“Mom, can I see her now?”
C’était la troisième fois en quatre jours qu’Isaiah demandait à ses parents de voir sa soeur. Il savait bien que c’était impossible, mais il essayait quand même.
« Baby, you know it’s impossible. »
Le jeune garçon regarda sa mère avec deux yeux de chien battu. À quoi ça servait d’avoir une sœur si c’était impossible de la voir? Il poussa à nouveau un soupire avant de se diriger vers sa chambre. Il s’empara de ses figurines de Batman et Flash et, en une fraction de seconde, se transporta dans cet univers ou il défiait les méchants et sauvait le monde.
« Hey bud’ »
Isaiah leva les yeux et vit son père.
« Can I come in? »
Le gamin hocha la tête avant que son père n’entre dans son repère, son refuge et ne s’assoit sur son lit. Avec la mine qu’il affichait, Isaiah savait que son père voulait avoir une conversation sérieuse avec lui. Il posa donc ses figurines à l’endroit où il les avait prises avant de regarder à nouveau son paternel.
« Come here. »
Dit l’homme, ouvrant les bras avant que son fils ne vienne s’y blottir.
« I know you want to see your sister. »
Dit-il, cherchant les bons mots. Isaiah hocha la tête.
« And you’re probably wondering why you can’t see her. »
Encore une réponse positive du gamin.
« Do you want me to tell you? »
Le garçon regarda son père les yeux pleins d’espoir. Il allait enfin avoir des réponses à ses questions.
« When she was still a baby, your sister got really sick. We went to the hospital and after doing some tests, the doctors told us that it was uncurable. »
Isaiah fronça les sourcils à la vue de son père aussi triste.
« You know, we loved her. We really did. We just couldn’t afford the treatments. You know, we didn’t want to give her away. If it was possible, we would’ve kept her with us but we couldn’t. »
Avec son pouce, Isaiah essuya la larme qui coulait lentement sur la joue de son paternel. Soudainement, il avait lui aussi le cœur gros.
« I understand daddy. »
Qu’il a répondu avant de passer ses bras autour de son cou et le serrer fort.
« Do you still think about her sometimes? »
« I think about her every day. I still love her. »
Un soupira passa ses lèvres avant qu’il ne se défasse de l’étreinte de son père.
« I love you. »
« I love you too, Isaiah. »
Et son père quitta sa pièce. Puis le sujet devint presque tabou. Il savait quelle réaction ça provoquait chez ses parents de parler de sa sœur.
Les années passèrent, mais jamais Isaiah n’oublia sa sœur. Certes, il n’en parlait plus, mais il écrivait, tenant une sorte de journal intime dans lequel il consignait toutes ses pensées et ses désirs profonds, le plus récurant étant celui de retrouver sa sœur. Dans ses temps libres, Isaiah commença à faire des recherches, tenter de trouver ou était sa sœur.
« Tyler’s brother got us tickets for the Blink-182 concert. You come? »
« I can’t. I got things to do. »
Qui se serait douté qu’Isaiah, alors âgé de quinze ans allait refuser d’assister à un concert, lui qui était un grand fan de musique. Pourtant, retrouver sa sœur important plus que tout. C’était devenu sa priorité. Il se fichait bien de ce qu’il avait promis à ses parents. Willow, il avait découvert son nom après des années de recherches, était quelque part et il se devait de la retrouver.
« Alright, we’ll see you tomorrow then. »
Et il prit le chemin qui le mènerait chez lui. Une fois certain que personne ne pouvait le voir, il ne voulait pas qu’on sache ce qu’il faisait, il pris une tout autre direction, se dirigeant vers l’hôpital.
« Hello young boy, how can i help you? » lui demanda la réceptionniste.
« I need to see my sister’s file. »
Il ne savait pas du tout comment s’y prendre en fait.
« I’m sorry, dear. Our patients’ files are confidential. You can’t see it. »
Il n’allait pourtant pas se laisser abattre.
« I really need to see it. »
Implorer ne changerait surement rien, mais qui ne tente rien n’a rien, pas vrai?
« I’m afraid there’s nothing I can do. Sorry my dear. »
La mine basse, il sorti de l’établissement. Pourtant, les recherches ne s’arrêteraient pas là. Il continua à parcourir les sites Web, tenter de trouver des informations qui pourraient l’aider. Il devait bien y avoir des informations sur Willow Hopkins quelque part.
Trois semaines s’étaient écoulées depuis sa visite infructueuse à l’hôpital. Soudainement, Isaiah eu une idée. Et s’il allait voir sur des sites d’adoption? Rien non plus. Il avait envie de demander à ses parents ce qu’il était arrivé à Willow, juste savoir ou elle était, mais il savait que c’était devenu tabou. Il ne pouvait pas parler d’elle.
C’est par pur hasard qu’il obtint l’information. Faisant des recherches à la bibliothèque, entrant les mots clés Willow et adoption, il obtint finalement un résultat dans un petit journal local. « Sir Paul McCartney adopts a baby girl. » Disait le titre. « Little Willow is now part of the family. » Et si c’était elle? Après tout, les McCarntney étaient des amis de la famille. Les chances étaient minimes, mais qui sait? Peut-être que touts ses efforts allaient finalement être récompensés. Il inscrit le plus d’information possible dans son cahier et rentra à la maison. Une fois arrivé, il se dirigea vers sa chambre et s'assied sur son lit avant d'ouvrir son carnet. Il lu toutes les informations qu'il y avait écrit, tentant de comprendre tout ce qui se passait, pourquoi tant de mensonges et pourquoi tout cacher?
Willow était donc possiblement une McCartney. C'était logique. Ils étaient des amis de la famille, ils étaient donc les mieux placés pour s'occuper d'elle. Ce qu'il eu de la difficulté à avaler, c'était que la maladie dont elle souffrait était incurrable. Il lut ce mot encore et encore, comme si ça pouvait l'aider à assimiler. Les jours de Willow étaient comptés et il n'aurait pas la chance de la rencontrer, ne serait-ce qu'une fois? C'était totalement injuste. Il ferma son cahier tandis qu'une larme coula sur sa joue. Bien qu'Isaiah jouait les gros durs, tentant de ne pas montrer ses faiblesses, il n'en restait pas moins que tout cela l'affectait. Tant de questions qui resteraient sans réponse lui vinrent à l'esprit. Pourquoi elle? Pourquoi ne pouvait-il pas la rencontrer? Pourquoi tant de secrets? Il avait envie de crier. Les sentiments qui l'habitaient à ce moment étaient si diversifiés, il n'était même pas capable de les identifier. En fait, c'était surtout l'incompréhension. Il voulait comprendre, mais plus il cherchait, plus il avait de la difficulté à comprendre l'ampleur de la situation. Il comprenait ce qu'était la leucémie. Il savait que la maladie pouvait l'emporter à tout moment, que ce n'était qu'une question de temps.
Malgré ce que les journaux disaient, parce que dieu sait que les gens sont friands de potins dans ce genre, Isaiah refusait tout de même de croire qu'il vivrait sans connaitre sa soeur. Les Hopkins étaient des battants, bon elle n'était plus vraiment une Hopkins, mais c'était tout de même dans ses gênes. Après tout, avec une telle maladie, elle aurait bien pu décédé à l'âge de cinq ou six ans. De jeunes enfants sont emportés par cette maladie. Mais s'il y avait encore de l'information sur Willow, ça voulait certainement dire qu'elle était encore vivante et qu'il y avait de l'espoir.
Continuant ses recherches dans le but d’en savoir plus sur cette sœur qui lui était encore inconnue, il découvrit alors qu’elle n’était plus sur le continent Européen. C’était aux États-Unis qu’il pourrait la trouver. Dans le Massachussetts. Elle étudiait désormais à Harvard.
« Mom, dad, I want to go to Harvard. » Avait-il déclaré à l’heure du soupé ce soir-là.
« And can we know why? » Demanda sa mère, surprise de cette annonce soudaine.
« I need to see new places. »
Isaiah avait toujours eu ce désir de voyager. Wanderlust. Le désir d’errer sans but. De voyager. De découvrir de nouveaux endroits. Il avait déjà passé un été complet, l’année de ses 18 ans, à visiter l’Europe. Il avait, à maintes reprises, visité l’Irlande, sa terre natale, mais n’était allé qu’une seule fois aux États-Unis.
« If that’s what you want… » Dit alors son père.
« I want it more than anything. »
Peut-être que son désir de voir du pays était trop fort, peut-être que s’en devenait suspect, mais ses parents ne semblèrent pas remarquer qu’il avait d’autres motivations que seulement explorer un nouveau continent.
« I guess you can send an application. »
Son université ayant un programme d’étude à l’étranger, Isaiah obtint tous les documents nécessaires afin de pouvoir poursuivre ses études à Harvard. Il les remplis avec une attention toute particulière et, un mois après son application, il reçu une réponse positive.
Les Etats-Unis
« If you need money, just let me know and I’ll send some your way. »
Le jeune homme roula les yeux. Il avait déjà un compte en banque bien rempli, ses parents ayant mis de l’argent de côté pour lui depuis qu’il est né, et ils savaient très bien que leur fils n’était pas du genre à vivre grâce à la fortune de ses parents. Il était peut-être un Hopkins, respecté uniquement à cause de son nom de famille, mais il voulait se faire son propre nom. Il voulait être Isaiah et non le neveu d’Anthony Hopkins.
Après avoir fait ses derniers adieux, il embarqua dans l’avion. Direction Boston. Des heures plus tard, il mit enfin le pied sur sol américain. De là, il prit le taxi jusqu’à Cambridge. Les deux semaines qu’il y a passé dans la ville avant de faire officiellement son entrée à Harvard lui ont servi à trouver un boulot comme barman. Pourquoi travaillait-il? Il aurait pu simplement vivre avec l’argent disponible dans son compte en banque. La raison est bien simple. Isaiah n’est pas du genre à se venter d’avoir de l’argent. Il ne sera pas de ceux qui ne portent que des vêtements griffés. Il n’achètera pas une voiture de luxe. En fait, il n’a même pas de voiture. À quoi ça sert? Il habite sur le campus et tout est à proximité. Pendant ces deux semaines, Isaiah a également pu s’habituer avec son nouvel environnement. Londres et Cambridge sont deux univers totalement différents. Il fallu un temps d’adaptation au jeune homme pour s’habituer à la langue parce qu’encore là, ce fut un dépaysement. Certaines expressions utilisées sur le continent américain le laissèrent perplexe pendant un moment. Même après avoir fait son entrée à Harvard, il lui fallu un certain temps pour s’habituer aux us et coutumes de la place.
Malgré ce changement, il se plaisait bien ici. Les cours étaient géniaux, les gens aussi. Seulement, après un mois, il n’avait pas encore croisé Willow. C’est en empruntant le couloir qui le mènerait à son cours de biologie qu’il la croisa. Pendant un instant, il se figea. Devait-il lui parler? Que lui dirait-il? Savait-elle seulement qu’elle avait un frère? Si c’était un secret qu’il devait garder, peut-être n’était-elle pas au courant. Pourquoi avait-elle décidé de quitter l’Angleterre et de venir étudier aux Etats-Unis? Il y avait tant de questions qu’il voulait lui poser, mais pendant qu’il tentait de déterminer s’il devait lui parler, elle avait filé. Les jours passèrent et il la recroisa de temps à autre. Il décida cependant de garder ses distances. Il ne voulait pas l’effrayer et puis, il ne savait toujours pas quoi lui dire. « Salut, tu ne me connais pas, mais je suis ton frère. » Ce n’est pas génial pour entamer une conversation.