(+Shérazade) WE ARE DIFFERENT BUT I LIKE THAT.

Tu venais d'affronter deux heures d'ennuies dans un amphithéâtre plein à craquer et finalement, la sonnerie retentissait annonçant la fin de ton calvaire. D'ailleurs, tu ne te faisais pas prier pour quitter les lieux presque en courant balançant la moitié des tes affaires dans ton sac sans vraiment y faire attention. Ce cours là, il te donnait plus des migraines qu'autre chose et tu commençais presque à chercher comment faire disparaître ce prof qui agissait comme un puissant somnifère sur ton cerveau. Etait-il vraiment possible d'être aussi ennuyeux ? Parce que parfois, l'idée de te taper la tête contre un mur te semblait plus attrayante qu'assister à ses débats inutiles sur le commencement de la musique. Tu traversais les couloirs au pas de courses avant d'enfin déboucher à l'extérieur d'Harvard et cherchais des yeux Shérazade. A la base, rien ne semblait pouvoir vous rapprochez et finalement, tu avais craquée pour cette brune. Son innocence, son calme. Elle était totalement différente de toi et c'était certainement la raison qui t'avait poussée à la prendre sous ton aile. D'ailleurs, plus les jours passés, plus tu l'appréciais et t'étais prête à déclarer la guerre au premier qui oserait lui faire du mal. « Shéééééé. Attend moi. » Tu venais de l’apercevoir au loin et courait maintenant en sa direction.

La journée touchait à sa fin pour les étudiants d’Harvard. Pas pour Shérazade cependant. Ce soir, la jeune femme travaillait à la roulotte. Vous ne connaissez pas la roulotte de Cambridge ? Vous arrive-t-il de sortir le nez de vos livres de classe ? La roulotte, c’était un petit camion – mais roulotte c’est plus joli – qui parcourait Cambridge dans l’unique but de vous vendre de délicieuses glaces. Et c’est Shérazade qui conduisait ce véhicule et qui distribuaient les glaces aux clients. Elle avait accepté ce travail dès son arrivé à Cambridge, pensant trouver autre chose plus dans ses cordes plus tard. Aujourd’hui, cela fait cinq ans qu’elle y travaille et elle ne quitterait pour rien au monde son poste qui lui permet de penser à autre chose.
Son sac de cours sur l’épaule, Shéshé, d’un pas actif, marcha en direction du parc, là où elle avait laissé la roulotte la dernière fois. Cependant, une voix l’arrêta dans son élan. Shézarade se retourna et aperçu Zippora, une amie qui n’avait rien à voir avec la brunette. Elles étaient complètement différentes de par leur style mais également leurs attitudes. Shérazade s’arrêta, laissant le temps à son amie de la rejoindre. Eh, Zippora ! Ca va ma belle ? Shéshé lui adressa un grand sourire.

Plusieurs regards se tournaient en ta direction et c'était maintenant que tu réalisais que tu avais peut être parlée un peu trop fort. Au pire, tu t'en fichais. C'était pas la fin du monde non plus et parfois, tu trouvais la population beaucoup trop coincée. Te regarder avec de gros yeux parce que tu avais un peu trop haussé la voix était pathétique. Ce n'était pas comme si la situation était réellement pathétique et après avoir juré un peu haut à l'encontre de ces gens tu arrivais finalement à la hauteur de ton amie. « Parfaitement et toi ? Tu lui rendais son sourire soudainement de meilleur humeur que précédemment. Tu ne savais pas trop pourquoi mais, elle avait un effet différent sur ta personne. C'était comme si elle arrivait à calmer ta colère et quand tu étais avec elle, tu étais beaucoup plus calme que par habitude. D'une certaine manière, cela te faisait du bien mais, d'un autre côté, tu ne comprenais pas comment elle arrivait à faire ça ? Peut être était-ce par le fait qu'elle soit beaucoup plus calme et moins dévergondée que toi ? Sûrement. « Tu vas travailler ? Je t'accompagne si tu veux. »

Shérazade n’était pas le genre de fille facilement épuisable. Il fallait plus qu’une journée de cours pour fatiguer la Cabot. Actimel, vous connaissez ? Cette petite boisson qui vous permet de rester actif toute la journée ? Et bien Shérazade avait du tomber dedans lorsqu’elle était petite. Oui oui, un peu comme Obélix et sa potion magique. Oui ça va, merci. Son sourire s’élargit un peu plus. Musclée jusqu’aux zygomatiques cette fille. La jolie Mather lui proposa de l’accompagner jusqu’à son travail. L’idée de ne pas faire la route toute seule – bien que ce ne soit pas pas très très loin – ravie la jeune femme. Avec grand plaisir Zipp’ ! Je te paierait une glace tient, ça te dit ? Ce qui était cool dans ce job là, c’est que Shérazade était assez libre. Certes elle devait donner les comptes à la fin de chaque semaine, mais elle pouvait faire profiter quelques amis des délicieuses glaces de la roulotte à titre gracieux. J’ai laissé la roulotte au parc hier soir. Ca marchait plutôt pas mal par là-bas. En effet le soleil était de retour pour quelques jours sur Cambridge, au plus grand plaisir de la vendeuse de glace.

T'avais rien d'autre à faire et puis, t'aimais bien passer du temps avec elle. Même si ce n'était que sur une courte durée. Fallait dire que sa bonne humeur et son innocence avait tendance à te rendre un peu plus docile. Moins méchante, moins sarcastique. Des effets positifs que tu ne laissais voir qu'à elle. Il était hors de question qu'une autre personne se rende compte de la personnalité que tu pouvais cacher. T'étais la connasse, point barre. Fallait pas chercher plus loin. « Tu sais comment me parler toi. » Tu lui adressais un clin d'oeil pensant déjà à la glace que tu allais avoir. T'avais limite l'impression de retomber en enfance dès que l'on te parlait de sucrerie. Parce que tu passais ton temps à bouffer et suffisait qu'on te propose du chocolat pour totalement t'amadouer. Pathétique non ? En tout cas, ça t'avais mis l'eau à la bouche et t'étais vraiment pas contre même si tu pouvais te la payer sans problème. « Tu m'étonnes. J'ai pas grand chose à faire aujourd'hui, si tu veux que je reste pour t'aider, y a pas de souci. » Après, fallait pas non plus qu'elle se fasse des illusions. Tes glaces seraient certainement dans un piteuse état et avec ton mauvais caractère tu risquais de ne pas être aimable avec certains clients mais au moins, tu te proposais. « Alors, comment c'est passé ta journée ? »

Vous connaissez ce dicton qui dit que les opposés s’attirent ? Shérazade et Zippora en étaient la preuve. Les deux jeunes femmes n’avaient absolument rien en commun, mais alors rien. Leurs styles, leurs âges, leurs modes de vie, leurs passions, leurs maisons, leurs passe-temps. RIEN ! Pourtant, Shérazade adorait le petit bout de femme qu’était Zippora. C’est pour ça qu’elle venait d’accepté avec un immense plaisir la compagnie de la Mather. On a reçu un nouveau parfum la semaine dernière et il entre dans la roulotte ce soir. Mojito. La Cabot était à peu près certaine que ce nouveau parfum assez original ravira le palet de Zipp’. Cette dernière lui proposa d’ailleurs son aide pour le service de ce soir. Tu veux vraiment porter cet affreux costume de glace et te promener dans le parc à la recherche de clients potentiel ? Shérazade pouffa en rire en replaçant son sac qui glissait le long de son bras. Mais quand même, elle voyait bien son amie dans ce costume. Costume qui ne sortait d’ailleurs plus aussi souvent qu’avant. La roulotte avait sa clientèle d’habituée et Creamy la glace ne sortait du coup que lors d’évènements où lors des anniversaire de la machine à glace ambulante. C’était long aujourd’hui. On a fait beaucoup de théorie.. Trop de théorie. J’ai un devoir dans une semaine sur les règles du jeu, les règles d’arbitrages et les risques de blessures sur le rugby. Il me tarde.. ironisa Shérazade en laissant un soupir s’échapper de sa bouche. Et toi ? Ca a été ?

Mojito ? Elle venait bien de dire mojito ? Alors manger de la glace c'était bien. Le fait qu'elle ait un goût d'alcool encore plus. T'en salivais d'avance et tu te retenais pour ne pas taper dans tes mains comme une autiste. Ouais. Autant essayer de rester civilisée tant que tu le pouvais encore. Parce que parfois, tu faisais plus office de mec aux mauvaise manière que de fille. « J'adopte complètement. Et rien que pour cette magnifique proposition, j'enfile ton costume ridicule avec plaisir. J'suis même sûre que je peux inventer une chanson qui ramènera du monde. » Fallait dire qu'avec tes études de musiques, tu devenais de plus en plus douée quand il s'agissait de créer. Et puis, faire trois rimes des glaces semblait pas vraiment compliquée. T'étais même sûre de faire ça à merveille et cela te passerait le temps tout en vous donnant des fous rires garanties. Puis la honte ne tuez pas, si ? « Ennuyant comme d'habitude. Le solfège, la création de la musique. Toujours la même chose quoi.. Ah non ! Ma bizutrice m'a demandée de draguer un chien ! En y repensant c'était carrément stupide et tu n'avais absolument aucune idée de comment t'y prendre. Et puis vous finissiez finalement par arriver dans le parc et comble de chance pour toi, un chien se tenait juste là. « Essaie de ne pas rire et filme la scène s'il te plaît. Faut garder cette preuve. » Tu lui tendais ton téléphone et sortait un crackers de ton sac avant de te diriger vers l'animal qui appâtait par la bouffe se diriger directement vers toi. T'allais sûrement te taper la plus grande honte de ta vie et t'avais aucune idée de quoi faire et il était clair que Briony allait le regretter. « C'est un gentil chien ça. Tu sais que t'a de beau yeux ? » T'étais pas vraiment sûre que ce genre de tactique marche mais tu le tentais quand même et finalement pour prouver ton investissement, tu te foutais à quatre patte te prenant toi même pour un chien. Et voilà que tu te roulais par terre devant l'animal intriguée avant de caresser doucement sa tête pour finir par un baiser sur la truffe. Et la boule de poil te remerciait en te léchant bien baveusement le visage. Tu sentais le regard des gens du parc sur toi et tu savais très bien qu'il devait totalement te prendre pour une tarée. Tu te redressais finalement, retournant vers Shé le sourire aux lèvres. « Briony va vraiment regretter de m'avoir fait faire ça. »

Zippora ne se rendait pas compte du supplice que c’était de porter ce costume. Il serait atrocement lourd pour la petite Mather et il y faisait une chaleur insupportable. Ce costume avait l’apparence d’une glace, mais pas leur fraîcheur. T’es bien courageuse Zipp’. Mais t’es pas obligée tu sais. avoua Shérazade, un sourire aux lèvres. La musique, le solfège, tout ça était bien inconnu pour la Cabot qui ne vivait que pour le sport, tout du moins en partie. Plus jeune, elle avait quand même essayé de pianoter quelques notes de musique mais c’était sans grand succès. Chanter aussi, c’était assez catastrophique. Ce doit être passionnant la création de chansons. Tu m’apprendras un jour ? Un rire s’échappa de la bouche de Shérazade concernant le sort que la bizutrice de Zippora avait réservé à sa bizut. Draguer un chien, sérieusement. Ca frôlait le ridicule mais en y repensant, il était bien là l’intérêt du bizutage. Après quelques minutes de marche, les deux amies arrivèrent enfin au parc. Un beau chien se tenait là, devant elles, comme s’il avait entendu un peu plus tôt que la jolie Mather devait draguer un chien. Quel coquin se petit chien. Zippora lui tendit son smartphone pour que la Cabot puisse tout filmer, et ne rater aucune miette de ce parfait moment d’humiliation. Tu vas vraiment faire ça ? questionna Shérazade, partie à rigoler. Et bien oui. La voilà qui se pavanait à quatre patte devant l’animal, qu’elle lui disait des mots doux, qu’elle l’embrassait sur sa truffe toute mouillé. Le chien ne manqua d’ailleurs pas d’embrasser Zippora à son tour en lui léchant sa petite bouille blonde. Beurk pensa Shérazade, une expression de dégoût sur le visage. Lorsque son amie revint à sa hauteur, l’étudiante en sports lui rendit son téléphone. Finalement, je pense que te cacher à l’intérieur de ce costume est une pas si mauvaise idée. Elle était folle, dingue. Complètement. Shérazade passa la clé dans la serrure de la Roulotte avant d’entrer dans cette dernière. Elle alluma les petites lumières colorées et la lumière principale du petit camion. La vendeuse de glace ouvrit un petit placard et balança un torchon à la Mather. Tient, essuie toi le visage, sinon toute la Roulotte sentira la bave de chien. Baaah. Pas très appétissant pensa-t-elle, avant de s’assoir sur le tabouret. Elle avait encore quelques minutes avant de lever le rideau.

T'allais pas le lui faire regretter méchamment bien sûr. Elle était ta bizutrice, une Mather, quelque part, tu savais que tu aurais des choses comme ça à faire. Et puis, cela vous ferez sûrement quelques souvenirs dont vous rigolerez bien plus tard. Mais tu comptais bien lui rendre la monnaie de sa pièce un jour. Histoire qu'elle se trouve aussi ridicule que toi en ce moment même. Parce que tu sentais bien le regard des gens qui devaient croire que tu étais plus que dérangée pour faire des trucs pareils et t'étais prête à parier que c'était une histoire qui allait te suivre un bon bout de temps. Tu récupérais ton téléphone et envoyais la vidéo à Briony espérant quel la garde pour elle. Parce que si en plus de ça, c'était rendu public, t'aurais intérêt à rester discrète pendant les six prochains mois. « T'as raison. Rien ne pourra être aussi ridicule que ce que je viens de faire. » Et puis, si tu te pavanais déguisée en cornet de glace, les gens ne se rendraient pas vraiment compte que c'était toi. Quelque part, t'étais un peu plus protégée non ? « Je dois bosser sur une nouvelle mélodie. Tu pourrais peut être m'aider après le travail ? Comme ça, tu verrais ce que c'est. » Après, fallait avoir de l'imagination pour composer. Et surtout, réussir à mettre les notes entre elle pour former quelque chose de jolie. Ce n'était pas vraiment donné à tout le monde. Pas mal de personne dans ton cours n'était même pas capable de créer une comptine se contentant seulement de jouer des partitions déjà écrite. Tu suivais Shérazade dans la roulotte et te laisser tomber sur un tabouret attrapant le torchon qu'elle te tendait. Etre plein de bave de chien, c'était pas forcément chouette et heureusement que t'étais pas le genre de fille cucul à pleurer pour un ongle cassé. « J'en reviens pas d'avoir fait ça. » Tu riais légèrement avant de reprendre. « Je crois avoir bien méritée ma glace au mojito. Et après ça, j'enfilerais le costume pour amener du monde. »