuser comme un petit fou. Alors, racontes-moi tout. Combien de filles? » Je prenais le verre à pied sur la table basse et en buvais une gorgée. C’est donc pour ça que je ne l’avais pas vu au pring Break. E n’étais plu professeur et donc libre de mes désirs. Je n’avais que vingt-six ans et j’étais encore trop jeune dans ma tête pour passer au-dessus de ça. J’esquissais un faible sourire, alors qu’elle me demandait combien de filles avais-je eu lors du Spring Break. « Pourquoi aurais-je eu plusieurs filles ? » disais-je avec une pointe de malice dans le regard. Depuis ma récente rupture avec Milena, j’avais – dans un concours de circonstance plutôt hasardeux- essayé de noyer mon chagrin avec Leyna. Elle aussi voulait tourner la page avec son ex. Nous étions dans le même cas tous les deux, mais ce n’était pas de l’amour ou quoi que ce soit. Il y avait toujours eu une profonde attirance entre nous, mais ce qui nous liait, c’était le besoin l’un de l’autre pour se soigner mutuellement. C’était de l’entraide en fait. « Pas tant que ça en fait…J’ai encore un peu de mal depuis que j’ai rompu avec Milena »
Calvin était beau. Calvin était jeune. Calvin était célibataire depuis peu. Et surtout, Calvin n'était plus professeur. Alors bien sûr, il avait sûrement dû en profiter pendant le Spring Break maintenant qu'il n'avait plus d'attache avec les élèves. Surtout depuis qu'il avait rompu avec Milena. Je me doutais bien que ce n'était sans doute pas facile, mais il pouvait surmonter cette épreuve, c'est un homme fort. Contrairement à moi... Oui, je suis faible et je n'ai pas honte de l'avouer. Et puis, une femme de mon âge, qui voudrait encore de moi? Dépassé la trentaine, ça n'allait pas être facile de trouver un homme qui serait prêt à s'engager dans une relation. En plus, j'étais certaine qu'il me faudrait encore quelques années. Ouais donc, à 40 ans, j'envisagerais peut-être. Mais autant finir seule quoi, c'était pareil. Pessimiste, vous avez dit? C'est que je suis réaliste. Je ne suis pas comme Calvin, qui lui, pouvait encore se trouver de nouvelles relations. « Pourquoi aurais-je eu plusieurs filles ? » À sa question, je levais les yeux au ciel. Il savait très bien pourquoi alors je n'allais sûrement pas le lui expliquer pour son égo. Je ne fis que boire un gorgée de vin. « Pas tant que ça en fait…J’ai encore un peu de mal depuis que j’ai rompu avec Milena » Je souris tristement, une mine inquiète sur le visage. « Bien sûr... Mais ne t'inquiète pas, je suis certaine que ça va passer. Et puis, tu es encore jeune et beau, tu en trouveras d'autres. » Si Milena n'était pas la bonne, j'étais certaine qu'il allait pouvoir la trouver, la femme de sa vie. Il le méritait. Pas comme moi...
⊹ « Bien sûr... Mais ne t'inquiète pas, je suis certaine que ça va passer. Et puis, tu es encore jeune et beau, tu en trouveras d'autres. » Ses mots me firent sourire. Rien qu’avec une banale phrase, elle arrivait à me redonner le sourire. Je prenais mon aise sur le canapé tout en me tournant vers elle. « Qu’est-ce que tu as fait durant les vacances du coup ? » Me dite pas qu’elle était restée ici pour se morfondre. Si j’avais su, je l’aurais trainé de force avec moi à Punta Cana. Elle avait peut-être trente-cinq ans, je la trouvais très jeune et elle passait très bien auprès des étudiants. « Tu aurais dû venir » Je tentais un sourire vers elle. Je savais qu’elle n’allait pas vraiment bien. En fait, je ne l’avais pas connu avec son mari, mais pour le regretter à ce point, c’est qu’il devait vraiment la rendre heureuse. La vie était injuste parfois. Je ne comprenais pas comment le destin pouvait s’acharner sur une personne. Comment pouvait-il arracher l’amour d’une personne ? C’était quelque chose d’inexplicable, mais n’était-ce pas tout le charme de la vie ? Concept étrange, je vous l’accorde. Je posais mon verre sur la table, m’appuyant sur les cousins du canapé tout en tournant ma tête vers elle.
Je voulais lui remonter le moral comme il le faisait à chaque fois avec moi. D'autant plus qu'avec mon caractère assez lunatique, personne ne savait trop sur quel pieds danser en ma compagnie. Il m'était déjà arrivé de piquer une grosse crise de colère à cause d'un tout petit commentaire; ça m'était déjà arrivé au sein de l'université, mais rarement sur les étudiants. Parce qu'ils étaient jeunes et ne se maîtrisaient pas encore. Ce n'était certainement pas une bonne raison, mais voilà. Et puis, je ne voulais pas être une de ces profs que tout le monde trouvait chiante et que, du coup, personne n'assistait à son cours. Bref. « Qu’est-ce que tu as fait durant les vacances du coup ? » À sa question, je ne fis qu'hausser les épaules. « Oh tu sais, j'ai pas fait grand chose. Juste un peu le ménage, les courses, quelques petites promenades. Enfin, tu vois le genre quoi. » Ouais, rien de bien plaisant en sachant que je ne suis que sortie 3 fois... et uniquement pour ravitailler mon réfrigérateur. Et j'en profitais pour passer par le parc à l'allée donc ce n'était pas vraiment un mensonge non plus. « Tu aurais dû venir » Un sourire s'afficha sur mes lèvres tandis que je secouais la tête. « Ce n'est plus de mon âge tout ça. Et puis, surveiller les étudiants est plus un travail qu'une partie de plaisir. » En sachant qu'il se passait toujours des accidents dans ce genre de sortie. « Et je suis certaine que tu ne te serais pas autant amusé si tu avais une vieille peaux comme moi sur le dos. » Je ris légèrement avant de boire une gorgée.
⊹ « Oh tu sais, j'ai pas fait grand chose. Juste un peu le ménage, les courses, quelques petites promenades. Enfin, tu vois le genre quoi. » En clair, elle avait mené une vie de mémère. Je lui faisais les gros yeux pour lui montrer mon mécontentement. « Une vraie mémère ! » Je ricanais tout en me décalant pour éviter de me prendre un coup. « Ce n'est plus de mon âge tout ça. Et puis, surveiller les étudiants est plus un travail qu'une partie de plaisir. » C’est vrai qu’elle était professeur, mais elle aurait pu y venir en tant que simple adulte. Aucun risque que les élèves se souviennent d’elle après leur cuite mémorable. « Fait moi rappelé de t’emmener en voyage prochainement. » J’allais la faire bouger pour qu’elle arrête de broyer du noir. « Et je suis certaine que tu ne te serais pas autant amusé si tu avais une vieille peaux comme moi sur le dos. » Analind n’avait que trente-cinq ans, ce n’est pas ce que j’appelle être vieille. « Mon dieu Ana ! T’es tellement mauvaise envers toi-même. T’es jeune et belle, alors profites-en. Rester enfermé sur toi-même ne va pas t’aider » J’étais beaucoup plus sérieux en disant ses mots. Elle était en train de passer à côté de plein de choses. Son défunt mari ne voudrait surement pas qu’elle finisse seule.
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Lundi de la rentrée, les cours venaient de reprendre. Comme je m'en étais doutée, peu d'élèves avaient assisté à mon cours. Je n'en tenais pas compte, je pouvais comprendre, moi aussi j'avais été jeune, et j'en avais aussi profité pour faire la fête pendant les vacances de Spring Break. Heureusement, je ne commençais pas à 8h sinon, j'étais certaine que je serais allée à Harvard pour rien. La journée s'était passée calmement à vrai dire, sans aucuns problèmes. Les étudiants semblaient, pour la plupart, beaucoup plus posés. Sans doute étaient-ils tous en train de dormir. Enfin, ils étaient la physiquement mais mentalement... Bref, de toute façon, ce sont eux qui passent les examens, pas moi. Mais je savais que, de toute façon, j'allais répété tous les cours de cette semaine, la semaine prochaine. Parce que j'étais ainsi. Bref. Après cette petite journée toute tranquille, je rentrais chez moi. Tout de suite, j'allumais la télévision, insérais un DVD dans le lecteur et alla me chercher un pot de Ben&Jerry's. C'était presque devenue une habitude. Soit je sortais, soit je m'installais dans mon canapé. Et tandis que je me repassais pour la énième fois la saison 4 de Desperate Housewives - parfois, j'avais l'impression d'en être vraiment une - la sonnette retentit. Je jetais un coup d'oeil à l'horloge. 20h. Je fronçais les sourcils. Je n'attendais personne pourtant... Dans un soupire, je me levais et alla ouvrir. Telle ne fut ma surprise quand je vis, planter au seuil de ma porte, un Calvin tout souriant. J'en lâchais presque ma cuillère - et mon pot de glace. « Calvin? Mais... Qu'est-ce que tu fais ici? »
