Priape & Zoïa ‡ Qui m'aime me fuit

Spring Break. Lâcher-prise. Ce n'était pourtant pas chose facile pour une obsessionnelle comme Zoïa mais jusqu'ici, elle y parvenait plutôt bien. C'est bien simple, la jeune femme ne savait tout simplement pas où elle habitait, en une semaine, elle avait du dormir dans sa chambre une ou deux fois. La maladie l'avait changé oui... Elle était encore pire et encore plus dissolue dans ses relations et ses excès. La matinée avait suivi et la jeune femme avait décidé d'aller faire un tour dans la piscine de l'hôtel, histoire de se délasser et de profiter d'un moment rien qu'à elle. C'est que la Rousse aimait aussi sa solitude, et qu'elle comptait bien en profiter. Elle repéra un des transats autour du bassin et en bikini, une serviette à la main s'y rendit. Elle s'installa, mettant de la musique dans son mp3, écouteurs dans les oreilles, lunettes de soleil sur le nez, et crème solaire sur sa peau laiteuse. C'est en passant la crème sur une de ses jambes, le regard dans le vague qu'elle repéra Priape. « Merde. » cingla-t-elle entre ses dents. Mais pourquoi fallait-elle qu'elle tombe toujours sur lui? Même dans ses rêves, il la poursuivait, et ça la rendait encore plus mal à l'aise. Surtout que le rêve était fantastique, le Dunster un coup d'enfer, et merde quoi! C'était Priape bordel!! Perturbée, la Eliot se glissa à l'eau pour tenter de fuir comme elle pouvait. Nageant dans les eaux turquoise de la piscine, elle se mit sous une cascade d'un petit rocher artificiel, on ne distinguait pas très bien et il y 'avait pas mal de bruit, mais un corps glissa légèrement contre le sien et machinalement, elle aida la personne à se rattraper. Devinez qui??? « Mais tu me suis ou quoi?? » Oui c'est cela oui, bonjour aussi? Allez, c'est qu'il commence à la connaître sa Zoïa...

Le réveil avait été difficile et s’arracher des draps une véritable torture. La nuit de  la veille avait été particulièrement arrosée, et temporairement, l’alcool avait eu son petit effet bénéfique : anesthésiant mon cerveau et effaçant Caly de ma tête le temps d’une nuit. Bien sur, rien de durable et à peine mes paupières ouvertes, mes récents problèmes avec Calypso resurgirent dans mon esprit, accompagnés d’un violent mal de crâne en prime… J’avais le sentiment que chacune de mes actions, chacun de mes faux pas durant le spring break, tout cela poussait un peu plus mon couple vers un break définitif et cette pensée me terrifiait. Ce soir, je boirais moins, je me coucherais plus tôt, et j’éviterais ainsi de faire des conneries, songeai-je en me levant. Un doliprane et une douche plus tard, je me retrouvais sur le bord de la piscine. Sortir de la pénombre confortable de la chambre pour affronter les éblouissants rayons de soleil qui se reflétaient avec éclat sur les eaux turquoises du bassin relevait du défi mais il était hors de question pour moi de rester enfermé toute la journée… Et quoi de mieux que quelques brasses pour lutter contre une abominable gueule de bois ? Je retirai mes lunettes ainsi que mon T shirt que je posai sur l’un des transats pour finalement plonger dans la piscine. L’effet revigorant de l’eau fraiche contre ma peau fut immédiat. Il y avait déjà de nombreux touristes en dehors mais également dans l’eau, je me faufilai donc entre eux en nageant vers un endroit qui me paraissait idéal pour décuver mais j’y frôlai quelqu’un. « Excus… » commençai en sentant une main inconnue qui m’aidait à me rattraper. Mais je fus coupé par la voix de cette inconnue, qui n’en était finalement pas une. Zoïa, fidèle à elle même. Ton accusateur et attitude agressive. Un petit rire s’échappa de mes lèvres devant sa réaction en me reconnaissant : « Tu pourrais un peu plus dissimuler ta joie de me voir… » lançai-je avec ironie en relevant les yeux vers elle. C’était étonnant que je n’aie pas remarqué sa chevelure fauve parmi la foule de baigneurs, songeai-je, je devais vraiment être fatigué...  

Ces deux là semblaient destinés à se rencontrer inlassablement. A tel point que la Eliot considérait le Dunster comme une pièce à part entière de son environnement familier. Elle haussa les yeux au ciel suite à son rire et amorça tout de même un rictus. « Tu as une de ces têtes mon pauvre Zacharias! » Elle s'approcha de son visage pour mieux distinguer ses traits. Teint palot et yeux cernés, le visage des soucis ou bien des excès. « Dire qu'on commence à peine le Spring Break, je ne sais même pas comment tu vas tenir la route. » La Rousse avança gracieusement pour se décoller du rocher et marcher aux abords du bassin. Là elle plongea, avant de nager vers le Dunster. « Je suis certaine que je suis bien meilleure que toi pour supporter tous les excès d'un spring break. » Elle lui fit un clin d'oeil, c'est qu'ils avaient déjà partagé une beuverie ensemble et qu'elle avait constaté que finalement le grec n'avait pas une si mauvaise descente. Elle aimait cependant le narguer et faire valoir sa supériorité sur sa petite personne, et ce dans tous les domaines. C'était devenu un petit jeu entre eux qui ne s'arrêtait plus seulement aux études de médecine. Elle nagea quelques brassés et releva la tête vers son Rival avant de lui lancer d'un ton détaché. « Allons, viens donc à l'eau au lieu de rester pétrifié sous la cascade. » Non mais, c'est que Zoïa devenait presque sociable, ça avait quelque chose d'un peu effrayant.

Remarques cinglantes sur remarques cinglantes, Zoïa restait toujours aussi provoquante. « Tes compliments me vont toujours droit au cœur… » répondis-je sur un ton toujours sarcastique. Le pire, c’était qu’elle disait surement vrai. Mes excès de la veille devaient forcément transparaitre sur mon visage, mais je n’étais certainement pas venu me détendre à la piscine pour entendre cela et encore moins pour laisser les remarques piquantes de l’étudiante en médecine m’atteindre. M’appliquant à n’afficher qu’un air détaché, je levai quand même les yeux au ciel. Je ne voulais surtout pas laisser transparaitre mon véritable malaise. Je préférais encore laisser croire à ma chère rivale que la gueule de bois était la seule raison de mon abattement actuel. Elle se vanta, non sans surprise, de mieux tenir le choc que moi avant de s’éloigner en nageant. Je me décollai lascivement de la cascade en secouant la tête, bizarrement à la fois exaspéré par ses enfantillages mais également amusé. Peut être que tomber sur Zoïa aujourd’hui était finalement une bonne chose, que raviver cette éternelle compétition entre nous s’était exactement ce dont j'avais besoin, peut être que le jeu qu’elle me proposait là était finalement le remède qu’il me fallait. Et puisant dans mes ressources, je m’activai pour la rattraper en quelques brasses énergiques. Arrivé à sa hauteur, je la saisis par le poignet avec douceur, mais fermeté, pour la stopper un instant dans ses mouvements et l’attirer à moi. « Ok, tu veux jouer… » Mon regard plongea dans le sien avec une lueur de défi. Mes mains glissèrent, lâchant son bras pour aller se poser sur sa taille et la retenir un instant en face de moi : « Alors je te donne rendez vous dans 10 jours, à notre retour, à Cambridge, et on verra qui de nous deux aura la plus grande forme. » Probablement que ma réaction avait du la surprendre. Elle ne s’était pas attendu à que je la défie à mon tour. « Regarde qui est pétrifiée à présent ? » me moquai-je en lui envoyant de l’eau avant de relâcher mon emprise pour nager dans la direction opposée.