(+ César) dolphin time !

« Une femme que tu ne rassures pas tout de suite, c’est une femme qui t’emmerde après, crois-en mon expérience » plaisanta-t-elle histoire de ne pas plomber définitivement l’ambiance même si cela se trouvait, la petite amie de César n’était pas du tout ainsi. D’ordinaire, les femmes sont tout de même spécialistes pour adorer les mots, les grandes explications et autres phrases interminables les poussant à s’imaginer au centre de l’univers. Il n’y a rien de plus agréable que d’être caressé dans le sens du poil et fatalement, obtenir une explication à un problème donné, c’est se sentir important, synonyme de confiance. Sans doute César marchait-il sur des œufs avec sa petite amie car la relation restait récente et que fatalement, il devait s’y reprendre à deux fois avant de s’engager totalement, sans condition ni demi mesure. Ça, Mallory pouvait le comprendre mieux que personne pour la simple et bonne raison qu’elle agissait souvent de même. « Après, rien n’est immuable tu sais. Fais un peu le mort vis-à-vis de ton père, profite déjà du Spring Break, essaye de te changer les idées et de changer celle de ta copine. Je ne sais pas, moi… ce ne sont pas les activités romantiques qui manquent ! Ne serait-ce qu’un restau sur la plage serait de bon goût. Je pense que si tu te sors un peu de ce marasme d’inquiétude et de questionnement, tu verras les choses plus claires, mais plus tard. Chaque chose en son temps comme dit l’autre » lui conseilla-t-elle avec sagesse avant que le projecteur ne soit subitement braqué sur elle, lui arrachant par la même occasion un sourire radieux. Oui, Declan la rendait heureuse car il bouleversait complètement tout ce qu’elle avait appris et connu. Il n’était que surprise et étonnement. Cela ne voulait pas dire que tout était tout beau et rose, mais Mallo voulait croire que leur histoire pouvait durer… elle l’espérait en tout cas. Sans doute son côté romantique qui s’exprimait à ce sujet… « Hey, on sait pas, si ça se trouve c’est l’homme de ma vie et dans quelques années je vais l’épouser ! Tu me connais, tout ce qui peut faire choper une crise cardiaque à mon paternel est bon à prendre… je plaisante bien sûr ! »

Je roula des yeux, exagérant volontairement. Fallait me dire ça plus tôt bougonnais-je, feignant d'être excédé. Non, franchement ça c'était plutôt bien passé, avec une autre fille ça aurait put facilement tourner vraiment au drame alors qu'avec Meadow, même s'il nous avait fallu passer une semaine pourrie à s'éviter, ça c'était calmé. Mais c'était que le début, je ne cessais jamais de me le rappeler histoire d'entretenir mon malaise vis-à-vis de cette histoire. Je secoua la tête lorsqu'elle se mit à me conseiller. Non. Enfin, je vais continuer à faire preuve de romantisme, mais pas au point d'en faire des masses, ça serait hypocrite et ça pourrait lui laisser croire que j'ai pris une décision que j'ai pas prise j'étais conscient que ce que j'étais en train de raconter ne devait pas faire grand sens. Si ça pouvait rassurer, j'étais à un point ou j'étais totalement largué. Dans le fond, j'aurais peut-être dut rester à Oxford. Ca aurait été dix fois plus simple, j'en mettais ma main à couper. En fait je crois que même Mallory ne pouvait pas comprendre. Elle serait sans doute déçue et dans l'incompréhension si je lui disais qu'une part de moi réussissait à envisager sérieusement de céder à mon paternel. L'autre partie savait que c'était absurde, mais je crois que j'étais juste fatigué de me mettre sans arrêt en opposition. Peut-être que j'avais envie de devenir plus facile-à-vivre, même si ça signifiait m'aplatir un peu. Allez expliquer ça à Mallory ou même à qui que ce soit. Hors de question. La conversation prit un nouveau tournant, pour mon plus grand plaisir. J'en avais marre qu'on se penche sur mon cas, je préférais largement parler un peu de Mallory, surtout que visiblement, ses histoires étaient plus agréables à entendre que les miennes. Au moins tout semblait rouler pour l'un de nous deux. J'esquissa un sourire un peu figé. Bien sûr qu'elle plaisantait, mais personnellement, je savais que j'étais plus très apte à jouer avec le feu à ce niveau. Je m'étais déjà trop brulé. Il est venu à Punta Cana ? Demandais-je, changeant un peu de sujet.

(c) darkdreams/marine

« Tu ne m’as pas demandé en même temps ! » haussa-t-elle les mains en faux signe de défense car Mallory connaissait suffisamment César pour savoir qu’il ne s’agissait pas d’une réelle plainte. Surtout pas alors que cela semblait s’arranger petit à petit avec sa copine et qu’en théorie, ils devraient passer le restant du Spring Break sans s’entretuer. L’avantage, c’est qu’ici, aucun risque qu’il ne croise son père et ne soit à sa merci… pour peu qu’il évite en prime de répondre à ses éventuels appels, le jeune homme pouvait espérer profiter réellement de quinze jours de détente. C’était en tout cas tout le mal que lui souhaitait son acolyte Eliot. « Tu sais, être un tantinet romantique ne veut pas dire en faire trop non plus… mais offre-lui de belles vacances. Genre change-lui les idées en te les changeant à toi aussi, ça te permettra de souffler, de réfléchir, de changer réellement d’air et ainsi tu verras sûrement les choses plus clairement, voire même sous un autre angle » lui conseilla-t-elle. Mallo savait par avance qu’une réaction à chaud n’est en général pas la meilleure des réactions, sans compter que César avait moult mérité un peu de paix… quoi de mieux que Punta Cana pour se faire ? Surtout qu’ils étaient en route pour voir des dauphins, voilà un réel dépaysement ! « Tu pourrais emmener ta copine voir les dauphins si jamais ça te plaît par exemple ? En général ça plaît aux filles » lui apprit-elle non sans esquisser un petit clin d’œil taquin suivi d’un grand sourire encourageant. Il n’était pas question de pleurer dans les chaumières ou même de se déprimer alors que le soleil était au beau fixe, de même que la chaleur ambiante. Même tôt le matin, il faisait déjà une température à suer sang et eau ! « Oui il est ici on partage même notre chambre pourquoi ? » lui demanda-t-elle, curieuse pour le coup.

Je me mordis la lèvre. Je comprenais ce qu'elle voulait dire, j'étais pas stupide, mais c'était tellement plus facile dans sa bouche que dans la mienne et encore moins quand ça en venait à l'aspect pratique. Tu dis ça comme si le voyage n'était pas quasiment terminé. C'est limite plus qu'une question d'heures avant qu'on rentre et c'est sans doute bien comme ça. On a passé une semaine à se tirer la tronche et j'ai dut venir dormir dans ma chambre comme un voleur. Je crois que j'ai besoin de me retrouver un peu tout seul, pour faire le point dis-je. En fait j'en étais carrément sûr. Il y a avait un tel bordel dans ma tête que ça me ferait vraiment pas mal d'avoir du temps à moi pour m'efforcer d'organiser tout ça. J'en avais besoin. J'avais besoin de comprendre que c'était pas aussi insurmontable que l'idée que je m'en faisais. Elle allait sans doute me trouver têtu à rejeter ainsi ses idées alors qu'elle essayait juste d'être de bons conseils, comme d'habitude. J'avais simplement cette foutue impression que strictement personne n'était en mesure de comprendre ce que je vivais. J'étais conscient d'être particulièrement déprimant. Pas franchement un rayon de soleil, non et je tira l'attention sur mon amie en espérant qu'elle nous éclaircirait un peu tout ça. J'espérais sincèrement que ça allait beaucoup mieux pour elle et je fut ravis d'apprendre que c'était le cas. Peu importe, si elle estimait pas que ce mec soit forcément l'homme de sa vie, on en était à un stade ou tant qu'il la rendait heureuse, ça pouvait être qu'une bonne chose d'être avec. Cependant, malgré cet enthousiasme, je n'étais pas capable de prendre du recul. Ainsi, dès lorsqu'elle repartait involontairement dans une voix susceptible de faire remonter des choses chez moi, je re-orienta la conversation une nouvelle fois. J'allais devenir ce mec avec vingt milles sujets tabous et ça me plaisait pas. Elle me répondit avant de me poser une question. Je pouvais pas lui dire la totale vérité alors j'haussa les épaules et lui en fournit une moitié. Simple curiosité répondis-je. Enfin, nous arrivâmes à la piscine et je me sentis soulagé. Je venais de réaliser que j'avais vraiment chaud et qu'un bon plouf, ça me ferait vraiment du bien.

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Sur le moment, Mallory fut légèrement douchée par les propos de César, bien qu’elle n’en fut fondamentalement pas surprise. Il ne semblait pas dans une situation des plus aisées et malgré les apparences, la jolie Eliot avait parfaitement conscience de ne pas posséder tous les tenants et les aboutissants. Sûrement avait-il vécu une semaine pourrie à tirer la tronche à sa petite amie, tant et si bien que n’importe qui aurait pu trouver cela pesant, révoltant, et désolant car cela signifiait que les vacances étaient gâchées. « Désolée si je te parais lourde, tu sais faut me le dire, je vais pas me vexer ! Je suis pas dans ta tête, ni même dans ta chambre alors je peux pas savoir tout ce qui s’y passe… mais pourquoi tu m’as pas fais signe ? On se serait fait un truc bien avant, je savais pas que c’était la soupe à la grimace ! Si j’avais su je t’aurais emmené faire du jet-ski ou je sais pas quoi d’autre mais de bien bourrin histoire de te changer les idées » énonça Mallory d’une voix douce, non sans lui sourire et essayer de faire une frimousse adorable pour le dérider. Mais elle cessa purement et simplement d’insister sur la question, sentant que ce n’était pas le moment et encore moins l’endroit alors qu’ils allaient faire plouf avec les dauphins ! « Prêt à faire feu ? Enfin… plouf ? »

HJ : mille pardoooons pour le retard ça m'avait pas envoyé la notif de réponse  

J'étais un peu trop dur dans ma façon de parler et elle le sentit car elle s'excusa, enfin me demanda de le lui signaler si elle était trop lourde. Je secoua la tête. C'était pas ça. Si j'avais tendance à faire ma tête de cochon sans même le vouloir, c'est car j'avais l'impression de crouler sous les problèmes. Je savais que je dramatisais sans doute, mais bon. On a beau à chercher à relativiser, même si on sait qu'il y a de plus gros problèmes, c'est les notre qui nous pèse, car c'est à nous de les régler. Elle s'exprimait avec douceur, essayant de me prendre dans le bon sens, ayant clairement compris qu'irritable comme j'étais sans le vouloir, c'était nécessaire. Je m'en voulais d'être comme ça, de m'embourber dans le cliché répugnant du 'pauvre petit garçon riche', mais c'était plus fort que moi. Excuse moi. T'es pas lourde du tout, c'est moi, c'est juste que c'est vraiment le bordel et ça me prend la tête. T'as raison, j'aurais dut t'en parler avant, mais je devais mettre au clair tout ça avec Meadow, avec ma soeur aussi car on s'était disputés. Poussant un soupire, je me déraidis ensuite devant son petit air adorable qui réussi à me décocher un sourire. J'étais en train de nous pourrir un bon moment, un moment ou j'étais sensé oublié ma famille de dingues et le bordel dans lequel j'avais réussi à me plonger jusqu'au cou alors que j'étais là depuis à peine deux mois. Repoussant tout ça, j'afficha un plus grand sourire. Ouais, faisons plouf ! M'exclamais-je, plus jovial. Je fronçais ensuite un peu les sourcils, réalisant que je m'étais pas renseigné, l'ayant laissé organiser l'activité et du coup, je savais absolument pas comment ça allait marcher au juste. Comment ça se passe, d'ailleurs ? Demandais-je avec l'impression de poser une question stupide.

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Cela n’avait pas l’air d’être seulement une impression : personne ne semblait facilité l’existence de César en ce moment et surtout pas son entourage proche. D’où le fait que Mallory ait aussitôt eut le réflexe de s’excuser, montrant ainsi patte blanche pour qu’il ait conscience que son idée n’était pas de l’enfoncer mais bien de lui tendre la main pour l’aider. Comme toutes les autres fois où ils avaient mutuellement eut des soucis et qu’ils s’étaient entraidés, de façon purement naturelle. Cela désolait la jolie Eliot qu’il ait l’air si renfermé sur lui-même, avec autant de peine à mettre de l’ordre dans sa vie avec tous les problèmes qui lui tombaient sur le coin du nez… « C’est rien du tout, t’en fais pas chou ! Écoute, on va faire un deal toi et moi : si tu veux me parler de choses qui te tracassent, tu le fais sans problème et tu sais que je t’écouterai, même si tu as besoin de m’appeler dans la nuit je répondrai toujours présent. Mais si tu préfères qu’on se vide la tête en profitant du beau temps, des dauphins et de faire un truc qui sorte de l’ordinaire, ça me va aussi ! » lui proposa-t-elle, ayant à cœur qu’il soit surtout à l’aise vis-à-vis de cette journée. Il connaissait suffisamment Mallo pour savoir qu’elle ne lui forcerait jamais la main, au contraire… elle lui rendit donc son sourire dès qu’elle le vit prendre place sur le visage de César, profitant de la température de l’eau avant de lui répondre, très sérieuse : « deux solutions… soit on reste dans l’eau et on va voir les dauphins nous-mêmes, vu que j’ai un sifflet à ultrasons, soit on va avec un soigneur mais ce sera avant tout de l’observation. Qu’est-ce que tu préfères ? »

Je n'avais pas eu le temps de rencontrer et de me rapprocher de beaucoup de monde, depuis mon arrivée à Cambridge, en janvier et alors que j'avais l'habitude d'avoir des oreilles auxquelles me confier, c'était plus délicat désormais. J'avais ma soeur, mais car nous avions le même sang coulant dans nos veines, cela ne signifiait pas pour autant que je pouvais tout lui dire, au contraire en fait. Je continuais à la traiter comme une petite fille, malgré moi et j'estimais ne pas avoir à lui parler de pleins sujets. Certains, car ça me mettrait mal à l'aise, d'autres car je savais qu'elle ne voulait pas en parler. Je ne pouvais pas lui parler de papa, car elle souffrait beaucoup que je puisse le contacter et pas elle et pour ce qui est de mes histoires d'amour, elle était la dernière fille sur terre à qui je voudrais en parler. Ainsi, les paroles de Mallory me firent du bien. C'était bon de savoir que j'avais une alliée, ici. Je lui offris un sourire de reconnaissance, car je l'étais vraiment, beaucoup. Ca marche répondis-je. Je ne la remercia pas à voix haute, sachant pertinemment que mon regard parlait pour moi et qu'elle y trouverait sans difficulté des traces de gratitude. Me rappelant qu'on était là pour nager avec des dauphins et non pas pour m'écouter conter le récit de mes déprimantes aventures, j'ouvris à nouveau bouche pour lui demander comment ça allait fonctionner. J'étais loin d'être stupide, mais pour le coup, j'y connaissais vraiment pas grand chose, pour ne pas dire carrément rien, en fait. Je vote pour la première option, c'est plus sympas et puis si t'es équipée, ce serait bête que tu ai embarqué ton sifflet pour rien lui dis-je, presque spontanément. Oui, je préférais largement.

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César n’avait pas besoin de la remercier à voix haute pour que Mallory ait pleinement conscience de la gratitude qu’il ressentait à son égard. Il n’était pas utile de s’épancher sur ce genre de choses, du reste, pas alors que la jolie Eliot voulait avant toute chose lui faire découvrir une activité nouvelle et, si tout se passait comme prévu, lui vider la tête de toutes les pensées sombres qui pouvaient actuellement y régner. Le voyage à Punta Cana avait beau toucher quasiment à sa fin, la jeune anglaise partait du principe on ne peut plus véridique qu’il fallait vivre toutes les dernières minutes à fond, histoire de ne pas éprouver de regrets ou de déception une fois de retour à Cambridge… « Yeah, va pour la première option ! » lança-t-elle d’un air ravi avant de se rapprocher un tantinet de César, de quelques millimètres à peine, s’emparant de son sifflet. « Tu veux essayer de siffler ? Ce serait top qu’on puisse en faire approcher un ne serait-ce que pour le caresser, tu vas voir c’est génial comme sensation ! » lui proposa-t-elle en ôtant le collier entourant ledit sifflet pour mieux le lui tendre. C’était une expérience unique qu’il s’apprêtait à vivre et Mallory espérait de tout son cœur qu’il allait l’apprécier. « Essaye, tu sais ça risque rien » plaisanta-t-elle avec un sourire radieux sur les lèvres.